VI
DE SENLIS A COURTEUIL, SAINT-FIRMIN,
CHANTILLY, ETC.
A gauche les
Arènes,
que nous avons déjà visitées. C’est
sur l’éminence qui les encadre, que les Ligueurs placèrent
en
I
588, leurs couleuvrines, pour battre nos remparts du
côté du Montauban.
Ce moulin a retenu son ancien nom de
Moulin du roy.
Châteaux de
Marozeaux
et de
Belle-Fontaine,
appartenant
autrefois à Jacques Drouyn de Vendeuil, premier président
du parlement de Toulouse, aujourd’hui à M. André de Waru.
Nous traversons l’Aunette à l’endroit dit la
Gatellière,
maison du gué.
Saint-Nicolas-d’Acy, Aciacus,
montre bientĂ´t Ă gauche, le
grand mur du prieuré qu’avait fondé en
I
098, Robert, vidame
de Senlis, baron de Survilliers et seigneur d’Acy. L’effigie
sépulcrale du « très insigne Gui de la Tour », qui fut
comme le restaurateur de ce prieuré, après avoir servi trop
longtemps de cible aux enfants, a trouvé un abri dans un
2 7 3
coin de l’église de Courteuil. « Ici, » disait son épitaphe en
vers léonins, « ici git l’illustre Gui, surnommé de la Tour;
« qu’il trouve pitié auprès du Christ, né de la Vierge ».
« Hic jacet egregius Guido de turre vocatus,
« Cui sit propitius Christus de Virgine natus ».
DuRüel nous a conservé une liste des prieurs que l’abbé
Vattier a éclairée par des notes.
De l’église que Nicolas Sanguin avait dédiée en 1626, il
ne reste pas une pierre.
Dom Grenier mentionne que « dans la nef près le portail
« à gauche en entrant, il a lu une inscription latine dont
« voici la traduction : Ici gît D. Antoine Prévost, prêtre de
« l’ordre majeur de Saint-Benoit, moine profès, connu pour
« les très nombreux ouvrages qu’il a mis au jour. Il mourut
« le 25 novembre 1763. Qu’il repose en paix! » Il avait peu
connu cette paix jusqu’alors.
Pourquoi le vocable de Saint-Nicolas Ă ce hameau frais et
agréablement accidenté ? Vous trouverez parmi les procès
célèbres que la justice d’autrefois a faits à des animaux, celui
que le bailli de Saint-Nicolas intenta, c’était le 27 mars 1567,
contre une truie homicide.
Le limousin
Saint Léonard,
que l’on vénère le 6 novembre,
a donné lui son nom, j’ignore le motif, au village qui étale ses
maisons le long de cette route montante et sinueuse. L’église
rebâtie presque entièrement en 1600, n’a conservé de son
architecture primitive du XIII
e
siècle que son chœur carré
avec triplet, c’est-à -dire triple baie à l’est. Vous y noterez une
statue de la Vierge du XV
e
siècle et quelques belles stalles de
la même époque; une pierre commémorative où le lapicide
a gravé la messe et les sept oraisons de saint Grégoire;
1 8
quelques tableaux et quelques pierres tombales de « Jean
«
Chérault, natif de la Ferrière, diocèse de Sées, curé de
« Saint - Léonard »
(1662); de Gilles de
la
Rue,
du
dioÂ
cèse de Lisieux, son
successeur
(1694),
et
de
Guillaume
Floubigand, ce qui a
« établi la blanchis-
« serie.... »
Nos annales font mention de
Courteuil, Curtesolium
(1060),
CurtoĂŻlum
(1138),
Curteolum
(1168), petit courtil, dès 860,
époque où Charles-le-Chauve donne à l’abbaye de Saint-
Denis cc la villa du Cortilion, villa Cortilionis ».
L’église est digne d’une visite raisonnée. Chœur et avant-
chœur
des
débuts
du
XIII
e
siècle. Additions du
XV
e
siècle et des siècles
suivants. Fonts des XIII
e
et XIV
e
siècles. Belle statue
de la Vierge du XIV
e
,
soutenant
d’une
main
l’Enfant-Dieu
qui
serre
une
pomme
entre
ses
doigts, et présentant de
l’autre un livre ouvert :
pourquoi
a-t-on
badiÂ
geonné ce groupe élégant
et fin d’une couleur blanc cru? Monuments et dalles
funéraires curieux.
274
2 7 5
La dalle devant le chœur porte cette légende en vers :
« Cy gist un gentil escuyer
« Qu’on nomait François Waroquier
« Qui de lartois province hautaine
« Issoit de moult noble origenne
« Et fut dartillerie et guerre
« Pour le Roy loial commissaire
« Et lee servant en ceste guise
« Acquit grand los par sa franchise », etc.
François de Waroquier, seigneur de Mercourt en Artois,
commissaire des guerres et de l’artillerie (1554)) était fils de
276
Wast de Waroquier et d’Anne du Moulinet, et avait épousé
Anne Thibault, de la famille des Thibault, seigneurs de
Néry. Les armoiries qui décorent les angles de cette dalle
sont, en bas à gauche de [azur] à une main [d’argent]
qui est de Waroquier; Ă droite, parti
à dextre d’une main
1
appaumĂ©e, Ă
gauche de... à une fasce de... chargée de
trois merlettes qui est de Thibault; en
haut à gauche, écartelé aux I et 4
e
de
Waroquier, au 2
e
et 3
e
de... Ă trois
fleurs de lys posées deux et un qui est...;
enfin Ă l’autre et dernier angle, parti Ă
dextre de Waroquier, a senestre de Moulinet qui est de...
Ă trois anilles ou fers de moulin.
Autre monument de frère Jean Mathon, représentant en
demi-bosse un gisant et deux religieux qui prient pour son
âme.
mcccciiii
XX
...
La croix toute simple, au bord de la grande route, rappelle
la mort, le 25 novembre I763, de l’abbé Prévost, l’auteur
désabusé et repentant de
Manon Lescaut.
«
L’abbé Prévost, » dit la marquise de Créquy, « que j’ai
« rencontré deux ou trois fois dans ma vie, était un gros
« homme à figure sombre, avec une voix lugubre ; il était
« assez bien vêtu pour un auteur de son temps. On racon-
« tait de lui des choses étranges... Tout ce que je sais de plus
« calamiteux sur l’abbé Prévost, c’est qu’il est mort d’une
« horrible manière. Il avait été saisi d’apoplexie dans le
« bourg de Royaumont, non loin de Chantilly ; il fut trans-
« porté chez le curé du village, où le bailli des moines arriva
« pour instrumenter de sa profession, et d’où ce justicier de
1
D’où
le
proverbe
:
«
Je
te
donneray
les
armoiries
de
Varoquier
»,
c’est-à -
dire une main appliquée sur la joue.
2 7 7
« malheur envoya requérir le chirurgien de l’abbaye pour
« venir procéder à l’ouverture du corps, afin qu’il ne manquât
« rien à la perfection de ce procès-verbal... »
La vérité historique exige que l’on n’accorde au récit
satirique et macabre de la marquise de Créquy qu’un crédit
relatif. Les
Affiches du Beauvaisis,
Ă la date du
I
2 mars
I
787,
protestent avec une belle indignation contre le trait final.
« Le sieur abbé Prévost », dit le rédacteur de ces
Affiches,
« fut frappé d’une apoplexie qui le renversa sans vie sur la
« route de Saint-Firmin à Senlis, vis-à -vis la croix de la
« paroisse de Courteuil, et non au pied d’un arbre dans la
« forêt de Chantilly. M. de Saint-Leu, curé de la dite paroisse,
« fit porter dans son presbytère le corps, qu’on essaya de
« rappeler à la vie par tous les moyens et secours usités en
« pareil cas. C’est le lendemain qu’on procéda à l’ouverture
« du cadavre. »
Christian, qui, selon l’adage des anciens et de Santeuil,
« a châtié de son rire les mœurs » de l’époque, habitait ce
petit château et cette tourelle dentelée de créneaux inof-
fensifs.
Courteuil a eu pour seigneurs : Jean de Tournebus (
I
279),
Guillaume de Chantilly (
I
346), etc.
Avilly, villa de Avilliaco
(
II
06), possède des bueries ou
blanchisseries célèbres dont un capucin, le Père Sébastien
Truchet, dit de Senlis, a été l’initiateur. Ce religieux n’était
point seulement, comme on le voit, l’écrivain ascétique
auquel on doit
le Flambeau du Juste... dédié au Roy
(
I
642);
c’était un savant, comme le témoigne encore ce trait de
Saint-Simon : « Le samedi 22 mai
I
7
I
7, il [Pierre-le-Grand]
« fut à Bercy, chez Pajot d’Ons-en-Bray, principal directeur
« de la poste, dont la maison est pleine de toutes sortes de
« raretés et de curiosités, tant naturelles que mécaniques.
« Le célèbre P. Sébastien, carme, y étoit. Il s’y amusa tout
« le jour, et y admira plusieurs belles machines ».
Au haut de la cĂ´te,
Saint-Firmin,
appelé autrefois
Fontaine
de Saint-Firmin
(II06).
L’église n’a gardé du XIII
e
siècle qu’un souvenir à quelques
contreforts. Par contre,
elle attire les curieux
et les artistes par ses
vitraux de la Renais-
sance, dons des Mont-
morency. Les armoiries
sont
celles
de
cette
très illustre famille qui
s’intitulait les premiers
barons
de
France
et
inscrivait
avec
une
légitime
fierté
cette
devise qui n’est plus Ă
la mode :
errer;
d’Anne de la Tour ;
de
Gouffier-Montmo-
rency; et du cardinal
Adrien
Gouffier.
Les
sujets des verrières sont,
derrière l’autel : sainte
Anne,
sainte
Marie-
Madeleine, saint Jacques et saint François d’Assise et la
Crucifixion; — saint Nicolas, sainte Anne, saint Sébastien,
saint Léger, avec un donateur en surplis de religieux, la
Vierge Mère, saint Louis et l’agonie au Jardin des Olives
278
279
(1548); — saint François d’Assise, saint Christophe, Notre-
Dame de Pitié, saint Nicolas, saint Martin, la Crucifixion
avec cette légende : « Mess’
«
de
Saint-Nicolas
ont
« doné ceste verrière » et
cette date 15 43, et le Christ
détaché de la croix; — la
Vierge Mère, un évêque
céphalophore (saint Denis
ou
saint
Firmin?),
saint
Pierre,
saint
Etienne
et
l’aigle de saint Jean; — et
enfin le sujet frĂ©quent Ă
cette époque de l’arbre de
Jessé.
J’invite mes chers lecteurs à comparer les
deux motifs d’orneÂ
ments de cette page,
et à noter que l’un
est encore en place
dans la verrière de
Saint-Firmin et que
l’autre provient d’une
fenĂŞtre
de
Senlis,
oeuvre de jean Souldoier ou Soudier
(1522).
A regarder deux statues de saint Jacques
et de Marie-Madeleine; des pierres tombales
de Guillaume Siby et d’Elisabeth le Roy
(1613), et de Louis de Butor : « Cy gistLoys
« de Butor escuyer de son vivant.............. du Roy
« et valet de chambre de M. le connetable
28
o
« qui trespassa le lundi XII
e
jour de septembre l’an mil V
c
l
II.
« Priez Dieu pour son ame. »
Vineuil
semble un faubourg de Chantilly. Ce village
comprend tous les systèmes d’habitation, depuis les
demeures souterraines des troglodytes jusqu’aux châteaux.
É
glise improvisée sur le bord de la route, au milieu des
fleurs.
Là , a séjourné, tout près de son ancien chef le duc
d’Aumale, dont il n’était séparé que par la Nonette, le
général et historien comte Pajol, qui a pu résumer sa vie
par ces mots : « J’ai servi le pays pendant une longue
« carrière; je l’ai servi avec passion, lui consacrant toutes
« mes forces, tout mon dévouement ».
BientĂ´t le mur du parc largement ouvert laisse voir, par
dessus un saut de loup, les pelouses toujours vertes piquées
de statues, une succession de bassins qui scintillent aux
feux du soleil, les avenues de platanes, et, par delĂ le grand
escalier, les prolongements infinis de la forĂŞt.
Après avoir fait un coude qui laisse à droite les chemins
de Saint-Maximin et de Saint-Leu, nous traversons le large
canal que le Grand Condé fit creuser et remplit des eaux
de la Nonette.
Voici la grande rue de
Chantilly, Cantiliacus, Cantilli
(II6I),
Escantilli
(I259), etc.
1
, avec sa
porte Saint-Denis,
laquelle est
demeurée inachevée.
L’église,
qui date de l’érection de la paroisse, et est due au
prince Henri-Jules (I692) et au duc Louis-Henri de Bourbon.
1
Voir
pour
l’histoire
de
Chantilly
et
du
Château,
et
leur
description
:
G
raves
;
R
ousseau
-L
eroy
;
H.
L
ecerf
;
et
surtout
l'
Itinéraire
que
le
Prince
a
offert,
le
26 octobre 1895, aux membres de l’Institut.
28I
Adoration des Mages, de Houasse; petits panneaux de
retable de...; monument des cœurs des Condé.
A l’autre extrémité de la Grande-Rue,
Hospice Condé.
Les
Grandes Écuries,
que l’architecte Jean Aubert a bâties,
de I7I9 à I7 3 5 , et Jean Bridault, décorées de sculptures,
sont les plus merveilleuses que l’on puisse voir nulle part.
« Tout, dans cette construction », dit M. Gonse, « donne
« la sensation de quelque chose d’énorme, d’insolite,
« de Babylonien. Les proportions en restent cependant
« admirables; la décoration, bien à l’échelle, est du plus
« large et du plus vigoureux caractère. La rotonde centrale
«
et le manège extérieur sont des merveilles d’invention
«
libre et originale. » C’est dans cette rotonde que « le
« prince de Condé donna à souper à l’empereur Paul en
« I782. »
Au-delà de ces fossés où s’ébattent les cygnes et les vieilles
carpes, sont Ă gauche, le
Petit Château
ou
Capitainerie
et le
Château neuf.
Le petit château fut bâti vers I560, par
Jean Bullant, le plus illustre architecte de cette époque, pour
ajouter, en dehors du promontoire rocheux où s’élevait le
manoir antique des Bouteillers, les constructions nouvelles
que nécessitaient le train princier et les goûts artistiques
du connétable Anne de Montmorency. Le
Petit Château,
dit
M. Gonse avec sa haute compétence, « est un type excellent
« d’habitation privée, heureusement entendu dans des
«
distributions intérieures....... L’œuvre de Bullant nous
«
paraît pleine d’ingéniosité, d’élégance et d’animation; les
« détails de l’ornementation sont d’une rare finesse et du
« goût le plus pur; les profils, d’une extrême originalité,
« revèlent, dès le premier regard, l’invention d’un
« maître. »
282
Quant au
Château,
après
que
la Révolution
et la
bande noire
eurent promené
sur les illustres
souvenirs
des Bouteillers,
des
Montmorency,
des Condé,
leur fureur de
destruction,
M. Daumet fut
chargé,
c’était en 1876,
de ressusciter
l’ancienne
splendeur des
choses.
L’on voit si la
pensée du duc
d’Aumale
a trouvé dans
l’architecte
un traducteur
fidèle.
Un dessin de la
chapelle
donnera quelque idée de cette merveilleuse restauration.
283
Mais, pénétrons dans ce musée incomparable d’antiques :
terres cuites, mosaïques; de raretés bibliographiques: chartes,
manuscrits du XI
e
, XIII
e
, etc., siècles, autographes, livres;
de peintures, dessins, miniatures, émaux, vitraux; de marbres
et de bronzes; de meubles; d’étoffes anciennes, de tapis-
series, de faïences, d’armes.
Mon cher lecteur me permettra de le renvoyer pour
l’ordre de la visite et l’indication des objets, aux pages de
l’itinéraire princier, et pour les jugements savants qui ont
été formulés sur ces merveilles, aux études de MM. Gonse,
Gruyer, Magne, Palustre.
Du haut du
Grand Degré,
que domine la fière et grave
statue du connétable, la vue erre sans fatigue sur un paysage
que la nature et le génie des Le Nôtre ont composé de
verdure, d’eau et de lumière. Il semble, dans ces jardins
féeriques, « au bruit de ces eaux jaillissantes qui ne se
« taisaient ni jour ni nuit », rencontrer les grandes ombres
des Bossuet, des La Bruyère, des Racine, des Molière, des
Luxembourg. A droite, c’est le Hameau avec son décor
d’un paysanesque Ă la Wateau oĂą l’on jouait Ă la bergerie Ă
la veille de la guillotine; les bosquets de Sylvie encore
remplis du souvenir délicieux et chaste de l’infortunée
Marie-Félicie des Ursins.
Chantilly possède encore deux autres attractions moins
artistiques, mais considérables : ce sont les courses qui ont
été inaugurées en I833 par la Société d’Encouragement, et
les chasses, dont « l’honneste passe-temps », comme l’appelle
Duchesne dans sa
Description,
n’a pas vu diminuer, à travers
les révolutions sociales, le nombre de ses fidèles.
Chantilly s’est fait connaître autrefois par plusieurs belles
industries : les dentelles, les faĂŻences et porcelaines tendre,
puis dure, et les toiles peintes.
« Face Diex, biau païs ou oncques moi aussy ai receu
« l’heur de naistre, que ton chietif enfant te laisse de li bon
« renom et souvenir. »
284
VII
DE SENLIS A GOUVIEUX, SAINT-LEU-D’ESSERENT,
SAINT-MAXIMIN, ETC.
Chantilly offre à l’admiration tant de merveilles de toutes
sortes, que j’ai cru devoir faire de Gouvieux, Saint-Leu,
Villers-sous-Saint-Leu et Saint-Maximin, le but particulier
d’une excursion.
Gouvieux.
Voici le programme que je tracerais volontiers
aux amateurs de l’antiquité et de l’architecture du Moyen-
Age : s’arrĂŞter Ă
Vineuil
et franchir, en laissant Ă gauche le
lieu dit le
Coq chantant,
les deux ponts qui sont jetés sur les
lignes de Senlis et de Paris; on est déjà sur la voie antique de
la Chaussée, de calceia.
Le chemin vert qui trempe les pieds de
la rosée de son plantain, mène en ligne droite au camp.
La charrue rejette encore hors du sol des débris de silex
taillés, percuteurs, grattoirs, couteaux, flèches, qui attestent
sur ce promontoire admirable et aisément défensif, le séjour
de peuples primitifs. Les Romains ont, à leur tour, trouvé
cette assiette favorable pour fixer l’établissement de l’un de
ces camps par lesquels ils surveillaient leurs conquĂŞtes et
2 8 6
réalisaient leur fier programme : « Parcere subjectis et debel-
« lare superbos ».
L’on retrouve encore le talus et le fossé qui, séparant de
la plaine la pointe du triangle, contribuaient avec l’Oise et
les marais de la Nonette Ă enclore solidement la station.
« Ce camp », écrivait déjà en
I
737, l’abbé de Fontenu,
« est beaucoup plus digne d’attention qu’aucun de ceux qui
« environnent». « Sa longueur, » ajoute M. Vatin, « est de
« sept cents mètres. Au centre de l’épaulement est une
« ouverture large de quinze mètres, que l’on suppose avoir
« été la porte
prétorienne...
A cent cinquante mètres de cette
« entrée principale, vers la gauche, on rencontre une
« deuxième ouverture, large de quinze mètres également...
« L’étendue du camp, depuis la porte prĂ©torienne jusqu’Ă
« la partie opposée, est de dix-sept cents mètres ; sa largeur
« moyenne est de cinq cents mètres. Puits ».
Par-dessus la sente raide et les eaux jaunâtres de l’Oise,
un majestueux panorama se déroule : à gauche Précy, avec
son église élégante des XII
e
et XIII
e
siècles; Toutevoie, près
de l’embouchure de la Nonette; devant, Saint-Leu, avec son
abside fière et son clocher d’un caractère étrange; à droite,
les fumées de Montataire que dominent de leur séjour de
paix, le château et l’église; derrière nous, Gouvieux...
Si vous voulez continuer cette course Ă pied, nous
descendrons par
Chaumont.
Que de points de vue charmants
les peintres pourront découvrir : c’est le reste de ce qu’André
Duchesne, dans ses
Antiquités des Villes et Chasteaux,
qualifiait
« l’un des plus beaux estangs de France » ; c’est la rue très
pittoresque dite des
Carrières,
avec cette lumière mystérieuse
qui glisse d’en haut entre ses demeures semi-troglodytiques.
Voici le village,
Convicinum
en 863, d’après Dom Grenier,
287
Gulvil in suburbio Silvanectensi
(1141),
Gouvix
(1167),
Govix
(1182), que Guillaume Calletot, châtelain de Montmélian,
donna en 1284 à l’abbaye de Saint-Denis, avec Montmélian,
Auvers, Plailly et Roberval, en échange de terres du Vexin
normand.
L’église
a
retenu,
au
milieu
de
reconstructions
du
XVIII
e
siècle, quelques baies et piliers du XIII
e
. Fonts
pédidulés avec vasque carénoïdale du XIV
e
siècle; Vierge
remarquable du XV
e
siècle.
Les anciens titres mentionnent un Eudes de Gouvieux,
lequel fut abbé de Saint-Lucien, près Beauvais (1318); une
chapelle de Sainte-Catherine ou de la Chaussée ; des lieux
dits intéressants, comme le
Pré à l’Ogre
.............
A Gouvieux,
château
et parc
des Fontaines,
oĂą M
me
la
baronne
James
de
Rothschild
continue
de
former
une
bibliothèque importante et une collection très remarquable
de raretés artistiques;
HĂ´pital
dont le nom indique la pensée
religieuse qui a inspiré la fondatrice. Il est desservi par des
sœurs de la Sagesse de Saint-Laurent-sur-Sèvre.
Saint-Leu-d’Esserent, de Hescerento
(1081),
de Ascerento
(1106),
de Esserens
(1117), etc., est formé de la réunion
d’une agglomération de maisons qui s’appelait Esserent, et
des dĂ©pendances de l’ancien PrieurĂ©. Le bourg Ă©tale agrĂ©aÂ
blement sur la falaise de l’un des bords de l’Oise, ses rues et
ses jardins. Que de fois déjà dans cette demi-solitude calme
d’où l’on regarde aisément, d’en haut, les politiques sacrées
et profanes, j’ai contemplé ce décor que domine la silhouette
grise et pittoresque de la merveilleuse église !
Vous visiterez, à Saint-Leu, l’église, les entrées et le cloître
du Prieuré et quelques maisons qui ont conservé un certain
caractère aristocratique.
288
L’église attend encore sa monographie et exige une halte
longue, de qui veut analyser les trois époques différentes
qui l’ont marquée; les caractères très personnels de son
porche et de la salle qui le surmonte; la beauté éminente
de son architecture Ă la fois simple et noble; le greffage
d’un style nouveau sur les formes plus archaïques du roman,
et maint détail de chapiteaux, de statues, etc.
L’on distingue aisément le plan : porche ou narthex fermé
avec clochers; trois nefs, divisées en neuf travées; chevet
circulaire; déambulatoire; cinq chapelles absidales en hémi-
cycle. La longueur de l’édifice est de 7
I
mètres, non compris
le porche de 6 mètres de profondeur; sa largeur, de 2
I ;
et
sa hauteur, sous voûte, de 27. L’édifice dévie vers l’est.
Quelles sont les époques principales de la construction ?
Les deux piliers, à l’entrée, que couronnent des chapiteaux
où l’on retrouve, comme à Rieux, à Cambronne, à Breuil-le-
Vert, un cheval, des monstres s’entredévorant, des palmettes
en chevrons, ont une tournure d’archaïsme qui pousserait
Ă les dater de la fin du XI
e
siècle et à les tenir pour un
reste de l’édifice bâti vers
I
08
I
, par Hugues de Dammartin.
Ce seigneur, reconnaissant à l’égard de Dieu et des Saints
qui l’avaient ramené des prisons de la Palestine, après avoir
remis la terre de Bulles, à l’abbaye de Saint-Lucien, avait
donné sans réserve tout ce qu’il possédait à Esserent, église,
terres, bois, prés, vignes, serfs... à l’abbaye de Cluny. C’était
en
I
08
I
.
Le porche fermé qui occupe, selon un système presque
unique dans nos régions, toute la largeur de l’édifice
primitif; la salle ou tribune qui s’étend au-dessus de ce
porche, avec ses dix fenĂŞtres romanes, ses cordons de
palmettes, ses arcs diagonaux d’un caractère fort et sauvage,
dont le tore épais se continue entre des lignes de bâtons
289
rompus et ses chapiteaux où des têtes étranges ont des cailloux
pour
prunelles,
rappelant
Bury,
Cambronne,
Foulangues,
Villers-Saint-Paul; le clocher antérieur
1
avec ses arĂŞtiers ou
étrésillons rigides qui sont retenus par des bagues; cet
ensemble paraît dater du premier quart ou du milieu du
XII
e
siècle.
Le plan général de l’édifice actuel, triple nef, cinq chapelles
absidales, clochers escortant le choeur, selon la tradition
romane, et dressés chacun sur une travée du déambulatoire;
la composition architecturale et la sculpture des chapelles
absidales; la disposition originelle de la galerie ou triforium,
lequel s’ouvrait d’abord dans les combles comme à Saint-
Evremond,
Ă
Cambronne,
etc.,
appartiennent
au
dernier
quart du XII
e
siècle (
II
80 environ). C’est une époque très
considérable de l’architecture de nos pays, à cause des essais
hardis que la passion du beau multipliait, et du soin
extrĂŞme
que l’ouvrier apportait à l’appareil et à la sculpture. Il sera
facile
de
le
constater
dans
ce
merveilleux
monument.
Certains chapiteaux des chapelles sont de véritables chefs-
d’œuvre de goût, d’élégance, d’imagination.
Les six arcs-boutants de l’abside, dit M. Lefèvre-Pontalis,
« doivent avoir été rapportés après coup dans les dernières
« années du XII
e
siècle, en même temps que la chapelle des
« tribunes et la partie droite du sanctuaire ». Les tours,
ajoute le même savant, « ont été élevées aussi vers la fin
« du XII
e
siècle. » La dernière fenĂŞtre, au midi, au-delĂ
du clocher latéral, indique, avec une sorte d’insistance,
l’apparition d’une main nouvelle (
I
205 environ) dans les
travaux.
1
« Au XI
e
et XII
e
siècles, » dit M.
A
nthyme
S
aint
-P
aul
,
« il
y
avait
quatre
«
clochers
aux
églises
de
Saint-Leu-d’Esserent,
cette
dernière
simple
prieuré.
»
« Un seul clocher
Ă
flèche » a écrit depuis M.
G
onse
,
« a été construit.........................................................»
1 9
Avec cette fin du XII
e
siècle ou les débuts du suivant,
l’Ile-de-France surtout est parvenue au sentiment complet
et Ă la possession du beau : le roman que Saint-Evremond,
Senlis, Saint-Leu avaient épuré, assagi, cède la place (avant
1225), sans heurt ni hiatus, aux formes parfaites que l’on
appelle, avec ou sans justesse d’expression,
gothiques.
290
Les
chapiteaux
des
colonnes
monolithes
surtout
qui
soutiennent
le
rond-point
du
chœur,
témoignent
d’une
verve, d’une élégance et d’un faire que l’on ne peut dépasser,
avec leur flore copiée avec un goût exquis sur la nature
et ces têtes d’une vie intense qui semblent nous regarder ;
des arcs de décharge ont été introduits aux galeries pour
leur donner dignité et lumière
1
; le berceau de voûte
1
«
La
disposition
caractéristique
des
fenĂŞtres
qui
éclairent
le
triforium
de
«
Poissy,
nous
la
retrouvons
Ă
Saint-Leu-d’Esserent,
et
on
pouvait
la
remarquer
«
avant
1830
dans
la
chapelle
du
palais
archiépiscopal
de
Sens
:
ces
deux
«
édifices
ont
été
bâtis
dans
la
seconde
moitié
du
XII
e
siècle
».
A
nthyme
S
aint
-P
aul
:
Viollet-le-Duc et son Système,
p. 145.
2 9 1
partagé encore une fois en travées
barlongues,
est d’une
largeur hardie et orné de deux têtes à la rencontre des arcs
diagonaux, comme Ă Saint-Etienne de Beauvais.
A noter encore la composition des fenĂŞtres hautes :
cordons Ă dents de scie ; les contreforts avec leur corniche
à double dentelure, l’ouverture « en fer à cheval » des
arcades intérieures.
La chapelle des fonts avec les symboles des quatre
Evangélistes, est marquée du style du XIV
e
siècle.
L’on remarquera encore, dans cette église, un débris
stupidement
mutilé
du
monument
de
Renaud
de
Dammartin; une statue du patron saint Leu (XIII
e
ou
XIV
e
siècle), laquelle est une des Ĺ“uvres les plus remarÂ
quables que cette époque sans rivale nous ait léguées;
un banc-d’œuvre avec panneaux sculptés où feuilles de
vignes,
chardons,
oiseaux
(XVI
e
siècle);
les
stalles
de
l’époque de Louis XV; l’autel en marbre vert d’Egypte et
en brèche rouge; et quelques pierres tombales de Jehan
le Maistre (1555), de Thibault Benard (1573) et Blanche
Guibillon, sa femme, de dom Hugues de Resniel, prestre
religieux de l’abbaye (1645), de Pierre le Picard (1661), de
Balthazar Lescalopier et Charlotte Germain (1668), de Marc
Anthoine le Quien, chevalier, et Anne Galland (1671).
A côté de l’église, deux portes frappent les yeux du
touriste : l’une, sur la place du Parvis, montre les caractères
du XII
e
siècle : archivoltes à bâtons rompus, se contrariant
avec étoiles ; l’autre, charretière, avoisinée par une poterne
et protégée par deux échauguettes, que portent deux contre-
forts, et par une suite de mâchicoulis et de meurtrières,
système de défense, dit Viollet-le-Duc, « peu fort, mais
«
habilement
conçu
et
d’une
heureuse
proportion
»
(XIV
e
siècle).
Du cloître deux côtés ont survécu, qui indiquent assez le
beau style du commencement du XIII
e
siècle : arcades
géminées en arcs brisés sur bahut, que couronne un oculus ;
supports fleuris.
Ce n’est point l’occasion de narrer l’histoire du prieuré et
de son église ; les noms de ses bienfaiteurs ; les illustres
292
personnages
qui
payaient
la
faveur
d’être
couverts
du
vêtement clunisien avant de mourir et d’être ensépulturés
en ce lieu de prières
1
; sa fortune et les rudes dévastations
des guerres ; l’enseigne du pèlerinage du XIII
e
siècle et le
sceau du monastère ; Massillon faisant là une conférence sur
la sainteté du chrétien.
1
L’auteur de ce
Senlis et les Environs
profite des loisirs que la Providence lui a
faits pour préparer le
Cartulaire du Prieuré.
En face du prieuré et en d’autres endroits du bourg,
maisons en pierre du XVI
e
siècle, de la Guesdière, hôpital...
Sucrerie importante, dirigée par M. Eclancher, maire de
l’endroit. Carrières considérables de MM. Ouachée, Périer-
Borde.
Faut-il rappeler que Saint-Leu s’est appelé
CĂ´te de la
Liberté sur Oise.
C’était la mode de donner de ces noms :
Chantilly,
Champ libre;
Ermenonville,
Jean-Jacques Rousseau;
Saint-Maximin,
Maximum;
Vineuil,
Les
Sans-Culottes
sur
Nonette,
etc.
Villers-sous-Saint-Leu
est tout près, touchant à Boissy.
L’église primitive (XII
e
siècle) montrait une nef solitaire
assez large, un avant-choeur que
domine un clocher carré à flèche
pyramidale et avec dés aux angles
vides et un chœur. Le début du
XIII
e
siècle ajouta le transsept du
nord; le même siècle, à son déclin,
après avoir voûté la nef, ajouta
l’autre transsept, un portail au
midi et une tourelle. Les époques
qui suivirent achevèrent de donner
à l’édifice la forme de T, que
nombre de nos églises ont ainsi
reçue.
Noter
certaines
disposiÂ
tions : façade éclairée haut par une
rose et fermée à la partie inférieure
Ă cause de la route.
A regarder dans l’ornementation
et le mobilier : une Vierge en bois
tenant un cep de vigne et un oiseau que l’Enfant-Dieu
294
veut saisir (XVI
e
siècle); un vitrail représentant le sujet
fréquent de l’arbre de Jessé avec les rois et ancêtres
du Christ, d’une composition pleine de verve et d’une
chaude coloration (XVI
e
siècle); un reste de lutrin de la
même époque, qui a aussi son histoire; une Vierge en
marbre blanc du XVII
e
siècle, malheureusement mutilée;
un
tableau
remarquable,
genre
espagnol,
représentant
l’adoration des bergers, daté de 1651 et portant pour
armoiries, de gueules Ă trois escargots de sable, au ehef
d’azur à une fleur de lys, avec une sirène pour cimier au
casque et cette légende : « Sapiens tacebit usque ad mortem »,
et cette signature sur une cruche SIMICN.
Ce pays a eu entr’autres seigneurs : Raoul de Villers-
sous-Saint-Leu, seigneur aussi de Verneuil (1228), lequel
portait un écusson à un sautoir cantonné de quatre fleurs
de lys, et Eudes (1259); Jean de Herlant, écuyer (1506-
1539); les Mascranny, vers 1711.
Saint-Maximin
est célèbre pour ses carrières de pierres,
qu’exploitent
MM.
Civet,
Leblanc,
Ouachée,
Périer-Borde
et la Compagnie du chemin de fer du Nord.
L’église n’est point sans intérêt ni charme poétique. La
façade, qui a été surhaussée, est ouverte d’une façon austère
par une baie cintrée et, au-dessous, par un portail ainsi
composé : piédroits en recul soutenant un linteau en forme de
mître et un tympan en cintre, cordon dont deux lignes de
pointes de diamant forment le relief. Ce système d’ornemenÂ
tation quelque peu rudimentaire apparaît encore aux tailloirs
de
l’avant-chœur,
sur
lesquels
une
alternance
de
trous
triangulaires accuse le XI
e
siècle. C’est aussi à la même époque
que j’oserais attribuer la
tour
du clocher : que l’on étudie
plutôt la baie inférieure que coiffe un sommier monolithe
295
Ă claveau
x simulés,
le double
étage de ces ouïes percés
deux Ă deux sur chaque
face, les chapiteaux Ă tailÂ
loirs
massifs,
Ă
volutes
épaisses, à gaines de feuilles
étroites, et ces cordons de
billettes, etc. C’est à une
seconde main du milieu du
XII
e
qu’il convient d’attri-
buer ces piles qui séparent
la grande nef de la basse-
nef du midi ; le chœur carré
avec son reste de larmier
du midi, et la pyramide du
clocher avec les dés qui
couvrent les angles et les
boudins qui, aux arĂŞtiers,
donnent de la fermetĂ© Ă
sa silhouette. Le reste de
l’édifice
appartient
aux
XIII', XV
e
et XVI
e
siècles.
Une clef de voĂ»te, Ă
la
chapelle
Sainte-Barbe,
montre cet écusson :
La dalle funéraire adossée au mur
de la même chapelle a été, par une
dérision du sort, à peu près usée par
les pieds des fidèles et la pierre ponce
des ouvriers. On y lira encore en
caractères gothiques : « [Cy gist dame]
« Claude de Villers, dame de haulte
296
« fontaine en son vivant femme de messire Philippes de
« Suze chevalier seigneur de Laversines et Coye l’un des
« cent gentils hommes de la maison du Roy, lieutenant
« du gouverneur de l’Isle de France, laquelle trespassa le
« premier iour de Ianvier l’an mil cinq cens quarante
« deuz. »
Une architecture avec colonnes, arabesques, vases, etc.,
encadrait la représentation de la défunte.
C’est pour cette comtesse de Suze, on le sait, que
François I
er
avait fait disposer le château de
Laversines.
Mais
« tout à la fin suze », comme il était écrit au-dessus de
l’entrée, « nous et nos œuvres ». Le château de Laversines,
rebâti à grands frais sur un autre emplacement par M. le baron
Gustave de Rothschild, domine le cours de l’Oise. Là ,
terrasse d’un grand style, carrières aménagées en ravins
pittoresques, tableaux de Holbein, Murillo, Guardi, Watteau,
Dupré, Bonnat.
VIII
DE SENLIS A COYE, MORTEFONTAINE,
PLAILLY, ETC.
Derrière
l’Hôpital Général,
la route de Compiègne à Paris
domine
une
courte
plaine
oĂą
une
chaussée
antique,
chaussée de
Reims
ou du
Sacre,
large encore et pittoresque,
montre ça et là quelques restes de ses vigoureux empierre-
ments (mézière, maceria); à gauche est le chemin de
la
Muette.
Voici bientôt l’un des cantons survivants de cette forêt
immense, que les Gaulois désignaient sous le nom de
Coat,
Cot,
laquelle protégeait de ses ombres redoutables le culte
et l’indépendance de maintes tribus des Suessiones, des
Meldois et des Sylvanectes, depuis les frontières des Bello-
vaques jusqu’au territoire des Parisii. Vous trouverez, dans
les fossés qui la limitent ici, quelques bornes de ses posses-
seurs d’autrefois : la Vierge du Chapitre de Notre-Dame de
Senlis et l’écusson des Montmorency.
A droite, au carrefour Saint-Jean, un layon conduit au
carrefour Notre-Dame, au poteau des Bruyères, au carrefour
298
du Mira, à la Table, et aux quatre étangs célèbres, que
forment, à Comelle, les eaux pures de la Thève. Un rendez-
vous de chasse, appelé
Château de la Reine Blanche,
bâti en
1846, marque, dit-on, l’emplacement d’un manoir féodal
très ancien des Bouteillers. Le viaduc du chemin de fer jette,
à 39 mètres de hauteur, la hardiesse de ses arches par
dessus le calme frais et poétique de la vallée.
299
En descendant la Thève, nous atteignons vite
Coye,
dont
le nom original et moqueur a inspirĂ© des variations Ă©tymoÂ
logiques d’une étrangeté excessive. Guillaume de Dormans,
archevêque de Sens, y possédait, en 1393, un hôtel. Le
président Rose, « secrétaire intime du Roy », en fut
seigneur.
A Coye, église neuve, centre d’une association de Notre-
300
Dame de la Jeunesse, fondée en
I
866 par un saint prĂŞtre,
l’abbé Delachapelle.
A la gauche du plateau qui s’étend de Comelle vers
Orry-la-Ville,
le
curieux
visitera
le
prieuré,
aujourd’hui
maison de garde, dont les chartes font mention dès
II
7
I
,
et surtout la
Lanterne des Morts,
monument unique dans le
nord de la France. Sur un soubassement carré où sept
arcades en arc brisé laissent ramper un jour mystérieux,
s’élève une pyramide dont le sommet, ouvert par deux rangs
de baies rectangulaires, était couronné probablement d’une
sorte de clocheton ajourĂ©. L’on Ă©tudiera de ces lanternes Ă
l’église d’Ayen (on vient de la détruire), au cimetière de
Fenioux, XII
e
siècle (Charente-Inférieure), à Montmorillon.
La forme des arcades Ă Comelle, le chanfrein des angles et
le cordon en têtes de clous conseillent d’attribuer cette
lanterne aux débuts du XIII
e
siècle. M. J. Gérin a décrit dans
le
Bulletin du Comité archéologique
les carreaux émaillés
et le sceau du
lanternier :
« S’ lanternarii », trouvés là .
Le
Musée
du
mĂŞme
Comité
possède
un
reste
de
tombeau gallo-romain qui provient de Comelle et montre
deux paons, symboles de la résurrection, escortant le chrisma
Mais revenons Ă notre carrefour Saint-Jean et suivons la
grand’route. Le calvaire érigé à gauche qui dessine sa
silhouette suppliante sur un fonds d’arbres, rappelle un
assassinat du 3 mars
I
8
I
7.
Voici
Pontarmé, pont d’Hermier, pons Hermeri,
nom qui
évoque le souvenir de quelque châtelain ou seigneur du
Moyen-Age,
Hermier
de
Montmélian
peut-ĂŞtre
(
II
40-
II
57).
Le château-fort, qui commandait le passage de la route
30
i
primitive, a été détruit à la première moitié du XV
e
siècle
(1431), comme Montlévêque, la tour de Chaâlis, le Plessis-
Chamant. Il en est demeuré, comme un souvenir, le manoir
carré que vous apercevez à cinquante mètres à votre droite,
entouré encore de ses fossés et digne d’une halte pour
plusieurs de ses détails, logettes de garde, cheminée...
Eglise presque entièrement moderne et dénuée d’intérêt.
Tableau du Christ montrant son cœur sacré, par Paul Leroy.
A l’extrémité du village on voyait, il y a peu d’années, les
restes d’une
ministrerie
ou prieuré de Trinitaires dépendant
de l’abbaye de Cerfroid, laquelle avait été fondée en 1216 par
Geoffroy l’Eschans, seigneur de Survilliers, et enrichie des
libéralités de Jeanne de Beaumont, etc. Afforty a consigné la
liste des ministres de Pontarmé et le sceau de Jacques de
Bar-sur-Seine (1362); mais je ne puis mieux faire que
renvoyer ici mon lecteur Ă la monographie de mon cher
président, M. Ern. Dupuis : «
La seigneurie et le village de
Pontarmé
». Il me permettra de le saluer en passant, comme
l’un de ces citoyens qui consacrent leur vie à poursuivre
l’avantage général, sans faste ni recherche d’une popularité
tapageuse.
Gérard de Nerval a recueilli ou imaginé sur Pontarmé une
légende : « La fille du Sire de Pontarmé, éprise du beau
« Lautrec et enfermée sept ans par son père, après quoi elle
« meurt et le chevalier, revenant de la croisade, fait
« découdre, avec un couteau d’or fin, le linceuil de fine
« toile; elle ressuscite, mais ce n’est qu’une goule affamée
« de sang........ ». Jeu étrange et macabre d’une imagination
irritée et d’un cœur sceptique.
Tournons à gauche, en longeant la Thève; les belles
ruines qui dressent, à l’extrémité de cette place plantée
évêques de Beauvais, grâce à une donation de Renaud de
Nanteuil, en
I
279, ayant subi les dévastations des Jacques,
agréablement.
Au-
tour, la Thève ali-
mentait des fossés
larges,
au
milieu
d’un paysage plus
propre Ă la chasse
qu’aux revenus de
la culture.
Le
château,
qui appartint aux
Bouteillers,
aux
Beaumont, Ă Jean
de Tilly, puis aux
302
d’ormes, leurs arceaux à demi-rompus, leurs baies élégam-
ment austères du XIII
e
siècle,
sont un reste du château de
Thiers.
Il affectait la forme d’un
parallélogramme
irrégulier
de
70 mètres environ de face; neuf
tours robustes, dont deux cam-
pées de chaque côté de la porte,
défendaient
les
courtines
et
l’entrée ; la construction, en
pierres d’appareil, dont un blo-
cage solide remplissait les vides,
reposait sur des grès. La tour
du sud-est, où était logée la
chapelle, recevait la lumière du
dehors par une baie en tiers-point Ă quadrilobe, que des
colonnettes avec chapiteaux en volutes encadrent encore
3 0 3
ne fut point jugé d’une importance stratégique assez consi-
dérable pour mériter d’être réparé.
Il existait déjà en
I
200, à Thiers, une chapelle « de buxo,
« du buis » ou de Sainte-Geneviève. La bienheureuse a
gardé son culte à l’église paroissiale, qui fut reconstruite en
I
473, sous son vocable ancien de Saint-Martin, le grand
thaumaturge des Gaules.
Le paysage qui suit offre une diversité d’aspects dont il
n’est pas besoin d’indiquer les charmes :
Neufmoulin,
avec
ses eaux et ses ruines désolées; les routes sablonneuses,
avec les vastes grès qui sont épars sous les futaies de chênes
ou de bouleaux; les prairies, avec les nombreux troupeaux
de
bœufs
qui
dorment
nonchalamment
dans
l’herbe
épaisse.
Mortefontaine,
de
Mortuo fonte
(
I
230), est situé dans la
vallĂ©e de la Thève, heureuse rivière qui prend sa source Ă
l’hermitage de Saint-Sulpice, traverse les lacs de l’Epine,
passe à Thiers et Pontarmé, alimente les étangs de Comelle
et, après avoir arrosé Coye, va se jeter dans l’Oise, à l’ombre
de l’abbaye célèbre de Royaumont.
Depuis l’époque où le couvent voisin de Chaâlis reçut de
la libéralité de Louis VII la propriété de Mortefontaine, que
de noms divers et contrastants ont été associés à l’histoire
de ce domaine ! C’est Raoul dit l’Anglois (
I
205 environ);
Guy et Reginald le Rigide, chevalier (
I
230); Gérard (
I
242);
Robert
(
I
3
I
8),
et moins
anciennement
F.
Pinon (
I
539);
Guillaume Rebours (
I
572) ; François Hotman, le président
Jacques le Coigneux, le Mairat de Verville, etc.
Après eux, c’est Jacques Le Pelletier qui commença Ă
rehausser, s’il est possible, la beauté du site par le génie
dĂ©coratif des dessinateurs de jardins, obĂ©issant volontiers Ă
son goût de dépenses artistiques et aux excitations de son
ami Buffon ; le banquier Durnay qui « y mêla » dit
M. Occident dans son style ampoulé, « les eaux de son
« Pactole à celles de la Thève, » jusqu’à ce qu’il allât
mourir sur l’échafaud en
I
794; Joseph Bonaparte, le futur
roi de Naples, lequel y consacra une partie des dépouilles
de l’Espagne, et a laissé, dans cette retraite qu’il aimait fort,
la réputation d’un prince bon, spirituel, adonné aux labeurs
de l’esprit, tandis que sa femme, M
me
de Survilliers, était
« un ange de bonté
1
» ; le prince de Condé, la baronne de
Feuchère et M
me
Corbin, née Tanaron.
Aujourd’hui cette propriété pittoresque et séduisante, où
tant de poètes, de peintres, de politiques, sont venus
soupirer,
quĂŞter
des
inspirations
et
faire
diversion
aux
remords des affaires, est partagée en deux : d’un côté à l’est
château et parc de Mortefontaine ; de l’autre, le château
neuf et parc dit de Vallière, qui appartient au duc et à la
duchesse de Grammont.
Le château de
Mortefontaine
montrait une orangerie oĂą
Joseph
Bonaparte
servit,
le
3
octobre
I
800,
un
repas
somptueux aux envoyés des Etats-Unis, parmi lesquels était
Franklin.
Pour le parc de
Vallière,
si vous obtenez la faveur de
parcourir
ses
sites
incomparables,
vous
pourrez
suivre
l’itinéraire suivant : le
pont Colbert,
d’où vous apercevez le
rocher;
la
baraque du pĂŞcheur ;
le
lac de Vallière ;
la
fontaine
Claudine;
la
tour Duboscq,
d’où l’on jouit d’un horizon
immense, et le
pont sec;
le
pavillon Vallière :
ce pavillon,
reconstruit en
I
803, est célèbre par la paix d’Amiens, dont
304
1
Voir
Mémoires de la duchesse d’Abrantès.
3 0 5
les préliminaires furent arrêtés à l’une de ses fenêtres ; le
rocher qui porte ce vers de Delille :
« Sa masse indestructible a fatigué le temps » ;
l’étang de
l’Epine
avec son
île d’Amour;
la grande île
Molton,
où certaines ruines paraissent à plus d’un les souvenirs d’un
château de Philippe-Auguste; le désert de
Sainte-Marguerite
des Grez; Charlepont,
où Charles VI, dit-on, fit bâtir un
pavillon de chasse; le pont de la
Ramée;
la route de
Neufmoulin, tout près de laquelle se dresse la tour de la
Roche pauvre ;
le lac de la
Grange.
Il ne sera pas nécessaire de faire une tournée aussi consi-
dérable pour apprécier les contrastes que présentent à l’œil
ces sites délicieux, ces eaux pures où des grès gigantesques
étalent leurs croupes, ces plateaux abrupts où des arbres
résineux dressent leurs troncs rougeâtres, les sommets sacrés
de Sainte-Marguerite, d’où l’œil des pèlerins bondit à l’aise
de sommets en sommets jusqu’à Saint-Christophe et
Aumont. Bref, l’art n’a pas traité, comme à Versailles, avec
une nature ingrate.
Le naturaliste trouvera à étudier fougères, mousses,
lichens...
On voit dans le pays une fontaine que Joseph Bonaparte
a fait construire avec des vers :
« Des bords fleuris où j’aimais à répandre »,
que l’on déchiffrera aisément.
Les hôtels de Mortefontaine n’ont pas besoin de réclames
et sont assez connus des peintres, qui ont laissé plus d’une
illustration sur les murs de leurs salles Ă manger, des
littérateurs, voire des gouvernants.
L’église du pays détonne, hélas! par sa vulgarité
architecturale dans ce milieu de poésie puissante et de
20
3 0 6
constructions
ruineuses.
Mortefontaine
a
été
érigée
en
paroisse en I276. D’où viennent les débris de statues qui
se dissimulent sous le lierre à la porte du pauvre édifice ?
Au cimetière, le tombeau de M. Tanaron représente un
cercueil « recouvert d’un suaire en marbre blanc dont la
« draperie et la plissure », dit un excellent homme et naïf
écrivain, « est un chef-d’œuvre ».
La chapelle
Sainte-Marguerite-des-Grès,
laquelle se dresse
solitaire au milieu d’une nature sauvage et pittoresque, fut
relevée en I853 par M. Corbin, pour accomplir un vœu de sa
femme.
La tradition rapporte qu’un certain grès, creusé par la
désagrégation de son sable, a fourni jadis un abri et une
couche assez incommode, du reste, Ă une vierge qui vivait
en cet endroit. Certaines femmes mĂŞme emportent du sable
de cet abri et l’avalent dans de l’eau en certaines occurrences.
Quoi qu’il en soit de ces légendes et de ces remèdes, nous
savons que dès l’année II46, la reine Adélaïde donnait par
une charte datée de Senlis, la chapelle Sainte-Marguerite et
le lieu dit Charlepont à l’abbaye de Chaâlis.
Oserai-je
signaler
aux
amateurs
de
littérature
naĂŻve,
l'
Ancien Chant populaire en l’honneur de Sainte Marguerite-des-
Grès :
« ... De la ville d’Antioche
« Née native elle était, etc... »
Le château ou donjon de
Montmélian
était merveilleuse-
ment
dressé
sur
cette montagne de gypse qui s’élève
« à 6o mètres au-dessus de la flèche de Senlis ». De son
sommet l’œil embrasse un panorama infini, des bords mon-
tagneux de l’Oise aux rives boisées de la Marne, des collines
qui ondulent derrière Paris aux premiers plis de la forêt de
Compiègne. Du château, il ne reste aujourd’hui que les
fossés, à demi comblés par une végétation capricieuse de
laquelle l’imagination aime à voir surgir les fières figures
casquées des Calletot, des d’Orgemont.
Quelle est l’étymologie de l’appellation
Montmélian ?
Malgré les séductions de cette chasse aux mots, nous
ne suivrons pas l’illustre Suger lorsqu’il dit : Montmélian,
« quasi mons medii », comme un mont intermédiaire,
placé entre les Parisiens, les Sylvanectes et les Meldois. Il
est probable que les peuples, dits préhistoriques, et les races
qui suivirent, eurent soin d’occuper un endroit si avanÂ
tageux pour la défense et la lutte : « Mons mesleiæ ».
L’abbé Lebeuf pense que les Romains y avaient bâti un
temple en l’honneur de Mercure, lequel aurait été honoré
chez les Bellovaques sous le nom de
Milius
ou
Mélandus,
et
même que c’était là que se dressait, dominant le pays, l’idole
dont il est fait mention dans les actes de saint Rieul, d’où
Mons Meliani
(1205),
Mons Milianus
(1242).
Quoi qu’il en soit de cette étymologie, j’espère que Dieu
et les événements me laisseront assez de loisir digne pour
traiter plus au long de Montmélian et payer ainsi quelque
peu l’hospitalité véritablement antique que le chanoine
Brettes m’a fait goûter dans son ermitage de paix et d’études.
Montmélian, dont le moine Aimoin rapporte que « le
« roi Philippe, fils de Robert, en fortifia la forteresse contre
« Hugues, comte de Dammartin », après avoir appartenu
par échange à Richard de Vernon, aux Calletot et aux
Bouteillers, aux moines de Saint-Denis, d’Argenteuil et de
Chaâlis, suivit le sort des domaines de Mortefontaine et
de Plailly.
Le curieux qui escalade le sentier raide et tortueux de la
butte, a l’œil vite saisi par cet édifice solitaire dont les pans
3 0 7
308
de murs épais continuent d’enlever sur le fond du ciel, leur
masse et leurs baies d un style ferme et distingué. Ce reste
du prieuré du XII
e
ou XIII
e
siècle vaut bien une visite.
Façade principale de vingt mètres environ; tour cylindrique
à 1 angle de gauche, abritant un escalier intérieur; triple
etage dont les voûtes effondrees laissent voir librement des
cheminées, des baies géminées en tiers-point inscrites dans
un plein-cintre, avec meneaux Ă renflement et orifice pour
verrous, des bancs en pierre de chaque côté des fenêtres.
Montmélian est demeuré le centre d’un pieux pèlerinage.
La chapelle, due au talent d un maître, a remplacé, par
les lignes sveltes de son architecture, charpente élégante,
sculpture bien traitée, etc., la forteresse impérieuse du
castrum... La petite place aux arbres maigres, qui sert
d’atrium à la chapelle, est couverte, à la fête de la
Nativité delà Vierge, d’un nombreux concours. Je me rappelle
encore
1
abbé Lecot, maintenant cardinal, distribuant à cette
foule les ardeurs de son zèle, et se reposant ensuite des
fatigues de la parole en collectionnant les espèces variées
des fougères du pays.
Sur le versant méridional de la butte est la chapelle, lieu
de pèlerinage aussi, de
Saint-Vit
(Seine-et-Oise). Ce petit
édifice m a arrêté par quelques colonnes étranges du
XII
e
siècle.
Plailly, Plaliacum
(i 163), n’est guère distant de Montmélian
que d’une demi-lieue qui est abrégée encore par le charme
poétique du paysage et les sources qui sortent de partout du
milieu des bois et des fleurs.
L église est fort remarquable. Elle appartient à plusieurs
époques distinctes. La façade, qui est d’une composition
simple, d’une proportion parfaite, d’un appareil et d’une
sculpture soignés, l’ensemble des cinq travées de la net avec
ses piliers monocylindriques que
couronnent des chapiteaux grasseÂ
ment traités et chargés de feuilles
enroulées, accusent le XII
e
siècle
arrivé déjà à la sagesse de son
art et éminemment décoratif; le
transsept dilaté en un chœur triple
a été bâti en un style très élégant,
au début du XIII
e
siècle, et subsÂ
tituĂ© Ă trois absides moins imporÂ
tantes; le clocher qui part du bras
de croix du midi porte les marques
de la double architecture que nous
venons d’indiquer : du XII
e
siècle, au larmier en plate-bande
interrompue par des modillons carrés, et du siècle suivant
à la pyramide, laquelle est percée
de baies allongées à crochets
intérieurs et d’oculus à lobes, et
ornée, à ses rampants, de rinceaux
adossés. Le voûtage des nefs est
dĂ» aux XV
e
et XVI
e
siècles
surtout.
L’on notera en dehors de l’édifice la belle façade de l’est,
certains modillons au larmier du chœur, lesquels trahissent
une influence bourguignonne.
Au dedans, que de détails à souligner ! Une belle église,
c’est un livre de pierre dont les feuillets sont chargés
d’idées et d’énigmes saintes. Des baies en plein-cintre,
dont l’imposte reposait sur une moulure finement tracée
(plate-bande, quart de rond et boudin), chevauchaient primiÂ
tivement, Ă une assez grande hauteur, les piliers de la nef :
309
3Io
un cordon ou bandeau d’un beau profil se continuait le long
des murs supérieurs pour couper la monotonie des assises ;
la voûte actuelle de la grande nef est une addition malheu-
reuse qui a surchargé et rejeté dehors les piles antiques,
en même temps qu’elle ôtait de l’élévation et de la noblesse
à l’architecture; toute cette surface était couverte de deux
couches diverses de badigeon, comme il est aisé de le voir
dans les combles actuels : la couche la plus ancienne était
jaune-biche avec lignes d’appareil blanc; la couche super-
posée était blanc-jaune avec lignes d’appareils et de claveaux
rouge-brique plus distancées.
Les clefs de voûte des basses-nefs, lesquelles étaient
voûtées en bardeaux primitivement, portent des armoiries :
l’une fascée de [or et de sinople] à 6 pièces, qui est de
Crussol; l’autre fascée lozangée de... et de... à 6 pièces, qui
est...
311
Des croix de consécration des XV
e
et XVI
e
siècles, où des
apôtres d’un dessin et d’un faire très noble et religieux,
barbe pendante et yeux doucement ouverts, soutiennent
une croix simple, rappellent ce passage de l’Apocalypse :
« L’Eglise repose sur les douze apôtres comme sur douze
« fondements
1
. »
Fonts du style de la Renaissance avec cartouches.
Quels sont les grands seigneurs qui ont aidé à l’œuvre de
l’église? Peut-être Amaury de Plailly (II96), Jean (I232) et
Guillaume de Vernon, son frère, seigneurs de Plailly.
Le château de
Bertrandfosse, Bertrandi fossa,
grand édifice
rectangulaire, flanqué de quatre tourelles et orné de hautes
lucarnes Ă clochetons du XV
e
ou XVI
e
siècle, est regardé
comme le fief principal de la noble famille des Plailly,
laquelle a fourni, entr’autres personnages de marque : Gui
de Plailly, chevalier, auquel on doit la fondation de la
paroisse de Mortefontaine avant I276; Gui IV de Plailly,
évêque de Senlis (I308...) et Robert, archidiacre, son frère;
Raoul, aussi évêque de Senlis (I343); Richard de Lallier,
écuyer, capitaine d’Ermenonville, seigneur de Bertrandfosse,
marié à Agnès de Bertrandfosse, dite de Plailly (I428); les
le Rebours, qui portaient de gueules à sept losanges d’argent,
3, 3 et I, etc. Ce château est habité aujourd’hui par le très
hospitalier M. Paulmier.
L’histoire des arts industriels fournit cette indication :
HVGO DE PLALIACO ME FECIT « Hugues de Plailly
«
m’a fait », que portent les tombes de métal du XIII
e
siècle
de Isburge ou Isenburge à Corbeil, et de Barthélemy de Roye,
fondateur de l’abbaye de Joyenval.
1
Sic
Ă Thury-en-Valois, Ă Champagne (Seine-et-Oise).
Une voiture fait le service de Mortefontaine, Plailly,
Survilliers. A
Survilliers,
qui n’appartient plus à notre
département, église des XV
e
et XVI
e
siècles.' Un vitrail
intéressant, mais incomplet (XVI
e
siècle), représente la scène
de la Transfiguration : le peintre verrier a traduit par une
coloration jaune étrange, le texte : « Le visage » du Christ
« devint brillant comme le soleil ».
Nous avons plus d’une fois salué le nom du Seigneur de
Survilliers, « Renaud Clugnet li Eschans, chevalier »,
lequel portait sur son écu a une croix cantonnée de douze
« merlettes, trois à chaque canton », XIV
e
siècle.
Avant d’atteindre La Chapelle, nous apercevons sur la
gauche
Orry, Oiri
(1097),
Oiriacum
(1126-1182),
Oriacum
(1203),
Ouri
(1227), Orry-la-Ville, pour distinguer l’aggloÂ
mération des maisons du village, du château qui s’élevait
près La Chapelle.
L’église d’Orry, du même style que Fosses, dresse une
façade érasée mais d’une très agréable composition du
milieu du XII
e
siècle; une nef à quatre travées avec bras de
croix dont l’un primitif; un choeur en hémicycle avec trois
baies en plein-cintre et voûte en cul-de-four que soutiennent
quatre arcs rayonnants dont le tore repose sur des chapiteaux
d’un beau style romano-fleuri.
A noter la pile massive et le contrefort qui contrebutent
la poussée des voûtes du chœur, système archaïque et
conseillé par un art encore inexpérimenté et défiant, que l’on
retrouvera à Saint-Léger-aux-Bois et à Saint-Pierre de
Rethondes.
L’on n’oubliera point non plus de regarder un autel en
pierre du XIII
e
siècle, formé d’une table à chanfrein et de
deux piliers dont la coupe carrée passe à l’octogone par des
312
chanfreins aigus; une Vierge du XIV
e
siècle, assez vulgaire
de physionomie mais bien drapée, laquelle porte sur un
bras l’Enfant maître du monde, comme le témoigne la boule
ou sphère qu’il soutient, et présente par un mouvement de
l’autre bras une marguerite ou un lys développé; un petit
rétable en bois style Henri IV, où un sculpteur d’un talent
vulgaire et lourd a placé la triple scène de la Flagellation,
de la Crucifixion et de la Résurrection; deux pierres tom-
bales qui portent, l’une : « Charles Lavier menusier ordi-
« naire des batiments du Roy et maistre menusier à Paris,
« natif de ce lieu », et l’autre : « Jean Baptiste Mathas,
« greffier et tabellion du marquisat de Montmélian, Plailly,
«
Mortefontaine et autres lieux, I6 août I669 ».
«
Il existe, » dit Graves, « des monnaies frappées à Orry,
« métairie ou villa royale, que la veuve d’Henri I
er
, Adélaïde,
«
donna à l’abbaye de Saint-Remy de Senlis, d’où elle passa
«
au chapitre de Notre-Dame. »
La Chapelle-en-Serval, Capella
(II82),
Capella in Sylvanec-
tensi
(I233), rappelle « ce pagus ou pays appelé le Servais »,
dont Survilliers formait comme le chef-lieu « entre Saint-
« Witz, Vémars, Fosse, Orry et la Thève. »
A droite de la rue principale, restes de la grange dîme-
resse de Saint-Georges (XIII
e
siècle).
Eglise des XIV
e
, XVI
e
et XVII
e
siècles (I685), d’un intérêt
archéologique ou artistique à peu près nul. L’on y remar-
quera la litre seigneuriale ou bande funèbre du président de
Brion, d’azur à deux oiseaux de sable perchés sur un
croissant surmonté de trois étoiles d’or en fasce, avec deux
ours pour support; une plaque en marbre noir des d’Outre-
leau, « ultra aquam », avec les insignes ou emblêmes
héraldiques des maîtres de poste : une botte éperonnée et
3I3
3I4
une ancre, le tout surmonté de trois étoiles. Pour le dire en
passant, ce nom
ultra aquam,
que nous trouvons dès le
milieu du XIV
e
siècle, « Robertus ultra aquam » (I354),
indique peut-ĂŞtre une origine lombarde ou sicilienne.
La Chapelle a eu entr’autres seigneurs : Gui III le
Bouteiller, qui donna, vers II87, La Chapelle et Orry au
chapitre de Notre-Dame de Senlis, à la condition que l’on y
ferait l’anniversaire funèbre de Pierre l’Hermite, son frère,
archidiacre de Soissons, qui avait possédé ces terres; François
Juvénal des Ursins, marquis de Trainel, d’une famille
originaire de Troyes, mariée à Anne l’Orfèvre; la marquise
de Cotentin, dame d’Orry et de La Chapelle (I722); les
Franclieu.
Il existait tout près, dans ces terres Ă demi boisĂ©es, Ă
gauche, un village nommé
Geni
(I253) : il n’en est demeuré
qu’un vague souvenir.
La Chapelle-en-Serval a fourni aux esprits qui sont en
peine d’étudier sur le vif cette chose attristante que l’on
désigne du nom de philosophie de l’histoire, plus d’un
exemple des vicissitudes humaines, réussites inouïes,
chutes semblables, adulations serviles des courtisans de la
fortune, ingratitudes des obligés d’autrefois...
3I5
T A B L E
D E S
PRINCIPAUX NOMS DE RUES, PLACES ET MONUMENTS
DE SENLIS,
DE PAYS, DE PERSONNAGES, ETC.,
QUI SONT INDIQUÉS DANS CE GUIDE.
(N
ota
.
•— Les noms inscrits en majuscules désignent les monuments d’un intérêt
plus considérable. — L’astérisque * renvoie aux Excursions.)
Afforty.....................................
Aiguillière (Porte et Rue)
* Apremont............................
A
rènes
............................. 97
Armoiries et Couleurs de S.
Arquebusiers...........................
Artistes et Ouvriers plus
dignes d’être nommés :
Cambiche,
Cave,
Di-
zieult, Hazard, le Riche,
Lescot, Ménard, Nicole,
Romain,
les
Souldoier,
le père Ursin,
I
5,
I
6,
I
8, 2
I
, 34
*
Auger-Saint-Vincent.
.
Aulas de la Bruyère . . .
* Aumont...............................
* Avilly...................................
* Balagny-sur-Aunette. .
7
88
250
272
6 7
I
00
73
I
85
65
232
277
208
* Barbery................................
* Baron...................................
BaumĂ©, chimiste, nĂ© Ă
Senlis..................................
* Beaurepaire.........................
Beauvais (Rue de). . . .
Beffroy.....................................
Bellon (Porte et Rue). 8
Bigude.....................................
Billon (Attentat de). . .
Blache......................................
* Boasne ................................
Bonaparte...............................
Bon-Secours............................
* Borest..................................
Bouteiller (Les) de Senlis,
et
passim
* Brasseuse............................
*
B
ray
.............................................
I
7 7
I
66
7 4
239
9 5
I
2
23
I
23
6 5
7
I
I
82
205
I
2 2
I
72
9 5
2
I
4
I
9 9
3
i
8
Brosse (de)................................. 270
Evêché et Evêques (Voir
* Canneville.............................. 256
Capucins....................................
I
22
Fausse Porte (Voir Chan-
Carmes.......................................
I
06
cellerie).
.................................
38 * Fleurines................................... 233
* Chamant................................ 202 * Fontaine-l.-Corps-Nuds
I
I
............................. 280 * Fosses........................................ 312
4 * Fourcheret................................
I
C
hateau
royal de Senlis.
82 Four-Saint-Aignan (Rue
du)...........................................
* Chavercy................................
Senlis...................................... 5
I
Guilleville (de).................. .......
Cimetière...................................
C
ité
(Murs de la). . . .
2
I
Halles au blé, aux mer-
I
I
mes sacrés............................
96 Hôpital général ou Saint-
93 Lazare......................................
Cordeliers..................................
HĂ´tel-de-Ville..............................
............................. 274 H
I
* Coye....................................... 299
* Huleu. . . . . . . . .. . . . . . . . . .
I
Creil (Place de)..........................
* Ivillers....................................... 229
I
* Ducy......................................
I
Jaulnay........................................
I
I
6 Jolly (Jacques).............................
* Eve.........................................
I
3
I
9
Licorne.....................................
Lombards (Voir Saint-Hi-
laire).
* Luat......................................
* Malassise.............................
Mesmes (de)........................... 25
* Montlévêque . 27,
I
29
* Montlognon........................
* Montmélian........................ 306
Moru......................................... 247
Moulins............................ 59
Musée.......................................
* Ognon.................................. 2
* Orry...................................... 3
Paris (Rues Neuve et Vieille
de).............................. 66
Pierre d’Oriol............................
................................. 308
* Pontarmé............................. 300
........................... 240
* P
ont
-S
ainte
-M
axence
. 236
Présentation (Couvent de
la).........................................
Prisons.......................................
passe du).............................
(HĂ´tel).................................
* Raray.................................... 2
.......................... 248
Saint-Aignan (Eglise et
* Saint - Christophe - en -
Halatte................................. 234
Saint-Jean (Rue) . . . .
Saint-Joseph (Rue et PenÂ
sionnat)..............................
S
aint
-L
azare
....................................
* Saint-Léonard . . . .
* Saint-Leu-d’Esserent. .
Saint-Louis (Maison de) .
Saint-Martin (Rue du FauÂ
bourg, etc.) ........................
Saint-Maurice ...
84
* Saint-Maximin . . . .
*
Saint-Nicolas-d’Acy 177
Saint-Pierre
(Eglise),
auÂ
jourd’hui Marché. . .
Saint-Rieul . . . .
77
Saint-Sanctin (Voir Puits).
Saint-Simon (Famille des)
8, 32, 44
* Saint-Sulpice......................
*
S
aint
-V
aast
-
de
-L
ong
Â
mont
............................................
Saint-Vincent
(Ancienne
Abbaye de), aujourd’hui
Collège................................
Sainte-Bathilde
(Chapelle)
Sainte-Geneviève (Rue) .
* S
aintines
......................................
Saintisme-Alargent . . .
Séguin........................ 5, 12
Sièges de Senlis (1589) 98
Singes (Carrefour des). .
* Survilliers . . . . 7 1
* Thiers.....................................302
88 * Thiverny................................260
Tomberet...............................232
294 * Trumilly................................ 189
* Valjenceuse.......................... 130
Vaultier, annaliste de
90 * Ver.......................................... 153
* Verberie.................................223
* Verneuil.................................269
206 * Versigny................................ 162
Villemétrie.............................. 130
* V
illeneuve
-
sur
- V
er
-
122 Villevert.................................. 76 232
272 Voies antiques : aux Che-
9
vaux, des Poissonniers,
312 etc..............................................250 297
320
T A B L E D E S D E S S I N S
Hors texte
: Plan de Senlis..............................................M.
Nouvian.
Id.
Cathédrale de Senlis : Façade du midi.
(Phototypie)
Id. Saint-Leu-d’Esserent : Façade du midi. '
■»
Id.
Senlis : Restes de l’Abbaye de La
VicÂ
toire
M.
Maillard.
Id.
Montépilloy : Ruines de la Tour.
. . M.
Nouvian.
Pages.
1. Armoiries de la Ville de Senlis...................................... M. Nouvian.
2 .
Le reclus Pierre Seguin, d’après un portrait
original qui appartient Ă M. le baron Ed. de
Pontalba.................................................................... M. Maillard.
Pilastre de l’Hôtel des Saint-Simon de Rasse
Enseigne au Carrefour de la Licorne.........................
l’Hôpital Saint-Jean......................................
Pierrot au Tribunal de Senlis, par Couture. .
Niche à l’entrée de la Rue Saint-Jean . . . .
21
3 2 2
25
. Le Chancelier Guérin, d’après un sceau pendant
(XIII
e
siècle).............................................................. M. Maillard.
28. Composition faite de morceaux de sculpture
empruntés au Musée archéologique : Buste
de
Vespasien;
chapiteau
romain;
tombe
provenant de Comelle (IV
e
siècle) ; ex-voto
du
temple
de
Halatte;
sainte
Catherine
(XV
e
siècle)................................................................
30. Cathédrale Notre-Dame : Petite porte à la
grande façade................................................
32. Ibid. Armoiries de Pierre l’Orfèvre.............................. M. Nouvian.
Ibid. Armoiries de Gilles de Saint-Simon . .
Ibid. Fragment d’un vitrail de Jean Souldoier.
39.
Ibid. Bases de colonnes Ă la porte principale .
M. Maillard.
4
I
.
Ibid. Moitié du linteau du même endroit :
Mort de la Vierge et Sacrifice d’Isaac .
Ibid. Piliers à l'entrée de la basse-nef du midi.
43.
Ibid. Ancienne porte latérale, aujourd’hui dans
la chapelle Saint-Joseph.................................
Ibid. Cul-de-lampe, dans la sacristie . . . .
50.
Ibid. Développement d’un chapiteau de la
grande sacristie, représentant la
.........................................................
52.
Armoiries de Guillaume Parvi, prêté par M. C. Fichot.
53.
Marques de tâcheron.................................................... M. Nouvian.
58, 59, 60, 6
I
. Coupes, colonnes, etc., de Saint-
Frambourg, d’après M. J. Puissant . . . .
M. Maillard.
Tour d’escalier de la Maison du Petit-Chaâlis.
70. Cul-de-lampe provenant probablement de
Saint-Maurice, chez M. Gérin..................................
75.
Bordures de vitraux de Notre-Dame (XVI
e
siècle)
M. Nouvian.
84.
Baies au Château (XIII
e
siècle)..................................... M. Maillard.
87. Débris de pierre tumulaire représentant
les
.................................... ... N.
89. Fac-similé d’une pierre encastrée dans le mur
siècle)................................. . N.
93. Clocher de Saint-Aignan (XI
e
siècle). . .
.
M. Maillard.
I
20. Armoiries de l’Abbaye de Saint-Vincent. .
.
M. Nouvian.
I
Marque de Saint-Vincent............................................
I
23. Colonnette, chez M. F. Tattegrain (XII
e
siècle)
M. Maillard.
I
25. Vierge en marbre (XIII
e
siècle) trouvée auprès
de La Victoire..........................................................
29. Montépilloy..................................................................
I
32. Silex taillés, etc., de Villemétrie.................................. M. Nouvian.
I
36. Tombe à Mont-l’Évêque..............................................
I
37. Armoiries des Pontalba...............................................
. Chaâlis : Ruines de l’Abbaye.......................................
I
43. Ib.
Ibid.
.............................. M. Maillard.
I
44,
I
45. Carreaux vernissés provenant de Chaalis.
M. Nouvian.
I
5
I
. Ermenonville : Signature du peintre Ludovicus
Finsonius.................................................................
54. Ver : Colonne et Colonnettes de la nef. . .
I
56. Eve : Colonne.................................................................
I
66. Baron : Boiseries représentant Saint Jean
l’Évangéliste............................................................
I
72. Fourcheret : Façade de la Grange (XIII
I
73 . Borest : Croix de Cimetière (XIII
e
siècle) .
.
M. Maillard.
I
75 . Ib. Gravures dans la pierre au Cachot du
Prieuré
M. Nouvian.
I
76. Poisson au linteau de la porte nord, Ă la
grande façade de Notre-Dame de Senlis.
.
M. Maillard.
I
84. Le Luat : Armoiries des Grouches................................. M. Nouvian.
I
87. Ormoy : Armoiries..................................... . . . N.
3 2 3
324
190. Trumilly : Vierge assise du XIII
e
siècle ... M. Nouvian.
Fonts...................................................
194. Rully : Façade et Clocher............................................... M.
Maillard.
195.
Ib.
Larmier bourguignon.................................. M.
Nouvian.
Ib. Porte bouchée au nord......................................
TĂŞte de femme sur une pierre tombale
196.
Ib.
Pierre tombale du XIV
e
siècle . .
.
M. Maillard.
201.
Armoiries de Nicolas Sanguin................................. M.
Nouvian.
203 . Chamant : Clocher....................................................M.
Nouvian.
213.
Ognon
: Maladrerie aujourd’hui disparue
. .
M. Maillard.
214.
Sceau des Bouteillers............................................... M.
Nouvian.
Raray : Fonts et Sceaux..........................................
Noël-Saint-Martin : Archivolte..............................
220.
Ibid.
Clocher...............................M. Maillard.
Saintines : Donjon..................................................
228.
Croix trouvée à Saint-Vaast-de-Longmont.
.
M. Nouvian.
230.
Villers-Saint-Frambourg : Clocher..........................M.
Maillard.
231.
Sceau des Fontaine...................................................M.
Nouvian.
Aumont : Bornes du Chapitre................................
Saint-Christophe : Plan..........................................
rales ..............................
Armoiries des Luppé-Broglie.................................
240. Pontpoint : Abbaye du Moncel............................
Baiser de paix trouvé à ...............(XVI
siècle)...........................................
Fonts baptismaux...............................
245.
Ibid.
Pierre tombale de Jean le Vennier. N.
246.
Ibid.
Ibid.
de Jeanne Ducreus. N.
249. Fonts sur chapiteau renversé (XIII
e
siècle). . M. Maillard.
25
. Creil : Château et Pont.................................................. . M. Nouvian.
Façade est de Saint-Médard..........................
Armoiries des maréchaux-ferrants .
Chapiteaux de Saint-Evremond ...
258. Montataire : Larmier du XII
259.
Ibid.
Chapiteau oĂą
Chute originelle
d’après un dessin d’Eug. M.
260. Thiverny : Archivoltes du portail, d’après un
dessin du mĂŞme..............................
Ibid. Vitrail de Saint-Leufroid, d’après
un dessin du mĂŞme.........................
262. Nogent-les-Vierges : Sculptures en creux . . »
267. Villers-Saint-Paul : Tombeau de... de Villers,
d’après le Portefeuille Gaignières
269. Verneuil : Chapiteaux de l’avant-chœur.
.
. M. Maillard.
Montlaville........................................
27
. Tête grotesque provenant d’un larmier de
Montataire............................................................... M. Nouvian.
274. Saint-Nicolas : Stalles....................................................
274. Courteuil : Chapiteaux du XIII
e
siècle ...
M. Maillard.
Fonts........................................................
276.
Ibid.
Armoiries des Varoquier. .
.
.
M. Nouvian.
279. Saint-Firmin : Vitraux........................................
282. Chantilly : Façade de la Chapelle, d’après un
dessin obligeamment fourni par
la Direction de
l’Illustration .
.
M. Lepère.
284. Pavé au Musée de Senlis................................................ M. Nouvian.
290. Saint-Leu-d’Esserent: Chapiteaux(1125 env.)
292. Ibid. Porte fortifiée du XIV
siècle.............................
293. Villers-sous-Saint-Leu : Vierge du XVI
295. Saint-Maximin : Clocher et Armoiries de ...
3 2 5
296.
Senlis : Chapiteaux de Notre-Dame...........................M.
Maillard.
298.
Comelle : Château de la Reine Blanche. . . M.
Nouvian.
Lanterne des Morts..........................
302.
Thiers : Baies au Château...........................................M.
Maillard.
Chapiteaux de la nef..........................
309.
Ibid. Larmier au choeur............................................ M. Nouvian.
Fonts..........................
3 1 4 . La Chapelle-en-Serval : Armoiries des d’Ou-
treleau...................... M.
Nouvian.
3 1 5 . Villeneuve-sur-Verberie :
vernissé provenant de Chaâlis . . .
326. Coquemar à deux anses trouvé à Avilly
siècle)..........................
3 2 6