«Le ministère de l'Éducation travaille à créer un programme de formation obligatoire. Mais on ne connaît pas encore la forme que ça va prendre», a confirmé mercredi la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, par l'entremise de son attaché de presse, Dave Leclerc.
Le Ministère n'étudie toutefois pas la possibilité de créer de toutes pièces un nouveau cours, qui viendrait s'insérer dans la grille-matière. Il s'agit plutôt d'ajouter des blocs de formation obligatoire sur l'éducation à la sexualité dans les cours existants, précise M. Leclerc.
Depuis l'abolition des cours de formation personnelle et sociale au secondaire, avec l'arrivée de la réforme, plusieurs ont réclamé haut et fort le retour à l'éducation sexuelle sur les bancs d'école. Une pétition de 6850 noms a été déposée à l'Assemblée nationale, et la commission parlementaire de la culture et de l'éducation s'est penchée sur la question.
Dans un rapport rendu public mercredi, les élus recommandent d'ailleurs à l'unanimité «qu'un programme obligatoire d'éducation à la sexualité soit élaboré et offert du préscolaire jusqu'à la fin du secondaire». Cette formation, qui devra être donnée par des intervenants et des enseignants qualifiés, pourrait s'insérer dans des cours comme sciences et technologie, éthique et culture religieuse ou éducation physique et à la santé, peut-on lire.
Pas seulement de l'anatomie
Présentement, un volet anatomie est compris dans les programmes de troisième secondaire, mais plusieurs intervenants ont réclamé davantage. Les cours d'éthique et de culture religieuse permettent aussi d'aborder des notions d'éducation à la sexualité, par des thèmes comme la différence et le respect, mais le tout est fait sur une base volontaire.
«On s'est aperçu qu'il y a de la formation qui est donnée à ce sujet dans certaines écoles, mais pas dans d'autres. C'est très inégal. Pourtant, c'est important pour que les jeunes assument leur sexualité dans le respect», affirme Pierre Marsan, député libéral de Robert-Baldwin et président de la commission.
La Dre Édith Guilbert, médecin-conseil à l'Institut national de santé publique, s'est réjouie de cette décision. «Pour nous, ce qui était important, c'était de retrouver un caractère obligatoire à la formation», affirme celle qui a défendu cette position en commission parlementaire.
Dre Guilbert est favorable à l'idée d'insérer cette formation dans plusieurs cours. «C'est important que le jeune puisse entendre parler d'éducation à la sexualité de plusieurs professeurs différents, qui ont des informations complémentaires et cohérentes», dit-elle, tout en ajoutant que l'éducation sexuelle devrait commencer au préscolaire.
Un pas dans la bonne direction
Le Regroupement québécois des centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel y voit aussi un pas dans la bonne direction, à condition d'inclure les bons éléments dans le programme de formation.
«Ce qui est important pour nous, c'est qu'on y retrouve une vision d'égalité entre hommes et femmes. Le respect et l'égalité, c'est à la base du consentement», affirme sa porte-parole, Rosa Pires.
Cette dernière insiste par ailleurs sur l'importance de la formation. «On pense qu'il y a des profs qui peuvent le faire, mais ils ne peuvent pas le faire sans être bien formés», ajoute-t-elle.
Un avis partagé par la Fédération des commissions scolaires. «On est ouvert à ça, on reconnaît qu'il y a un besoin, mais il va falloir prendre le temps de voir quelles seront les modalités et former notre monde là-dessus», affirme sa présidente, Josée Bouchard. Il est encore trop tôt pour savoir si cette formation pourra être mise en place dès l'automne 2011.
De leur côté, les enseignants veulent avoir leur mot à dire. «On s'entend sur la nécessité d'un programme, mais on veut y être associé», affirme Manon Bernard, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement.