|
Officiellement
créée en 1922,
l'Union soviétique reçut une constitution en 1924.
Le gouvernement du pays fut confié à une direction collégiale
partagée entre un Présidium du Soviet Suprême et le
Conseil des Commissaires du Peuple. Un seul parti politique était
autorisé : le parti communiste. Il tenait les rouages de l'administration
et les organes gouvernementaux. A sa tête se trouvaient le Comité
central et le Bureau politique.
Jusqu'à sa
mort, le 21 janvier 1924,
c'est Lénine qui avait dirigé le pays. Au communisme de guerre
qu'il avait mis en place d'abord, qui avait consisté à étatiser
le commerce et l'industrie et à réquisitionner les productions
agricoles, mais n'avait réussi qu'à susciter une grande famine,
Lénine avait substitué, en 1921,
une Nouvelle politique économique (NEP), qui revenait à réintroduire
provisoirement une économie de marché. Et c'est dans ce contexte
d'apparent retour en arrière, qui allait même faire revenir
en Russie
des sociétés anglaises, allemandes et françaises,
que se déroula une longue crise politique, qui opposa le secrétaire
général du Parti communiste, Joseph Staline et ses partisans,
à Trotski et aux siens. Les succès relatifs de la NEP, après
l'échec du communisme de guerre, confortaient ces derniers dans
l'idée que la révolution dans un seul pays ne pouvait fonctionner,
et qu'il fallait l'internationaliser. Staline au contraire voulait commencer
à construire une société communiste en URSS tout de
suite. Le camp de Staline gagna à la fin, et la NEP fut abandonnée
à partir de 1927.
Trotski, relevé de ses fonctions depuis le début de la crise,
fut exclu du parti, déporté, puis exilé. (Staline
le fera assassiner à Mexico en 1940).
L'ère
stalinienne.
Staline, autocrate
brutal, mais habile à justifier doctrinalement son action va forger
ce qui va devenir et demeurer l'« idéologie soviétique
», bien longtemps encore après sa mort. Aussitôt après
avoir décidé la collectivisation agraire et renationalisé
le commerce et l'industrie, le régime se lança dans une politique
de planification. Un premier plan quinquennal, en 1928,
définit les objectifs de production pour les années suivantes.
Des nouveaux plans lui succédèrent en 1933,
puis en 1939 et permirent pour l'essentiel
la réalisation des objectifs assignés. L'URSS se dota ainsi
en quelques années d'une solide industrie lourde, qui fit de ce
pays si longtemps sous-développé, la troisième puissance
industrielle dans le monde. Elle fit son entrée à la Société
des Nations en 1934, marquant ainsi
sa volonté de peser de tout son poids dans la vie internationale.
Cependant, les campagnes avaient eu à payer très durement
le prix de cette réussite. Une famine, en 1932
et 1933, avait tué six millions
de personnes.
Inaudibles pendant
les premières années de l'ère stalinienne, les dissensions
à l'intérieur de l'appareil d'État éclatèrent
au grand jour à parti de l'assassinat, le 1er
décembre 1934,
de Kirov, un des membres du bureau politique du Parti. Il s'ensuivit une
série de purges et de procès dont seront victimes de nombreuses
figures de la Révolution, que Staline fait accuser de complot. En
1936,
Zinoviev et Kamenev, anciens trotskistes furent fusillés; en 1937,
ce fut au tour du maréchal Toukhatchevski et de sept autres chefs
militaires; En 1938,
Boukharine, vieux compagnon de Lénine, subit le même sort.
Beaucoup d'autres encore furent exécutés ou déportés
en Sibérie .
On estime que sept millions de personnes connurent ainsi le Goulag
(= camps de travail) pendant cette période. Dans le même temps,
en 1936,
une nouvelle constitution est adoptée : elle reconnaît le
suffrage universel, direct et secret, et les libertés essentiels.
Staline n'en était pas à un paradoxe près.
Après n'avoir
cessé de dénoncer le danger que représentaient l'Allemagne
nazie, l'Italie
fasciste et le Japon ,
Staline, conseillé par Viacheslav Molotov, son nouveau ministre
des affaires étrangères, conclut avec Hitler, le 23 août
1939,
un pacte de non-agression, dans le but de retarder une guerre qui apparaît
de plus en plus inévitable. Ce pacte germano-soviétique n'empêcha
pas l'Allemagne de lancer une attaque foudroyante contre l'URSS, le 22
juin 1941
(plan Barbarossa). Complètement dépassée, dans
un premier temps, l'Armée Rouge ne put empêcher les troupes
allemandes de parvenir, à l'automne, à 22 kilomètres
de Moscou. Seules les rigueurs du climat avaient
été alors en mesure de bloquer l'avancée de la Wehrmacht,
et d'en dissoudre complètement la force pendant l'hiver. En mai
1942,
Hitler lança une autre offensive entre Voronej
et Stalingrad (= Volgograd, aujourd'hui).
L'Armée Rouge,
commandée par le général Eremenko, parvint à
stopper devant Stalingrad la VIe armée
allemande, commandée par von Paulus. La ville finira par tomber
l'année suivante. Mais la bataille de Stalingrad n'aura pas été
pour autant une défaite pour les soviétiques. La résistance
de leur armée pendant tout un hiver fut le tournant qui permit à
l'URSS de lancer la contre-offensive, et de ne plus cesser ensuite de reprendre
du terrain sur les troupes allemandes. L'Armée Rouge atteindra même
Berlin (16 avril 1945),
et fera la jonction à Torgau avec l'Amée américaine
le 25 avril. Déjà, les 4-12 février de cette année,
avant même la fin complète de la Guerre, Staline aura pu ainsi
accueillir sur le sol soviétique, à Yalta (Crimée),
les deux autres prochains grands vainqueurs du conflit, Franklin Roosevelt,
le président des États-Unis ,
et Winston Churchill, le premier ministre britannique ,
et discuter d'égal à égal avec eux de leurs futurs
rôles respectifs dans la conduite des affaires du monde, rôles
qui seront ensuite précisés à la conférence
de Potsdam (17
juillet - 2 août 1945).
La Seconde Guerre mondiale avait tué en Union soviétique
25 millions de personnes (la moitié des pertes totales de la guerre),
dont les deux tiers de civils.
-
Le
tombeau du Soldat inconnu, à Moscou. C'est un mémorial
dédié aux soldats soviétiques
tombés
pendant la Seconde Guerre mondiale. Il se trouve dans le jardin Alxendre
aux pieds du
mur
d'enceinte du Kremlin.
La
Guerre froide.
Après la
capitulation de l'Allemagne ,
le 8 mai 1945,
puis celle du Japon ,
le 15 août, il ne restait plus sur la planète que deux
superpuissances qui se faisaient face, les États-Unis
et l'Union soviétique. Pour cette dernière, les bases militaires
que les États-Unis avaient établies au cours du récent
conflit et qu'ils maintenaient en activité, étaient perçues
comme un encerclement et une menace. Pour les États-Unis, il existait
aussi beaucoup de motifs d'inquiétude : la main-mise que l'Union
soviétique opérait sur les pays d'Europe qu'elle avait débarrassé
des nazis (Allemagne de l'Est, Albanie ,
Bulgarie, Hongrie ,
Pologne
Roumanie, Tchécoslovaquie et Yougoslavie); l'expansion du communisme
en Asie, avec la Révolution Chinoise en 1949;
le soutien de l'Union soviétique aux mouvements de libération
pendant cette période de décolonisation, etc. L'opposition
des deux blocs fut consacrée par la formation de deux alliances
militaires : l'OTAN, réunissant dès 1949
les alliés des Américains, et le Pacte de Varsovie ,
ceux des Russes ,
en 1955.
Elle avait pris très tôt une tournure radicale et ponctuée
de nombreuses crises (Blocus de Berlin-Ouest et Guerre de Corée ,
déjà du vivant de Staline). Désignée sous le
nom de Guerre froide, cette confrontation bipolaire allait dominer
les relations internationales pendant presque un demi-siècle.
A la mort de Staline,
le 5 mars 1953,
l'année même où l'Union soviétique fit exploser
sa première bombe atomique, la direction du pays connut quelques
remous, qui connaîtront leur apogée lors de la tenue en février
1956
du XXe congrès du Parti communiste.
A cette occasion, le nouveau secrétaire général du
Parti, Nikita Krouchtchev lut un rapport pour condamner le système
de répression qu'avait mis en place Staline, la bureaucratie, et
le culte de la personnalité qu'il avait organisés. La vieille
garde du Comité central (Chepilov, Kaganovitch, Malenkov, Molotov)
fut limogée. On crut alors à une ouverture du régime.
L'écrasement sanglant du soulèvement de Budapest
( Hongrie ),
en octobre 1956,
qui fit plusieurs milliers de victimes, montra vite les limites de cette
ouverture.
Quant à la
Guerre froide, elle continuait de plus belle. Elle prit un tour particulier
avec la course à l'espace que ce livrèrent l'URSS et les
États-Unis ,
qui était aussi une course aux armements (maîtrise de la technologie
des missiles intercontinentaux) et une entreprise de propagande pour deux
superpuissances qui prétendaient ériger leur système
économique et politique en modèle universel. L'Union soviétique
eut d'abord l'avantage, avec Spoutnik, le premier satellite artificiel
en 1957,
puis avec Youri Gagarine, le premier humain dans l'espace, en 1961.
Le programme lunaire mis en route la même année en Amérique
par Kennedy, et dans lequel se lanceront aussi, mais en secret, les soviétiques,
aura, lui, une issue contraire. En attendant, une crise aiguë éclata
entre les deux camps lors de la construction du mur de Berlin en août
1961,
puis une autre plus grave, en octobre 1962,
au moment où Krouchtchev décida de l'installation à
Cuba
de missiles pointés vers les États-Unis. Mais la crise se
dénoua après seulement quelques jours de tension extrême
et déboucha sur la prise de conscience qu'aucun des deux camps ne
souhaitait l'affrontement direct. A partir de ce moment on envisagea des
discussions visant à obtenir des accords de désarmement (les
premiers, SALT-1, seront signés en 1972).
Ainsi fut inaugurée une période que l'on a appelée
la Détente.
En 1964,
Nikita Krouchtchev, auquel il était notamment reproché des
mauvais résultats économiques, fut limogé et remplacé,
comme secrétaire général du Parti communiste par Léonid
Brejnev, Alexeï Kossyguine devenant son premier ministre. La direction
du pays devint plus collective, les soviets locaux furent davantage consultés,
la coercition policière s'atténua, sauf lorsqu'il s'agissait
d'étouffer le voix de dissidents (tels le réactionnaire Alexandre
Soljénitsyne, qui fit connaître à l'Occident la réalité
du Goulag, ou le réformiste Andrei Sakharov, l'un des pères
de la Bombe soviétique) qui commençait à percer. La
population se laissa assoupir par le ronronnement bureaucratique et l'expansion
de l'alcoolisme. L'ère Brejnev, terne à l'intérieur
du pays, marqua aussi, à l'extérieur, la fin de la Détente.
Si l'écrasement du «-Printemps
de Prague-»,
en 1968, par les troupes du Pacte de
Varsovie, put n'apparaître que comme une affaire de police interne,
la Tchécoslovaquie faisant partie des satellites de l'URSS, il en
alla toute autrement de l'invasion de l'Afghanistan
par l'armée soviétique en 1979,
et surtout de l'installation de nouveaux missiles (SS-20) en Europe
de l'Est, dès 1977. Ce déploiement
étant vu par les alliés des États-Unis
comme une contravention aux accords de désarmement SALT, la Guerre
froide fut de nouveau à l'ordre du jour. L'OTAN prépara la
riposte en annonçant le déploiement, à l'Ouest de
missiles comparables (Pershing-2). Sous la présidence américaine
de Ronald Reagan, commencée en 1981,
ces armes furent effectivement déployées.
Leonid Brejnev mourut
en 1982,
en pleine crise. Il eut pour successeur, l'ancien chef du KGB (les services
secrets soviétiques), Youri Andropov, qui fut premier à prendre
acte de l'état de déréliction auquel était
parvenu le pays. A l'extérieur, l'embourbement de l'Armée
soviétique en Afghanistan
en était le signe le plus patent. Avec l'aval des instances dirigeantes,
il écarta des postes clés les anciens membres de l'équipe
Brejnev, accusés d'incompétence et de corruption, et amorça
un début de démocratisation. Mais cela n'alla pas très
loin. Il mourut en 1984,
et fut remplacé par un autre vieillard, Constantin Tchernenko, qui
mourut à son tour, l'année suivante. En mars 1985,
il fut remplacé au poste de secrétaire général
du Parti par son adjoint, Mikhaïl Gorbatchev; l'ancien chef de la
diplomatie, Andreï Gromyko devenant président du Conseil.
La
dislocation de l'empire soviétique.
L'arrivée
au pouvoir de Gorbatchev marqua un retour à la Détente et
à la fin de la Guerre froide, officiellement enterrée à
Malte ,
en décembre 1989,
lors d'une rencontre entre le numéro un soviétique et son
homologue américain, George Bush. La reprise des discussions avec
les États-Unis ,
amorcée dès 1982,
se poursuivit cependant, pour aboutir finalement à la conclusion
de nouveaux accords de désarmement, concernant le démantèlement
des missiles nucléaires de moyenne portée (accord Start I,
signé en juillet 1991
et Start II, signé par la Russie
en janvier 1992)..
L'URSS annonça par ailleurs le retrait de ses troupes d'Afghanistan .
Un retrait complet en 1989. A l'intérieur, le programme était
autrement plus complexe. Le but de Gorbatchev était de redynamiser
la société, et partant de sauver un système en perdition
en impliquant davantage la population que des décennies de bureaucratie
et de népotisme avaient complètement démobilisée
La politique qu'il mit en oeuvre, sur fond de lutte contre l'alcoolisme,
s'organisa autour de deux maîtres mots : perestroïka
( = restructuration) réforme de l'appareil d'État, et glasnost
(= transparence), publicité des décisions prises et libération
de la parole des médias. L'accident de la centrale nucléaire
de Tchernobyl, en 1986,
qui répandit des substances radioactives sur toute l'Europe était
l'un de ces éléments qui alertaient alors sur l'urgence des
transformations à accomplir. Le porte-parole de ceux qui veulent
voir s'accélérer les réformes était Boris Eltsine,
secrétaire général du comité du Parti de la
ville de Moscou. En 1987,
il fut démit de ses fonctions au comité central à
cause de ses critiques.
En 1988,
Gorbatchev, qui défendit, lors de la XIXe
conférence du Parti, une réforme dans laquelle la démocratisation
et une privatisation de l'économie iraient de pair avec la conservation
du rôle directeur du Parti communiste, fut conforté dans ses
positions, et devint en outre président, à la place de Gromyko.
La même année, il dut faire face aux revendications autonomistes
ou séparatistes de plusieurs républiques : Kazakhstan, Pays
baltes (en particulier en Estonie ou le soviet suprême se proclama
souverain), Azerbaïdjan et Arménie. Cela n'empêcha pas
la tenue, au printemps 1989,
d'élections reposant sur les nouveaux principes d'ouverture. Ce
fut l'occasion de l'apparition d'une nouvelle classe politique, qui pour
la première fois n'avait pas été forgée au
sein du parti communiste; on vit aussi réapparaître ceux qu'on
avait voulu réduire au silence, tels Boris Eltsine ou le dissident
Andreï Sakharov : pour la première fois aussi, le parlement
devint le lieu d'une critique ouverte du régime. L'évolution
de la situation réactiva les velléités séparatistes
dans les républiques périphériques. En Géorgie,
la répression qui s'abattit sur les manifestants de Tbilissi fut
brutale. En Lituanie, c'est le Parti communiste qui se déclara indépendant
de celui de l'Union soviétique. L'année suivante, la troupe
dut être envoyée en Azerbaïdjan pour stopper les tueries
inter-ethniques entre Azéris et Arméniens, et des sanctions
furent prisent contre la Lituanie qui s'était déclarée
indépendante, mais on y renonça au recours à la force.
Cette même
année 1990
marqua aussi la fin du rôle directeur du Parti communiste. Cette
direction bicéphale qu'avait espéré Gorbatchev,
partagée entre un Parti communiste et un Parlement pluraliste, ne
fonctionnait pas. Il fut décidé qu'un nouveau poste de président
de l'URSS élu au suffrage universel devait être créé.
Par dérogation, cette présidence fut confiée à
Gorbatchev par le parlement. Mais cela n'allait pas suffire, car dans le
même temps, Boris Eltsine, démissionnaire du Parti communiste,
fut élu par le vote populaire président de la République
socialiste fédérative des soviets de Russie
(RSFSR), qui était, de loin, la plus importante de l'Union, ce qui
faisait de lui celui qui pouvait se prévaloir dans le pays de la
plus haute légitimité.
Une évolution
qui ne pouvait qu'inquiéter la frange la plus conservatrice des
instance dirigeantes de l'Union soviétique. Profitant de l'absence
de Gorbatchev, en vacances en Crimée, le 18 août 1991,
le ministre de la défense Dimitri Yazov, le vice-président
Gennadi Yanaïev, Oleg Baklanov, le chef du KGB, et quelques autres,
fomentèrent un putsch. Gorbatchev est détenu en Crimée,
et ce fut une occasion inespérée pour Eltsine de monter sur
le devant de la scène. Avec un vrai courage, il s'opposa aux putschistes,
qui furent arrêtés après trois jours. Gorbatchev put
revenir à Moscou, mais à partir
de cet instant son pouvoir ne fut plus que formel. Eltsine interdit le
parti communiste. Il reconnut les indépendances des pays Baltes
(Estonie, Lettonie et Lituanie), et laissa l'Ukraine proclamer la sienne.
En septembre, le congrès des députés du peuple vota
la dissolution de l'URSS. Le 8 décembre, une nouvelle structure,
la CEI ( = Communauté des États Indépendants), est
créée par la Russie ,
l'Ukraine et la Biélorussie (les trois coèfondateurs de l'URSS
en 1922). La CEI a accueilli depuis les autres pays nés du démantèlement
de l'Empire soviétique, sauf les Pays baltes, qui ont préféré
se tourner vers l'Union européenne. Gorbatchev démissionna
le 25 décembre. Le lendemain, les administrations centrales de l'URSS
passèrent sous l'autorité de la Russie. Au plan international,
la Russie fut reconnue comme le continuateur de l'URSS : elle fut engagée
par les mêmes traités et occupa au siège de sécurité
de l'ONU le même siège. Le 31 décembre 1991,
l'Union soviétique avait disparu officiellement.
 |
Andrea
Graziosi, Histoire
de l'URSS, PUF (Nouvelle Clio), 2010.
2130518133
Ce
livre reconstruit les deux vies et les deux visages du plus important État
de type nouveau du XXe siècle. Il repose sur les documents d'archives
rendus disponibles par l'effondrement de l'URSS, sur les mémoires
post-soviétiques, sur les recensements, les uvres littéraires,
les témoignages de la dissidence, ainsi que sur les recherches novatrices
qui sont parues après 1991. Ces sources, dont une présentation
raisonnée à la fois thématique et chronologique
sert d'introduction au volume, ont permis à l'auteur de présenter
une image nouvelle, et plus crédible, d'une histoire qui a fasciné
et effrayé le XXe siècle. (couv.).
Nicolas
Werth, Histoire
de l'Union soviétique, Thémis, 2008.
L'histoire
de l'Union soviétique - du début du XXe siècle à
la révolutoin gorbatchévienne - a suscité et suscite
toujours des débats passionnés. Ce pays reste pour beaucoup
une énigme et bien des historiens russes reconnaissent savoir peu
de choses sur l'histoire de leur pays.
Des
recherches nombreuses sont lancées au fur et à mesure de
l'ouverture de certaines archives, et cet ouvrage (sixième édition
corrigée) fait le point, dresse un état des lieux, dégage
les grandes lignes d'un processus historique extrêmement complexe.
Une somme historique par l'un des tout premiers spécialistes français.
(couv.).
Antonella
Salomoni, L'Union
soviétique et la Shoah, La Découverte, 2008.
Alors
que la Shoah est traditionnellement associée à l'organisation
de l'extermination dans les camps nazis, le massacre des Juifs
d'Europe orientale et des Pays baltes (près de la moitié
du total des victimes) suivit souvent une tout autre logique, nettement
moins connue. Auschwitz devint un lieu
de mémoire, tandis que Babi Jar (où, en 1941, 30 000 Juifs
furent exécutés en un jour, près des habitations)
attend toujours la plaque qui commémorera le massacre de civils
juifs et non de «-patriotes
ukrainiens ». Près de trois millions de Juifs d'URSS furent
assassinés, dont la moitié en Ukraine. Répondant à
ce double défaut de connaissance et de mémoire, Antonella
Salomoni exploite dans ce livre les informations mises au jour grâce
à l'ouverture des archives militaires soviétiques ainsi que
les plus récents travaux de recherche sur le sujet pour reconstituer
l'histoire des persécutions nazies dans ces régions et les
contradictions de la politique de Moscou face
à la Shoah. L'auteure met ainsi en lumière certains aspects
peu connus de ces crimes et leur spécificité : l'exécution
immédiate des «-ordres
» d'identification et d'élimination des Juifs ; le succès
de la propagande antisémite nazie, amalgamée à l'antibolchevisme
; l'implication d'une partie des populations locales. De même analyse-t-elle
toutes les formes du refus idéologique mises en oeuvre par Moscou
- farouchement hostile à toute différenciation de la nationalité
juive - pour éviter de reconnaître la spécificité
du massacre des Juifs, avec toutes les nouvelles victimes, les laissés-pour-compte
(survivants non assistés), mais aussi la censure que cela entraîna.
Très amplement renseigné, ce livre restitue de rares témoignages
et documents, qui rendent sa lecture particulièrement poignante.
(couv.).
A.
Yakovlev, Le
cimetière des innocents, victimes et bourreaux en Russie soviétique
(1917-1989) Calman-Lévy, 2007.
|
|
|