La Russie au Père Lachaise
Le Mémorial des Combattants Russes et Soviétiques de la Résistance Française au cours de la Seconde Guerre Mondiale, inauguré solennellement le 3 mai 2005 au cimetière du Père Lachaise à l’occasion du 60e anniversaire de la victoire sur le nazisme, rappelle opportunément que la Russie et le Père Lachaise ont une histoire commune depuis longtemps.
Le premier contact avait toutefois eu lieu dans un contexte d’hostilité. En 1814, les troupes russes qui investissaient Paris avec les autres armées alliées contre Napoléon (autrichiens, prussiens etc.) livrèrent dans le Père Lachaise de violents combats contre les élèves français de l’Ecole Polytechnique et de l’Ecole Vétérinaire de Maisons-Alfort. Ces élèves défendaient la colline de Charonne, secteur romantique du Père Lachaise.
Vainqueurs, les soldats russes installèrent alors leur bivouac dans le Père Lachaise. Le froid étant très vif, ils coupèrent pour se réchauffer avec du feu, tous les peupliers de l’avenue du même nom qui devint ensuite l’allée des marronniers après nouvelle plantation : c’est aujourd’hui l’allée transversale n°1.
Sans rancune, le cimetière accueillit des militaires russes morts aux combat dont un officier qui fut le premier fidèle de confession orthodoxe inhumé au Père Lachaise, alors que le cimetière ne comptait encore que des catholiques, des protestants, des israélites et des incroyants.
En avril 1818, alors que l’armée russe occupait encore Paris, suite à Waterloo, le comte DEMIDOFF fit enterrer son épouse née baronne Elisabeth STROGONOFF dans un superbe mausolée, petit temple de style antique avec sarcophage en marbre de Carrare, installé primitivement au sommet du cimetière prés du maréchal MASSENA.
Vers 1840, son fils, prince DEMIDOFF et époux de la princesse Mathilde cousine de Napoléon III, fit déplacer ce tombeau et l’installa sur un énorme ouvrage de soubassement en pierre, permettant ainsi de consolider la « falaise de Charonne » en bordure du chemin du Dragon. L’immense monument ainsi assemblé est le plus imposant du Père-Lachaise en même temps qu’un des plus beaux, objet de nombreuses visites ainsi que d’une légende*.
Par la suite, d’autres magnifiques tombeaux de Russes célèbres furent construits au Père-Lachaise, notamment la chapelle des princesse DOLGOROUKY et celle du prince YAKOLEV, la famille GALITZINE est également représentée.
Après 1917, le cimetière reçut un certain nombre de tombes russes disséminées dans les divisions. Elles sont reconnaissables à leur croix particulière qui est un des symboles de la religion orthodoxe. Parmi les plus connues de ces sépultures, la plus récente est celle de l’écrivain Alexandre GINZBURG (2002). Aujourd’hui le Mémoriel des combattants est le symbole d’une amitié retrouvée entre les deux peuples.
*Il existe au Père Lachaise plusieurs légendes, sans aucun fond de vérité. Selon l’une de ces légendes, le visiteur qui réussirait à passer un an dans le tombeau hériterait de la fortune des DEMIDOFF, autrefois propriétaires de mines d’or en Russie. Ce n’est bien sûr qu’une légende...
Localisation de quelques monuments parmi les plus remarquables :
Mémorial des Combattants Russes et Soviétiques de la Résistance Française (guerre 39-45) : avenue des combattants étrangers morts pour la France, proche du crématorium-columbarium.
Monument réalisé à Moscou par le sculpteur Vladimir SOUROVTSEV en coopération avec l’architecte Viktor PASSENKO. Il représente un maquisard de bronze en action, placé sur un piédestal de marbre.
Monument GOLOVINE : GALITZINE : 10e division, derrière Guillaume Dubufe, proche du chemin du Père-Eternel. Petite stèle originale pour la comtesse GOLOVINE née princesse GALITZINE.
Monument DEMIDOFF : 19e division, chemin du Dragon. Elisabeth DEMIDOFF était l’épouse du chambellan de l’Empereur de Russie. Mausolée en marbre de Carrare dessiné par Jaunet. Construction dirigée par Schwind. Soubassement en pierre décoré de marteaux de batteur d’or, de zibelines et de têtes de loup. Architecte : Danjoy.
Monument DOLGOROUKY : 48e division, derrière Balzac, prés du rond-point des Travailleurs municipaux. Chapelle ouverte surmontée d’un clocher orthodoxe russe. A l’intérieur, défunte sculptée dans le marbre.
Monument ANDRIANOFF : 49e division, avenue Delacroix, en face de Delacroix, beau gisant de marbre (1857).
Monument YAKOLEV : 82e division, avenue transversale n°2 angle de l’avenue circulaire. Chapelle formant basilique élevée par le peintre Soltykoff, petit fils du prince Yakolev. Peintures par Fèdoroff.
Monument GINZBURG : 89e division, à l’intérieur, proche d’Oscar Wilde. Grande croix orthodoxe en granit.
Monument russo-arménien de la famille GOUSSASSOW : 97e division, avenue transversale n°3, angle de l’avenue Pacthod. Descente de croix en pierre rose réalisée par le sculpteur Akop Gurdjan.
Sources : documentation mise gratuitement à la disposition du public à la conservation du cimetière du Père-Lachaise.