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Relever le défi
La stratégie de Lisbonne pour la croissance
et l’emploi
Rapport du groupe de haut niveau
présidé par M. Wim Kok
Novembre 2004
2
Le contenu de ce rapport reflète uniquement le point de vue du groupe de haut niveau.
Ce rapport est aussi disponible sur le site:
http://europa.eu.int/comm/lisbon_strategy/index_fr.html
Le groupe de haut niveau peut être contacté à l’adresse suivante:
SG-KOK-GROUP/LISBON@cec.eu.int
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Une fiche bibliographique figure à la fin de l’ouvrage.
Luxembourg: Office des publications officielles des Communautés européennes, 2004
ISBN 92-894-7055-0
© Communautés européennes, 2004
Reproduction autorisée, moyennant mention de la source
Printed in Belgium
I
MPRIMÉ SUR PAPIER BLANCHI SANS CHLORE
3
Table des matières
Le groupe de haut niveau
5
Résumé
6
Chapitre I — Pourquoi la stratégie de Lisbonne?
9
Introduction
9
L'Europe dans un monde transformé
11
Le tableau mitigé de l'après-Lisbonne
12
Pourquoi il faut poursuivre la stratégie de Lisbonne
13
Les défis externes — L'Union européenne entre deux feux
14
Les défis internes — Le vieillissement de l'Europe
15
Le défi de l'élargissement
15
Les faits concernant la croissance, l'emploi et la productivité
16
Agir de manière ciblée, agir ensemble, agir maintenant
18
Chapitre II — Vaincre les blocages: libérer le potentiel
21
Que faire?
21
1.
Réaliser la société de la connaissance
22
Pourquoi une société de la connaissance?
22
Attirer et retenir les chercheurs de rang mondial
23
Faire de la recherche et du développement une priorité
24
Profiter pleinement des avantages des TIC
25
Protéger la propriété intellectuelle pour promouvoir l'innovation
26
4
2.
Tenir nos engagements envers le marché intérieur
27
Pourquoi le marché intérieur?
27
S'engager en faveur d'une transposition plus rapide
28
Éliminer les entraves à la libre circulation des services
29
Identifier et éliminer les entraves à la concurrence
29
Faire de la libre circulation des marchandises une réalité pour tous
30
Libérer le dynamisme des marchés financiers
30
Réduire les coûts des entreprises pour se conformer à la législation
32
Des infrastructures de rang mondial pour le plus grand marché intérieur
du monde
32
3.
Créer un environnement favorable aux entrepreneurs
33
Pourquoi créer un environnement favorable aux entrepreneurs?
33
Améliorer la qualité de la législation
33
Accroître le capital-risque disponible
35
4.
Établir un marché du travail inclusif pour renforcer la cohésion sociale 36
Pourquoi établir un marché du travail fondé sur l’intégration?
36
Renforcer la capacité d'adaptation des travailleurs et des entreprises
38
Un investissement plus efficace dans le capital humain
38
Les travailleurs âgés ont un rôle essentiel à jouer
39
5.
Travailler à un avenir durable sur le plan environnemental
40
Pourquoi l’environnement est-il source d’avantage concurrentiel
pour l’Europe?
40
Environnement et compétitivité: exploiter des possibilités avantageuses
pour tous
41
Travailler à un avenir durable
43
Chapitre III — Faire fonctionner Lisbonne
44
Promouvoir la cohérence et la compatibilité dans la mise en œuvre
45
Amélioration du processus de réalisation concrète
48
Communication 49
Conclusion 50
ANNEXES
53
5
Le groupe de haut niveau
Mandat
À sa réunion de Bruxelles, en mars 2004, le Conseil européen a invité la Commission à
créer un groupe de haut niveau que présiderait M. Wim Kok et qui procéderait à une évalua-
tion indépendante destinée à l’examen à mi-parcours. Le groupe devrait remettre un rapport
dans lequel il définirait des mesures qui, ensemble, constitueraient une stratégie cohérente
propre à permettre aux économies européennes d’atteindre les objectifs de Lisbonne. Il se-
rait composé d’un petit nombre de personnes hautement qualifiées qui soient capables de
rendre compte des points de vue de toutes les parties prenantes. Son rapport, destiné à être
rendu public, devrait être soumis à la Commission pour le 1
er
novembre 2004.
Composition
La task-force était composée de:
•
M. Wim Kok (président), ancien Premier ministre des Pays-Bas;
•
M. Romain Bausch, directeur général et président du comité exécutif de SES Global
(Luxembourg);
•
M. Niall FitzGerald, président de Reuters, président du Dialogue commercial transa-
tlantique;
•
M. Antonio Gutiérrez Vegara, député au Parlement espagnol;
•
M. Will Hutton (rapporteur), directeur de la Work Foundation;
•
M
me
Anne-Marie Idrac, présidente de la Régie autonome des transports parisiens
(RATP);
•
M
me
Wanja Lundby-Wedin, présidente de la Confédération des syndicats suédois (LÖ);
•
M. Thomas Mirow, ancien ministre de Hambourg, conseiller d’affaires senior;
•
M. Bedrich Moldan, président du Centre environnemental de l’université Charles de
Prague;
•
M. Luigi Paganetto, professeur d’économie internationale à l’université Tor Vergata
de Rome;
•
M. Dariusz Rosati, professeur d’économie, député au Parlement européen depuis
juin 2004;
•
M. Veli Sundbäck, vice-président de Nokia (Finlande);
•
M. Friedrich Verzetnitsch, président de la fédération autrichienne des syndicats
(ÖGB), membre du Parlement autrichien.
Le groupe de haut niveau a mené ses travaux de mai à octobre 2004. Il s’est réuni à
six reprises et a présenté son rapport à la Commission européenne le 3 novembre
2004. Le secrétariat du groupe de haut niveau a été assuré par la Commission euro-
péenne. M. Sylvain Bisarre, directeur au secrétariat général, a assumé la charge de
secrétaire avec l’aide de M. Jan-Host Schmidt, directeur à la direction générale des
affaires économiques et financières, de M. Olivier Bailly et d’autres membres de l’unité
«Coordination des politiques». M. Jeroen Slaats, conseiller politique au ministère néer-
landais des affaires étrangères, a exercé les fonctions de secrétaire privé de M. Kok.
M. Paul Adamson a apporté une contribution d’ordre rédactionnel.
6
Résumé
En mars 2000, les dirigeants européens ont donné pour engagement à l’Union euro-
péenne de devenir, d’ici à 2010, «l’économie de la connaissance la plus compétitive et
la plus dynamique du monde, capable d’une croissance économique durable accom-
pagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande
cohésion sociale, dans le respect de l’environnement». La «stratégie de Lisbonne» —
ainsi qu’elle serait bientôt baptisée — se composait d’une série de réformes globales
mais interdépendantes. L’idée était que les actions menées par l’un des États mem-
bres seraient d’autant plus efficaces que les autres États membres agiraient de
concert.
Les événements qui se sont produits dans le monde depuis 2000 n’ont certes pas été
de nature à favoriser la réalisation des objectifs visés, mais il est clair que l’Union eu-
ropéenne et ses États membres ont ralenti, eux aussi, le mouvement, faute d’avoir fait
montre de la diligence requise dans l’application d’une grande partie de la stratégie.
Ces résultats décevants s’expliquent par un agenda surchargé, une coordination mé-
diocre et des priorités inconciliables. Il n’en reste pas moins que l’absence d’action
politique résolue a posé un problème majeur.
Il est devenu d’autant plus urgent d’appliquer la stratégie de Lisbonne que l’écart de
croissance s’est creusé par rapport à l’Amérique du Nord et à l’Asie, alors que l’Europe
doit relever les défis conjugués d’une croissance démographique faible et du vieillis-
sement de sa population. Le temps presse et l’heure n’est pas au contentement de soi.
Il faut mieux travailler sur le terrain pour rattraper le temps perdu.
Dans ce contexte, la réalisation des objectifs de Lisbonne en matière de croissance et
d’emploi exige que nous agissions tous: c’est là une démarche qui exige l’engagement
de chacun. Ainsi, les institutions européennes et les États membres doivent mener une
action plus déterminée au travers d’un engagement politique renforcé, les citoyens
européens doivent être associés plus largement et de manière plus approfondie au
processus et il faut prendre conscience du fait que tous les citoyens bénéficieront
d’une collaboration entre les pays européens.
Chaque composante de la stratégie de Lisbonne reste nécessaire au succès de
l’ensemble. Une amélioration de la croissance économique et un accroissement du
taux d’emploi apportent les moyens de soutenir la cohésion sociale et de ménager
l’environnement, deux facteurs qui, à leur tour, peuvent contribuer à une croissance
plus forte et à un emploi en hausse.
Si l’Europe peut accroître sa qualité de vie, elle doit accélérer la croissance de l’emploi
et de la productivité via une large palette de réformes accompagnée d’un cadre
macroéconomique aussi favorable que possible à la croissance, la demande, l’emploi.
Aucune mesure isolée ne peut déboucher sur de tels résultats. Seules diverses initiati-
ves et modifications structurelles liées entre elles pourront, par une action conjointe à
l’intérieur de l’Union, libérer le potentiel incontesté de celle-ci. Pour cela, il faut agir
d’urgence dans cinq domaines politiques:
•
la société de la connaissance:
rendre l’Europe plus attrayante pour les cher-
cheurs et les scientifiques, faire de la recherche-développement une priorité de
premier plan et promouvoir l’utilisation des technologies de l’information et de la
communication (TIC);
•
le marché intérieur:
procéder à l’achèvement du marché intérieur, au profit de la
libre circulation des marchandises et des capitaux, et s’atteler d’urgence à la mise
en place d’un marché unique des services;
7
•
l’environnement des entreprises:
alléger l’ensemble des charges administratives,
améliorer la législation, faciliter la création rapide de nouvelles entreprises, créer un
environnement plus favorable aux entreprises;
•
le marché du travail:
appliquer rapidement les recommandations de la task-force
européenne sur l’emploi, élaborer des stratégies pour l’éducation et la formation
tout au long de la vie et le vieillissement actif, soutenir les partenariats en faveur de
la croissance et de l’emploi;
•
l’environnement durable:
diffuser les éco-innovations et acquérir une position
prépondérante dans l’éco-industrie, poursuivre des politiques débouchant à plus
long terme sur une amélioration durable de la productivité grâce à l’éco-efficacité.
Différents États membres ont accompli des progrès dans un ou plusieurs de ces do-
maines politiques prioritaires, mais aucun n’a remporté de victoire définitive sur un front
plus étendu. Pour atteindre ces objectifs, l’Europe doit intensifier considérablement ses
efforts.
Il s’agit pour chaque État membre d’élaborer des politiques qui seraient appuyées par
des structures appropriées à l’échelon européen et qui répondraient à ses préoccupa-
tions spécifiques, puis de mener une action plus concertée et plus déterminée. La
Commission européenne doit être prête à rendre compte avec clarté et précision des
succès et des échecs nationaux. Les politiques nationales et communautaires — et les
budgets qui leur sont alloués — doivent mieux tenir compte des priorités de Lisbonne.
Pour veiller à ce que les États membres assument leurs responsabilités, il convient
d’insuffler un élan nouveau dans trois directions: renforcement de la cohérence et de la
concordance entre politiques et parties prenantes, amélioration du processus de réali-
sation par l’association des parlements et des partenaires sociaux et amélioration de la
communication sur les objectifs et les résultats.
En outre, le groupe de haut niveau propose:
•
que le
Conseil européen
pilote les efforts visant à faire avancer la stratégie de Lis-
bonne;
•
que les
États membres
élaborent des programmes nationaux et s’engagent ainsi à
obtenir des résultats et qu’ils associent au processus les citoyens et les parties pre-
nantes;
•
que la
Commission européenne
examine les résultats obtenus et en rende compte
et qu’elle facilite et soutienne, par ses politiques et ses actions, l’accomplissement
de nouveaux progrès;
•
que le
Parlement européen
joue un rôle proactif dans la supervision des résultats
obtenus;
•
et que les
partenaires sociaux européens
prennent leur responsabilité et partici-
pent activement à la mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne.
Pour atteindre les objectifs d’une croissance plus forte et d’un emploi accru et, ainsi,
soutenir le modèle social européen, il faudra une orientation politique ferme, détermi-
née et convaincante. Les États membres et la Commission européenne doivent redou-
bler leurs efforts pour faire changer les choses. L’accent doit d’avantage être mis sur la
participation des partenaires sociaux européens et sur l’adhésion des citoyens euro-
péens au changement. Un recentrage plus important est nécessaire afin d’expliquer les
raisons pour lesquelles la stratégie de Lisbonne concerne chaque personne dans cha-
que foyer européen.
L’Europe a bâti un modèle économique et social spécifique qui associe productivité,
cohésion sociale et engagement croissant en faveur d’un environnement durable. Une
8
stratégie de Lisbonne recentrée sur la croissance et l’emploi, comme le suggère le
présent rapport, offre à l’Europe de nouvelles perspectives pour ce modèle économi-
que et social.
9
Chapitre I — Pourquoi la stratégie de Lisbonne?
Introduction
Réunis à Lisbonne en mars 2000 à l’occasion du Conseil de printemps, les
quinze chefs d’État ou de gouvernement des États membres de l’époque
ont décidé que l’Union devait s’engager à relever le taux de croissance et
d’emploi pour soutenir la cohésion sociale et l’environnement durable.
L’économie américaine, s’appuyant sur l’émergence de la «nouvelle» éco-
nomie de la connaissance et sur sa suprématie dans le domaine des tech-
nologies de l’information et de la communication, commençait à prendre
une sérieuse avance sur l’ensemble des économies européennes, hormis
les toutes premières d’entre elles. Pour préserver son modèle social par-
ticulier et continuer à offrir à ses citoyens des perspectives, des emplois et
une qualité de vie satisfaisante, l’Europe devait agir avec détermination,
d’autant qu’un défi économique grandissant se profilait du côté de l’Asie et
que la croissance démographique européenne connaissait un ralentisse-
ment. L’Union s’est fixé «un objectif stratégique pour la décennie à venir:
devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dy-
namique du monde, capable d’une croissance économique durable accom-
pagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une
plus grande cohésion sociale, dans le respect de l’environnement».
L’idée était que les actions menées par un État membre seraient d’autant
plus efficaces que ses partenaires au sein de l’Union agiraient de concert;
une vague économique créée en commun porterait avec une puissance en-
core accrue chacun des navires de la flotte européenne. Plus l’Union parvi-
endrait à développer en tandem ses initiatives sur le plan de la connais-
sance et de l’ouverture des marchés, plus l’économie de chaque État
membre serait forte et compétitive. Cette stratégie, qui prendrait bientôt le
nom de la ville où elle avait été conçue, se composait d’une série de réfor-
mes globales et interdépendantes qui se renforçaient mutuellement.
Les arguments en faveur de cette stratégie ne sont pas moins péremptoires
aujourd’hui, bien au contraire. L’Europe doit innover pour son propre
compte. La puissance de ses industries cognitives et sa capacité de diffuser
ses connaissances dans l’ensemble de l’économie sont essentielles à sa
réussite; c’est grâce à elles qu’elle pourra stimuler sa productivité — afin de
compenser le ralentissement de sa croissance démographique — et de fi-
nancer son modèle social. La stratégie de Lisbonne doit être vue comme un
moyen d’aider l’économie européenne à se départir de structures qui, pour
l’essentiel, lui permettaient tout juste de rattraper son retard sur les meil-
leures économies mondiales, et ce au profit de structures qui lui octroieront
une place prééminente sur le plan économique.
Dès le début, le programme de réformes de Lisbonne a cherché à concilier
le dynamisme économique propre à faire progresser les taux de croissance
et d’emploi avec le souci traditionnel des Européens de promouvoir la co-
hésion sociale, l’équité et la protection de l’environnement. La stratégie de
Lisbonne cherche à faire d’une augmentation des dépenses publiques et
privées de recherche-développement l’élément central d’un effort concerté
pour amplifier la création et la diffusion d’un capital scientifique, tech-
nologique et intellectuel. Elle a pour ambition d’encourager les échanges
Un but
stratégique
Une série
de réformes
Assurer la
transition de
l’économie
européenne
10
commerciaux et la concurrence par la réalisation du marché unique et
l’ouverture de secteurs jusqu’ici abrités et protégés. Elle vise à instaurer un
climat plus favorable pour les entreprises et les affaires et à accroître la
flexibilité et la capacité d’adaptation sur le marché du travail en relevant les
niveaux d’éducation et de compétences, en appliquant au marché du travail
des politiques dynamiques et en encourageant les systèmes européens de
protection sociale à favoriser la croissance de l’emploi et de la productivité
plutôt qu’à l’entraver. Enfin, la stratégie de Lisbonne aspire à une crois-
sance qui soit compatible avec un environnement durable.
La réussite de l’économie de la connaissance était tenue pour l’élément clé
qui permettrait à l’Europe de préserver sa cohésion sociale sans se refer-
mer sur elle-même. L’Union ne souhaitait pas entrer dans une situation de
concurrence à la fois interne — en tant qu’union économique — et externe
en se lançant dans une course à l’abaissement des salaires réels et des
coûts non salariaux qui aurait affaibli les mécanismes nationaux de co-
hésion sociale, de partenariat sur le lieu de travail et de protection de
l’environnement. Plus l’Europe pourrait préserver la productivité élevée, la
haute valeur ajoutée et l’emploi fort qui caractérisaient son économie, mieux
elle serait à même de créer la richesse et les emplois qui lui permettraient
de tenir son engagement essentiel en faveur d’une ouverture des marchés
et d’une Europe sociale et environnementale.
On reproche parfois à la stratégie de Lisbonne d’être le fruit de l’optimisme
euphorique suscité à la fin des années 90 par la vogue de l’économie de la
connaissance, qui négligeait l’importance des atouts industriels traditionnels
de l’économie européenne. Dans la mesure où l’on a pu considérer que la
stratégie de Lisbonne accordait trop peu d’importance à l’industrie, cette cri-
tique est légitime. Il est vital que l’Europe conserve une base industrielle et
manufacturière solide, élément essentiel d’une vision équilibrée de la crois-
sance économique. En effet, la croissance et la productivité industrielles re-
posent, depuis l’industrialisation, sur les progrès accomplis dans les tech-
nologies et les secteurs, et la stratégie de Lisbonne est fondée sur cette
vérité bien établie. Inversement, une économie de la connaissance vig-
oureuse a forcément besoin d’un secteur manufacturier hautement tech-
nique qui soit solide et qui fabrique des produits à la pointe de la science et
de la technologie.
En raison de l’ampleur de ses ambitions, la stratégie de Lisbonne recouvrait
divers domaines dans lesquels l’Union ne possédait aucune compétence
institutionnelle et qui étaient du ressort exclusif des États membres. C’est
pourquoi il était prévu de recourir à la fois à la «méthode communautaire»
traditionnelle, en vertu de laquelle la Commission européenne propose une
législation communautaire, et à un processus nouveau, appelé «méthode
ouverte de coordination». Par ce processus, les États membres convien-
nent de coopérer volontairement dans les domaines relevant de leur com-
pétence exclusive et de faire usage des meilleures pratiques en vigueur sur
le territoire communautaire en les adaptant éventuellement à leurs spécifici-
tés nationales. La Commission européenne a pour rôle de coordonner ce
processus en s’assurant que chaque État membre est pleinement informé
des progrès réalisés et des politiques appliquées par les autres, tout en veil-
lant à ce que les domaines relevant de sa compétence — dont le marché
unique et la politique de concurrence — renforcent les objectifs de Lisbonne
par l’application de la méthode communautaire. En outre, le suivi assuré par
la Commission stimulerait et créerait la pression des pairs qui est néces-
saire à la réalisation de ces objectifs, dès lors que les résultats obtenus par
Créer la richesse
et les emplois
Progrès dans
les technologies
et les secteurs
Volonté de
coordonner
les politiques
11
chaque État membre seraient rendus publics. La stratégie de Lisbonne ap-
porterait ainsi la croissance et les emplois tant attendus, tout en demandant
aux États membres de coordonner volontairement leurs politiques.
L'Europe dans un monde transformé
Les quatre dernières années ne se sont pas prêtées à la réalisation des ob-
jectifs de Lisbonne, tant s’en faut. À peine l’encre de l’accord venait-elle de
sécher que la bulle spéculative des marchés boursiers mondiaux implosait,
provoquant, à l’épicentre, l’effondrement des valeurs surcotées
d’entreprises en ligne et de sociétés de télécommunications américaines,
dans un contexte de pratiques financières frauduleuses avérées. Le poten-
tiel de l’économie de la connaissance s’est alors heurté à un scepticisme
grandissant. Les États-Unis ont connu deux années de ralentissement éco-
nomique et de récession, imités en cela par l’Europe. Il est beaucoup plus
difficile d’augmenter le budget de la R & D, par exemple, dans un climat de
stagnation de la production et de compression générale des finances pub-
liques et privées.
Les attentats terroristes du 11 septembre 2001 et les événements qui ont
suivi ont encore appesanti le climat international. Bien que, à Doha, les
gouvernements se soient engagés à entreprendre un nouveau cycle de né-
gociations sur l’ouverture des échanges pour stimuler le commerce mondial,
la traduction des intentions en mesures concrètes n’a cessé de se heurter à
des difficultés. La conclusion d’accords commerciaux bilatéraux, plutôt que
multilatéraux, s’est généralisée de manière préoccupante; les tensions entre
l’Europe et les États-Unis ont engendré d’âpres différends commerciaux. Un
nombre croissant d’incidents environnementaux inquiétants ont encore ren-
forcé le malaise suscité par l’influence des activités humaines sur le climat
mondial. Les prix pétroliers ont récemment augmenté, conséquence d’une
demande accrue et de l’insécurité des approvisionnements, deux facteurs
qui ralentissent l’activité économique actuelle et qui entraînent une révision
à la baisse des prévisions pour l’avenir immédiat. L’effet conjugué de tous
ces facteurs a été l’affaiblissement de la confiance des entreprises et des
consommateurs européens.
Ces quatre dernières années, les résultats généraux de l’économie eu-
ropéenne ont été décevants. En Europe, la reprise économique a été plus
faible qu’aux États-Unis et en Asie, ces deux dernières années, en raison
de faiblesses structurelles persistantes, d’une part, et du faible taux de
croissance de la demande publique et privée, d’autre part. Il est vrai que les
déficits du secteur public en Europe ont augmenté lorsque les «stabi-
lisateurs automatiques» — hausse des prestations sociales et baisse des
recettes fiscales — se sont déclenchés, mais cela n’a pas suffi à contrer le
ralentissement cyclique de l’activité. La marge de manœuvre budgétaire de
l’Europe était limitée par la faiblesse des positions budgétaires
qu’accusaient certains États membres européens au moment d’entrer dans
la période de faible conjoncture, alors qu’ils n’avaient pas suffisamment
consolidé leurs finances pendant la reprise économique qui avait précédé.
En conséquence, le fonctionnement du pacte de stabilité et de croissance
n’a pu apporter un soutien suffisant aux politiques macroéconomiques por-
teuses de croissance qui auraient contrecarré davantage la composante
«baisse» du cycle économique.
Confiance des
consommateurs
et des entreprises
européens
Des résultats
généralement
décevants
12
En conséquence, de nombreux États membres se sont retrouvés face à un
problème épineux. Des faiblesses structurelles et une demande faible se
sont soldées par des performances économiques nationales médiocres.
Cette médiocrité a compliqué l’application de la stratégie de Lisbonne. Dans
cette conjoncture de croissance faible, certains gouvernements ont eu plus
de mal à tenir leurs engagements. Il faut dire aussi que de nombreux États
membres n’ont pas pris assez au sérieux l’exécution et la concrétisation des
mesures convenues. L’achèvement du marché unique, par exemple, n’a
pas bénéficié de la priorité qui aurait dû lui revenir. En conséquence,
l’Europe est trop éloignée des objectifs qu’elle doit atteindre.
Le tableau mitigé de l'après-Lisbonne
À Lisbonne et lors des Conseils européens de printemps qui ont suivi, une
série d’objectifs ambitieux (
1
) ont été fixés pour soutenir le développement
d’une économie européenne gagnante au niveau mondial. Cependant, à mi-
chemin de l’échéance de 2010, le tableau d’ensemble est très mitigé et il
reste beaucoup à accomplir pour éviter que Lisbonne devienne synonyme
d’objectifs manqués et de promesses non tenues.
Toutefois, malgré les déceptions, Lisbonne ne présente pas le tableau irré-
médiablement sombre que certains aiment à dépeindre. Des progrès sig-
nificatifs ont été accomplis dans le domaine de l’emploi entre le milieu des
années 90 et 2003. Les gouvernements européens ont pris des mesures
qui se sont conjuguées pour tenter de lever les obstacles à l’emploi des tra-
vailleurs à bas salaires, renforcé leurs politiques actives du marché du tra-
vail et permis la croissance de l’emploi temporaire. Le taux d’emploi est
passé de 62,5 % en 1999 à 64,3 % en 2003, chiffre qui, cependant, ne tient
pas uniquement compte des emplois à temps plein. Sept États membres de
l’UE-15 sont en passe d’atteindre l’objectif intermédiaire de 67 % d’ici à
2005. Le taux d’emploi global de la main-d’œuvre féminine est passé à
56 % en 2003. Certains pays ont réussi à conduire des politiques visant à
accroître le taux d’emploi des travailleurs âgés, qui atteint à présent 41,7 %.
En outre, des progrès sont visibles au-delà de l’emploi. Les États membres
ont progressé du point de vue de la diffusion des TIC et de l’internet dans
les écoles, les universités, les administrations et le commerce. La pénétra-
tion de l’internet dans les ménages, par exemple, a rapidement augmenté,
douze États membres ayant atteint les objectifs.
Dans un registre plus pessimiste, la création nette d’emplois s’est fortement
ralentie ces dernières années et l’on voit se dessiner le risque que l’objectif
d’un taux d’emploi de 70 % pour 2010 ne soit pas atteint. Il en va de même
pour l’objectif de 50 % concernant les travailleurs âgés. En ce qui concerne
l’objectif en matière de recherche et développement, seuls deux pays con-
sacrent actuellement plus de 3 % de leur PIB à la R & D; dans ces deux
mêmes pays, les entreprises atteignent également l’objectif d’un inves-
tissement équivalant à 2 % du PIB dans la R & D. Les autres pays sont en
retard sur les deux plans. Pour ce qui est de dispenser à tous les enseig-
nants une formation dans le domaine numérique, les progrès accomplis
sont très décevants. Seuls cinq pays ont dépassé l’objectif en matière de
transposition des directives de l’Union européenne sur le marché unique.
(
1
) Pour suivre l’état d’avancement de la stratégie de Lisbonne, la Commission et le Conseil ont arrêté une liste de
quatorze indicateurs. Les résultats des États membres au regard de ces indicateurs sont présentés à l’annexe 1.
Manque de
sérieux dans
l’exécution et la
concrétisation
Des progrès
au-delà
de l’emploi
En retard sur les
deux plans
13
Dans le domaine de l’environnement, il n’a été qu’en partie possible de dis-
socier les performances économiques des effets nocifs sur l’environnement.
Par exemple, en Europe, le volume du trafic augmente plus rapidement que
le PIB et la congestion empire, tout comme les niveaux de pollution et de
bruit, continuant ainsi d’endommager la nature. La plupart des pays eu-
ropéens restent en deçà de leurs objectifs de Kyoto en matière d’émissions
de gaz à effet de serre, seuls trois pays enregistrant depuis 1999 des pro-
grès visibles dans la réduction de ces émissions.
L’élargissement de l’Union européenne, pour bienvenu qu’il soit, a rendu
plus difficile encore la réalisation des objectifs de Lisbonne à l’échelon eu-
ropéen. Les nouveaux États membres présentent généralement des taux
d’emploi et des niveaux de productivité bien moindres; or, en partant d’une
base inférieure, il est bien plus difficile d’atteindre les objectifs en matière de
R & D, par exemple, que pour les 15 États membres de l’Union qui ont ini-
tialement adhéré à la stratégie de Lisbonne.
Pourquoi il faut poursuivre la stratégie de Lisbonne
À l’évidence, il n’y a pas matière à autosatisfaction. De trop nombreux ob-
jectifs seront nettement manqués. L’Europe a perdu du terrain, tant par rap-
port aux États-Unis qu’à l’Asie, et ses sociétés sont soumises à des ten-
sions.
Cela signifie-t-il que nos ambitions ne sont pas les bonnes? La réponse est
non. Il faut plus que jamais de l’ambition, que ce soit pour relever le défi de
l’élargissement, celui du vieillissement de la population ou celui de
l’intensification de la concurrence mondiale, sans parler de la nécessité
d’abaisser les taux de chômage actuel. La stratégie de Lisbonne est-elle
trop ambitieuse? Là encore, la réponse est non; même si chaque objectif
devait être atteint dans les délais, l’Europe ne serait pas tirée d’affaire. Les
régions et pays concurrents vont également de l’avant, menaçant la position
de l’Europe dans le classement économique mondial. Dans cette économie
mondiale, l’Europe doit trouver une place qui lui permettra néanmoins de
défendre ses propres choix spécifiques quant au modèle social qu’elle sou-
haite, à juste titre, préserver. Qu’il s’agisse de l’espérance de vie, des taux
de mortalité infantile, de l’inégalité des revenus ou de la pauvreté, l’Europe
enregistre de bien meilleurs résultats que les États-Unis. L’objectif de Lis-
bonne consiste à préserver ces résultats dans un contexte marqué par des
défis multiples et croissants.
Faut-il repousser l’échéance de 2010? À nouveau, la réponse est non.
L’échéance de 2010 est importante pour attirer l’attention et insister sur la
nécessité d’une action urgente. La fixation d’un nouveau délai postérieur
donnerait à tort l’impression que la situation est à présent moins urgente. Le
défi permanent que représente l’échéance de 2010 est nécessaire pour sti-
muler les États membres à accomplir des efforts sérieux d’amélioration. En
tout état de cause, il ne faut pas considérer la stratégie de Lisbonne comme
une série d’objectifs isolés qui pourront être mis de côté après 2010, même
si chaque objectif partiel a été atteint. Il s’agit d’un processus permanent qui
vise à garantir l’avenir de l’Europe en tant qu’économie caractérisée par une
productivité élevée, une haute valeur ajoutée, un emploi fort et une grande
éco-efficacité. Ce processus ne prendra pas fin à une date précise; au con-
traire, il fera constamment l’objet de renouvellements, de réévaluations et
de nouveaux engagements. Il est d’autant plus important que les dirigeants
Des objectifs
seront nettement
manqués
L’Europe doit
trouver sa place
De l’ambition,
plus que jamais
Pas de stratégie
sans lendemain
14
politiques montrent la détermination requise pour profiter maintenant de la
fragile amélioration de la conjoncture économique et du regain de confiance
des entreprises, afin de récupérer autant que possible le terrain perdu du-
rant ces quatre dernières années.
La stratégie de Lisbonne n’est pas une tentative d’imitation des États-Unis,
loin de là. Elle vise à réaliser la vision que l’Europe a de ce qu’elle veut être
et de ce qu’elle veut conserver, compte tenu du renforcement de la concur-
rence mondiale, du vieillissement de la population et de l’élargissement. Elle
nourrit une vaste ambition de solidarité avec ceux qui en ont besoin, main-
tenant et dans l’avenir. Pour réaliser cette ambition, l’Europe a besoin d’une
croissance plus forte et d’un plus grand nombre de personnes en activité.
Les défis externes — L'Union européenne entre deux feux
La concurrence internationale s’intensifie et l’Europe doit relever un double
défi lancé par l’Asie et les États-Unis. Le potentiel de croissance rapide de
l’économie chinoise fera de ce pays non seulement un nouveau concurrent
de l’Europe, mais aussi un vaste marché en expansion. Pour exploiter les
possibilités qu’offre cette situation, l’Europe doit disposer d’une assise éco-
nomique adaptée, compte tenu du fait que, dans les prochaines décennies,
la concurrence dans le domaine de la production de biens sera redoutable
sur les plans national et international, en particulier dans les secteurs où les
salaires sont élevés et les technologies stables. En effet, la Chine, qui
s’industrialise grâce à un apport important et croissant d’investissements
étrangers directs et grâce à son propre tissu scientifique, commence à être
compétitive pour les biens à basse comme à haute valeur ajoutée. Bien que
les salaires soient beaucoup moins élevés en Chine qu’en Europe, il est
évident que la différence de qualité entre les produits chinois et ceux fabri-
qués dans l’Union est déjà faible ou nulle.
Le défi indien est tout aussi réel, en particulier dans le secteur des services,
où l’Inde est le grand bénéficiaire de la délocalisation ou de l’externalisation
de certains services grâce à son énorme réservoir de main-d’œuvre formée,
bon marché et anglophone. La présence collective de l’Asie dans le com-
merce mondial va s’affirmer.
L’Europe doit développer le domaine propre dans lequel elle se spécialise,
excelle et l’emporte sur ses concurrents, ce qui passe inévitablement par un
engagement dans l’économie de la connaissance au sens le plus large du
terme; cependant, elle doit ici faire face à la prédominance des États-Unis.
Ceux-ci menacent de consolider leur première place. Les États-Unis comp-
tent 74 % des 300 premières sociétés du secteur des technologies de
l’information et 46 % des 300 entreprises consacrant le plus de moyens fi-
nanciers à la R & D. La part mondiale de l’Union européenne dans les ex-
portations de produits de haute technologie est inférieure à celle des États-
Unis; la part de la fabrication de produits de haute technologie dans la va-
leur ajoutée totale, ainsi que les effectifs de ce secteur, sont également in-
férieurs. Dans une économie mondiale, l’Europe n’a d’autre choix que
d’améliorer de manière radicale son économie de la connaissance et ses
performances économiques si elle veut relever les défis posés par l’Asie et
les États-Unis.
Réaliser la vision
de l’Europe
Relever les défis
de l’Asie et des
États-Unis
15
Les défis internes — Le vieillissement de l'Europe
Deux dynamiques — la chute du taux de natalité et l’augmentation de
l’espérance de vie — interagissent pour entraîner une transformation radi-
cale de la taille et de la pyramide des âges de la population européenne.
Selon les projections, la population totale diminuera d’ici à 2020 (
2
). On es-
time que la population en âge de travailler (15-64 ans) sera inférieure de
18 % à son niveau actuel en 2050, tandis que le nombre de personnes
âgées de plus de 65 ans aura augmenté de 60 %. En conséquence, la pro-
portion moyenne de personnes retraitées par rapport aux personnes ac-
tuellement en âge de travailler en Europe doublera, passant de 24 % au-
jourd’hui à près de 50 % en 2050. Ce ratio de dépendance variera, en 2050,
entre 36 % au Danemark et 61 % en Italie.
Cette évolution est déjà en cours; en 2015, le ratio de dépendance moyen
de l’Union atteindra 30 %. Les conséquences sont aggravées par le faible
taux d’emploi des travailleurs âgés. Ces évolutions auront des répercus-
sions considérables sur l’économie européenne et sur sa capacité de fi-
nancer les systèmes européens de sécurité sociale. Le vieillissement de la
population entraînera simultanément une augmentation des besoins en
matière de retraites et de soins de santé et une diminution du nombre de
personnes en âge de travailler, c’est-à-dire du nombre de personnes qui
produisent la richesse nécessaire.
Selon les projections de la Commission européenne (
3
), le vieillissement
démographique aura, à lui seul, pour effet de faire baisser le taux de crois-
sance potentiel de l’Union du taux actuel de 2-2,25 % à environ 1,25 % d’ici
à 2040. Globalement, cette diminution aurait pour effet de réduire le PIB par
habitant de quelque 20 % par rapport à ce que l’on aurait pu escompter au-
trement. Dès 2015, le taux potentiel de croissance économique tombera à
1,5 % environ si la main-d’œuvre potentielle continue d’être utilisée comme
aujourd’hui.
Le vieillissement entraînera également une augmentation des dépenses
liées aux retraites et aux soins de santé qui variera de 4 à 8 % du PIB (
4
)
d’ici à 2050. Selon les projections, dès 2020, les dépenses au titre des re-
traites et des soins de santé augmenteront d’environ 2 % du PIB dans un
grand nombre d’États membres et, en 2030, l’augmentation sera de 4 à 5 %
du PIB. En outre, la baisse du taux de croissance économique aura une in-
cidence négative, perceptible dès 2010, sur les finances publiques.
Le défi de l'élargissement
L’élargissement a accentué les inégalités et les problèmes de cohésion
dans l’Union. La population communautaire a augmenté de 20 % tandis que
le PIB européen n’a augmenté que de 5 %, ce qui s’est traduit par une
chute de la production par habitant de 12,5 % dans l’UE-25. De plus, les
nouveaux États membres se caractérisent par d’importantes disparités ré-
gionales et par la concentration de la richesse dans un petit nombre de ré-
gions. Le nombre de personnes vivant dans des régions dont la production
(
2
)
«Budgetary challenges posed by ageing populations», EPC/ECFIN/655/01 2001.
(
3
)
«The EU Economy: 2002 review»,
European Economy
n° 6/2002 p. 192.
(
4
)
«The Impact of ageing populations on public finances», EPC/ECFIN/407/04 2003.
Une évolution
démographique
spectaculaire
en Europe
16
par habitant est inférieure à 75 % de celle de l’Union est passé de 73 à
123 millions.
Parallèlement, comme cela a déjà été relevé plus haut, certains des objec-
tifs de Lisbonne seront encore plus difficiles à atteindre pour l’UE-25 que
pour l’UE-15. Par exemple, l’élargissement a fait chuter le taux d’emploi
moyen de l’UE-25 de près de 1,5 point de pourcentage. Le taux de chô-
mage de longue durée est de 4 % dans l’UE-25, contre 3,3 % dans l’UE-15.
Certains objectifs environnementaux seront également plus difficiles à at-
teindre. Pour certains autres indicateurs (par exemple les dépenses de
R & D en proportion du PIB), les nouveaux États membres devront nette-
ment intensifier leurs efforts.
L’élément positif de l’élargissement est qu’il offre aux nouveaux États mem-
bres la perspective de réaliser des taux élevés de croissance du PIB et de
la productivité à mesure qu’ils rattraperont la moyenne européenne, ce qui
se traduira par la création d’une zone de dynamisme économique en Eu-
rope orientale. On observe déjà des signes de cette évolution. La crois-
sance de la production et de la productivité en Estonie, en Lituanie, en Let-
tonie, en Hongrie, en Pologne, en Slovénie, en Slovaquie et en République
tchèque a été supérieure à celle des États-Unis durant les cinq dernières
années. En remplaçant des technologies devenues obsolètes par des proc-
essus ultramodernes, ces pays vont sauter une génération du point de vue
des capacités technologiques. Tout semble indiquer que la croissance de
leur production et de leur productivité va se poursuivre.
Néanmoins, leur fiscalité avantageuse et leurs salaires peu élevés attirent
les investissements en provenance du reste de l’Union, ce qui risque d’être
une source de frictions croissantes. À défaut de perspectives de conver-
gence, ces frictions augmenteront. À cet égard, il est essentiel d’atteindre
les objectifs de Lisbonne visant à encourager la croissance et l’emploi dans
toutes les parties de l’Union, si l’on veut garantir la cohésion interne de
celle-ci dans l’avenir.
Les faits concernant la croissance, l'emploi et la productivité
Pour le dire tout net, l’économie européenne connaît une croissance moins
rapide que celle des États-Unis et souffre depuis peu d’une hausse plus fai-
ble de la productivité. La période d’après-guerre pendant laquelle l’Europe a
rattrapé les États-Unis sur le plan de la production par habitant a pris fin au
milieu des années 70 (voir figure 1), l’écart s’étant globalement stabilisé par
la suite. Toutefois, depuis 1996, la croissance annuelle moyenne de la pro-
duction européenne par habitant accuse un retard de 0,4 point de pourcent-
age par rapport à celle des États-Unis. Alors qu’elle obtenait un résultat
honorable, l’Europe perd maintenant du terrain.
Des objectifs
encore plus
difficiles
à atteindre
Rattraper
la moyenne
européenne
17
Figure 1 — PIB de l'Union européenne par habitant en SPA (en prix constants
1995)
(US = 100)
30
40
50
60
70
80
90
100
1950
1955
1960
1965
1970
1975
1980
1985
1990
1995
2000
2005
Source:
Services de la Commission, 2004-2005: prévisions.
Cette évolution défavorable du taux de croissance de la production par ha-
bitant est allée de pair avec un renversement du processus de rattrapage
de la productivité européenne vis-à-vis des États-Unis. Pour la première fois
depuis plusieurs décennies, la productivité de la main-d’œuvre de l’Union
européenne a tendance à progresser moins que celle des États-Unis. Au
cours de la période 1996-2003, le taux de croissance de la productivité de
l’UE-15 (
5
) a été en moyenne de 1,4 %, contre 2,2 % aux États-Unis.
Figure 2 — Croissance de la productivité horaire de la main-d'œuvre
(moyenne
mobile)
Source:
Commission européenne, base de données AMECO.
Le fléchissement du taux de croissance de la productivité de la main-
d’œuvre de l’Union au milieu des années 90 peut être attribué dans des
proportions plus ou moins égales à un investissement plus faible par salarié
et à un ralentissement du rythme des avancées technologiques. Le premier
(
5
)
Étant donné que les nouveaux États membres font généralement mieux sur ce plan, la croissance moyenne de la
productivité de l’UE-25 a été légèrement supérieure au cours de la période considérée, mais elle est restée
nettement inférieure à celle des États-Unis.
Variation annuelle en %
0
1
2
3
4
5
6
1966
1971
1976
1981
1986
1991
1996
2001
US
EU
L’Europe ne
rattrape plus
son retard de
productivité
18
phénomène peut s’expliquer en partie par les succès récents de l’Union en
matière de création d’emplois, mais on peut y opposer l’argument que ces
nouveaux emplois ont tendance à être des emplois à faible productivité.
Le second phénomène a été attribué aux raisons déjà invoquées pour ex-
pliquer que l’Europe n’atteint pas les objectifs de Lisbonne, à savoir
l’insuffisance des investissements dans la R & D et l’éducation, la capacité
médiocre de concrétiser les résultats de la recherche en produits et proces-
sus commercialisables, ainsi qu’une productivité inférieure des industries
européennes productrices de TIC (y compris les équipements bureautiques
et les semi-conducteurs) et des services européens utilisateurs de TIC
(comme le commerce de gros et de détail ou les services financiers), en rai-
son d’une diffusion plus lente des TIC. En conséquence, la contribution des
TIC à la croissance a été deux fois moins importante qu’aux États-Unis. Ce
résultat tient également à la structure industrielle de l’Europe, qui repose sur
un plus grand nombre d’industries de faible et de moyenne technologie, et à
sa difficulté d’accéder aux secteurs offrant des perspectives de croissance
de productivité élevée.
Au cours de la dernière partie des années 90, l’Union a connu une augmen-
tation du nombre cumulé d’heures ouvrées annuelles en comparaison de la
décennie précédente. Cette hausse s’expliquait essentiellement par une
augmentation du nombre d’emplois créés, alors que la moyenne annuelle
par personne des heures réellement effectuées continuait de baisser. De-
puis 1983, le nombre moyen d’heures de travail par personne a non seule-
ment diminué davantage qu’aux États-Unis et au Japon, mais il a également
été sans cesse inférieur à celui de ces deux pays en raison d’un temps de
travail hebdomadaire plus court et d’un nombre de jours de travail moins
élevé. Pour apporter une contribution positive à la croissance de la produc-
tion par habitant, il est nécessaire de mieux utiliser la main-d’œuvre, à la
fois en renforçant l’emploi et en augmentant le nombre d’heures de travail
sur l’ensemble de la vie.
En Europe, la récente progression de l’emploi commentée plus haut est al-
lée de pair avec un recul de la croissance de la productivité horaire; aux
États-Unis, en revanche, la croissance de l’emploi s’est accompagnée d’une
hausse de la productivité horaire. Si elle souhaite accroître son niveau de
vie, l’Europe doit faire progresser plus rapidement l’emploi et la productivité
en recourant à un large éventail de politiques de réforme, accompagnées
d’un cadre macroéconomique soutenant la croissance, la demande et
l’emploi.
Agir de manière ciblée, agir ensemble, agir maintenant
Ce qui est en jeu à moyen et à long terme, ce n’est rien moins que la vi-
abilité de la société bâtie par l’Europe. Les Européens ont fait des choix
concernant la manière d’exprimer les valeurs qui leur sont communes: ils
adhèrent au contrat social qui couvre le risque de chômage, la maladie et la
vieillesse et qui offre des perspectives d’avenir à tous grâce à une éduca-
tion de qualité; ils sont également attachés aux institutions publiques, au
domaine public et à l’intérêt public, ainsi qu’à l’idée qu’une économie de
marché doit fonctionner de manière équitable et dans le respect de
l’environnement. Ces valeurs s’expriment dans des systèmes de protection
sociale, des institutions publiques et une réglementation qui ont un coût
élevé dans un monde où des producteurs bon marché et très efficaces re-
Une meilleure
utilisation de la
main-d’œuvre
Mettre l’accent
sur la croissance
et l’emploi
19
mettent en question l’ordre établi. Si l’Europe ne parvient pas à s’adapter, à
moderniser ses systèmes et à augmenter sa croissance et son emploi suff-
isamment vite, il lui sera impossible de continuer à assumer ces choix. En
bref, l’Europe doit se concentrer sur la croissance et l’emploi pour réaliser
les ambitions de Lisbonne.
La stratégie de Lisbonne était et demeure la meilleure réponse de l’Europe
à ces nombreux défis. Elle constitue un cadre d’objectifs ambitieux, qui in-
dique les grandes lignes des changements nécessaires pour soutenir une
économie européenne qui soit véritablement innovante, qui opère à la
pointe de la technologie et qui crée la croissance et les emplois dont
l’Europe a besoin. Le groupe de haut niveau estime que la direction adop-
tée par la stratégie de Lisbonne est judicieuse et impérative, mais qu’il est
nécessaire d’accélérer vivement sa mise en œuvre — et de se rendre
mieux compte qu’il coûterait cher de ne pas le faire.
Le problème, cependant, est que le champ d’action de la stratégie de Lis-
bonne est devenu trop vaste pour être perçu comme un ensemble intégré.
Lisbonne traite de tout, et donc de rien. Tout le monde est responsable, et
donc personne ne l’est. Le résultat final de la stratégie a parfois été perdu.
Un programme de réformes ambitieux et vaste doit s’appuyer sur un cane-
vas clair, qui permette d’expliquer efficacement pourquoi il est nécessaire.
Pour que chacun sache pourquoi les réformes sont accomplies et com-
prenne la légitimité et la nécessité de réformes parfois pénibles. Pour que
chacun sache qui est responsable.
Répétons-le: la stratégie de Lisbonne vise à faire de l’Europe une économie
fondée sur la connaissance qui soit intégrée, compétitive, dynamique, et
parmi les meilleures du monde. Elle entend ancrer l’engagement européen
envers la cohésion sociale et l’environnement au cœur du processus de
croissance et de création d’emplois, de manière à en faire des avantages
concurrentiels pour l’Europe. Cet objectif ne pourra être atteint dans un con-
texte de stagnation ou de faible croissance de la demande. Le cadre
macroéconomique élargi, la poursuite des politiques monétaire et budgé-
taire, doivent soutenir la croissance dans toute la mesure du possible. Dans
ce contexte, le groupe de haut niveau appuie les propositions de réforme du
pacte de stabilité et de croissance présentées il y a peu par la Commission
européenne. Ces réformes introduiront la souplesse nécessaire pour mener
des politiques économiques atténuant les effets du cycle économique, sans
perdre de vue l’importance de la stabilité. Il est nécessaire de renforcer la
position budgétaire des États dans la période actuelle de redressement
fragile, afin qu’ils aient davantage de latitude pour atténuer tout ralentisse-
ment futur de l’économie par une augmentation des dépenses ou par des
réductions d’impôts supportables. Il est nécessaire de donner aux entre-
prises la confiance nécessaire pour investir et innover, en sachant que
l’objectif prioritaire est de soutenir le redressement actuel et, avec lui, les
chances de mettre en œuvre de la stratégie de Lisbonne.
La concrétisation de la stratégie de Lisbonne profitera à tous les États
membres. Le principe sur lequel repose l’Union européenne est bien établi:
l’union des Européens fait leur force. Le marché unique des biens et des
services favorise des échanges qui profitent à chaque État membre. L’euro
crée une union monétaire qui se caractérise par des taux d’intérêt bas, sta-
bles et prévisibles et une inflation faible, ce dont tous les États membres
bénéficient. Aucun État européen ne peut, seul, améliorer l’environnement.
Enfin, plus l’économie européenne est performante, plus les investisse-
ments affluent dans tous les États membres, les investisseurs voulant profi-
Il faut aller
plus vite
L’engagement de
l’Europe envers la
cohésion sociale
20
ter de l’amélioration du climat général que l’Europe offre aux entreprises. De
la même manière, le développement d’une économie de la connaissance
européenne a des effets positifs pour tous.
Si l’on veut tirer le meilleur profit de la stratégie de Lisbonne, l’idéal est que
tous les pays européens la mettent en œuvre collectivement. Pour faire en
sorte que les avantages escomptés se concrétisent, les États membres doi-
vent prendre leurs responsabilités et s’approprier le processus. La Commis-
sion européenne doit être prête à désigner et à mettre en cause ceux qui
échouent, et à louer ceux qui réussissent. L’enjeu est trop important pour
respecter les sensibilités de ceux qui empêchent d’œuvrer pour le bien eu-
ropéen commun. De plus, les politiques communes de l’Union européenne,
y compris ses budgets, doivent tenir compte des priorités de Lisbonne. Si
l’Europe veut atteindre ses objectifs, elle doit agir à l’unisson et de manière
ciblée; et elle doit agir maintenant.
Il faut agir
maintenant
21
Chapitre II — Vaincre les blocages: libérer le potentiel
Que faire?
Ce n’est pas d’un simple coup de baguette magique que l’Europe obtiendra
une croissance plus élevée et les emplois dont elle a besoin d’urgence. Il
existe en revanche une série d’initiatives et de changements structurels
étroitement liés qui bénéficieront de l’effet de renforcement d’une mise en
œuvre concomitante dans les différents États membres pour libérer, par
une action générale puissante, le potentiel incontestable de l’économie eu-
ropéenne. Chaque élément de la stratégie de Lisbonne contribue au succès
global.
La situation de départ des États membres est bien sûr différente. Il est dès
lors nécessaire de considérer les objectifs de Lisbonne par rapport aux con-
textes et aux enjeux nationaux et non comme l’ordre aveugle d’améliorer
chaque indicateur économique, sans tenir compte des situations nationales.
Sans cela, cette stratégie n’aurait aucun sens pour les citoyens des dif-
férents États membres.
Il existe toutefois cinq grands domaines politiques prioritaires dans lesquels
l’Union européenne et les différents États membres doivent progresser pour
contribuer à assurer le dynamisme économique de chacun, d’une part, et la
vigueur de l’ensemble de l’économie européenne, profitable à chaque État
membre, d’autre part. La réalisation de la société de la connaissance,
l’achèvement du marché intérieur et la promotion de la concurrence, y com-
pris dans les services et les services financiers, l’établissement d’un envi-
ronnement favorable aux entreprises, la création d’un marché du travail
adaptable et fondé sur l’intégration ainsi que la promotion énergique de
stratégies économiques rentables pour tous sont des éléments qui con-
courent tous à la croissance économique et à l’amélioration de la produc-
tivité. Et le groupe de haut niveau estime que tout cela s’inscrira, selon toute
probabilité, dans le cadre de politiques macroéconomiques propices à la
croissance.
Les États membres ont peut-être des raisons d’être fiers de leurs résultats
dans deux, voire dans trois de ces domaines politiques prioritaires. Aucun
ne peut se targuer de bons résultats dans les cinq domaines; or, c’est indis-
pensable si l’on veut concrétiser les ambitions de Lisbonne (il ne s’agit en
fait que d’offrir aux citoyens les possibilités et la qualité de vie auxquelles ils
aspirent). Il faut donc faire en sorte que les dirigeants et les populations
d’Europe soient intimement convaincus du bien-fondé des objectifs de Lis-
bonne, élaborer dans chaque État membre des politiques appuyées par un
cadre approprié à l’échelon européen, adapté à l’État membre en question,
puis agir de manière plus déterminée que jusqu’à présent.
En conclusion, ce n’est pas en atteignant l’un ou l’autre de ces objectifs que
l’on accroîtra la productivité et que l’on stimulera la croissance de l’Europe,
mais en les réalisant tous et cela, bien entendu, d’une manière adaptée à la
situation particulière des économies nationales. Et plus cette économie au
sens large sera dynamique, plus il sera aisé de mettre en œuvre des réfor-
mes difficiles. La suite du présent chapitre contient des recommandations
Chaque élément
contribue
au succès
Cinq grands
domaines
politiques
prioritaires
Peut-être de bons
résultats dans
deux, voire dans
trois domaines
22
particulières qui permettront aux chefs de gouvernement de montrer leur
engagement en faveur d’une stratégie de croissance et d’emploi.
1. Réaliser la société de la connaissance
Les objectifs de la stratégie de Lisbonne sont les suivants:
société de l’information:
définir un cadre réglementaire pour les communications
électroniques; encourager la diffusion des TIC; mettre en place des conditions favora-
bles au commerce électronique; aider l’Europe à conserver son avance dans les tech-
nologies des communications mobiles;
recherche:
créer un espace de la recherche et de l’innovation; accroître jusqu’à 3 %
du PIB les dépenses consacrées à la recherche et au développement (R & D); rendre
l’Europe plus attirante pour ses meilleurs cerveaux; promouvoir les nouvelles technolo-
gies;
éducation et capital humain:
réduire de moitié le nombre de jeunes en décrochage
scolaire; adapter les systèmes d’éducation et de formation à la société de la connais-
sance; favoriser l’éducation et la formation tout au long de la vie pour tous; promouvoir
et faciliter la mobilité.
Pourquoi une société de la connaissance?
Le Conseil européen de Lisbonne a reconnu à juste titre que le futur déve-
loppement économique de l’Europe dépendra de son aptitude à créer et dé-
velopper des secteurs de haute valeur, innovants et fondés sur la recher-
che, capables de se mesurer aux meilleurs du monde.
Il n’est plus à démontrer que plus les dépenses consacrées à la recherche
et au développement sont élevées, plus la croissance de productivité qui en
résulte est forte. L’accroissement des dépenses consacrées à la recherche
et au développement est une condition préalable à toute augmentation de la
croissance de la productivité en Europe. Des études révèlent que jusqu’à
40 % de la croissance de la productivité de la main-d’œuvre sont générés
par des dépenses de R & D et que celles-ci ont d’importantes retombées
dans d’autres domaines de l’économie, suivant la manière dont l’argent est
dépensé. L’un des aspects les plus décevants de la stratégie de Lisbonne
jusqu’à ce jour réside dans la faible compréhension de l’importance de la
R & D et que, sur ce plan, l’on ait si peu progressé.
Toutefois, le concept de société de la connaissance va plus loin qu’un sim-
ple engagement à investir davantage dans la R & D. Il englobe tous les as-
pects de l’économie contemporaine où la connaissance est au cœur de la
valeur ajoutée — des industries de haute technologie et des TIC aux sec-
teurs manifestement créatifs tels que les médias et l’architecture, en pas-
sant par les services à forte intensité de connaissances. Selon les estima-
tions, jusqu’à 30 % de la population active travaillera à l’avenir directement
à la production et à la diffusion des connaissances aussi bien dans les in-
dustries manufacturières que dans les services, dans le secteur financier ou
les industries créatives. Un pourcentage élevé des autres travailleurs dev-
ront posséder la même capacité de réaction et les mêmes connaissances
pour pouvoir profiter des nouvelles tendances. L’Europe peut donc
Production et
diffusion des
connaissances
23
s’appuyer à peu près partout sur son engagement ferme à créer la société
de la connaissance, tremplin vers une première place mondiale.
Les TIC offrent à l’ensemble des structures économiques la possibilité de
créer une économie et une société des réseaux et la possibilité de restruc-
turer fondamentalement les processus d’entreprise. Elles permettent
d’affiner chaque étape de la création de valeur. Celle-ci est moins la simple
transformation d’intrants en produits que la mise en œuvre des nouvelles
capacités et compétences générées par les TIC pour répondre aux besoins
individuels et complexes des consommateurs — dans le cadre de relations
entre entreprises ou entre entreprises et consommateurs.
Les entreprises florissantes optent de plus en plus pour la mise en réseau;
elles sont plus concentrées sur le consommateur et plus réactives. La va-
leur se crée de plus en plus au cours des processus de distribution, de fi-
nancement, de commercialisation et à travers les services, plutôt que pen-
dant la fabrication du produit initial — qui reste toutefois importante. Les
connaissances et le potentiel des TIC imprègnent chaque élément de la
chaîne économique, et pas seulement le cœur de la fabrication.
Cependant, ni la société européenne de la connaissance en général ni son
secteur TIC en particulier ne sont assez forts pour concrétiser cette vision.
Qu’il s’agisse des demandes de brevets, du nombre de chercheurs scienti-
fiques, du classement des universités au niveau mondial, du nombre de prix
Nobel ou des citations dans les revues scientifiques, l’Europe est toujours à
la traîne des États-Unis. La possibilité de créer des normes mondiales n’est
pas suffisamment exploitée. En Europe, le secteur des TIC représente 6 %
du PIB contre 7,3 % aux États-Unis (
6
), et ces dernières années, les inves-
tissements européens en biens d’équipement TIC sont invariablement res-
tés inférieurs d’environ 1,6 % du PIB à ceux des États-Unis (
7
).
Heureusement, l’Europe a également quelques points forts. Elle délivre à
peu près deux fois plus de diplômes en sciences et en ingénierie que les
États-Unis. Elle se distingue dans certains secteurs tels que l’aviation civile,
les téléphones mobiles et l’ingénierie électrique. Une trop grande partie des
avantages technologiques dont jouissent les Américains est concentrée sur
le secteur de la défense et les secteurs connexes. Ce qu’il faut à présent,
c’est reconnaître l’importance de la société de la connaissance pour l’avenir
de l’Europe et être déterminé à la bâtir.
Attirer et retenir les chercheurs de rang mondial
L’Europe doit améliorer considérablement son pouvoir d’attraction à l’égard
des chercheurs. Un trop grand nombre de jeunes scientifiques continuent à
quitter l’Europe lorsqu’ils ont obtenu leur diplôme, notamment pour les
États-Unis. Ceux des chercheurs les plus doués et les plus brillants du reste
du monde qui choisissent de vivre et de travailler en Europe sont trop peu
nombreux.
La mise au point d’un système de validation mutuelle des processus na-
tionaux d’assurance de la qualité et d’accréditation constituerait un pas im-
portant dans la bonne direction. Elle réduirait les obstacles administratifs à
la mobilité au sein de l’UE, auxquels les chercheurs européens continuent
de se heurter. Ces obstacles sont liés aux droits en matière de sécurité so-
(
6
)
The Economic Future of Europe,
Olivier Blanchard, document de travail 04-04, MIT.
(
7
) Entre 1995 et 2001, les investissements en biens d'équipement TI s'élevaient à 1,6% du PIB de moins qu'aux
États-Unis, Franceso Daveri,
Why is There a Productivity Problem in the EU?
Centre for European Policy Studies.
La société
européenne de
la connaissance
Trop de
scientifiques
quittent encore
l’Europe
24
ciale et à la reconnaissance des qualifications. Il faut aussi intensifier les ef-
forts pour faciliter l’entrée des chercheurs et des personnes à leur charge
non originaires de l’Union par des procédures accélérées et simplifiées
d’obtention de visas et de permis de travail.
Il convient également d’examiner certaines questions financières si l’on veut
renforcer l’attrait de l’Europe. Les États membres doivent résoudre de toute
urgence le problème du financement des universités. Si l’Europe veut attirer
en plus grand nombre les meilleurs chercheurs du monde, la question de
l’amélioration de leur environnement de recherche et de leur rémunération
doit être abordée sans délai.
Les interactions créatives entre les universités, les scientifiques et les cher-
cheurs, d’une part, l’industrie et le commerce, d’autre part, qui stimulent le
transfert de technologies et l’innovation, résultent forcément de la proximité
géographique des universités et des entreprises. Il est d’ores et déjà am-
plement démontré, à travers le monde, que les pôles de haute technologie
reposent sur ces interactions, mais les «idéopôles», par exemple Helsinki,
Munich et Cambridge, vont encore plus loin. Ils bénéficient d’un grand nom-
bre d’autres facteurs favorables, en particulier des infrastructures de trans-
port et de communication modernes, des organismes financiers disposés à
fournir le capital-risque nécessaire aux entrepreneurs et aux spécialistes en
transfert de technologies, des autorités publiques qui facilitent les structures
de réseau stimulant des interactions créatives; et ils offrent un environne-
ment attrayant aux travailleurs intellectuels. Les «idéopôles» s’affirment
comme les villes au cœur de régions dynamiques, fondées sur la connais-
sance et en forte croissance.
Recommandations clés
L’UE doit attirer davantage de chercheurs parmi les plus doués et les plus
brillants du monde en améliorant son pouvoir d’attraction. En conséquence,
le Conseil européen du printemps 2005 devrait marquer son accord sur
l’élaboration d’un plan d’action visant à réduire les obstacles administratifs à
la mobilité, à destination et à l’intérieur de l’UE, auxquels se heurtent les
scientifiques et chercheurs de rang mondial et les personnes à leur charge.
Ce plan d’action devrait être mis en œuvre pour le printemps 2006.
Des procédures accélérées d’obtention de visas et de permis de travail de-
vraient être adoptées pour les chercheurs et il faut améliorer la reconnais-
sance mutuelle des qualifications professionnelles.
Faire de la recherche et du développement une priorité
Tout concourt à montrer que le renforcement de la R & D est une condition
préalable essentielle si l’on veut que l’Europe devienne plus compétitive. Ce
serait une grave erreur stratégique de ne pas tenir compte de cette évi-
dence. Or, il est préoccupant de voir que bon nombre d’États membres res-
tent exagérément optimistes et ils doivent davantage agir en fonction de
l’urgence de ce problème.
Pour accroître le niveau des dépenses de R & D, dans le domaine privé ou
public, il faudra encore surmonter d’importants obstacles structurels. Il con-
vient d’encourager l’adoption de mesures d’incitation fiscales en faveur des
Stimuler le
transfert de
technologies et
l’innovation
Renforcer le
potentiel
scientifique
25
nouvelles petites et moyennes entreprises (PME) qui investissent dans la
recherche. L’aide publique à la R & D devrait être augmentée à l’échelon de
l’Union et sur le plan national, notamment sur les technologies clés qui fa-
vorisent la croissance économique. Cela permettrait de renforcer le poten-
tiel scientifique et pour accroître son effet de levier sur l’investissement privé
dans la R & D. Les partenariats public-privé devraient être facilités et en-
couragés en tant que moyen de stimuler les investissements. Il convient de
renforcer le potentiel scientifique européen en finançant et en coordonnant
la recherche fondamentale à long terme, hiérarchisée en fonction de son
intérêt scientifique, et cela, par la création d’un conseil européen de la re-
cherche. En même temps, les États membres et la Commission devraient
examiner comment recourir aux marchés publics afin d’instituer un marché
précurseur pour de nouveaux produits et services à haute intensité de re-
cherche et d’innovation.
En outre, toutes les parties concernées au niveau national et de l’UE de-
vraient intensifier leurs efforts pour promouvoir les initiatives technologiques
fondées sur des partenariats public-privé à l’échelle européenne.
Recommandation clé
Afin de stimuler l’excellence scientifique, le Parlement européen et le
Conseil devraient approuver, avant la fin de 2005 (dans le cadre du sep-
tième programme-cadre en faveur de la recherche), l’instauration d’un
conseil européen de la recherche (CER) autonome chargé de financer et de
coordonner la recherche fondamentale à long terme au niveau européen.
Profiter pleinement des avantages des TIC
Pour assurer sa croissance économique future, l’UE a besoin d’une straté-
gie globale et holistique visant à stimuler la croissance du secteur des TIC
et leur diffusion dans tous les secteurs de l’économie. L’objectif prioritaire
est de mettre en œuvre le plan d’action
e
Europe qui demande des mesures
afin de promouvoir le commerce électronique, le E-gouvernement et le
e
Learning. En outre, le cadre réglementaire pour les communications élec-
troniques adoptées en 2002 devrait être pleinement mis en œuvre et stric-
tement respecté, afin que la concurrence permette des baisses plus effica-
ces des prix pour les consommateurs et les entreprises. Pour réaliser cet
objectif, il faut une coopération plus étroite entre la Commission eu-
ropéenne, les autorités nationales de la concurrence et les autorités de
régulation nationales.
La stratégie doit aussi se concentrer sur l’accroissement de l’accessibilité
de la large bande, afin de porter celle-ci à au moins 50 % d’ici à 2010. Son
exploitation tarde toujours à décoller et demeure fragmentaire dans un
nombre trop élevé d’États membres. Il faut intensifier les efforts pour faire
baisser les prix d’accès, renouveler les contenus pour stimuler la demande
et accélérer le lancement des réseaux à large bande, en particulier dans les
régions rurales. Ces efforts devraient se concentrer non seulement sur les
réseaux à large bande fixes, mais aussi sur les réseaux sans fil (de troi-
sième génération et par satellites). Ces derniers offrent une connexion in-
ternet à haut débit financièrement intéressante qui permet de réduire la frac-
ture numérique et contribue ainsi à atteindre les objectifs de cohésion
sociale et régionale.
26
Enfin, l’Europe a besoin d’un cadre réglementaire qui stimule l’élaboration
de normes pour favoriser le développement et la diffusion des nouvelles
technologies à l’intérieur et à l’extérieur de l’UE.
Recommandation clé
Les États membres devraient assurer un plus grand et meilleur suivi du plan
d’action
e
Europe 2005, afin d’obtenir tous les bénéfices des TIC. En particu-
lier, davantage de progrès sont nécessaires dans le domaine du E-
gouvernement. Les États membres doivent aussi accroître l’accessibilité
aux réseaux à large bande à au moins 50 % d’ici à 2010.
Protéger la propriété intellectuelle pour promouvoir l'innovation
Les entreprises n’investiront dans l’innovation et la R & D que si elles sont
sûres de pouvoir retirer des avantages de leur investissement. À cet égard,
une condition préalable essentielle est un cadre juridique protégeant les
droits de propriété intellectuelle, accessible aux PME et aux établissements
de l’enseignement supérieur d’Europe à un prix peu élevé — ce qui n’est
manifestement pas le cas actuellement. L’UE devrait adopter de toute ur-
gence la proposition concernant la brevetabilité des inventions mises en
œuvre par ordinateur et, bien entendu, le brevet communautaire.
Recommandation clé
Il est temps que le Conseil adopte le brevet communautaire ou le refuse. Ce
projet législatif d’une importance capitale devrait faire l’objet d’un accord
avant le Conseil européen de printemps 2005 ou au cours de celui-ci.
L’accord devra assurer que le brevet communautaire réduit effectivement la
complexité de la protection de la propriété intellectuelle ainsi que
l’investissement en temps et les coûts qu’elle implique. C’est pourquoi le
groupe de haut niveau invite le Conseil européen à trouver une solution au
problème linguistique en suspens.
Élaboration de
normes
Retirer des
avantages
27
2. Tenir nos engagements envers le marché intérieur
Les objectifs de la stratégie de Lisbonne sont les suivants:
assurer une transposition efficace du droit communautaire:
accélérer la transposi-
tion de la législation communautaire (98,5 %);
éliminer les entraves à la libre circulation des services dans l’Union;
réaliser le marché intérieur des industries de réseau:
libéraliser progressivement
les marchés et les industries de réseau, et notamment le gaz et l’électricité (2007), les
services postaux (2006), le transport ferroviaire (2008) et l’espace aérien;
réaliser le marché intérieur des services financiers
(2005);
assurer une application juste et uniforme des règles relatives à la concurrence et
aux aides d’État:
réduire les aides d’État à 1 % du PIB, définir les nouvelles règles
relatives aux fusions et aux offres publiques d’achat et actualiser les règles régissant
les marchés publics.
Pourquoi le marché intérieur?
Faciliter la libre circulation des personnes, des biens, des services et des
capitaux dans un espace sans frontières intérieures est un mécanisme es-
sentiel qui entraîne une croissance économique. Le marché intérieur permet
aux entreprises et secteurs qui possèdent des atouts concurrentiels de tirer
parti des avantages que leur procure leur spécialisation et de se dévelop-
per. Cela se transforme en une tendance qui se renforce d’elle-même. Les
ressources sont exploitées par ceux qui en sont le plus capables, lesquels
peuvent, à leur tour, réaliser des économies d’échelle, ce qui a pour effet de
réduire les coûts et les prix. Il en résulte une augmentation générale des re-
venus réels, des bénéfices et de l’innovation. Une croissance économique
durable est toujours allée de pair avec une ouverture des marchés et avec
une forte croissance des échanges.
Le fonctionnement du marché intérieur européen a favorisé cette double in-
teraction de la croissance des échanges et des économies nationales. Il est
difficile de distinguer les effets du marché intérieur des autres facteurs, mais
la Commission européenne estime (
8
) qu’après dix années d’existence de
ce marché, le PIB européen est supérieur de 1,8 % à ce qu’il aurait été sans
lui, et que 2,5 millions d’emplois supplémentaires ont été créés. Cette con-
tribution à la croissance équivaut presque à 10 % du taux de croissance po-
tentiel de l’UE sur une base annuelle.
Toutefois, les effets s’atténuent, alors que les efforts visant à achever le
marché intérieur des biens et à en créer un pour les services sont au point
mort. Les échanges intracommunautaires de produits manufacturés diminu-
ent depuis 2001, et il en va de même pour les services. Un autre élément
révélateur du caractère inachevé du marché intérieur réside dans les larges
variations de prix à travers l’Union — la convergence des prix est loin
(
8
)
SEC(2002) 1417, «The Internal Market — Ten Years without Frontiers».
Un espace sans
frontières
intérieures
28
d’atteindre celle que l’on observe aux États-Unis (
9
). Parallèlement, l’UE a
perdu de son attrait en tant que place d’investissement. Les investisseurs
étrangers continuent d’investir dans l’Union, mais davantage de capitaux
sortent de l’UE qu’ils n’y entrent. Une meilleure intégration du marché ren-
drait l’UE plus attrayante aux yeux des investisseurs potentiels de l’Union et
des pays tiers.
Il est donc fondamental, dans l’intérêt des perspectives de croissance de
l’Europe, de continuer à ouvrir les marchés européens des biens et des ser-
vices, et, inversement, de résister aux pressions protectionnistes; cepen-
dant, d’aucuns ont le sentiment que le programme du marché intérieur est
une affaire du passé, et il ne bénéficie pas du degré de priorité qu’il mérite.
Il s’agit là d’une erreur fatale sur le plan stratégique. Il reste une marge con-
sidérable pour renforcer encore l’intégration du marché et faire bénéficier
les consommateurs et les entreprises de gains économiques plus impor-
tants. Avec l’investissement dans la R & D, l’achèvement du marché in-
térieur est le meilleur moyen de renforcer la productivité et l’innovation.
S'engager en faveur d'une transposition plus rapide
L’une des entraves les plus tenaces tient au fait qu’un trop grand nombre
d’États membres ne tiennent pas les engagements qu’ils prennent au Con-
seil dans les délais convenus. Il n’est guère utile que les gouvernements se
mettent d’accord sur des mesures à Bruxelles si, par la suite, ils ne font pas
preuve du même engagement lorsqu’il s’agit de mettre ces mesures en œu-
vre au plan national. Bien que le Conseil européen ait demandé à plusieurs
reprises que les retards excessifs ne bénéficient d’aucune tolérance, ce
problème reste d’une ampleur considérable. Chaque fois qu’une directive
est transposée avec retard par un État membre, c’est la compétitivité de
l’ensemble de l’Union qui en pâtit; de telles situations sont inexcusables et
ne peuvent plus être tolérées.
De plus, dans de trop nombreux cas, les dis-
positions de transposition ne sont pas conformes à la directive d’origine ou
sont trop complexes. Cela réduit à néant les avantages attendus d’un en-
semble unique de règles et fait souvent peser des charges inutiles sur les
entreprises. Dans ces deux cas, les récidivistes se reconnaîtront.
Recommandations clés
Au début de 2005, la Commission devrait établir la liste complète des textes
relatifs au marché intérieur qui doivent encore être transposés dans chacun
des 25 États membres, cette liste devant être annexée aux conclusions du
Conseil européen de printemps. Cette liste devrait être établie par État
membre, en commençant par celui qui accuse le plus grand arriéré.
À la lumière de ce tableau d’affichage, le Conseil européen de printemps
2005 devrait fixer une date ultime pour la transposition des textes.
(
9
)
D'après le tableau d'affichage du marché intérieur, les différences de prix constatées dans les épiceries peuvent
être jusqu'à 80 % plus élevées dans l'UE qu'aux États-Unis, la différence étant plus grande encore dans le cas
des services de transport. La convergence des prix est un bon indicateur de l'intégration d'un marché.
Poursuivre
l’intégration du
marché
Faire preuve
du même
engagement
29
Éliminer les entraves à la libre circulation des services
Il est essentiel de lever les nombreux blocages, et pas uniquement dans le
marché intérieur des biens. Le secteur européen des services représente
70 % de l’activité économique de l’Union. La plupart des nouveaux emplois
créés entre 1997 et 2002 l’ont été dans le secteur des services; pourtant,
les services font l’objet de seulement 20 % des échanges en Europe. En
raison principalement d’un grand nombre d’entraves juridiques et adminis-
tratives, l’Europe reste fragmentée en marchés nationaux séparés. Un
grand nombre de ces marchés sont, de facto, inaccessibles aux concurrents
potentiels établis ailleurs dans ce qui devrait être un marché unique. En
conséquence, les prix sont trop élevés, la croissance de la productivité est
trop faible et les échanges intracommunautaires de services sont moins im-
portants qu’il y a dix ans (
10
). Cette situation doit changer, et elle doit chan-
ger maintenant. Il va de soi qu’il faut accorder une attention particulière
aux
préoccupations sociétales, car il serait
incompatible avec le modèle de Lis-
bonne de réaliser des progrès en matière de compétitivité en se livrant à un
dumping social. Il convient d’assurer que la suppression des obstacles à la
libre circulation des services se fasse dans l’intérêt des consommateurs.
Recommandation clé
Le Parlement européen et le Conseil devraient se mettre d’accord sur une
législation pour éliminer les entraves à la libre circulation des services pour
la fin de l’année 2005. Il faudra ensuite que les États membres s’engagent
clairement à faire en sorte que les règles nationales ne servent pas
d’excuse pour entraver ou empêcher l’entrée des fournisseurs de services
établis dans d’autres États membres; la Commission devrait se donner pour
priorité de faire respecter cette exigence.
Identifier et éliminer les entraves à la concurrence
Même dans des secteurs censés être libéralisés, comme les réseaux de
services collectifs, les opérateurs historiques continuent de dominer les
marchés nationaux, limitant souvent les avantages pour les consomma-
teurs. Afin de favoriser une libéralisation accrue et d’ouvrir davantage de
secteurs à la concurrence dans toute l’Union, la Commission européenne
devrait procéder à des enquêtes à l’échelle des secteurs en vue de recen-
ser les entraves à la concurrence et, notamment, d’évaluer l’effet des aides
d’État. Cela devrait permettre qu’il y ait une véritable concurrence, non seu-
lement en théorie mais aussi dans la pratique, surtout dans les cas où les
règles locales ont pour effet d’empêcher les concurrents de pénétrer sur le
marché national.
Les incidences de la réglementation sur la concurrence et, en fin de
compte, sur les consommateurs, devraient faire l’objet d’un examen systé-
matique, de manière à s’assurer qu’elles n’entravent pas inutilement
l’activité économique. La Commission devrait ensuite, en coopération étroite
avec les autorités nationales chargées de la concurrence et de la régulation,
trouver des moyens efficaces et novateurs d’éliminer ces entraves. En pre-
mier lieu, il serait bon de se pencher sur les secteurs à haute valeur ajoutée
et sur les services de distribution, qui sont essentiels pour la santé de
(
10
) COM(2003) 238, p. 10.
Création d’un
marché unique
des services
Les avantages
pour les
consommateurs
30
l’économie européenne. Cette approche contribuera à créer un environne-
ment dans lequel les entreprises les plus compétitives récolteront les fruits
de leur innovation et de leur efficacité, abaissant les prix et élargissant le
choix du consommateur.
Dans le secteur de l’énergie, une nouvelle législation fixant des objectifs
clairs en matière de libéralisation des marchés de l’électricité et du gaz a
été élaborée. Les États membres sont tenus d’ouvrir les marchés de
l’électricité et du gaz pour tous les clients autres que les ménages pour juil-
let 2004 et pour tous les clients pour juillet 2007. Il est essentiel que tous les
États membres s’acquittent pleinement de cette obligation. La mise en place
de conditions vraiment égales pour tous dans les secteurs de l’électricité et
du gaz permettra le recours à des innovations éco-efficaces dans ces mar-
chés nouvellement libéralisés et encouragera la réalisation
d’investissements par les nouveaux venus.
Faire de la libre circulation des marchandises une réalité pour tous
La libre circulation des marchandises continue également de se heurter à
un certain nombre d’obstacles, qui ne peuvent plus être tolérés. Elle reste
entravée par diverses règles locales, souvent appliquées de manière arbi-
traire et en contradiction flagrante avec le principe de reconnaissance mu-
tuelle qui est la pierre angulaire du marché intérieur. De plus, même dans
les domaines où les règles techniques ont été harmonisées, comme les ma-
tériaux de construction ou les machines, la lenteur de l’élaboration des nor-
mes techniques a abouti à ce que les entraves subsistent bien plus long-
temps que nécessaire. La Commission doit consacrer des ressources
appropriées à l’identification et à la poursuite des infractions des États
membres dans ce domaine. Elle devrait utiliser son rapport de synthèse
pour informer chaque année le Conseil européen de printemps des obsta-
cles qui continuent d’entraver la libre circulation des marchandises dans
chaque État membre, et traiter l’élimination de ces obstacles comme une
priorité politique essentielle. Cela en vaut la peine, car le coût estimé de la
non-application du principe de reconnaissance mutuelle est d’environ
150 milliards d’euros.
Libérer le dynamisme des marchés financiers
Des marchés financiers dynamiques et hautement compétitifs ne sont pas
seulement souhaitables en eux-mêmes: ils constituent également un moteur
de croissance essentiel dans tous les autres secteurs de l’économie et doi-
vent servir de fondement aux efforts d’amélioration des performances éco-
nomiques de l’Union. Pour abaisser nettement les coûts à charge des en-
treprises et des consommateurs, un plan d’action pour les services
financiers (PASF) a été présenté en 1999 sous la forme d’un ensemble de
mesures législatives et non législatives visant à créer un marché européen
des services financiers de gros, à créer et à ouvrir des marchés de détail et
à mettre en place des règles prudentielles et de surveillance.
Le PASF, qui doit être totalement mis en œuvre pour 2005, devrait être
complété par des mesures visant à réduire les entraves touchant les systè-
mes de compensation et de règlement entre pays ainsi qu’à faciliter
l’intégration des marchés financiers de détail, notamment en atténuant les
restrictions qui empêchent un financement hypothécaire plus souple dans
certains États membres. En outre, l’intégration réussie des marchés des
services financiers requiert une convergence accrue des pratiques de sur-
Des obstacles
subsistent
Intégration
réussie des
services
financiers
31
veillance. Actuellement, la coexistence d’un trop grand nombre d’organes
de surveillance en Europe n’est pas propice à une telle convergence. Toute-
fois, dans le cadre du PASF, les organismes de supervision nationaux ont
engagé un processus de coordination approfondie. Le groupe de haut ni-
veau invite la Commission à évaluer les progrès réalisés dans le domaine
des pratiques de surveillance dans les services financiers. Cette évaluation
devrait être présentée au Conseil européen de printemps 2006 et devrait, le
cas échéant, contenir des propositions visant à accélérer le processus de
convergence.
La compensation et le règlement des transactions constituent l’épine dor-
sale du système financier. Si les dispositifs de compensation et de règle-
ment sont généralement efficaces sur le plan national, leur interaction à
l’échelle de l’Union ne l’est pas. En conséquence, une transaction transfron-
talière est d’une complexité inutile et peut entraîner un coût plusieurs fois
supérieur à celui des services correspondants pour une transaction nation-
ale. Pour faciliter les échanges de valeurs mobilières sur le plan transfron-
talier, il est nécessaire de mettre au point un dispositif de compensation et
de règlement intégré et efficace au niveau de l’Union. À son tour, ce dispo-
sitif donnerait un coup de fouet au processus d’intégration financière.
Il est naturel, dans le prolongement du PASF, de faciliter l’intégration des
marchés financiers de détail afin d’abaisser les coûts, d’accroître l’efficacité,
de favoriser l’accès au crédit à des conditions plus compétitives et plus fa-
vorables aux consommateurs, et aussi d’aider les PME à obtenir plus aisé-
ment des moyens de financement. En particulier, la réduction des restric-
tions en matière de refinancement des crédits hypothécaires et
l’amélioration des possibilités de financement d’une proportion plus impor-
tante du prix d’achat d’un bien immobilier grâce à des prêts hypothécaires
plus importants et moins onéreux pourraient faciliter l’accès à la propriété,
et également favoriser la consommation. Les frais de transaction relatifs au
logement sont trop élevés dans la plupart des États membres. Des marchés
du logement plus souples encourageraient la mobilité de la main-d’œuvre,
contribueraient au développement et à l’efficacité du secteur des services
financiers, donneraient une marge de manœuvre accrue aux acquéreurs de
biens immobiliers et favoriseraient un accroissement des dépenses des
consommateurs.
Recommandations clés
Il conviendrait que le Conseil adopte la législation restante concernant le
PASF avant le printemps 2005. Les États membres devraient transposer les
mesures PASF correspondantes dans leur droit national avant la fin de
2005.
La Commission devrait élaborer une stratégie visant à réduire les entraves
à la compensation et au règlement transfrontaliers avant le Conseil euro-
péen de printemps 2005.
La Commission devrait également, avant la fin de 2005, présenter une ana-
lyse et des suggestions d’action afin de faciliter l’intégration des marchés fi-
nanciers de détail.
32
Réduire les coûts des entreprises pour se conformer à la législation
L’intégration des marchés financiers requiert la mise en place d’un cadre
européen moderne et efficace en matière de droit des sociétés et de gou-
vernance d’entreprise qui permette aux entreprises de s’organiser efficace-
ment à l’échelle européenne. L’harmonisation de l’assiette de l’impôt sur les
sociétés dans l’ensemble de l’Union entraînerait un allègement important de
la charge administrative pesant sur les entreprises qui mènent des activités
dans plusieurs États membres; elle devrait faire l’objet d’un accord sans dé-
lai, suivant la proposition faite récemment par la Commission. Il conviendrait
également d’adopter des mesures analogues visant spécifiquement à
abaisser les coûts à supporter par les PME pour se conformer à la législa-
tion fiscale, et notamment de mettre en place un guichet unique auprès du-
quel les entreprises pourraient régler leurs obligations en matière de TVA
pour toute l’Union.
Des infrastructures de rang mondial pour le plus grand marché intérieur du monde
La mise en place de conditions égales pour tous en Europe continue de se
heurter à de nombreux obstacles liés aux infrastructures. De trop nom-
breuses entreprises sont effectivement dans l’incapacité d’accéder aux par-
ties du marché intérieur qui se trouvent de l’autre côté du continent. Pour
d’autres, l’absence d’accès à des communications à large bande, parce que
celles-ci coûtent trop cher ou n’existent pas du tout, constitue un désavan-
tage structurel tout aussi important par rapport à la concurrence établie ail-
leurs.
Par suite de l’élargissement, il est devenu plus urgent que jamais de relier
toutes les parties du marché intérieur européen. Nombre de nouveaux États
membres ne se trouvent pas seulement à la périphérie du marché intérieur
d’un point de vue géographique, ils ont aussi désespérément besoin de dé-
velopper et de moderniser leurs infrastructures. Il est nécessaire d’investir
de manière plus ciblée dans les infrastructures tout en introduisant une con-
currence plus effective dans des domaines tels que les communications
électroniques, l’énergie et les transports, afin de réduire les coûts pour les
entreprises, quel que soit leur lieu d’établissement. Le programme de dé-
marrage rapide des projets d’infrastructure prioritaires, adopté par le Con-
seil européen en décembre 2003, devrait être mis en œuvre sans retard.
Il est nécessaire
de relier toutes
les parties du
marché intérieur
33
3. Créer un environnement favorable aux entrepreneurs
Les objectifs de la stratégie de Lisbonne sont les suivants:
mettre en place un environnement réglementaire propice à l’investissement, à
l’innovation et à l’esprit d’entreprise:
faciliter l’accès à un financement bon marché,
améliorer la législation sur les faillites, prendre en considération les spécificités des
PME (2000), améliorer le cadre industriel et encourager l’adoption d’une gouvernance
d’entreprise responsable;
réduire les coûts liés à la conduite des affaires et simplifier les formalités admi-
nistratives:
concevoir une stratégie pour une meilleure réglementation à l’échelle tant
européenne que nationale (2001), réduire le temps et les coûts nécessaires à la créa-
tion d’une entreprise.
Pourquoi créer un environnement favorable aux entrepreneurs?
Un accroissement des connaissances et un marché intérieur ouvert ne sti-
mulent pas automatiquement l’innovation, la compétitivité et la croissance.
L’esprit d’entreprise est nécessaire pour concevoir de nouveaux produits et
services et pour tirer parti des débouchés commerciaux afin de créer une
valeur pour la clientèle.
De plus en plus, ce sont les nouvelles entreprises et les PME qui constitu-
ent les principales sources de croissance et d’emplois nouveaux. L’esprit
d’entreprise est donc une vocation extrêmement importante, mais il n’est
pas suffisamment cultivé en Europe. Celle-ci n’est pas suffisamment attra-
yante en tant que lieu d’affaires. De trop nombreux obstacles se dressent
devant les entrepreneurs, de sorte que l’Europe rate de nombreuses possi-
bilités de croissance et d’emploi. Beaucoup peut et doit être fait pour améli-
orer l’environnement des entreprises.
Améliorer la qualité de la législation
Un premier obstacle rencontré par les entrepreneurs réside dans le fardeau
que la réglementation en place fait peser, d’une manière générale, sur les
entreprises. Bien que les règles soient souvent mises en place avec les
meilleures intentions du monde, on a de plus en plus le sentiment, surtout
chez les fabricants, que l’on a atteint un seuil au-delà duquel les règles
supplémentaires entraînent des coûts qui l’emportent sur les avantages
éventuels. Il est nécessaire que les choses changent. La situation actuelle
laisse trop peu de place à la prise de risque et exige trop d’attention et de
moyens de la part de l’entrepreneur. Pour éliminer cet obstacle, il faut allé-
ger la réglementation, mais aussi et surtout prévoir des règles meilleures et
plus intelligentes.
Il faut trouver un équilibre entre réglementation et concurrence. En
l’absence de droit des contrats, par exemple, les transactions ne seraient
pas nombreuses. Il est évident qu’une déréglementation générale n’est pas
la réponse au problème: nombre de règles visent à renforcer la confiance
tant des entrepreneurs que des clients, et peuvent être à l’origine d’un avan-
tage concurrentiel. Toutefois, il est nécessaire que les décideurs soient bien
informés des effets de leurs décisions sur la compétitivité. Le groupe de
L’Europe a besoin
d’esprit
d’entreprise
La charge
réglementaire
34
haut niveau estime dès lors qu’il convient de veiller avec la plus grande at-
tention à ce que des évaluations des mesures législatives importantes
soient réalisées avant l’adoption définitive desdites mesures.
Le Parlement européen, le Conseil et la Commission européenne ont adop-
té un accord interinstitutionnel intitulé «Mieux légiférer» en 2003. La Com-
mission s’est engagée à améliorer la qualité des propositions législatives
ainsi qu’à consulter toutes les parties intéressées et à évaluer de manière
approfondie les incidences socio-économiques et environnementales des
mesures proposées. Tant le Parlement européen que le Conseil ont re-
connu que le processus de modification de la législation avait une influence
sur sa qualité et ils se sont dès lors engagés à évaluer l’incidence de toute
modification importante. En outre, l’initiative prise par l’Irlande, les Pays-
Bas, le Luxembourg et le Royaume-Uni souligne la nécessité de réduire la
charge administrative pesant sur les entreprises.
Recommandations clés
La Commission devrait poursuivre le développement de son instrument
d’analyse de l’incidence des propositions législatives, afin de mieux intégrer
les objectifs de compétitivité et de développement durable.
La Commission et les États membres devraient convenir d’une définition
commune de la charge administrative avant le Conseil européen de prin-
temps 2005 ou lors de celui-ci. La Commission doit évaluer la charge admi-
nistrative cumulée qui pèse sur les entreprises et fixer un objectif
d’allègement de celle-ci. De même, les États membres doivent procéder à
une analyse de leur droit national et se fixer un objectif d’allègement de la
charge administrative nationale. La Commission et les États membres de-
vraient indiquer, avant juillet 2005, dans quelle mesure et pour quand ils en-
tendent alléger la charge administrative dans des secteurs prioritaires.
Dans leur travail d’allègement des charges administratives, la Commission
et les États membres doivent prêter une attention particulière aux règles qui
ont une incidence sur la création des entreprises. Bien que des progrès im-
portants aient été accomplis dans certains États membres, le temps, les ef-
forts et les coûts nécessaires à la création d’une entreprise doivent être ré-
duits davantage. Des améliorations sont possibles en ce qui concerne les
multiples procédures, points de contact et d’information, formulaires, autori-
sations et permis requis, et sur le plan des coûts.
Recommandation clé
Les États membres doivent réduire nettement le temps, les efforts et les
coûts afférents à la création d’une entreprise pour la fin de 2005. Ils de-
vraient se fixer pour objectif de progresser vers les résultats moyens obte-
nus actuellement en la matière par les trois États membres les plus perfor-
mants. Il est fortement recommandé de faciliter la création d’entreprises en
instaurant un guichet unique.
Incidence sur la
création
d’entreprises
35
Accroître le capital-risque disponible
Le peu de moyens de financement disponibles est une deuxième entrave à
la création et au développement des entreprises en Europe. À l’heure ac-
tuelle, le financement des entreprises européennes se fonde trop sur le prêt
et trop peu sur le capital-risque. En conséquence, les nouvelles entreprises
et les PME éprouvent des difficultés particulières à obtenir des moyens de
financement suffisants, car elles ne peuvent fournir les garanties exigées
par les institutions financières traditionnelles.
On peut affirmer sans risque que les conditions qui entourent les inves-
tissements en capital-risque doivent encore être améliorées. Il faudrait in-
citer davantage les acteurs qui investissent en Europe à s’engager dans
une implication de longue durée dans de jeunes entreprises. Malgré le plan
d’action sur le capital-investissement et les progrès accomplis dans d’autres
initiatives, il subsiste d’importantes différences entre les États membres et
les niveaux d’investissement en capital-risque restent deux fois plus impor-
tants aux États-Unis que dans l’Union. La mobilisation du capital est insuff-
isante; en outre, l’infrastructure permettant d’orienter davantage de capitaux
vers les investissements possibles est trop peu développée.
Les marchés des fonds propres et les moyens de financement restent frag-
mentés et n’atteignent pas la taille critique. En conséquence, le risque couru
par les fonds et les investisseurs privés augmente inutilement en raison de
l’absence de possibilités de sortie. Cela entraîne une diminution des inves-
tissements et fait rater à l’Europe de nombreuses occasions. Il faut donc
renforcer l’ensemble de la chaîne visant à créer des perspectives valables
et à faire en sorte que des investissements y soient consacrés, en reliant
les fonds, les entreprises, l’industrie et les universités.
Les institutions financières et publiques qui proposent différents instruments
de financement soutenant un objectif politique spécifique, tels que des ai-
des, des subventions ou des prêts à des conditions préférentielles, pour-
raient mieux coopérer pour permettre aux entreprises de trouver plus faci-
lement un financement approprié et de tirer parti des possibilités qui leur
sont offertes. L’engagement et les compétences de la Banque européenne
d’investissement pourraient être mis à profit de manière plus systématique.
L’analyse de la Commission concernant l’approfondissement de l’accès aux
marchés des capitaux, préconisé par le groupe de haut niveau, devrait ap-
porter d’autres réponses concrètes quant aux mesures à prendre pour mo-
biliser le capital-risque nécessaire. Il est évident que la stimulation de la
création de réseaux, y compris les pôles et idéopôles évoqués précédem-
ment, est cruciale et requiert l’attention des responsables politiques.
Un troisième obstacle tient au fait que les entrepreneurs sont trop souvent
montrés du doigt lorsqu’ils échouent. Toute entreprise comporte par défini-
tion un risque d’échec. Même s’il apparaît que les entrepreneurs qui ont
échoué tirent les enseignements de leurs erreurs et obtiennent de meilleurs
résultats dans leur entreprise suivante, ils se heurtent aux réticences de
leurs clients et de leurs partenaires financiers. Les faillites non frauduleuses
entraînent encore trop de conséquences juridiques et sociales graves. Si
l’on veut favoriser une intensification des initiatives entrepreneuriales, un
changement radical est nécessaire.
Lorsqu’elle se sera attaquée avec détermination aux obstacles décrits plus
haut, l’Europe pourra commencer à libérer son potentiel entrepreneurial et
offrir à ses citoyens de nouvelles possibilités de se développer. Toutefois,
De la difficulté
d’obtenir des
moyens de
financement
Orienter
davantage les
capitaux vers les
investissements
possibles
Favoriser une
intensification
des initiatives
entrepreneuriales
36
un effort ponctuel ne suffira pas: une croissance réelle suppose une confi-
ance à long terme dans la stabilité du cadre.
4. Établir un marché du travail inclusif pour renforcer la cohésion so-
ciale
Les objectifs de la stratégie de Lisbonne sont les suivants:
augmenter le taux d’emploi:
67 % (d’ici à 2005) et 70 % (d’ici à 2010) pour le taux
d’emploi total, 57 % (d’ici à 2005) et 60 % (d’ici à 2010) pour le taux d’emploi des fem-
mes, 50 % pour les travailleurs âgés (d’ici à 2010). Augmentation progressive d’environ
5 ans de l’âge moyen effectif auquel les personnes cessent de travailler;
définir un programme pluriannuel
concernant la capacité d’adaptation des entrepri-
ses, les négociations collectives, la modération salariale, l’accroissement de la produc-
tivité, l’éducation et la formation tout au long de la vie, les nouvelles technologies et
l’organisation flexible du travail, d’ici à la fin de 2002;
supprimer les freins à la participation des femmes au marché du travail,
promou-
voir davantage l’égalité des chances;
adapter le modèle social européen au passage à l’économie et à la société de la
connaissance:
faciliter la sécurité sociale dans le cadre des mouvements transfronta-
liers de citoyens, adopter la directive sur le travail intérimaire (2003), garantir la viabilité
des régimes de pensions, introduire la méthode ouverte de coordination dans le do-
maine de la protection sociale;
éradiquer la pauvreté:
se mettre d’accord sur un programme en faveur de l’inclusion
sociale (2001), intégrer la promotion de l’inclusion sociale dans les politiques nationa-
les et européennes, examiner les problèmes auxquels sont confrontés certains grou-
pes cibles spécifiques.
Pourquoi établir un marché du travail fondé sur l’intégration?
Des taux d’emploi élevés sont essentiels pour renforcer la cohésion sociale
et éradiquer la pauvreté dans l’Union européenne. L’augmentation du nom-
bre de personnes ayant un emploi est la meilleure manière de préserver la
viabilité sociale et financière des systèmes de protection sociale européens
et d’assurer leur développement futur.
Le vieillissement de la population et la mondialisation auront des incidences
croissantes sur la viabilité de notre modèle social et plus particulièrement
sur nos marchés du travail. Pour renforcer sa croissance et lui conférer un
caractère plus durable, l’Europe (en d’autres termes, ses États membres)
doit relever ces défis. Il est nécessaire, pour augmenter le taux d’emploi, de
donner aux personnes et aux entreprises les moyens et les occasions de ti-
rer profit de ces évolutions.
Trop souvent, on se borne à voir dans la demande de réformes supplémen-
taires une façon détournée de réclamer plus de flexibilité, ce qui impliquerait
un affaiblissement des droits et des protections accordés aux travailleurs;
cette perception des choses est erronée. Pour le groupe de haut niveau, la
flexibilité est synonyme de souplesse, de capacité d’adaptation et de ca-
Augmenter le
nombre d’actifs
Possibilités
à exploiter
37
pacité d’insertion professionnelle, lesquelles reposent sur l’aptitude des tra-
vailleurs à acquérir en permanence de nouvelles compétences et à ra-
fraîchir leurs connaissances, et sur la capacité d’une combinaison de
politiques actives du marché du travail ainsi que de mesures de formation et
d’aide sociale de faciliter au maximum le passage d’un emploi à l’autre. Les
réformes n’impliquent pas non plus que le dialogue social se voit dépossédé
du rôle important qu’il joue sur le marché du travail européen. Ce dialogue
est essentiel pour la productivité et la capacité d’adaptation au changement.
La mise en œuvre de politiques sociales modernes et efficaces contribue de
façon importante à la croissance durable de l’Europe, ce qui est essentiel
pour assurer la viabilité financière du modèle social européen. Si les politi-
ques d’inclusion sociale sont importantes pour combattre la pauvreté, elles
participent également à l’accroissement de la main-d’œuvre disponible.
Pour garantir des régimes de pensions sûrs et viables, les réformes doivent
viser à fournir les incitants adéquats, à la fois pour que les travailleurs res-
tent actifs plus longtemps et pour que les employeurs engagent et gardent à
leur service des travailleurs âgés. Les systèmes de soins de santé jouent un
rôle clé, non seulement dans la lutte contre les maladies et le risque de
pauvreté, mais aussi dans la promotion de la cohésion sociale, de la pro-
ductivité de la main-d’œuvre, de l’emploi et donc, de la croissance écono-
mique.
La croissance européenne est également subordonnée à l’augmentation du
nombre de personnes présentes sur le marché du travail, bien que le vieil-
lissement entraîne une diminution de la population active. Pour atteindre cet
objectif stratégique, l’Europe doit investir dans une main-d’œuvre très quali-
fiée, s’engager de nouveau en faveur des réformes du marché du travail et
s’adapter aux mutations démographiques. Les politiques de l’emploi et les
marchés du travail européens sont plus souples et efficaces grâce aux ré-
formes menées dans de nombreux États membres ces dernières années.
La forte croissance de l’emploi entre le milieu des années 90 et l’année
2001 et la capacité de réaction aux ralentissements de l’activité économique
manifestée ces dernières années sont des signes encourageants de pro-
grès. Par rapport aux quatre années antérieures, on comptait en 2003 plus
de 6 millions de travailleurs supplémentaires, certes partiellement dû à une
hausse des emplois à mi-temps et de basse qualité. Le chômage global et
le chômage de longue durée étaient nettement inférieurs (respectivement
de 30 % et de 40 %). Ces progrès sont loin d’être suffisants pour atteindre
les objectifs de Lisbonne, mais ils démontrent sans conteste que les réfor-
mes étaient nécessaires et qu’elles portent leurs fruits.
Si l’on veut faire du travail une véritable option pour tous, beaucoup reste à
faire pour accroître la participation des femmes. Ainsi, il est nécessaire de
supprimer les obstacles fiscaux au travail qui subsistent, de mener une ac-
tion vigoureuse pour agir sur les causes de l’écart de rémunération entre les
femmes et les hommes et d’appliquer la législation antidiscriminatoire de
manière plus stricte. Une meilleure conciliation de la vie familiale et de la vie
professionnelle requiert également une offre de services de garde d’enfants
et de soins aux personnes âgées de bonne qualité, accessibles et abord-
ables financièrement.
La task-force européenne pour l’emploi a effectué un examen approfondi
des marchés du travail européens en 2003. Des options et recommanda-
tions concrètes ont été présentées aux États membres, aux institutions et
aux parties prenantes. Tous devraient maintenant se lancer dans la mise en
œuvre pratique des priorités clés, en vue d’améliorer les performances eu-
Investir dans une
main-d’œuvre
très qualifiée
38
ropéennes en matière d’emploi ainsi que la viabilité financière et sociale du
modèle social.
Recommandation clé
Les États membres, en étroite coopération avec les partenaires sociaux,
devraient rendre compte de la mise en œuvre des recommandations de la
task-force européenne pour l’emploi qu’ils ont approuvées en mars 2004, y
compris en ce qui concerne les performances en matière d’emploi et la via-
bilité des systèmes sociaux, afin que le Conseil de printemps de 2005
puisse évaluer les progrès accomplis. Le Conseil «Affaires sociales» devrait
coordonner cette évaluation.
Renforcer la capacité d'adaptation des travailleurs et des entreprises
Il est dans l’intérêt de la société tout entière que les économies européen-
nes soient plus aptes à anticiper et à absorber le changement et que le
marché du travail fasse preuve d’une capacité d’adaptation accrue. Il faut
encourager la création de nouvelles entreprises et l’accroissement de la ca-
pacité d’adaptation des travailleurs et des sociétés et maximiser la création
d’emplois.
Le défi pour le marché du travail consiste à trouver le juste équilibre entre la
flexibilité et la sécurité. La recherche de cet équilibre est une responsabilité
partagée par les salariés et les employeurs et par les partenaires sociaux et
les gouvernements. Les parties concernées devraient unir leurs efforts pour
permettre aux individus de rester sur le marché de l’emploi, en s’assurant
qu’ils possèdent les compétences actualisées dont ils ont besoin et en cré-
ant les structures leur permettant de combiner au mieux leur travail et leurs
responsabilités non professionnelles. Il s’agit de promouvoir de nouvelles
formes de sécurité, en abandonnant le modèle restrictif d’emploi pour la vie
au profit d’un nouveau modèle dont l’objectif consiste à développer la ca-
pacité des travailleurs à rester et à progresser sur le marché du travail.
Un investissement plus efficace dans le capital humain
Pour pouvoir être concurrentielle dans la société de la connaissance mon-
diale, l’Europe doit également investir davantage dans son bien le plus pré-
cieux: ses citoyens. La productivité et la compétitivité de l’économie eu-
ropéenne sont directement subordonnées à l’existence d’une main-d’œuvre
bien formée, qualifiée et capable de s’adapter, qui est en mesure de sous-
crire au changement. Or, pour l’instant, les efforts déployés en Europe pour
doter les individus des outils dont ils ont besoin pour s’adapter à un marché
du travail en mutation sont loin d’être suffisants, qu’il s’agisse des travail-
leurs peu qualifiés ou hautement qualifiés ou des secteurs secondaire ou
tertiaire. On ne fait pas assez non plus pour attirer et retenir les meilleurs
cerveaux scientifiques du monde.
Pour doter l’Europe de la main-d’œuvre hautement qualifiée, créative et
mobile dont elle a besoin, il faut améliorer les systèmes d’éducation et de
formation de façon à ce qu’elle dispose d’un nombre suffisant de jeunes di-
plômés possédant les qualifications requises pour occuper des postes dans
des secteurs dynamiques, des secteurs de haute valeur et des niches sec-
torielles. Les États membres doivent élaborer des politiques ambitieuses
Trouver l’équilibre
entre flexibilité
et sécurité
L’éducation et la
formation tout au
long de la vie ne
sont pas un luxe
39
pour relever les niveaux d’instruction, notamment en réduisant de moitié le
nombre de jeunes en décrochage scolaire en Europe, et pour mettre à la
disposition de tous des plans d’éducation et de formation tout au long de la
vie — et encourager tout le monde à y participer. Pour éviter que le vieillis-
sement de la population ait des conséquences désastreuses, il est essentiel
de développer la participation des travailleurs âgés au marché du travail.
C’est pourquoi l’éducation et la formation tout au long de la vie ne sont pas
un luxe mais une nécessité: si l’on veut que les personnes âgées puissent
rester actives, il faut les doter de compétences adaptées aux exigences de
la société de la connaissance.
Tous les acteurs (les autorités publiques, les individus et les entreprises)
doivent assumer leur part de responsabilité pour accroître les niveaux et
l’efficacité de l’investissement dans le capital humain. Des mesures
d’incitation doivent être prises pour encourager les entreprises individuelles
et les secteurs à investir dans la formation, de manière à aider les em-
ployeurs à offrir un accès adéquat à l’éducation et à la formation.
Recommandation clé
Les États membres, en étroite coopération avec les partenaires sociaux,
devraient adopter, d’ici à 2005, des stratégies nationales pour l’éducation et
la formation tout au long de la vie, afin de faire face à l’évolution technologi-
que rapide, d’augmenter la participation au marché du travail, de réduire le
chômage et de permettre aux personnes de travailler plus longtemps.
Les travailleurs âgés ont un rôle essentiel à jouer
Pour soutenir la croissance économique, les États membres doivent attirer
un plus grand nombre de personnes sur le marché du travail et veiller à ce
qu’elles puissent s’y insérer durablement. À cet effet, il est essentiel
d’accroître l’emploi en menant des politiques actives du marché du travail et
d’essayer de prévenir, de supprimer ou de limiter les trappes à bas salaires
en réformant de manière adéquate les systèmes d’imposition et de presta-
tions.
Compte tenu de la diminution imminente de la population en âge de travail-
ler, les travailleurs âgés ont un rôle essentiel à jouer et une attention par-
ticulière doit leur être accordée. L’objectif fixé pour le taux d’emploi des tra-
vailleurs âgés de cinquante ans et plus (50 % d’ici à 2010) ne sera pas
atteint, à moins que des mesures de grande envergure soient prises de
toute urgence, notamment en faveur de l’éducation et de la formation tout
au long de la vie et de l’amélioration de la santé et des conditions de travail.
Recommandation clé
Les États membres devraient élaborer une stratégie globale en matière de
vieillissement actif d’ici à 2006. Une stratégie de vieillissement actif requiert
un revirement radical sur les plans politique et culturel, en ce sens que la re-
traite anticipée doit être abandonnée au profit de trois grandes lignes
d’action: l’offre d’incitants légaux et financiers appropriés pour que les tra-
vailleurs restent actifs plus longtemps et pour que les employeurs engagent
et gardent à leur service des travailleurs âgés; l’accroissement de la partici-
pation à l’éducation et à la formation tout au long de la vie et à tout âge, no-
40
tamment chez les personnes peu qualifiées et les travailleurs âgés; et
l’amélioration des conditions de travail et de la qualité de l’emploi.
Il convient également de renforcer la mobilité dans toute l’Union, pour per-
mettre aux travailleurs de profiter des nouvelles possibilités offertes. Dans
ce contexte, les États membres devraient sérieusement évaluer l’incidence
des restrictions à la circulation des travailleurs des nouveaux États mem-
bres, telles qu’elles sont prévues durant les périodes transitoires. Sur cette
base, ils devraient également déterminer si ces restrictions restent néces-
saires.
Enfin, le vieillissement de la population dans les années et décennies à ve-
nir impose la réalisation d’une analyse proactive et l’élaboration de politi-
ques axées sur la manière et les moyens de répondre aux besoins futurs du
marché du travail. Même si l’on exploite pleinement le potentiel du marché
du travail, il sera nécessaire de faire appel de manière sélective à des tra-
vailleurs immigrés provenant de pays tiers pour faire face aux pénuries de
main-d’œuvre européenne et pour compenser partiellement les con-
séquences négatives de la «fuite des cerveaux». Les États membres se-
raient bien avisés de se préparer suffisamment tôt et de manière approfon-
die à prendre ce genre de décision, car l’expérience nous apprend que
l’intégration des migrants et des minorités ethniques dans la société
d’accueil, et plus spécialement sur le marché du travail, requiert des efforts
considérables et soutenus.
5. Travailler à un avenir durable sur le plan environnemental
Les objectifs de la stratégie de Lisbonne sont les suivants:
faire face au changement climatique:
ratifier rapidement le protocole de Kyoto
(2002), afficher des progrès dans la réalisation des objectifs de Kyoto (d’ici à 2005),
atteindre l’objectif de 12 % des besoins en énergie primaire et de 21 % de la consom-
mation brute d’électricité couverts par les énergies renouvelables;
dissocier la croissance économique de l’utilisation des ressources:
faire face à
l’augmentation des volumes de trafic, d’engorgement, de bruit et de pollution en inter-
nalisant complètement les coûts sociaux et environnementaux, élaborer un cadre
communautaire pour la tarification de l’usage des infrastructures de transport (eurovi-
gnette), garantir une gestion durable des ressources naturelles et des déchets;
définir un nouveau cadre réglementaire:
adopter les directives sur la taxation de
l’énergie (2002), la responsabilité environnementale (2004) et le sixième programme
d’action pour l’environnement.
Pourquoi l’environnement est-il source d’avantage concurrentiel
pour l’Europe?
Des politiques environnementales bien conçues favorisent l’innovation,
créent de nouveaux marchés et renforcent la compétitivité par le biais d’une
exploitation plus efficiente des ressources et de nouvelles possibilités
d’investissement. En ce sens, elles peuvent contribuer à la réalisation des
objectifs fondamentaux de la stratégie de Lisbonne visant à stimuler la
croissance et à créer davantage d’emplois.
41
En outre, les arguments qui militent en faveur d’une plus grande prise en
compte de la dimension environnementale dans la stratégie sont renforcés
par la nécessité de se pencher sérieusement sur les pressions exercées sur
l’environnement en vue d’éviter qu’aujourd’hui comme demain, elles ne por-
tent préjudice à la santé, à la biodiversité, à la propriété et à l’activité éco-
nomique. L’absence d’action immédiate provoquerait des dommages plus
importants, parfois irréversibles, dont la réparation entraînerait à terme des
coûts plus élevés.
Ainsi que cela a déjà été rappelé, la stratégie de Lisbonne traduit
l’engagement européen à ancrer le respect de l’environnement au cœur du
processus de croissance et de création d’emplois, de manière à en faire un
avantage concurrentiel pour l’Europe. Le respect de l’environnement devrait
en effet demeurer une composante importante de la stratégie, étant donné
qu’il peut à la fois constituer une source d’avantage concurrentiel sur des
marchés mondiaux et accroître la compétitivité. Toutefois, cette prise en
compte conjuguée des aspects environnementaux et de l’amélioration de la
compétitivité ne va pas nécessairement de soi; pour que ce soit le cas, il est
nécessaire que le choix des instruments politiques soit judicieux et que les
gouvernements parviennent à équilibrer soigneusement les incidences envi-
ronnementales, sociales et économiques, tant à court qu’à long terme.
Environnement et compétitivité: exploiter des possibilités avantageuses pour tous
En agissant la première et en se concentrant sur des technologies écono-
mes en ressources que d’autres pays finiront par devoir adopter, l’Europe
prendra l’avantage. Les sociétés européennes sont déjà des numéros uns
mondiaux pour certains produits et processus «propres», ce qui leur donne
un avantage sur les nouveaux marchés où la croissance économique rapide
accroît la pression sur l’environnement.
À titre d’exemple, seuls trois Chinois sur mille possèdent actuellement, une
voiture, mais, à mesure que le niveau de vie augmentera, la Chine pourrait
devenir le plus grand marché automobile du monde. Dans le même temps,
compte tenu de l’ampleur des problèmes de pollution atmosphérique et de
l’accroissement de la demande de pétrole, le gouvernement chinois
s’efforce de rattraper les normes européennes pour les émissions des véhi-
cules d’ici à 2010. Ces éléments, combinés aux revenus relativement peu
élevés en Chine, inciteront les consommateurs à choisir des véhicules plus
propres et consommant moins de carburant. Les fabricants de l’UE sont en
bonne position pour répondre à cette demande (
11
).
La promotion d’innovations éco-efficaces constitue clairement une possi-
bilité avantageuse pour tous qu’il convient d’exploiter pleinement en vue
d’atteindre les objectifs de Lisbonne. Les innovations — qui débouchent sur
une pollution moindre, des produits moins consommateurs de ressources
naturelles et des ressources gérées plus efficacement — soutiennent la
croissance et l’emploi, tout en offrant des possibilités de dissocier la crois-
sance économique de l’utilisation des ressources et de la pollution. Les ex-
emples d’innovations éco-efficaces sont nombreux, dans des secteurs très
divers, allant de l’électronique à l’agriculture, en passant par l’énergie, les
transports, l’industrie chimique et les soins de santé. Le plan d’action en
faveur des écotechnologies (PAET) vise à promouvoir le développement et
(
11
) Voir le rapport du World Resources Institute: «Changing drivers: The impact of climate change on competitiveness
and value creation in the automotive industry»; http://business.wri.org/pubs_description.cfm?PubID=3873
Se pencher sur
les pressions
existantes
Promouvoir
les innovations
éco-efficaces
42
l’utilisation de ces technologies. Il a mis en évidence plusieurs obstacles sur
le marché, qui doivent être surmontés si l’Europe veut exploiter pleinement
le potentiel des innovations éco-efficaces.
Premièrement, il y a lieu d’encourager les innovations éco-efficaces dans
les grandes décisions d’investissement, notamment dans les secteurs de
l’énergie et des transports. Il est essentiel d’établir un cadre réglementaire
approprié pour permettre le recours aux éco-innovations sur les marchés.
Actuellement, les prix sont faussés sur certains marchés, ce qui entraîne
une mauvaise affectation des ressources et a des effets dissuasifs sur les
investisseurs et les acheteurs. Les prix du marché doivent refléter les coûts
réels des différents biens et services pour la société. Cela requiert une sup-
pression progressive des subventions ayant des effets préjudiciables sur
l’environnement et une prise en compte graduelle des externalités dans les
prix, compte tenu d’autres objectifs stratégiques tels que la compétitivité
dans l’économie mondiale et les aspects sociaux.
Deuxièmement, le problème de l’accès au financement est encore plus
pressant pour les entreprises actives dans le domaine des éco-innovations.
À l’heure actuelle, les retours sur investissements se font dans des délais
plus longs, d’où des risques plus importants pour les investisseurs. Les
Pays-Bas offrent un exemple de la manière dont les États membres peu-
vent résoudre ce problème, car ils favorisent les fonds d’investissement
«verts», gérés par des banques commerciales, en accordant des réductions
d’impôts aux particuliers qui investissent dans de tels fonds. Cela augmente
le capital disponible pour les entreprises actives sur ce marché.
Recommandations clés
La Commission, le Conseil et les États membres devraient promouvoir le
développement et la diffusion des éco-innovations et tirer parti de la supré-
matie actuelle de l’Europe sur des marchés clés de l’éco-industrie.
La Commission devrait rendre compte de l’avancement global du plan
d’action communautaire en faveur des écotechnologies (PAET) lorsqu’elle
fera rapport au Conseil européen de printemps de 2005. Les États mem-
bres devraient établir une feuille de route pour la mise en œuvre du PAET,
en mentionnant des mesures et des délais concrets, notamment en ce qui
concerne ses volets «recherche» (plateformes technologiques, entre autres)
et «soutien aux PME» (capital-risque), et en corrigeant les prix par la sup-
pression des subventions ayant des effets préjudiciables.
Troisièmement, si des mesures fiscales peuvent s’avérer utiles, les gou-
vernements peuvent également soutenir l’innovation éco-efficace d’une
autre manière. Ils peuvent stimuler les marchés des éco-innovations par
l’écologisation des marchés publics. En faisant office de «clients de lance-
ment», les gouvernements peuvent favoriser les innovations éco-efficaces,
en ce sens que d’autres acheteurs potentiels peuvent ainsi examiner le
fonctionnement de ces nouvelles technologies. En outre, les marchés pub-
lics «verts» peuvent contribuer à la réduction des coûts, par la réalisation
d’économies d’échelle.
Établir un cadre
réglementaire
approprié
Écologisation des
marchés publics
43
Recommandation clé
Les autorités nationales et locales devraient mettre en place des plans
d’action en faveur de l’écologisation des marchés publics d’ici à la fin de
2006
(
12
),
en accordant la priorité aux technologies faisant appel à des éner-
gies renouvelables et aux nouveaux carburants. La Commission devrait fa-
ciliter la diffusion des bonnes pratiques auprès des États membres et des
pouvoirs publics.
Travailler à un avenir durable
L’enjeu de la durabilité requiert que les différentes politiques adoptées à
court terme cadrent bien avec les objectifs à long terme de l’Union eu-
ropéenne. Dans le contexte de la stratégie de Lisbonne, il est nécessaire
d’assurer une cohérence entre les objectifs à court et à long terme, et donc
de trouver un équilibre entre les politiques destinées à stimuler la crois-
sance et l’emploi, d’une part, et les objectifs environnementaux, d’autre part.
D’aucuns craignent que des mesures environnementales visant à atteindre
des objectifs de développement durable à longue échéance ne nuisent à la
compétitivité de certains secteurs, si les nations concurrentes ne prennent
pas des mesures similaires. Cette appréhension pourrait avoir pour effet de
retarder l’action environnementale. L’enjeu, dans ce contexte, consiste à
trouver le juste équilibre entre les considérations économiques, sociales et
environnementales lors de l’élaboration et de l’adoption des choix politiques.
L’Union et les États membres doivent continuer de mettre au point des ou-
tils d’évaluation de l’incidence qui leur permettent de prendre des décisions
en toute connaissance de cause. Elles devraient prendre en considération
tous les coûts et avantages, à court et à long terme, ainsi que la compéti-
tivité mondiale. C’est indispensable si l’Europe veut rester le numéro un
mondial dans le domaine de l’environnement, eu égard à son incidence sur
la croissance et l’emploi.
L’Europe doit poursuivre l’objectif à long terme qui consiste à augmenter
l’efficacité énergétique et l’efficacité des ressources. Les récentes hausses
et fluctuations des prix du pétrole dues à des facteurs géopolitiques mettent
en évidence la dépendance grandissante de l’Union à l’égard des importa-
tions de pétrole étranger (82 % en 2002). L’augmentation de l’efficacité
énergétique et la poursuite du développement de sources d’énergie de sub-
stitution contribueront non seulement à réduire cette dépendance, mais
pourraient aussi renforcer la compétitivité de l’Union en allégeant la facture
énergétique.
Les actions mentionnées ci-dessus peuvent être favorisées par
l’amélioration continue de la panoplie des politiques environnementales, en
vue de promouvoir une meilleure réglementation. Il convient de poursuivre
la nouvelle approche de la politique environnementale adoptée par l’Union
et les États membres au cours des dernières années. Celle-ci consiste à
fixer des objectifs à long terme, tout en laissant le choix des moyens tech-
nologiques à utiliser pour les atteindre.
(
12
) Voir la communication sur la politique intégrée des produits (PIP), COM(2003) 302 final.
Trouver le juste
équilibre
Augmenter
l’efficacité
énergétique
44
Chapitre III — Faire fonctionner Lisbonne
La stratégie de Lisbonne vise à favoriser la croissance et l’emploi en Europe
et à inscrire l’engagement européen en faveur de la cohésion sociale et de
l’environnement au cœur du processus de croissance — pour alimenter la
croissance plutôt que l’affaiblir. L’intensification sensible des efforts dé-
ployés par l’Europe pour mettre en place son économie de la connaissance,
l’achèvement du marché intérieur des biens et des services et l’instauration
d’un climat réellement favorable aux entreprises et aux affaires con-
tribueront de manière importante à la réalisation de cet objectif, en même
temps que l’approche préconisée par le groupe de haut niveau concernant
le marché du travail et l’environnement. Cependant, la réalisation d’une
croissance économique durable de ce type, même soutenue par des
politiques monétaires et fiscales ciblées sur cet objectif, s’accompagne de
choix et options difficiles. Les ressources doivent être réorientées et les dro-
its acquis remis en question. L’introduction de changements structurels
n’est jamais chose aisée. Mais la résistance aux réformes ou le report de
celles-ci n’offre toutefois pas de garantie de sécurité. C’est au contraire en
adhérant au changement que les résultats sociaux et environnementaux
appréciés des Européens peuvent être préservés, voire améliorés.
Malheureusement, les progrès accomplis à ce jour sont insuffisants, et ce
en grande partie faute d’engagement et de volonté politique. La condition
préalable à la réussite réside dans une plus grande responsabilité politique.
Dans le même temps, il importe d’assurer plus de cohérence et de con-
stance entre les moyens et les objectifs de Lisbonne, ainsi que de réviser et
d’améliorer en profondeur les processus de mise en œuvre et de communi-
cation. Les réussites de l’Union européenne dans un passé récent — telles
que le lancement du marché unique en 1992, l’introduction de la monnaie
unique et l’élargissement — ont été possibles grâce à la collaboration
étroite des institutions européennes et des États membres à ce qui a été
perçu comme un projet noble dont la réalisation représentait une nécessité
pour l’avenir de l’Europe. La stratégie de Lisbonne en faveur de la crois-
sance et de l’emploi est un projet d’égale importance. La Commission eu-
ropéenne et les États membres, de même que les partenaires sociaux et les
autres parties concernées en Europe, doivent à présent démontrer leur vo-
lonté de mener à bien le processus de Lisbonne et assumer leurs respon-
sabilités en mettant en œuvre le programme de réformes adopté. Les gou-
vernements et la Commission européenne doivent absolument donner les
impulsions politiques qui s’imposent.
Adhérer au
changement
Manque
d’engagement
et de volonté
politique
45
Recommandations clés
Le Conseil européen du printemps 2005 devrait redynamiser la stratégie de
Lisbonne. Il devrait envoyer un message clair engageant les gouverne-
ments nationaux et les citoyens à participer à sa mise en œuvre. Le Conseil
européen doit veiller avec constance à ce que suffisamment de temps et
d’attention soient consacrés à l’évaluation des progrès accomplis sur la voie
des objectifs de Lisbonne.
Le groupe de haut niveau conseille à l’UE et aux États membres de se
concentrer sur la croissance et l’emploi afin de soutenir la cohésion sociale
et le développement durable.
Le président de la Commission devrait axer son mandat sur la progression
de la stratégie de Lisbonne.
Promouvoir la cohérence et la compatibilité dans la mise en œuvre
Il est patent que la progression de la stratégie de Lisbonne a souffert d’un
manque de cohérence et de compatibilité, tant entre les participants
qu’entre les politiques. La notion de cohérence et de compatibilité implique
que les parties concernées partagent toutes le même objectif en connais-
sance de cause. Les politiques aux orientations contradictoires doivent être
réalignées pour se renforcer mutuellement. Les objectifs d’une croissance
plus soutenue et d’une augmentation de l’emploi ne peuvent être atteints
qu’en assurant un alignement clair des participants, des politiques et des
objectifs.
Les États membres jouent forcément un rôle crucial dans la réalisation des
objectifs de croissance et d’emploi — pas uniquement au niveau de leur
propre pays, mais également parce que, dans un contexte européen, les
bons résultats d’un État membre améliorent les performances des autres
États membres, et vice versa. Comme l’a indiqué le groupe de haut niveau,
une vague européenne permet de soulever chaque bateau européen. Le
manque d’engagement, au niveau tant national qu’européen, fait que ces
avantages n’ont pu être exploités, entraînant incohérences et incompatibili-
tés. L’Europe dans son ensemble ne peut plus se permettre de perdre des
emplois et des possibilités de croissance.
Jusqu’à ce jour, les parlements nationaux et les citoyens ont été insuff-
isamment associés au processus, de sorte que la pression exercée sur les
gouvernements a été moindre que ce qu’elle aurait pu ou dû être. Il en va
de même pour les partenaires sociaux et autres parties intéressées. Il est
indispensable d’instaurer une coopération plus étroite entre les différents in-
tervenants, qui doivent s’engager à s’encourager et à se soutenir mutuelle-
ment. Tous ces éléments confirment la nécessité d’un partenariat pour la ré-
forme à mettre sur pied en tenant compte du contexte particulier de chaque
État membre.
Le rôle crucial
des États
membres
Insuffisamment
associés au
processus
46
Recommandation clé
Le Conseil européen de printemps de 2005 devrait indiquer les progrès ré-
alisés sur le plan de la création des partenariats pour la réforme demandés
au Conseil de printemps de 2004 afin de rassembler les citoyens, les parte-
naires sociaux, les parties intéressées et les autorités publiques autour des
priorités essentielles de la croissance et de l’emploi.
La transparence au sujet des progrès accomplis est aussi essentielle pour
assurer la participation des parties concernées que le sont la volonté et
l’engagement politiques pour faire avancer le programme. Une vue
d’ensemble des mesures envisagées par les gouvernements est fondamen-
tale pour atteindre cette transparence. C’est la raison pour laquelle le
groupe de haut niveau invite chaque État membre, sous la direction de son
chef d’État ou de gouvernement, à établir un programme d’action national,
comprenant des feuilles de route assorties d’étapes, qui décrit la façon dont
il entend atteindre les objectifs de Lisbonne.
Cette approche permet
d’atteindre trois objectifs: elle corrige l’absence de participation nationale à
la stratégie de Lisbonne, elle contribue à garantir la cohérence et la com-
patibilité entre les mesures prises et elle associe la totalité des intervenants.
Pour garantir la cohérence et la compatibilité entre les mesures nationales,
les chefs d’État ou de gouvernement doivent montrer leur engagement en
faveur de leur stratégie nationale spécifique. Un membre désigné de
chaque gouvernement pourrait être chargé de faire progresser la mise en
œuvre de la stratégie de Lisbonne au jour le jour. Les parlements nationaux
doivent se montrer plus responsables de la stratégie de Lisbonne, en
l’interprétant à l’intention de leur population nationale et en discutant de ce
qu’il y a lieu de faire ou non, ouvrant ainsi largement la question. Pour tirer
parti de l’expérience des partenaires sociaux et des autres intervenants —
le partenariat pour la croissance et l’emploi — et les impliquer dans la mise
en œuvre future, leur participation à la rédaction des programmes d’action
nationaux est nécessaire. Afin de ne pas perdre la dynamique politique, ces
stratégies devraient porter sur deux ans et être renouvelées en 2007.
Recommandation clé
Au Conseil européen de printemps de 2005, les chefs d’État ou de gouver-
nement devraient s’engager à concrétiser les réformes convenues. Les
gouvernements nationaux devraient présenter un programme d’action na-
tional avant la fin de 2005. Afin de mobiliser toutes les forces autour de cet
objectif clé, ces programmes d’action nationaux devraient faire l’objet d’un
débat avec les parlements nationaux et les partenaires sociaux.
Les efforts de cohérence et de compatibilité doivent ensuite être déployés
entre les États membres pour garantir leur poursuite et leur renforcement à
l’échelle européenne. Les programmes d’action devraient être soumis à la
Commission européenne, qui devrait effectuer une analyse précise des
25 plans d’action et formuler des recommandations spécifiques concernant
chacun d’eux dans son rapport de synthèse, qu’elle soumettra au Conseil
européen du printemps 2006. Pour renforcer la cohérence et la compatibilité
entre les niveaux national et européen, les programmes d’action nationaux
devraient prendre en considération les principes européens communs de
Volonté et
engagement
politiques
L’établissement
de programmes
nationaux d’action
Renforcement
à l’échelle
européenne
47
politique économique et de l’emploi, consignés dans les grandes orienta-
tions de politique économique (GOPE) et les lignes directrices pour l’emploi.
Cependant, il faudrait d’abord améliorer la cohérence et la compatibilité de
ces deux instruments. À l’heure actuelle, ils sont perçus comme représen-
tant deux mondes distincts, alors qu’en réalité, ils portent tous deux sur des
éléments essentiels de la croissance en Europe. Ils devraient, l’un comme
l’autre, être adaptés et mieux alignés sur le processus de Lisbonne pour
soutenir les objectifs de croissance et d’emploi et garantir une fécondation
réciproque.
Recommandation clé
Le Conseil européen de printemps de 2005 devrait inviter le Conseil à adop-
ter, au plus tard pour juillet 2005, les GOPE et les lignes directrices pour
l’emploi, qui doivent refléter fidèlement les objectifs ciblés de la croissance
et de l’emploi. Ces lignes directrices devraient être adoptées pour une pé-
riode de quatre ans, comprenant deux cycles de programmes nationaux,
afin d’assurer que les deux instruments soient aussi cohérents et compati-
bles — du point de vue interne — que possible.
La cohérence entre les institutions de l’Union européenne constitue égale-
ment une nécessité. Par conséquent, il convient d’associer beaucoup plus
étroitement le Parlement européen à ce processus. Celui-ci doit forcer la
Commission européenne à rendre compte des progrès qu’elle réalise et de
la façon dont elle s’acquitte de ses responsabilités. Cela requiert que le Par-
lement lui-même joue un rôle actif, car la méthode ouverte de coordination
souvent appliquée dans la stratégie de Lisbonne ne lui confère pas de ma-
nière systématique un rôle à cet égard. Dès lors, le Parlement européen
pourrait envisager la mise sur pied d’une commission permanente sur la
stratégie de Lisbonne pour la croissance et l’emploi.
Recommandation clé
Le Parlement européen pourrait constituer une commission permanente sur
la stratégie de Lisbonne pour la croissance et l’emploi.
La possibilité qu’a le Parlement de contraindre les acteurs clés à rendre des
comptes devrait être pour la Commission européenne une incitation sup-
plémentaire à tenir ses engagements. Les intervenants européens, en par-
ticulier les partenaires sociaux, doivent offrir — par leur participation ac-
tive — un lien, et donc une continuité, entre les niveaux national et
européen. Les partenaires sociaux devraient enrichir le débat sur la crois-
sance et l’emploi, assumer leur part de responsabilité et faire figurer la mise
en œuvre de Lisbonne dans leur programme de travail commun.
La cohérence à l’échelle européenne serait encore renforcée par une meil-
leure traduction des priorités de l’Union européenne dans son budget.
L’Union ne devrait pas se contenter de convaincre les États membres de
mettre en œuvre la stratégie de Lisbonne; elle devrait également appuyer
ses propos autant que possible par des incitants financiers. Dans le cadre
du budget communautaire actuel, des sommes importantes sont déjà con-
sacrées — directement ou indirectement — à la croissance, à l’emploi et à
la compétitivité.
Cohérence entre
les institutions
de l’Union
européenne
48
Quelles que soient les décisions qui seront finalement prises concernant le
niveau absolu des dépenses communautaires dans le prochain budget plu-
riannuel (les «perspectives financières»), le groupe de haut niveau pense
que la structure du budget européen doit refléter les priorités de la stratégie
de Lisbonne — tel devrait aussi être le cas des budgets nationaux. La re-
cherche-développement, les infrastructures, l’éducation et la formation con-
stituent des exemples de dépenses qui favorisent la compétitivité économi-
que. Le budget de l’UE devrait être remanié de manière à ce que les
dépenses de l’Union reflètent la priorité accordée à la croissance et à
l’emploi. Dans le cadre de cette refonte, il conviendrait en outre d’analyser
les possibilités d’introduction d’incitants budgétaires ayant pour but
d’encourager les États membres à réaliser les objectifs de Lisbonne.
Recommandation clé
Le budget de l’UE devrait, dans la mesure du possible, être remanié afin de
refléter les priorités de Lisbonne. Un volet de cette refonte consisterait en
une analyse des possibilités d’introduction d’incitants budgétaires ayant
pour but d’encourager les États membres à réaliser les objectifs de Lis-
bonne.
Amélioration du processus de réalisation concrète
La méthode ouverte de coordination n’a pas tenu ses promesses, loin s’en
faut. Si les États membres ne jouent pas le jeu de comparer leurs perform-
ances, rien ou presque ne peut avancer. Mais la méthode communautaire
n’a pas non plus débouché sur les résultats escomptés. Les États membres
accusent un retard dans la mise en œuvre des décisions prises et la trans-
position des directives, dans la plupart des États membres, se situe nette-
ment en deçà de l’objectif. Si les gouvernements ne s’engagent pas à as-
surer la mise en œuvre à l’échelon national, le problème demeure très
sérieux. De plus, dans de trop nombreux cas, les dispositions de transposi-
tion ne sont pas conformes à la directive d’origine ou sont trop complexes,
réduisant à néant les avantages attendus d’un ensemble unique de règles
et faisant souvent peser des charges inutiles sur les entreprises. Il est clair
que les deux méthodes dépendent, dans une large mesure, de la volonté
politique.
Les fondements de la méthode ouverte de coordination — la pression des
pairs et la définition de niveaux de référence — constituent clairement des
moyens visant à inciter les États membres à respecter leurs engagements
en mesurant et comparant leurs performances respectives et en facilitant
l’échange de bonnes pratiques. Le groupe de haut niveau propose une
amélioration significative de ce processus, en faisant un meilleur usage des
quatorze indicateurs et en améliorant la communication des résultats, de
manière à accentuer les conséquences politiques de l’absence de réalisa-
tions.
Plus d’une centaine d’indicateurs ont été associés au processus de Lis-
bonne, ce qui implique que chaque pays peut être numéro un selon l’un ou
l’autre indicateur. Cela rend cet instrument inefficace. Les États membres
ne sont pas poussés à améliorer leur situation. Une simplification est plus
que nécessaire. La mise sur pied par le Conseil européen d’un cadre limité
à quatorze objectifs et indicateurs offre l’occasion d’améliorer le fonction-
nement de l’instrument de pression des pairs. Le groupe de haut niveau
Refléter
les priorités
Respecter les
engagements
Un instrument
trop inefficace
49
considère que cette liste représente le meilleur compromis, car elle permet
à la fois de conserver la simplicité de la stratégie de Lisbonne tout en tenant
compte de son ambition et son exhaustivité. La Commission européenne
devrait publier, à l’intention des chefs d’État ou de gouvernement ainsi que
du grand public, des listes annuelles relatives à ces quatorze indicateurs
clés de Lisbonne sous la forme de classements (de la 1
re
à la 25
e
place),
soulignant les bonnes performances et stigmatisant les mauvais résultats.
Ces quatorze indicateurs donnent la possibilité aux États membres, s’ils le
souhaitent, de mettre encore davantage l’accent sur la dimension de crois-
sance et d’emploi de la stratégie de Lisbonne.
Tous les États membres ne partent pas du même point, en particulier ceux
qui viennent d’adhérer à l’Union. Pour ceux-ci, le message doit être plus
nuancé et mieux ciblé et tenir compte de la réalité économique, à savoir
qu’ils viennent de très loin. Même si l’objectif statistique reste éloigné, il fau-
drait les féliciter s’ils ont accompli des progrès significatifs.
Recommandation clé
Au Conseil européen de printemps, la Commission européenne devrait pré-
senter, de la manière la plus publique possible, un classement annuel des
progrès accomplis par les États membres sur la voie de la réalisation des
quatorze indicateurs et objectifs clés de Lisbonne. Les pays qui ont obtenu
de bons résultats devraient être félicités, tandis que ceux dont les perfor-
mances sont médiocres devraient être blâmés.
Communication
Les défis auxquels l’Europe est confrontée, les raisons de l’évolution des
politiques et l’importance d’une action concertée doivent être beaucoup
mieux compris de la population européenne. Or, la compréhension néces-
site une communication claire et forte. L’importance de cet aspect pour la
réussite du projet de Lisbonne ne peut être sous-estimée. Tous les acteurs
concernés, dont les hommes politiques européens et nationaux, ont un rôle
important à jouer pour faire passer le message.
Le processus de comparaison des performances, qui se déroule de manière
transparente, donne l’occasion de faire connaître à un public plus large la
stratégie pour la croissance et l’emploi et les progrès réalisés sur cette voie
.
Les propositions formulées par le groupe de haut niveau — les programmes
d’action nationaux, la participation plus active des États membres et des
parlements, le rôle accru et soutenu des Conseils européens de printemps
dans le contexte du suivi de Lisbonne — offriront de nombreuses possibili-
tés de débat et de discussion
.
Ces occasions doivent être saisies. La Com-
mission européenne devrait faire preuve de la même proactivité dans ses
communications, en recourant aux méthodes les plus modernes dans ce
domaine. Le groupe de haut niveau recommande de revoir les communica-
tions et la stratégie de communication de la Commission européenne de
manière à atteindre le niveau de qualité le plus élevé possible.
Compréhension
requiert
communication
Nombreuses
possibilités
de débat
50
Recommandation clé
Les communications et la stratégie de communication de la Commission eu-
ropéenne devraient être revues et, au besoin, réformées pour atteindre le
niveau de qualité le plus élevé possible, avant le Conseil européen du prin-
temps 2005.
Conclusion
Les dirigeants européens doivent insuffler l’espoir que demain sera meilleur
qu’aujourd’hui. L’Europe possède des atouts considérables sur le plan so-
cial et sur le plan économique, comme l’a relevé le groupe de haut niveau.
Le programme de réformes esquissé dans le présent rapport est tout à fait
réalisable et il se traduira par des améliorations. Il doit être bien compris et
clairement expliqué avant d’être mis en œuvre. Sa concrétisation et les
améliorations qui en découleront engageront l’Europe dans un cercle ver-
tueux de performance économique accrue, d’augmentation de la confiance
et des attentes et de plus grande sécurité.
Des réformes telles que l’ouverture des marchés, la modernisation de la po-
litique sociale, des systèmes des pensions et des soins de santé, la promo-
tion de la capacité d’adaptation du marché du travail, voire des systèmes
d’éducation, ont un impact immédiat sur la vie quotidienne des citoyens. La
plupart de ces changements sont positifs, en dépit de l’image que l’on en
donne généralement. À titre d’exemple, une concurrence accrue donne un
plus grand pouvoir de décision au consommateur, le renforcement des
structures d’accueil des enfants et des personnes âgées facilite la vie des
personnes qui en ont la charge, généralement des femmes, tandis que
l’accès à l’éducation et la formation tout au long de la vie offrent aux travail-
leurs des possibilités de mobilité, de perfectionnement personnel et de plus
vastes perspectives. Cependant, il importe que le programme soit perçu
comme un ensemble complet pour que chacune de ses composantes
puisse démontrer qu’elle peut produire des effets et contribuer à
l’amélioration générale. Dans le cas contraire, la probabilité d’entrer dans un
cercle vertueux de performance et de confiance accrues sera nettement
plus faible.
La nécessité d’engager des réformes doit être expliquée, en particulier aux
citoyens qui n’ont pas conscience de l’urgence et de la gravité de la situa-
tion. La «compétitivité» n’est pas qu’un simple indicateur économique, sou-
vent inintelligible pour l’homme de la rue; elle permet de diagnostiquer l’état
de santé économique d’un pays ou d’une région. Dans les circonstances
actuelles, le message à faire passer clairement doit être le suivant: si nous
voulons préserver et améliorer notre modèle social, nous devons nous
adapter; il n’est pas trop tard pour changer. En tout état de cause, le statu
quo n’est pas une option valable. L’implication et la mobilisation des ci-
toyens dans le processus offrent deux avantages qui se renforcent mu-
tuellement: rechercher l’adhésion de la population en lui donnant les élé-
ments du débat et tirer parti de cette adhésion pour inciter les
gouvernements à s’atteler à la réalisation de ces objectifs.
Le groupe de haut niveau ne demande pas de mesures intempestives; les
réformes doivent être équilibrées, bien pensées et conçues de manière ju-
dicieuse. De même, il conviendrait de renforcer et de moderniser l’approche
typiquement européenne de l’organisation économique et sociétale, de ma-
Impact immédiat
sur la vie
quotidienne
des citoyens
Il n’est pas trop
tard pour changer
Pas de mesures
intempestives
51
nière à sceller les valeurs européennes fondamentales chères au cœur de
tous les Européens. Le défi consiste à respecter les promesses et les en-
gagements pris, ce qui impliquera des changements significatifs.
La promotion de la croissance et de l’emploi en Europe constitue le pro-
chain grand projet européen. Son exécution nécessitera une volonté et un
engagement sans faille de la classe politique, ainsi que des partenaires so-
ciaux, dont le groupe de haut niveau souhaite soutenir la mission. Néan-
moins, le privilège d’exprimer son point de vue et de participer au processus
va de pair avec une responsabilité, que nous exhortons chacun à accepter.
Les citoyens européens le méritent bien.
Les mesures que nous proposons requièrent, dans notre système démoc-
ratique européen, une détermination politique de chaque instant. En fin de
compte, une grande partie de la stratégie de Lisbonne dépend des progrès
accomplis dans les capitales nationales. Aucune procédure ou méthode eu-
ropéenne ne peut rien changer à cette simple vérité. Les gouvernements, et
en particulier leurs dirigeants, ne peuvent esquiver leurs responsabilités
fondamentales. Il en va de la prospérité future du modèle européen.
Participation
et responsabilité
Détermination
politique de
chaque instant
ANNEXES
54
Performanc
e relative des anciens
États membres selon les indicateurs structurels figurant sur la liste restreinte
Niveaux (
1
)
AT
BE
DE
DK
ES
FI
FR
EL
IE
IT
LU
NL
PT
SE
UK
EU-25
EU-15
US
O
bjectif
2005
O
bjectif
2010
PIB par tête
(SPA, EU-15 = 1
00)
2003
111,4
106,6 98,8 112,9
87,3
100,6
103,8
73,0
121,7
97,8 194,6
109,9
68,3
105,6
108,9
91,2
100,0
140,3
Productivité du travail par
salar
ié
(SPA, EU-15 = 1
00)
2003
96,4 118,4
94,3
97,8
94,8
98,6 113,7
90,3 119,7
103,6
132,2
95,2
63,5
96,5 101,9
93,1
100,0
121,6
Taux
d'emploi
(%
)
(²)
2003
69,2 59,6
65,0
75,1
59,7 67,7 63,2 57,8 65,4 56,1
62,7 73,5 67,2
72,9 71,8
62,9
64,4
71,2
67,0
70
,0
Taux d'emploi
de
s
femmes
(%)
(²
)
2003
62,8 51,8
59,0
70,5
46,0 65,7 57,2 43,8 55,8 42,7
52,0 65,8 60,6
71,5 65,3
55,1
56,0
65,7
57,0
60,0
Taux
d'emploi de
s travail-
leurs âgés (%)
2003
30,4 28,1
39,5
60,2
40,8 49,6 36,8 42,1 49,0 30,3
30,0 44,8 51,1
68,6 55,5
40,2
41,7
59,9
50,0
Niveau d’instruction
(20-24
) (
%
)
2003
83,8 81,3
72,5
74,4
63,4 85,2 80,9 81,7 85,7 69,9
69,8 73,3 47,7
85,6 78,2
76,7
73,8
Dépenses en rec
herche-
développement
(% du PIB
)
2003
2,2 2,2
2,5
2,5
1,0 3,4 2,2 0,6 1,2 1,1
1,7 1,9 0,9
4,3 1,9
1,9
2,0
2,8
3,0
Investissement d
es en-
treprises (% PIB
)
2003
20,3 17,9
16,3
18,2
22,1 15,3 15,9 21,8 19,7 16,5
15,0 16,5 19,1
12,6 14,6
16,8
16,7
Niveaux de pri
x
comparatifs
(EU-15 = 10
0)
2002
102 99
104
131
82 123
100 80 118 95
100
102
74
117
108
96
100
113
Risque
de
pauvr
eté
(%
)
2003
12,0 13,0
11,0
10,0
19,0 11,0 15,0 20,0 21,0 19,0
12,0 11,0 20,0
9,0
17,0
15,0
15,0
Taux
de chômag
e de
longue durée
(%
)
2003
1,1 3,7
4,6
1,1
3,9 2,3 3,5 5,1 1,5 4,9
0,9 1,0 2,2
1,0 1,1
4,0
3,3
Dispersion des taux
d’emploi régionaux
2003
3,1
7,7
6,0
—
8,9
6,1
5,0
3,6
—
17,0
—
2,4
3,9
4,3
6,0
13,0
12,0
Émission
s de gaz à effet
de serre (
année
de
référence = 10
0)
2002
108,5
102,1
81,1
99,2
139,4
106,8
98,1
126,5
128,9
109
84,9
100,6
141
96,3
85,1
91,0
97,1 113,1
92,0
Intensité énergéti
que de
l’économie
2002
146 214
165 123
229 272 187 258 164 184
198 202
254
224 212
210
191
330
Volumes transportés
2002
120
100
102
85
137
95
96
127
133
103
110
97
126
90
86
101
102
91
Source:
Eurostat
, sauf indication contraire. Pour
u
ne définition précis
e et des notes explicatives su
r les indicateurs ainsi que sur d
es valeurs particulières, se reporte
r à:
http://euro
pa.eu.i
nt/comm/euros
ta
t/structuralindicators
(
1
) Niveau
x pou
r
l’année indiquée ou la
dernière
an
née disponible.
(
2
) Emploi au
x Ét
ats-Unis: source OCDE.
55
Amélioration relative des performances des anciens États membres suivant les indicateurs structure
ls figurant
sur la liste restreinte
Évolution (
1
)
AT
BE
DE
DK
ES
FI
FR
EL
IE
IT
LU
NL
PT
SE
UK
EU-25
EU-15
US
PIB par tête
(SPA, EU-15 = 1
00)
1999–2003
1,2 1,2 0,8 1,1 2,1 2,3 1,4
3,9
4,8 1,1
2,9
0,5 0,4
1,9
2,1
1,5
1,4
1,2
Productivité du travail par
salar
ié
(SPA, EU-15 = 1
00)
1999–2003
1,1 0,8 0,7 1,7 0,6 1,4 0,6
3,9
3,6
–
0,4
–
0,1
0,1 0,2
1,2
1,7
1,0
0,7
1,9
Taux
d'emploi (
%
) (
²)
1999–2003
0,2
0,1
– 0,1
– 0,2
1,5
0,3
0,6
0,6
0,5
0,9
0,3
0,4
– 0,1
0,3
0,2
0,3
0,5
– 0,7
Taux
d'emploi de
s femmes
(%) (²
)
1999–2003
0,8
0,4
0,4
–
0,1
1,9
0,6
0,8 0,8 0,9
1,1 0,9 0,9
0,3 0,5 0,3
0,6 0,8
–
0,5
Taux
d'emploi de
s travail-
leurs âgés (%)
1999–2003
0,2 0,9 0,4 1,4 1,5 2,7 2,0
0,8
1,3 0,7
0,9
2,1 0,2
1,2
1,5
1,0
1,2
0,5
Niveau d’instruction
(20-24
) (
%
)
1999–2003
– 0,2
1,3
– 0,5
0,3
– 0,4
– 0,4
0,2
0,6
0,9
0,9
– 0,4
0,3
1,9
– 0,2
0,7
0,5
0,3
Dépenses en rec
herche-
développement
(% du PIB
)
1999–2003
0,07 0,11 0,02 0,14 0,05 0,05 0,00
–
0,02
–
0,02
0,04
–
0,07
0,05
0,31
0,01
0,03
0,02
0,03
Investissement d
es entr
e-
prises (% PIB)
1999–2003
– 0,02
– 0,28
– 0,83
0,02
0,33
– 0,38
– 0,07
0,65
– 0,33
– 0,03
– 1,10
– 0,75
– 1,00
– 0,38
– 0,30
– 0,25
– 0,30
Niveaux de pri
x
comparatifs
(EU-15 = 10
0)
1999–2002
0,4
–
1,8
0,0 2,5 0,4 1,2
–
1,7
–
1,2
4,9 1,3
0,5
0,4 0,8
–
1,0
0,1
0,2
0,0
4,4
Risque de pauvr
eté (%
)
1999–2003
0,0
0,0
0,0
– 0,5
0,0
0,0
0,0
– 0,5
1,0
0,5
– 0,5
0,0
– 0,5
0,0
– 1,0
0,0
0,0
Taux
de chômag
e de
longue durée
(%
)
1999–2003
0,0
– 0,3
0,1
0,0
– 0,5
– 0,2
– 0,2
– 0,3
– 0,2
– 0,5
0,1
– 0,1
0,1
– 0,2
– 0,2
0,0
– 0,2
Dispersion des taux
d’emploi régionaux
1999–2003
0,2
– 0,1
0,2
—
– 0,5
– 0,2
– 0,5
– 0,4
—
– 0,1
—
0,0
0,3
– 0,2
– 0,3
– 0,1
– 0,5
Émission
s de gaz à effet
de serre (
année
de
référence = 10
0)
1999–2002
1,9
0,4
– 0,1
– 2,0
3,4
2,0
– 0,6
3,6
1,6
0,9
4,6
0,2
1,2
– 0,2
– 0,6
0,1
0,3
0,4
Intensité énergéti
que de
l’économie
1999–2002
0,7
– 10,0
– 1,3
– 3,0
0,7
– 1,3
– 1,7
– 1,7
– 5,7
– 3,3
1,7
0,0
2,3
– 4,7
– 7,3
– 2,7
– 2,3
– 4,0
Volumes transportés
1999–2002
3,0
7,0
– 0,6
– 2,8
8,6
– 0,9
– 2,8
– 5,0
3,9
0,6
7,1
– 2,7
3,2
– 0,3
– 2,5
– 0,1
0,0
– 0,8
Source:
Eurost
at, sauf indication contraire.
Pour
une d
éfinition précise et des notes
explic
atives sur
les indicateurs ainsi que sur d
es valeurs particulières, se reporte
r à:
http://euro
pa.eu.i
nt/comm/euros
ta
t/structuralindicators
(
1
) Évolution pou
r la période indiq
uée ou pou
r
la p
ériode disponible la plus proche.
Taux de croissance annuel mo
yen en %
du PIB
par tête
et pro
du
ctivité du travail.
Variation mo
ye
n
ne en points d
e
pourcentage
pou
r les autres indicateurs.
(
2
) Emploi au
x Ét
ats-Unis: source OCDE.
56
Performanc
es relatives des nouveaux États membres suivant les indicateurs structurels figurant
sur la liste restreinte
Niveaux (
1
)
CY
CZ
EE
HU
LT
LV
MT
PL
SI
SK
EU-25
EU-15
US
O
bjectif
2005
O
bjectif
2010
PIB par tête
(SPA, EU-15 = 1
00)
200
3
76,3 66,5
42,5 55,6
41,9 38,8
68,1 42,2
70,6 46,8
91,2
100,0
140,3
Productivité du travail
par salarié
(SPA, EU-15 = 1
00)
200
3
77,1 61,3
43,1 62,8
44,4 40,1
82,3 49,6
70,0 54,1
93,1
100,0
121,6
Taux
d'emploi (
%
) (
²)
200
3
69,2 64,7
62,9 57,0
61,1 61,8
54,2 51,2
62,6 57,7
62,9
64,4
71,2
67,0
70,0
Taux d'emploi
de
s
femmes
(%)
(²
)
200
3
60,4 56,3
59,0 50,9
58,4 57,9
33,6 46,0
57,6 52,2
55,1
56,0
65,7
57,0
60,0
Taux d'emploi
de
s
travailleurs âgés (%)
200
3
50,4 42,3
52,3 28,9
44,7 44,1
32,5 26,9
23,5 24,6
40,2
41,7
59,9
50,0
Niveau d’instruction
(20-24
) (
%
)
200
3
82,2 92,0
81,4 85,0
82,1 74,0
43,0 88,8
90,7 94,1
76,7
73,8
Dépenses en rec
herche-
développement
(% du PIB
)
200
3
0,3 1,2
0,8 1,0
0,7 0,4
0,6
1,5 0,6
1,9
2,0
2,8
3,0
Investissement d
es
entreprises (% PI
B)
200
3
14,1 22,4
25,0 19,8
17,8 22,9
14,9
21,1 23,2
16,8
16,7
Niveaux de pri
x
comparatifs
(EU-15 = 10
0)
200
2
83 53
61 55
51 54
72 58
73 44
96
100
113
Risque de pauvr
eté (%
)
200
3
16,0
8,0
18,0 10,0
17,0 16,0
15,0 15,0
11,0 21,0
15,0
15,0
Taux
de chômag
e de
longue durée
(%
)
200
3
1,1 3,8
4,6 2,4
6,1 4,3
3,5
10,7
3,4
11,1
4,0
3,3
Dispersion des taux
d’emploi régionaux
200
3
—
5,8
—
8,5
—
—
—
7,2
—
7,6
13,0
12,0
Émission
s de gaz à effet
de serre (
année
de
référence = 10
0)
200
2
150
74,3 44,8
69
39,8
36,9
128,5
67,7 98,7
71,8
91,0
97,1
113,1
92,0
Intensité énergéti
que de
l’économie
200
2
280 921
1156
564
1273
759
264 650
343 964
210
191
330
Volumes transportés
200
2
93
100
177
91
119
123
70
92
62
101
102
91
Source:
Euros
tat, sauf indication contraire. Pou
r
une définition pré
cis
e et des notes explicatives su
r les indicateurs ainsi que sur d
es valeurs particulières, se reporte
r à:
http://euro
pa.eu.i
nt/comm/euros
ta
t/structuralindicators
(
1
)
Niveaux po
ur l’année indiquée ou
la derniè
re
année disponible.
(
2
) Emploi au
x
États-Unis: source OCDE.
57
Tableau UE 15 — Rapport de dépendance des personnes âgées
2000 2005 2010 2015 2020
2025 2030 2035 2040 2045 2050
BE
26 26 27 30 33
37 42 45 46 46 45
DK
22 23 27 29 32
34 38 39 40 38 36
DE
24 28 30 31 34
38 44 50 50 49 49
EL
26 28 29 31 33
35 38 43 47 52 54
ES
25 26 27 29 31
34 39 45 52 58 60
FR
24 25 25 29 33
36 40 43 45 45 46
IE
17 17 17 20 22
25 27 29 33 37 40
IT
27 29 31 34 37
40 46 53 59 62 61
LU
21 23 24 26 28
32 36 40 41 40 38
NL
20 21 22 26 30
33 38 42 44 42 41
AT
23 25 27 30 32
37 45 52 54 54 54
PT
23 25 25 27 29
31 33 37 41 45 46
FI
22 23 25 31 36
39 43 44 43 43 44
SE
27 27 29 33 35
37 40 41 42 42 42
UK
24 24 24 27 29
32 37 41 43 42 42
EU
24 26 27 30 32
36 41 45 48 49 49
NB:
Population de 65 ans et pl
us en pourcenta
ge de la populati
on de 15 à 6
4 an
s.
Source:
Com
m
ission, ca
lcul b
asé sur le scénario central d’Eurostat.
Commission européenne
Relever le défi
La stratégie de Lisbonne pour la croissance et l’emploi
Luxembourg: Office des publications officielles des Communautés européennes
2004 — 60 p. — 21 x 29,7 cm
ISBN 92-894-7055-0
.$)5&