Tubalcain est tu là ?

Le REP ne fait pas la part belle aux métallurgistes pourquoi ? Pourquoi abandonner ses métaux et le reprendre à la fin de chaque tenue. La voie métallique est bien celle que nous fuyons, pourquoi ? L’extraction des « produits souterrains » ne sont décidément pas à l’ordre du jour. Sans doute la raison devenue intuition au fil des millénaires nous dicte que ce qui est souterrain à un rapport directe avec le cabinet de réflexion que nous avons quitté, il y à bien longtemps semble-t-il. Finalement , y-a-t-il un choix à faire entre le subterrestre et le ciel?

C’est finalement ce retour à la part obscure et souterraine de soi-même que nous cherchons, par tout l’artifice de la pensée, à fuir et à effleurer en même temps… ER

 

Les Métaux

 

 

LES MÉTAUX

Les Métaux.

Pour mieux comprendre ce que recouvrent ce terme et la symbolique qui y est attachée, il nous faudra explorer différentes pistes et en rejeter la plupart, étudier diverses interprétations et ne retenir que les plus cohérentes.

Ce n’est qu’une fois ce travail accompli que nous tenterons de lever les ambiguïtés et les apparentes contradictions entourant le sens et l’usage du mot Métal en Maçonnerie. Enfin nous essaierons de percer le mystère de la formule de ”l’abandon des métaux“ pour en dégager toute la portée symbolique. 

  • Étude d’ensemble sur les Métaux :

Pour mieux appréhender la symbolique des Métaux et leur influence au sein de notre Loge, il convient de procéder à une étude préliminaire de ce terme et les mythes universels auxquels il est associé. 

Pour certains auteurs, dont René Alleau, le mot métal, dérivé du grec Métallon, est à associer à la racine mé ou més qui est le nom le plus ancien donné à la lune (“Aspects de l’Alchimie traditionnelle”, Paris 1948 p62-63).

Pour d’autres ce mot désigne à l’origine la mine puis les produits qui en sont extraits. (Confère Robert Halleux, « Le problème des métaux, dans la science antique », Paris, 1974.).

Notons dès à présent l’apparente dualité de ce mot : une interprétation étymologique le lie à un objet céleste tandis que l’autre fait référence aux entrailles de la Terre.

Cette dualité se retrouve d’ailleurs dans les nombreuses croyances et religions.

Les êtres qui forgeaient le métal étaient soit considérés comme des êtres sacrés, leur travail participant à l’œuvre divine de création, soit maudits, leur activité utilisant le feu, associé à l’enfer, était à l’origine d’armes redoutables.

Quelque soit son sens originel et les mythes qui y sont attachés, le métal ou plutôt les métaux font, en raison de leur grande richesse symbolique, partie intégrante du Rite Maçonnique, mais nous allons le voir de façon ambivalente.


§  La présence physique d’objets métalliques au sein du Temple :

Il ne s’agit pas ici de procéder à l’énumération exhaustive d’objets de nature métallique au sein du Temple. Une telle liste ne présenterait aucun intérêt en soi.

Mais l’étude de leur présence au sein du temple nous permet de dégager les contours de ce qu’il faut entendre par métaux et notamment le sens que ce mot revêt dans la formule “Mes Frères un instant de silence pour l’abandon de nos métaux”.

Que ce soit dans le cabinet de réflexion ou lors des travaux en Loge, nous sommes en présence de la matière métal.

Au sein du cabinet de réflexion, le candidat est entre autres, face à ce si particulier métal, le Mercure, dont nous tenterons d’esquisser plus loin, la symbolique.

De même au sein du Temple de nombreux objets, outils et ornements sont constitués de métal : Epée Flamboyante, Bijoux mobiles (Équerre, Niveau, Perpendiculaire…), Ciseaux…

Tous ces objets concourent à la parfaite réalisation du Rite.

Leur force symbolique n’est en rien altérée par le métal qui les compose, au contraire cet élément ne fait qu’en augmenter la puissance. De même la présence d’argent au sens monétaire du terme est dans une certaine mesure admise au sein de la Loge.

Certains auteurs ont pourtant vu dans l’abandon des métaux l’invitation à laisser aux portes du Temple toute forme d’argent monnaie. Le métal incarnant en l’occurrence l’attachement à la matérialité dont il faut absolument se débarrasser pour entrer dans le Temple.

On peut citer sur ce point Jules Boucher pour qui “Retirer les métaux monnaie à l’aspirant c’est lui enlever le plus grand corrupteur de conscience” ( « La Symbolique maçonnique » édition Dervy p.35).

Cette pratique et son interprétation sont justes s’il s’agit d’un Récipiendaire sur le chemin de l’initiation.

Il n’en est pas de même pour les initiés, car se poserait dès lors un problème d’ordre pratique : si nous bannissons de nos poches le métal monnaie comment faire nos offrandes au Tronc de la Veuve ?

Cette question en apparence triviale permet de nous éclairer sur la présence physique du métal pendant les travaux.

On a parfois pu avancer que la beauté du don suffirait à purifier et sublimer le métal monnaie pour le rendre acceptable au sein du Temple.

Cet argument bien que séduisant apparaît tout de même bien faible et contestable.

Une autre interprétation, sans doute plus juste, voudrait que l’abandon des métaux ne renvoie pas directement au métal monnaie en tant que tel.

C’est cette dernière que nous retiendrons. 

De ces deux observations, on peut déduire que le métal en tant que matière est présent et accepté dans la Loge.

Que ce terme utilisé dans la formule de l’abandon des Métaux ne désigne ni l’argent monnaie ni le métal dont nombre d’objets de la loge sont constitués.

Il nous faut donc chercher ailleurs le sens profond de ce mot dans cette expression. 


§  La présence symbolique des Métaux au sein du Temple et leurs influences :

 

Nous l’avons vu plus haut l’étymologie du mot métal est double :

Une racine l’apparente au mot “minerai” et semble le rapprocher en cela de la pierre brute. L’autre évoque la lune, corps céleste dont la symbolique est omniprésente au sein du Temple.

D’ailleurs l’analogie entre Métaux et planètes ou étoile est universelle.

De nombreuses civilisations ont fait correspondre Or et Soleil, Argent et Lune …

Des auteurs comme Hésiode par exemple dans « Les Travaux et les Jours » ont établi une correspondance hiérarchisée entre Métaux et Planètes.

Jean Chevalier et Alain Gheerbrant rappellent : “Les Métaux sont des éléments planétaires du monde souterrain ; les planètes, les métaux du ciel ; Le symbolisme des uns et des autres est parallèle. Les Métaux symbolisent des énergies cosmiques solidifiées et condensées, aux influences et aux attributions diverses” (confère « Dictionnaire des Symboles », Collection Bouquins Robert Laffont p. 629). 

Si la représentation symbolique de l’Or et l’Argent à travers la Lune et le Soleil est évidente au sein du Temple, la présence symbolique des autres Métaux bien que plus discrète n’en est pas moins réelle.

En reprenant les correspondances établies entre les planètes et les métaux (correspondance présentée dans le tableau ci-dessous), on peut déduire que ces derniers apparaissent en filigrane à travers la voute étoilée. 

Plomb             =          Saturne

Etain               =          Jupiter

Fer                  =          Mars

Cuivre             =          Vénus

Mercure          =          Mercure

 

Argent                        =          Lune

Or                   =          Soleil

 

Selon Christian Jacq, “Chaque planète porteuse des métaux représente sept dénominations du Grand Architecte de l’Univers et correspond à un principe actif symboliquement représenté par un métal” (confère « La confrérie des Sages du Nord », Monaco, 1980, p. 217).

Il nous est impossible d’examiner dans le détail toute la richesse symbolique des Métaux présents au sein de la Loge.

Nous ne pouvons qu’en dégager les grandes lignes.

 

Soulignons qu’au sein du Temple ces Métaux sont parfaits, purs, débarrassés de toutes souillures. Il faut donc les considérer dans leur sens symbolique.

- L’Or-Soleil : L’or représente le principe actif, la perfection, le feu, la lumière. C’est aussi le principe masculin. Son caractère inaltérable est symbole d’immortalité. L’or est également associé à la connaissance. 

- L’Argent-Lune : L’Argent représente le principe passif, le caractère féminin. Par extension l’Argent est associé à la pureté, la transparence, le psychisme, l’âme et les mondes intérieurs.

- Mercure : Symbole alchimique universel, il a le pouvoir de purifier l’Or. « Face à la double pression des pulsions intérieures et des sollicitations extérieures, il est le meilleur agent d’adaptation à la vie » (confère Jean Chevalier et Alain Gheerbrant “Dictionnaire des Symboles”, Collection Bouquins Robert Laffont p.624

- Cuivre-Vénus : Symbolise la cohésion.

- Fer-Mars : Symbolise le dynamisme, la puissance de l’agir, la robustesse.

- Etain:  Symbolise la puissance d’incarnation

- Plomb-Saturne : Symbolise la base la plus modeste d’où peut partir une évolution ascendante. Le plomb agit également comme un révélateur de la nature secrète des choses.

Depuis la nuit des temps, nous percevons l’influence des planètes, étoile et satellite sur les êtres et les choses (Marées, vents solaire…).

Il en est de même en Loge, nous travaillons sous l’influence directe, combinée et bénéfique de tous ces corps célestes, ces Métaux.

Chacun d’entre eux nous inspire et nous transmet, un principe positif, une force qu’il faut sans cesse chercher à faire vivre en nous.

Cette quête n’est évidemment pas sans rapport avec la nécessité de l’abandon de nos vils Métaux aux portes du Temple.

 

  • Quid de l’abandon des « métaux » aux portes du Temple…

Pour la première fois entendue à la sortie du cabinet de réflexion, l’invitation à l’abandon de nos « métaux » nous est rappelée à chaque début de Tenue, aux portes du Temple.

Tentons de percer les mystères de cette formule, et essayons d’appréhender toute la signification du mot  "Métaux “.

Dans la littérature maçonnique, on utilise indifféremment l’expression “abandon des métaux” ou “dépouillement des métaux”. Dans cette dernière l’emploi du terme “dépouillement” est très fort et révélateur. Son usage nous amène à penser que nous devons nous séparer d’une partie de nous-mêmes, qu’il s’agit de la mort (la dépouille étant comme chacun sait le corps du défunt) de notre être tel qu’il était dans le monde profane.

Au seuil du Temple, le dépouillement des métaux est d’ailleurs précédé d’un instant de silence. Ce silence apparaît comme un moment de recueillement, durant lequel nous nous détachons progressivement de toute pensée profane. Ce qui renforce encore l’idée de mort, nous quittons ainsi notre “vieille peau”, en référence à la mort du vieil homme, pour en endosser une nouvelle, celle de Frère.

Mais quelle est donc cette partie de nous-mêmes, ces Métaux, dont nous devons nous défaire au seuil du Temple.

L’Encyclopédie de La Franc Maçonnerie indique que le terme métaux “ traduit la force des vices et la nocivité des passions humaines” (« Encyclopédie de La Franc Maçonnerie », Paris 2000 p. 570).

Ces Métaux dont nous devons nous défaire ce sont donc, toutes les noirceurs de notre âme, les travers de notre esprit, la petitesse de certains de nos actes.

Si les Métaux sont purs au sein du Temple, ceux du monde profane incarnent parfois le reflet de nos bas instincts :

L’Or peut aussi être symbole de l’orgueil, l’Argent celui de la paresse et de la cupidité… 

Se détacher de nos métaux c’est aussi sortir des stéréotypes stériles dans lequel la société ou nous-mêmes nous nous cloisonnons. Ne pas se conformer aux idées préconçues, mais en éprouver la valeur, ne pas suivre aveuglément les dogmes ou baser sa réflexion sur des préjugés.

”Celui qui se présente aux purifications doit donc être dépouillé du vil métal de l’existence, de tout ce qui fait de lui un individu borné par des conditionnements, des prétentions et des chimères. Lors du dépouillement des métaux on retire à l’être ses rigidités, ses a priori et ses entraves afin de recréer un être neuf, délivré de ses pesanteurs“ (Confère François Aries « Le Dépouillement des Métaux et l’alchimie du temple » Maison de Vie Editeur 2009, p 36).

Plus que l’abandon ou la mort de notre nature la plus sombre, le dépouillement de nos métaux semble nous renvoyer à la purification de l’ensemble de notre être ou pour reprendre une formule alchimique de « transmuter le vil métal en or pur ».

Ce n’est qu’une fois cette purification accomplie que l’individu devenu Frère pourra pénétrer dans le Temple.

  • …et de leur reprise

 

Comme nous venons de le voir, l’abandon des métaux est un acte de purification.

Une fois épuré pourquoi devenons nous reprendre à la sortie du temple nos vils métaux ?

 Oswald WIRTH nous livre une première explication : “Le faux brillant des choses ne doit plus faire illusion à l’homme qui a été purifié intellectuellement et moralement. ” (Confère « La Franc-Maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes » édition Dervy p.113-114)

En somme la purification nous fait changer notre perception des choses. Au sortir du Temple nous regardons avec plus d’acuité nos faiblesses ce qui permet de mieux s’en détacher.

A chaque Tenue il nous est demandé de procéder de nouveau à l’abandon de nos métaux, car la purification doit sans cesse être renouvelée.

Ce travail est sans fin, c’est pourquoi nous devons reprendre nos Métaux pour continuer à les affiner encore et encore.

Ce n’est qu’à ce prix que nous pourrons faire de nouveaux progrès en maçonnerie.

(…)

 Chr.°. Chi.°.

 

 

 

Comment ouvrir la porte des profondeurs insondables et de l’infini ?

Le silence ne confine pas à la surdité bien au contraire, il ouvre le sens caché en développant l’intériorité.

Depuis le cabinet de réflexion, nous savons que le silence doit devenir, par le travail intérieur, une prière sans demande. Plus tard, il sera possible d’aborder les « Grands Mystères » par la voie du silence sans mot et sans langage. Ces derniers en effet sont trop limités pour rendre compte de l’ineffable et de l’inexprimable. La voie du silence est transcendante, elle donne l’accès aux « Grands Mystères » et donc au Principe.

Le silence est la portée sur laquelle on profère le mot. Donc par correspondance le silence est l’essence du Verbe. Cette portée est l’essence principielle le mot une expression manifestée, et silence et mot sont éléments du principe créateur. Ainsi entrer dans le silence c’est entrer dans un travail spirituel, une ascèse pour en saisir la  dimension essentielle…  

Voici le ressenti de l’apprenti dans sa première expérience du silence, nous sommes encore dans la perception et le sensible propre aux «  Petits Mystères ». ER

Le SILENCE

Le profane se trouve confronté pour la première fois au silence lors de son passage sous le bandeau. Avant de pénétrer dans la loge, il est placé dans un espace clos, étroit et obscur. Cet isolement, le silence de l’endroit favorise la réflexion, le questionnement – « Que va-t-il se passer ? À quel genre de questions dois-je m’attendre ? Que répondre ? » Au bout d’un moment (je parle pour moi), ce silence finit par être pesant. On se raccroche au moindre bruit, la musique qu’on entend éveille notre curiosité, on essaie de comprendre ce qu’il se dit dans la loge. La réflexion finit par faire place à l’impatience voire à l’ennui et l’on est finalement soulagé lorsque l’on sort de cet endroit.

Puis vient le cabinet de réflexion. Isolé toujours, mais dans la pénombre cette fois-ci. Plusieurs choses sont disposées devant nous et attirent notre attention.  C’est le moment de rédiger le testament philosophique ; le silence devient alors un corollaire, une conséquence de notre réflexion que l’on essaie d’approfondir pour répondre aux questions qui nous sont posées.

Enfin la F.°. M.°. accepte de nous accueillir en son sein. Nous allons pénétrer dans le temple qui tout comme un lieu de culte oppose son silence au bruit du monde profane. Mais avant de recevoir la lumière, nous jurons de taire ce que nous allons vivre dans la loge. Nous partageons ce silence avec les autres FF.°.  gage de discrétion quant à nos recherches.

L’apprenti assiste aux tenues en silence ; il ne peut s’exprimer ou alors de manière exceptionnelle. Quand bien même il pourrait prendre la parole, ce serait pour dire quoi puisqu’il ne sait rien de ce qui se déroule sous ses yeux.

Pour Cioran le langage, le verbiage troublent notre lucidité ; mais il reconnaissait aussi que le silence est insoutenable.

Car le silence tue, ou du moins le non-dit peut être source de souffrance. Et c’est finalement la parole qui nous sauve, la psychiatrie permettant d’extraire le mal qui est au plus profond de nous.

La parole est aussi source de sagesse. Socrate par la maïeutique, c’est-à-dire par le questionnement, le dialogue, amenait ses disciples à exprimer leurs pensées et à les juger.

Revenons au silence de l’A.·. cette obligation est finalement plutôt rassurante puisqu’il assiste à quelque chose de totalement nouveau pour lui. Vieux réflexe scolaire, on peut parfois regretter de ne pas intervenir ne serait-ce que pour demander une explication.

En tout cas ce recul permet de solliciter d’autres sens : l’odorat, l’ouïe, la vue. L’apprenti observe ce qui l’entoure, écoute la parole circuler et se laisse entraîner par le rythme du cérémonial de la tenue. On quitte un monde profane stressant, troublé où tout va trop vite, pour quelque chose d’apaisé, d’ordonné, de réglé et encore une fois de rythmé. C’est le temps de se recentrer, de remettre les choses en place.  Dans la méditation zen par exemple, on fait silence pour essayer de faire le vide, de se libérer des idées reçues, d’évacuer tout ce qui est négatif en nous. On nous explique que si l’esprit est vide il est toujours prêt pour quelque chose. Cela nous permet d’atteindre un état de conscience supérieur et de découvrir — je cite « le trésor dans [notre] propre demeure ». Nous devons être notre propre flambeau. La méditation ne passe ni par un dieu ni par un rite.

Avant d’entrer en loge, l’apprenti abandonne ses métaux, essaie de se débarrasser des impuretés du monde profane et commence à apprendre ce nouveau langage symbolique qui, selon Bruno Etienne, permet de saisir le divin.

Les tenues se suivent et l’apprenti se familiarise peu à peu à ce qui s’y passe. Certaines choses l’interpellent, entrent en résonance avec ce qu’il connaît : « Ça y est j’ai enfin l’occasion de leur montrer que moi aussi je sais des choses, que je ne suis pas forcément d’accord avec ce qui a été dit ».

Mais ce silence imposé est là pour mater notre ego et nous tempérer. Silence qui peut être imposé aux grades suivants puisqu’on ne peut s’exprimer que trois fois.

A la fin de la tenue, tout le monde se regroupe afin de former la chaîne d’union pendant laquelle le Vénérable prononce une prière « maçonnique ». De cette chaîne émane l’égrégore de la loge. (je parle de quelque chose que je n’ai pas tout à fait saisi). Dans le recueillement nous dirigeons nos pensées vers le GADLU en essayant de dégager des idées positives synonymes d’équilibre, de morale, de vertu en espérant, pourquoi pas, que cela rejaillisse sur le monde profane et sur nous.

Pour l’Eglise ces temps de silence sont évidemment nécessaires. (J’ai à cette occasion demandé à un prêtre et à un pasteur ce que cela représentait pour eux).

En faisant silence, on se tient dans la présence de Dieu.

Dans la prière, on essaie d’évacuer le superflu, de lâcher prise, de se ressourcer afin de se relier à Dieu et de l’accueillir en toute simplicité. Pour le moine trappiste Thomas Merton la conscience de la présence de Dieu est impossible sinon dans le silence, le recueillement, la solitude et un certain retrait du monde . Le silence se fait plus radical, car les moines mènent une vie contemplative.

Point commun avec la méditation, ou le yoga par exemple, on cherche à taire ses passions, ses désirs et ses pensées qu’elles soient positives ou négatives.

Pour résumer, je reprendrai une image utilisée par le Zen :

La sagesse, la paix, l’amour se trouvent dans notre esprit ; mais l’endroit est obscurci par des nuages qui représentent tout ce qui est négatif (les doutes, les peurs, etc.).

La prière, la méditation nous aiguillent donc sur ce chemin qui nous permet de retrouver cette vérité.

Je n’ai fait qu’effleurer le sujet, mais nous pouvons constater que le silence est le dénominateur commun, le préalable, le corollaire des formes de spiritualité que j’aie évoquées.

À partir de ce silence, le F.°. M.°.choisira librement le chemin qui le mènera vers sa Vérité avec ou sans Dieu à ses côtés.

Enfin, plus prosaïquement je dirai que l’apprentissage du silence nous met non seulement sur la voie de la sagesse, mais aussi sur celle du civisme puisque nous apprenons à écouter et à respecter la parole de l’autre. Un bon début pour vivre en bonne intelligence avec les siens.

 


Th.°.Lo.°.

 

Notre frère trace tout d’abord un bref historique de notre rite. Il part de 1688 créations des premières loges Stuartistes jusqu’à Robert Ambelain.

Il s’est ensuite interrogé sur la signification du message transmis depuis la construction du temple de Salomon. Il constate que dans l’esprit des fondateurs, la FM doit être une immense école de morale pratique. Que la foi maçonnique, si l’on peu s’exprimer ainsi, est la croyance primordiale en la dignité de la personne, mais surtout que la conviction de chacun est perfectible.

Son interrogation s’est ensuite portée sur ce que désiraient transmettre nos frères afin que l’homme arrive à être en harmonie avec l’univers. Il y a donc un triple rapport harmonique entre les hommes, en l’homme lui-même et enfin en rapport avec le Tout.

Il aborde les moyens mis en œuvre pour arriver à cette harmonie : le langage commun, les signes, les gestes, les symboles. Ces derniers outrepassent les limites de l’expression ordinaire.

Il nous fait également part du secret non manifesté qui permet à l’homme de retrouver son centre intime. Il nous rappelle que les outils utilisés par les tailleurs de pierres d’autrefois ont pris un sens sacré maintenant et qu’ils accompagnent le maçon tout au long de sa vie. Il est ensuite développé le sens de la loge et la signification symbolique de ses décors. Une attention particulière est apportée à un élément de notre rituel : la chaine d’union. La conclusion porte sur la conception du GADLU, source créatrice de toute l’énergie qui entoure l’univers.

 

(…)

Quel est le message de nos FF présents et passés? 

Les anciens rituels utilisés dés 1688 par des loges militaires de Saint-Germain-en-Laye  furent apportés en 1751 à Marseille par le stuardiste  George de wallon, y fonda le 27 août, avec des pouvoirs venus d'Édimbourg, celle qui devait devenir la Mère Loge Écossaise de Marseille sous le nom de Saint-Jean d'Écosse. C'est de cette filiation qu'est né l'actuel rite écossais Primitif, d'après Robert Ambelain.

Donc une antériorité en terre de France, revendiquée dès 1688, et bien avant les Constitutions d'Anderson de 1738.

Robert AMBELAIN s'attacha à redonner vie à ce qu'il concevait avant tout comme un « Rite de tradition ».

En me posant des questions sur la signification du message qui nous a été transmis depuis la période de la construction du temple de Salomon, je veux avec vous essayer de comprendre une toute petite partie de ses messages.

Dans l'esprit de ces fondateurs, la F.°. M.°. doit être une immense école de morale pratique. Cet esprit de tolérance doit nous animer et demeure pour nous synonyme de connaissance, mais également de reconnaissance des autres. La foi maçonnique est la croyance primordiale en la dignité de la personne, mais surtout que la conviction que chacun d'entre nous est perfectible.

La perfection est notre seule recherche avec la contrainte absolue de respecter la loi morale, la loi sacrée, la loi universelle, celle qui rapproche les hommes malgré leurs différences. A nous de nous atteler à cette immense tache. Nous devenons un  centre d'union de toute la loge, avant de faire rayonner nos idées à l'extérieur. 

Nous sommes chacun notre propre œuvre en petit, tout comme la société est notre œuvre en grand. Que l'ancien soit rejeté pour faire place au nouveau ou « tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas » ou encore « tout ce qui est à l'intérieur est en correspondance avec ce qui est autour. C'est élever l'esprit aux choses d'en haut (que le premier est un sens moral et le second un sens mystique). En cela il faut reconnaître  qu'il faut faire une chose pour qu'une autre se réalise, qu'une création intérieure  précède une réalisation extérieure. Le soi conscient et le soi obscur cherchent à s'équilibrer en s'unifiant.

Que venons-nous faire en Loge ?

« Vaincre nos passions, soumettre nos volontés, et faire de nouveaux progrès dans la maçonnerie ».

Dans l'obscurité, détachés de tous métaux nous sommes invités à nous accepter tel que nous sommes vraiment et à devenir responsable de nous-mêmes, afin de pouvoir suivre le chemin de l'épanouissement, dans une loge « juste et parfaite ».  La lumière de la loge nous montre ce que nous pourrions être, et pas forcément ce que nous sommes.

C'est la métaphore de l'aube et du crépuscule, si ressemblants visuellement et pourtant si différents dans l'énergie qui les anime. La loge centre indispensable, à qui veut trouver équilibre, paix intérieure et stabilité. Elle est une démarche spirituelle, structurée à la fois en tant qu'organisation humaine et en tant que chemin.

Que désiraient transmettre nos frères?

Et pourquoi agir ainsi?

La Loge est née au départ de la communication d'une tradition symbolique avec la volonté de créer des communautés de bâtisseurs. Et pour que cette époque ne soit pas condamnée à l'oubli, nos frères l'ont nourri au fil des années de cette éternelle sagesse, pierre vivante symbolique de sorte que le regard commence à vivre grâce à elle. La loge est bien devenue un livre des symboles qu'il nous faut déchiffrer pour pénétrer à notre tour sur le chantier. Ils ont lutté contre les éléments, avec le quotidien pour réussir, par l'œuvre accomplie, mettant l'homme en harmonie avec l'univers, avec pour objectif que nous soyons plus tard, reçus dans « une loge juste et parfaite ».

Franc, c'est entrer en FM et s'en retirer à tout moment; c'est d'être libre d'écouter, de regarder, d'apprendre auprès de nos frères, de transmettre autour de soi.

Maçon, c'est agir en bâtisseur de l'humanité (à commencer par la construction de soi-même),c'est rendre hommage aux générations de M.°. vivants et morts.

Ils ont voulu permettre à toute personne qui se reconnaît comme « cherchant » d'entrer en contact avec des hommes qui partagent la même recherche. Propose une méthode pour mieux se connaître, mieux structurer sa parole et donc de mieux structurer sa pensée. Ce programme ambitieux s'appuie sur des outils: le respect du rite, la pratique des symboles, l'exigence de la fraternité.

nlassables, assoiffés de connaissances, ils avaient cette volonté de vivre l'esprit, superbement incarné dans la pierre, en évitant toute compétition entre frères grâce à l'initiation aux symboles.

Ils se reconnaissaient entre eux par des mots, signes, gestes et parcourraient le monde où ils étaient reçus comme des frères.

Au sein d'une tradition, tournée vers l'avenir la règle de vie va bientôt se transformer en parchemin, puis en livre de vie et perdra sa vocation opérative pour devenir spéculative et se retrouver en maçonnerie ouverte à la modernité.

Ainsi en est-il aujourd’hui des outils autrefois utilisés par les tailleurs de pierre qui sont devenus sacrés et que nous retrouvons tout au long de notre parcours maçonnique afin de finaliser la progression consciente et libre vers la connaissance d'un principe supérieur.

À travers un langage commun, celui des symboles, sur la base d'une culture commune, celle de la tradition, et en s'appuyant sur le rituel (les rituels sont indispensables si l'on ne veut pas que le travail reste uniquement intellectuel: ce ne sont pas les mots qui permettent de s'améliorer, mais les expériences ) qui a pour but de rassembler et d’unifier, avec l'idée centrale que c'est l'interaction  humaine qui permet d'acquérir par l'expérience existentielle du vrai et du bien, un sens des valeurs soit une révolution d'amour universel et pluriel.

Pour que chaque Maçon véritable devienne au fil du temps et bien malgré lui, un chercheur de vérité.

Il pressent à l'intérieur de lui-même cette présence, cette âme, seul lien avec le GADU.

Tout est progressif, c'est-à-dire que nous progressons par degré, par grade. Tout comme nous montons un escalier fait de marche, de degré. C'est une démarche spirituelle, structurée à la fois en tant qu'organisation humaine et en tant que chemin. Mais il est aussi important de cultiver autant la liberté de l'autre que la sienne propre.

L'initiation ou élévation à un degré maçonnique constitue un tout. Mais de plus, certaines initiations marquent un changement d'état de l'initié par rapport à son état antérieur. Le jour de l'initiation, il aperçoit « l'éclat de la lumière dans les ténèbres » il tout simplement au début de sa démarche spirituelle.  Il s'agit le plus souvent vivre en soi, l'histoire du rituel, le sacré de la loge, et le secret de ce qui se passe à l'intérieur. Au-delà de l'initiation, la représentation de cette réalisation maçonnique est bien celle de la construction d'un temple. Ainsi du temple de pierres on passe au temple de l’homme. (Temple extérieur vers temple intérieur).

Nos frères n'ont pas voulu en faire une société secrète puisqu'elle ne fait mystère ni de son existence ni ses buts. Si les rituels ne sont pas divulgués, c'est pour que l'éventuel impétrant puisse vivre ce qu'il a à vivre sans a priori.

Le secret non manifesté concentre en lui-même un point ou un centre. Ainsi la tradition nous enseigne qu'au moyen de la connaissance, appelée gnose, l'homme peut retrouver le chemin de son centre intime. Le sacré de l'homme c'est son cœur ; aussi doit-il sentir avec le cœur et voir avec des yeux internes. Il suffit d'ouvrir pleinement son cœur pour que rayonne sa lumière intérieure, transformant instantanément l'obscurité alentour en une douce et intense lumière d'amour fraternel. Selon l'enseignement des anciens, la lumière est en tout temps et en  tout lieu, où la difficulté consiste à la faire exister, à la manifester, grâce au V.°.M.°.  Ce qui domine en elle, c'est le principe de la tolérance: tolérance vis-à-vis des doctrines religieuses et politiques, parce qu'elle est au-dessus et en dehors  des rivalités qui les opposent.

Les anciens, s'appuyant sur des documents issus des premières loges, tentent de démontrer que l'origine de la maçonnerie spéculative se situerait en Écosse, tout en travaillant avec les rituels et les secrets de l'époque. Le temple représente l'univers sans dimension  particulière.  Le soleil, c'est le masculin. La Lune, c'est le féminin. L'étoile flamboyante permet de guider le F.°.M.°.

Après les constitutions du pasteur Anderson de 1723 et1738, elle deviendra le centre d'union des grands esprits attachés au bonheur de l'humanité grâce au mélange des traditions anciennes et des idées nouvelles. Il faut penser aux bâtisseurs de l'époque qui érigeaient des temples et des cathédrales et qui ont élevé un idéal de perfectionnement personnel destiné à rayonner jusqu'à l'extérieur pour devenir universel. Ainsi en est-il ainsi aujourd'hui des outils utilisés autrefois par les tailleurs de pierres.ls sont devenus sacrés et nous les retrouvons tout au long de notre parcours, pour finaliser la progression consciente et libre vers la connaissance d'un principe supérieur. Le mystère n'est pas quelque chose que l'on cache, mais qui reste centré, et qu'il appartient à celui qui veut bien le découvrir, car on accorde de valeur qu'à ce qu'on a découvert soi-même. L'initié depuis qu'il a levé les yeux vers cette voute étoilée ne cesse de s'interroger. Symboliquement le temple n'est pas couvert. Le temple reproduit le ciel au jour du solstice d'été. Allégoriquement, il représente la construction du temple inachevé et rappelle que les travaux de construction du notre temple intérieur ne se termine jamais.

C'est en vérité le code cosmique de notre planète. C'est pour amener le ciel sur la terre et pour élever l'homme hors de son confinement terrestre vers un royaume d'harmonie et de paix.  La loge est un temple de résonance qui vibre merveilleusement avec le cosmos.  Comme l'arbre parmi tous ces possibles se devait de trouver la plus belle voie pour la vie. Il met en communication les trois niveaux du cosmos; le souterrain par ses racines plongeant dans les profondeurs de la terre, la surface de la Terre par son tronc et ses premières branches, le ciel par ses branches supérieures qui s'élèvent vers les hauteurs attirées par la lumière céleste. Dans l'infiniment grand comme dans l'infiniment petit, la loge cherche la formule unique, l'équation universelle, le symbole d'unification.

L'univers était à leurs yeux un immense chantier de construction, ou chaque être est appelé par ses efforts à l'identification d'un monument unique ou se figurait un travail incessant, n'ayant jamais commencé et ne devant jamais finir. Pour eux le symbolisme ne vise qu'à suggérer le travail intérieur et à stimuler l'orientation personnelle sur les voies du constructivisme universel.

Être ouvert sur le monde et sur les hommes, c'est apprendre à transmettre et à réfléchir indépendamment de toutes pressions sociales et politiques. La longue compréhension des symboles, du rituel, la fréquentation de personnes que l’on n’aurait jamais rencontrées en dehors des parvis, tout cela compose le secret M.°., terriblement personnel et strictement incommunicable. La loge symbolise l'habitation que l'homme se construit ou l'espace passe par une projection des quatre horizons à partir du centre ( Axis Mundi ).

L'axe symbolise la voie spirituelle suivie par le M.°. qui entend s'élever constamment et atteindre finalement sa pleine réalisation. La loge creuset du voyage intérieur est image symbolique du cosmos ou monde manifesté. Elle donne accès au domaine des possibilités supra-individuel et l'initiation aux grands mystères. L'image des planètes tournant autour de l'axe...image sacrée du cosmos, sorte d'icône de l'univers. L’axe centre aussi le miroir du corps humain, le microcosme. C'est la représentation entre les différentes manifestations l'absolu et le non né. Au bout du rayon est le cercle qui marque le franchissement du territoire sacré, où la recherche peut commencer. C'est le ciel universel qui unit le haut et le bas, l'intuition et la raison. Les deux "centre" et "cercle" sont l’essence du développement personnel.

Au niveau de l'univers on peut penser à l'équilibre entre la lumière et l'obscurité, le jour et la nuit, le soleil et la lune, le yin et le yang, l'est et l'ouest, le nord et le sud, le haut et le bas, l'intérieur et l'extérieur. Le temple est notre corps en plus grand.

Il croît  au soleil et s'endort dans le calme de la nuit. Chaque frère est exposé à la lueur de la voûte étoilée qui relie les sommets de l'esprit. Nos deux colonnes du temple soutiennent symboliquement cette voûte. Elles sont là pour rappeler au M.°., qu'en franchissant cette porte, il vient des ténèbres, du monde profane et qu'il vient chercher la lumière qui éclairci l'esprit. L'initié travaillant sa pierre brute au plus profond de lui-même, recherchant sans cesse sa propre vérité doit recevoir en échange le scintillement des étoiles. Le profane qui aspire à la lumière doit d'abord, se dépouiller de son passé, des préventions que la vie profane accumule en lui et découvrir ce qui est sagesse, force et beauté et découvrir une dimension verticale. La marche du M.°. dans le temple part toujours des deux colonnes et c'est vers l'orient que doivent porter ses efforts.

Au début de la vie maçonnique, on vit dans un espace à deux dimensions, la longueur et la largeur du temple. C'est le but de l'enseignement au grade d'apprenti et de compagnon. La marche respective de ses deux grades nous maintient sur terre, celle des petits mystères.

Le grade de maître nous apprend une autre notion...

Est M.°. celui qui fait de son âme un temple assez pur pour que l'esprit divin s'y complaise, celui qui mettant en action la sublime charité est prêt à donner son pain pour ses frères.

Écouter chacun s'exprimer en son nom et ne jamais mépriser ce qu'il dit avant d'avoir réfléchi. Peser ce que je peux en tirer et, quand j'ai un désaccord concernant les faits, je peux rectifier, avec courtoisie, lors de mon tour de parole, mais il n'est pas permis de polémiquer.

Aux pieds des deux colonnes, de l'occident vers l'orient, le pavé mosaïque, avec ses alternances de blanc et de noir, nous rappelle que l'humanité est composée d'éléments disparates et contraires, mais qui peuvent constituer un tout harmonieux. .

Le pavé mosaïque symbolise l'étroite union qui doit régner entre les M.°., liés entre eux malgré leur différence. Les trois lumières au centre, qui transforment en énergie (sagesse- force – beauté)

Le tableau de loge était dessiné puis à la fin de chaque tenue on effaçait le tableau. Maintenant c'est un tableau que l'on pose et retire à la fin de la tenue. Puis vient le rite particulier cher à nos frères, même si elle vient en fin de cérémonie, elle occupe une place prépondérante, c'est la chaîne d'union. Cette chaine nous lie dans le temps comme dans l'espace; elle vient du passé et tend vers l'avenir. Elle symbolise le lien indissoluble entre frères dont les chainons sont tous égaux et animés d'une soif de vérité et de lumière. Toute cette énergie passe de maillon à maillon et à pour origine celle du V.°. M.°. qui rappelle d'une façon  solennelle que cette chaine relie les frères dans la loge ainsi que tous ceux qui nous ont précédés et tous les maçons de la terre.  Le message de nos frères est donc de construire, de bâtir de former une unité.  Qui n'a jamais ressenti cette onde quasi magique qui nous envahit à ce moment précis où nous faisons la chaîne pour nous recueillir et nous unir dans nos pensées? Tout le monde baigne dans une ambiance particulière. Tous les frères ressentent une très forte sensation, un état de réceptivité beaucoup plus profond que l'état habituel.

C'est ce que les anciens nommaient les « égrégores ». L'impression peut-être illusoire qu'un voile magique nous enveloppe, qu'il ne faut pas écarter sous peine de rompre le charme.

C'est le désir de se placer d'une manière naturelle, permanente et sans effort dans un espace sacré, d'abolir le temps profane et instaurer un temps nouveau même si cette invisible présence est mystérieuse. C'est recevoir la lumière, donc être éclairé désormais.  En F.°.M.°. ce courant de pensée appelé lumière, nous guide en permanence et que nous devons appliquer  pour rester éternellement un cherchant. Car au-dessus du monde abstrait et dogmatique, la recherche de la vérité reste l'idée première.

Abolir le temps profane et vivre le temps sacré, vivre humainement par la transfiguration de la durée en un instant éternel. Puis vient l'instant de silence avant la reprise de nos métaux, qui permet un temps d'espace pour faire le point, sur le travail du jour.

Enfin le message de nos frères a commencé avec le Siècle des lumières en faisant jaillir la conception du GADLU, telle une source créatrice de toute l'énergie qui entoure l'univers.  Mémoire du monde, mouvement du temps, âme universelle. Cette trace profonde des origines est inscrite dans l'âme de chacun.  Ce message que nous devons toujours mettre en application, peut se résumer dans cette l'énergie harmonieuse, réunissant Sagesse, Force et Beauté.

(…)

Dom.°.P.°.

Quel intérêt avons-nous de rechercher la qualité dans le nombre. Nest-ce pas ici un travail contradictoire. Nous savons que la qualité ne peut rimer avec le nombre. Et pourtant, le nombre nest pas un chiffre, cest un élément de langage sacré comme aimaient à le penser nos ancêtres et en conséquence impliquait une logique universelle  qui se confondait parfaitement avec lintuition dun profane éveillé. Ainsi nos philosophes Grecs de la logique et du mythe, grâce à lacquis de la philosophie éducative, rendirent autonomes leurs systèmes de pensée en oubliant (parfois) quil ne peut y avoir dautonomie de la pensée sans perspectives pour la liberté. La géométrie sacrée comme la numérologie qui en découle, sont lexemple typique dune liberté de mouvement et dinvestigations que les élites dinitiés, ont pu mettre à jour aux temps anciens.

Héritiers des ces progressions phénoménales de la pensée, nous « modernes » aux pieds dargiles, nous devons modestement nous incliner face à ce travail de « raisonnement intuitif » qui fut leur œuvre ER

La Tétraktys Pythagoricienne,(extraits) 

(...)

Je tenais à préciser que de par sa nature même, cette dernière a tellement fait l'objet d'études et d'analyses poussées de la part des plus grands symbolistes et philosophes qu'il reste peu de place à une interprétation personnelle. Je souhaitais malgré tout vous en livrer comme une sorte d'abrégé synthétique issu de mes lectures dans l'espoir de vous faire partager ma passion pour ce symbole. Par conséquent afin d'essayer d'en mieux comprendre tout le symbolisme qu'il soit mathématique, géométrique, et bien sûr maçonnique, il conviendra de donner en préambule quelques explications nécessaires qui feront qu'au fil de ce travail tous les frères, quel que soit leur grade, se retrouveront dans cette Tetraktys Pythagoricienne dont la richesse insoupçonnée est sans limites. Cette figure aussi cartésienne qu’irrationnelle est si fascinante qu'il me semble qu’elle possède en son sein l'essence même de la Franc-maçonnerie. Pythagore est un philosophe, mathématicien et scientifique présocratique qui serait né aux environs de 580 av. J.-C. à Samos, une île de la mer Égée au sud-est de la ville d'Athènes. On établit sa mort vers 495 av. J.-C. à l'âge de 85 ans.

Sa vie énigmatique permet difficilement d'éclairer l'histoire de ce réformateur.

Le néo-pythagorisme est néanmoins empreint d'une mystique des nombres.

En effet, pour Pythagore « Tout est nombre » ( Un le Tout ) L'apport majeur de Pythagore est l'importance de la notion de nombre et le développement d'une mathématique démonstrative, mais aussi religieuse. Pythagore donne des nombres une représentation géométrique. Arithmétique et géométrique sont sœurs. Les démonstrations arithmétiques s'appuient sur des figures et cette méthode porte le nom d'arithmétique géométrique. La Tétraktys Pythagoricienne et le Carré de 4 en sont des exemples parfaits. Chaque unité est figurée par un point, de sorte que l'on a des nombres plans (1,4,9,16, etc. qui sont carrés et 1, 3, 6,10, etc. qui sont triangulaires), des nombres rectangulaires, des nombres solides (dits cubiques, pyramidaux, etc.), des nombres linéaires et des nombres polygonaux. Le premier nombre pyramidal est 4. Cette méthode permet le calcul de la somme des premiers entiers, des premiers entiers impairs ou encore le calcul des triplets pythagoriciens.  

Le mot Tétraktys signifie « quadruple éclat rayonnant ».

Ce mot évoque le nombre 4  (Tétra) et une lumière rayonnante (Actys).

La Tétraktys Pythagoricienne ou Quaternaire est un nombre représenté par 10 chiffres disposés en triangle. C'est la raison pour laquelle on l'appelle nombre figuré triangulaire.  Sa formule numérique est la suivante : 1 + 2 + 3 + 4 = 10.

Cette figure était sacrée. Les pythagoriciens prêtaient serment « par la Sainte Tétraktys » ou par une autre formule de serment « le Carré de 4 » , à ne pas prendre à la légère quand on sait que certains êtres savent aller au-delà du temps. La doctrine pythagoricienne à un caractère plus cosmologique que purement métaphysique. Rappelons ici que la cosmologie est la science qui étudie la structure et l'évolution de l'Univers considéré dans son ensemble. Le quaternaire est partout présent et toujours considéré comme le nombre de la manifestation universelle. C'est donc le point de départ de la cosmologie tandis que les nombres qui la précèdent, c'est-à-dire l'unité, le binaire, le ternaire, se rapportent uniquement à l'ontologie. C'est à dire l'étude de l'être en tant qu'être, de l'existence en général dans l'Existentialisme et sur la considération de l'essence divine, nécessairement pourvue de toutes les perfections, ce qui implique que Dieux existe.

La disposition figurée de la Tétraktys Pythagoricienne est la suivante : 

Pour l'anecdote, à l'époque de Pythagore, chaque point noir était un petit caillou disposé sur le sol, d'où est venu le nom de calcul désignant les petits « cailloux » se formant dans certains organes comme la vésicule biliaire ou les reins. Comme nous l'avons vu précédemment, la Tétraktys Pythagoricienne comprend 10 points ordonnés en un triangle équilatéral. En fait, un point central entouré de 9 points et la base du triangle composé de 4 points. Par conséquent quatre rangées des 4 premiers nombres successifs, dont la somme vaut 10. Ce qui nous amène maintenant à entrer dans le cœur même de la Tetraktys car il y a de multiples manières de la voir.

En voici donc une première analyse :

Au sommet, un seul point qui symbolise l'Un, le Divin, principe de toute chose, l'être non encore manifesté.

Au-dessous, l'origine de la manifestation marquée par 2 points, symbolisant la première apparition, le dédoublement par couple ou dyade, le masculin et le féminin, le phallus et l’œuf, etc.

Donc le dualisme interne de chaque être.

Rappelons qu'en Franc-Maçonnerie le dualisme manichéen est une impasse existentielle par nature.

Viennent ensuite les 3 points correspondants aux 3 minéraux du monde : l'enfer, la terre et les cieux.

Ainsi qu'aux 3 niveaux de la vie humaine : physique, psychique et spirituel.

Et pour terminer, nous trouvons les 4 points de la barre de la pyramide symbolisant la terre, la multiplication de l'univers matériel, les 4 éléments, les 4 points cardinaux, les 4 saisons, etc.

Cet ensemble constitue la Décade, la totalité de l'univers créé et incréé.

Nous aborderons ce sujet un peu plus loin.

Une seconde analyse de la Tetraktys Pythagoricienne avec toute la symbolique maçonnique qui s'en dégage, attirera davantage encore notre attention. Le point supérieur peut être également vu comme la représentation de l'unité fondamentale, de la dualité, de l'espace et du temps, de la matérialité. Les deux points peuvent être vus comme la représentation de la complétude des opposés complémentaires. Rappelons encore que le travail du Franc Maçon est de s'exercer à réunir les opposés et à observer les complémentaires. Représentation également de la dynamique de la vie des éléments structurels.

Les 3 points peuvent être vus comme la figuration de la totalité, du féminin et du masculin, de la création. Les 4 points peuvent être vus comme la représentation du feu, de l'air, de l'eau et de la terre.  À noter qu'au cours de ses voyages, le récipiendaire est purifié par ces quatre éléments. Il est donc possible d'établir une correspondance entre ces éléments et la Tetraktys Pythagoricienne.

« Feu. ,  Air.. , Eau    ,  Terre …. »

La somme des quatre premiers nombres faits 10.  Aller du 4 au 1, c'est aller du matériel, du tangible, du minéral au Divin, en passant par les fluides, les liquides ou les gazeux.

Mais rappelons encore que pour Pythagore « Tout est nombre ».  Nous trouverons enfin, ci-après, le symbole des chiffres pour les pythagoriciens. 

Le 1 - la monade : unité de l'existence et harmonie générale.

Le 2  - le binaire : la diversité, la division, la séparation.

Le 2 est la dyade (le nombre 2), principe passif et actif, masculin – féminin, faculté génératrice esprit-âme et corps humain d'une part, Divin, d'autre part.

Le 3 - la triade : la loi du ternaire est pour les pythagoriciens la véritable clef de vie.

Nombre par excellence, premier impair qui réuni les propriétés des deux premiers chiffres 1 et 2.

Le 4 - le quaternaire : nombre parfait, racine des autres, nombre ineffable de Dieu.

En hébreu, quatre lettres parmi les 22 représentent le symbole de l'immortalité de l'âme qui se meut d'elle-même.

Considéré comme l'essence des quatre éléments, des quatre qualités fondamentales du corps : sec, humide, froid et chaud, des quatre principes géométriques : point, ligne, plan et solide, des quatre notes fondamentales de la gamme, des quatre fleuves du paradis terrestre, des quatre figures symboliques du char de la vision d'Ezechiel traduite par les quatre évangélistes : Mathieu, Marc, Luc et Jean.  

Nous allons maintenant développer la Décade dont nous avons parlé précédemment.

Pour les pythagoriciens, la Décade était le plus sacré des nombres, le symbole de la création universelle.

C'est aussi sur le Dix qu'ils prêtaient serment en l'évoquant sous cette forme :

« La Tétraktys en qui se trouve la source et la racine de l'éternelle nature. Tout dérive de la Décade et tout y remonte. Le est l'image de la totalité en mouvement ». 

Le 10 est la base du système décimal qui se répète à l'infini : « 1 » suivi de « 0 » indique que hors de l'unité tout est néant et ne subsiste que par le système des nombres qui permet d'arriver à la découverte du principe des choses.

Le 10 contient tous les principes de la divinité évoluée et réunie. 10 est le nombre de la Tétraktys, somme des 4 premiers nombres.

Le symbole du Dix est très présent également chez les nombreux auteurs de la Bible.

Citons les dix commandements, les dix plaies d'Égypte, etc. Le 10 symbolise aussi les dix doigts des deux mains.

Il exprime la valeur ultime et nécessaire de la limite et de la forme, opposées à la non-limite et au chaos. Il faut rappeler que les chiffres précédents de la Décade étaient identifiés aux dieux, le dix signifiant la somme des pouvoirs divins maintenant la cohésion du cosmos. 

Pour les alchimistes, la valeur dix représente les capacités multiplicatrices de la pierre.  Cette pyramide recèle l'ensemble des connaissances et en elle se trouve la source et la racine de l'éternelle nature, cela par le jeu des quatre éléments : Feu, Air, Eau, et Terre.

Dans cette interprétation, la Tétraktys représente le fondement même de l'univers et des Dieux qui le composent, selon la célèbre sentence inscrite sur le fronton du temple d'Apollon à Delphes :  « Connais-toi toi-même et tu connaitras l'Univers et les Dieux ».

Elle symbolise ainsi la divinité dans son acte de création du monde. Dans la symbolique maçonnique de l'Équerre et du Compas, la Tétraktys fait allusion au passage de l'Équerre au compas ou du Carré Quatre au Cercle Un, créant ainsi l'harmonie entre, le créé et le divin ou si l'on préfère, la Matière et l'Esprit. En effet le Cercle est souvent considéré comme étant le point de départ d'une tradition ou la Source de la Doctrine.

Tandis que le Carré représente le point d'aboutissement d'une Tradition, le Réservoir qui contient l'Autorité Spirituelle. La Fontaine d'Enseignement. 

Comme chacun de nous avons prêté serment lorsque nous nous sommes fait constituer Franc Maçon, nous l'avons vu les pythagoriciens prêtaient aussi serment par la Sainte Tétraktys.

Mais leur amour était si grand pour cette dernière, qu'on raconte qu'ils lui auraient adressé cette prière que je vous lirais en conclusion :

« Bénis nous, nombre divin, toi qui as engendré les dieux et les hommes !

O sainte, sainte Tétraktys !

Toi qui contiens la racine et la source du flux éternel de la création !

Car le nombre divin débute par l'unité pure et profonde et atteint ensuite le quatre sacré,ensuite il engendre la mère de tout, qui relie tout, le premier-né, celui qui ne dévie jamais, qui ne se lasse jamais, le Dix sacré, qui détient la clef de toutes choses ».

(...)

 

17 Mai  6012

Ma.°. Lom.°.

 

(Sources : Wikipédia – Oswald Wirth – Jules Boucher – René Guénon )

Ci-dessous un extrait d’un travail au 1° du REP sur les trois fenêtres.

Un sujet aussi anodin révèle parfois quelques bonheurs en gestations qui feront la grandeur et l’épaisseur du maçon. Entre les lignes, nous devons reconnaitre les potentialités en devenir d’un travail qui va murir au fil du temps et qui sera l’objet d’un grand bonheur. En matière de symbolisme il est utile de rappeler qu’un rapport doit toujours être établit entre l’apparent et le caché, le caché étant toujours suggéré à celui qui à la vue intérieure. Ainsi, un rapport naturel doit être établit entre l’intérieur et l’extérieur... ER

Les trois fenêtres

(…) Je me présente à vous afin de vous faire-part des mes modestes recherches sur le symbolisme des trois fenêtres. J'ai choisi ce thème car peu évoqué, il a éveillé ma curiosité; d'ailleurs je me souviens que nouvel apprenti siégeant pour la première fois sur la colonne du Nord, mon attention a été attirée par ces trois symboles disposés juste en face de moi sur la colonne du midi. Pour réaliser mes travaux, je donnerai une définition du mot « fenêtre» et appréhenderai la notion de lumière qui en est Indissociable et qui me parait incontournable pour comprendre ce chantier. Ensuite, j'essaierai de justifier leur présence en les envisageant comme vestiges des loges opératives pour évidemment finir par leur portée symbolique.

Mais qu'est ce qu'une fenêtre? il s'agit tout simplement d'une ouverture dans un mur visant à laisser passer la lumière et l'air. Au rite écossais primitif, elles sont présentes à la fois sur le tableau de loge ainsi que sur le mur situé derrière la colonne du midi; à l'orient, au midi et enfin à l'occident, en hauteur juste dessous la houppe dentelée. On les retrouve au REAA et au rite français notamment. Elles sont généralement représentées sous forme d'un carré long parfois ornées d'un arc mais toujours munies de grilles ou de barreaux.

Qui dit fenêtre dit lumière ! Mais quelle lumière? Il y en à de plusieurs sortes.

Tout d'abord, il y à la lumière profane que je qualifierai de physique et terrestre qui est définie comme un rayonnement électromagnétique émis par le soleil, visible, c'est-à-dire perceptible par l'œil humain. Cette lumière associée à d'autres éléments est indispensable à la vie sur terre, et permet à l'homme de voir le monde matériel qui l'entoure, de s'y mouvoir et de l'appréhender.

Evidemment, même si cette lumière est importante car indispensable à la formation de toute vie sur terre, ce n'est pas celle qui m'intéresse ce soir. Celle qui m'intéresse est celle que tous les frères ici recherchent. Souvenons de notre rituel: à la question de savoir ce qu'est venu chercher le frère en franc-maçonnerie il répond «J'ai désiré la lumière ».

Il s'agît de cette lumière perceptible non pas cette fois-ci grâce à la rétine de nos yeux, mais grâce à l'intelligence de notre cœur.

Pour comprendre cette lumière, je vais me référer aux premiers versets du prologue de St Jean dans la bible.

C'est à cette page que la bible, posée sur l'autel du vénérable est ouverte et où sont disposés l'équerre et le compas : «AU COMMENCEMENT ÉTAIT LE VERBE ET LEVERBE ÉTAIT AUPRÈS DE DIEU ET LEVERBE ÉTAIT DIEU. PAR LUI TOUT A PARU ET SANS LUI RIEN N’EST PARU DE CE QUI EST PARU. EN LUI ÉTAIT LA VIE ET LA VIE ÉTAIT LA LUMIÈRE DES HOMMES ». Pour moi, la lumière est une vibration perceptible uniquement par celui qui sait se conditionner pour la recevoir : elle est la manifestation spirituelle du principe créateur, du G.A.D.L.U. D'ailleurs, VERBE, VERBUM en latin est la traduction du mot grec LOGOS signifiant LA PAROLE. Le verbe serait donc la parole du créateur. L'origine, le tout est le UN : il irradie de sa lumière le monde profane binaire, le DEUX. Le Franc Maçon, par son initiation spirituelle et son travail accompli en loge essaie de résoudre cette addition :

1+2=3. TROIS, le ternaire est la représentation du UN dans le monde manifesté.

Oui, tel est notre but à tous, retrouver le lien avec l'origine de cette lumière illuminatrice, se débarrasser du MOI et retrouver le SOI afin de réintégrer le TOUT en essayant le plus possible, grâce à nos travaux, d'atteindre un niveau de conscience éclairée ».

Mais à quoi donc peuvent bien servir ces trois fenêtres en loge ? Quelle est leur utilité ? On peut se demander si elles ne sont pas simplement un vestige symbolique de la maçonnerie opérative à l'époque où seules des fenêtres pouvaient suffisamment permettre d'éclairer l'intérieur de la loge où se réunissaient les opératifs, ouvriers bâtisseurs de cathédrales et qui se trouvait sur le chantier même de construction. C'est souvent l'explication qui est donnée dans les ouvrages maçonniques. Ainsi, dans ce cas, la lumière diffusée serait celle que j'ai qualifiée précédemment de terrestre. Les grilles ou barreaux présents aux fenêtres permettaient sûrement de protéger la loge de l'intrusion de tiers étrangers à la corporation afin de garder secret l'enseignement sur l'art de bâtir qui était dispensé dans ces loges. Dans notre loge, ces fenêtres grillagées auraient la même vocation symbolique, protéger nos travaux de l'intrusion de tout ce qui n'est pas sacré, de ce qui est profane, et aussi peut-être de nous protéger contre toute idéologie malveillante à notre égard comme cela a déjà malheureusement été le cas dans l'histoire. Mais une fenêtre est une ouverture ; peut-être aussi qu'elles permettent d'irradier de nos travaux le monde profane ? Ainsi par leur travail, les franc-maçons ont et continuent d'influer sur leur époque et sont à l'origine d'avancées spirituelles, sociétales et parfois sociales.

Il est clair pour moi que ces explications, même si elles sont certainement fondées, n'expliquent pas à elles seules la portée symbolique des trois fenêtres. Comme tous les symboles présents en loge, il convient de pousser beaucoup plus loin la réflexion pour en tirer toute l'essence. Tout d'abord leur nombre doit nous interpeller : TROIS. C'est le chiffre de l'unité dans le monde manifesté. Elles sont sûrement donc des ouvertures sur le principe créateur, un lieu de passage, de communion vers le sacré ; d'ailleurs, de par sa taille et les grilles qui l'ornent, la fenêtre ne peut rien laisser passer d'humain, donc de profane. Elles sont présentes sur le tableau de loge. Or ce dernier contient tous les outils symboliques nécessaires à la création de la vie, non pas cette fois si organique, mais bien spirituelle. Dans le temple, le franc-maçon peut éventuellement se passer de lumière naturelle, mais pas de lumière spirituelle dont il a besoin pour devenir conscient et communier avec le tout. C'est dans la transmission en loge de cette lumière destinée à guider notre éveil spirituel que les fenêtres jouent en partie leur plus grand rôle symbolique. Nous tous mes frères, sommes à l'image, comme cela est décrit dans la bible, de l'homme ayant chuté et qui par son travail cherche à sortir du plan horizontal pour s'élever sur le plan vertical et communier avec le tout ; c'est à mon avis pourquoi en partie les fenêtres sont orientées vers le haut. Ces trois fenêtres génèrent un double flux : un flux descendant du principe vers l'initié et un flux montant de l'initié vers le principe. Dans son éveil spirituel, le maçon passe par trois états de lumière. Initié, il se met en capacité de la percevoir par le silence notamment, mais également en état de transformation par l'activation de tous ses sens, de communion avec les quatre éléments et les outils symboliques : il travaille sur lui-même comme l'opératif dégrossit la pierre brute et ne doit pas être prisonnier de ses certitudes. Ensuite, viens le moment où il devient conscient qu'il capte la lumière originelle qui le guide vers l'éveil spirituel jusqu'au moment où lui-même rayonne : il est poli et prend la forme de la pierre cubique prête à s'intégrer dans l'édifice bâti par l'effort collectif de lui-même et de ses frères en loge. Enfin, être conscient, il doit rester vigilant et ne pas se laisser éblouir afin de ne pas régresser. Peut-être les trois fenêtres reflètent-elles aussi ces trois états de lumière et, à travers les grilles et barreaux qu'elles contiennent, filtrent la lumière afin que le maçon ne se perde pas ; ces grilles et barreaux sans doute façonnent la lumière, lui donnent un sens particulier, à l'image des vitraux dans les églises.

Encore, on peut penser que les trois fenêtres sont aussi symboliquement un sas de communion également avec nos frères passés à l'orient éternel. C'est en ce sens à mon avis que les trois fenêtres se trouvent en hauteur juste sous la houppe dentelée. Pour travailler en loge, il faut être initié et recevoir l'influence spirituelle de ceux qui nous ont précédés, peut-être par les trois fenêtres, et leur renvoyer le fruit de notre travail à la fin de la tenue par le biais de la chaîne d'union.

Quoi qu'il en soit, pour se réaliser, l'éveil du maçon doit se faire dans un endroit sacré, la loge. La loge, lieu de tous les possibles où se crée et se joue en permanence le miracle de la vie et où se manifestent tous les cycles de la création, pour recevoir et capter la lumière originelle doit être positionnée idéalement dans l'espace : les trois fenêtres sans doute ordonnent-elles l'orientation du temple comme une « boussole spirituelle» en figurant les quatre points cardinaux. Problème, il y'à trois fenêtres et quatre points cardinaux. La quatrième fenêtre, celle qui se trouverait sur la colonne du Nord serait invisible et aurait la même vocation que la rosace présente au Nord dans les cathédrales gothiques et qui dispense la lumière noire qui est une lumière de l'incréé, de l'indéfini et qui ne peut être représentée.

Comme les trois fenêtres ordonnent l'orientation du temple, elles en ordonnent aussi le temps sacré, mais cette fois-ci comme une « horloge» sacrée qui à travers la notion de cycle, organise le temps en loge, temps dans lequel nous tous mes frères parachevons notre œuvre soit de MIDI à MINUIT.

La lumière nait à l'image du soleil à l'orient : c'est un peu le printemps du monde, l'endroit où le soleil s'est levé la première fois. La lumière diffusée par la fenêtre de l'orient préfigure l'aube de la vie et de notre travail. Ensuite, la fenêtre du midi sonne le départ de nos travaux. C'est l'heure sacrée où la lumière est la plus forte, le zénith solaire, l'apogée de la création. Tout corps baigné par cette lumière ne rejette pratiquement pas d'ombre ; le maçon est à ce moment précis au maximum de ses possibilités, sa clairvoyance est totale et il devient conscient. Enfin, par la fenêtre de l'occident, la lumière perçue est déclinante et préfigure le repos après l'œuvre accomplie, la douce torpeur qui met en attente du cycle suivant. Le Nord, lui, est dans le froid et les ténèbres, le monde indéfini où la graine de la création n'a pas encore germé, c'est le soleil de minuit.

Les grilles et les barreaux présents aux fenêtres, outre le fait de filtrer la lumière en provenance du tout pour la rendre intelligible au cœur de l'initié et éviter qu'il ne soit ébloui, permettent aussi de faire percevoir au maçon ce qui est de ce qui n'est pas. Pour voir la lumière, il faut qu'elle soit contrastée par la pénombre. Ces deux états de lumière apparemment contraires sont complémentaires et forment un TOUT. Ainsi, le pavé mosaïque serait la lumière filtrée par les trois fenêtres et leurs grilles ou barreau : les parties pleines rejettent une ombre, soit les cases noires, et les parties vides la pleine lumière, soit les cases blanches.

Pour terminer ce travail, je dirai que la portée symbolique des trois fenêtres est à la hauteur sinon plus de la curiosité qu'elles avaient éveillée en moi. Bien évidemment, je n'ai dû percevoir qu'une infime partie de leur valeur symbolique et il est évident que j'obtiendrai des réponses au fur et à mesure de mes travaux et de l'accomplissement de mon parcours initiatique, mais aussi du vôtre. Je commence même à me poser certaines questions que je n'aurai pas eu le temps d'aborder et qui pourront servir de bases à de futures réflexions. Je me pose notamment la question de savoir si la colonne où siège l'apprenti, la colonne du Nord, est vraiment dans l'obscurité : peut-être l'apprenti reçoit-il en pleine face la lumière diffusée par les trois fenêtres disposées en face de lui, mais sans cependant en percevoir le sens ? Je me demande encore en quoi la lumière perçue au travers des trois fenêtres est différente de celle émise par le vénérable qui descend ensuite sur les trois colonnettes pour enfin terminer sur l'autel des frères premier et second surveillant et transmise sur les colonnes.

(…)

DAV :. DUB :.

trois lumieres         La chevalerie et la Franc-maçonnerie       

 

L’évolution française de la Franc-maçonnerie fut l’occasion de lier deux voies initiatiques : la voie matérielle représentée par l’art royal et la voie guerrière représentée par la chevalerie. Il ne s’agit pas pour nous de confirmer l’historicité des allégations reliant la franc-maçonnerie aux tailleurs de pierre ou aux templiers. La part légendaire et mythique fait partie intégrante de l’effet initiatique recherché dans la société des francs-maçons.

 

Dans les deux cas, nous assistons à la transformation de l’individu soit par le travail de la matière et l’identification de « l’œuvrier » à son objet, soit par l’art de la guerre et l’esprit de sacrifice dans un désintéressement total. Par analogie, l’une ou l’autre voie initiatique, fait éclore la dimension spirituelle et divine de l’être. Ainsi, travailler la matière consiste à en libérer ou délivrer cette parcelle divine qui y réside ; en parallèle, la solitude du chevalier dans une quête d’un Grall aussi hypothétique qu’intérieure soutient l’image de l’amour d’un Dieu, moins anthropomorphique que johannique, qui transcende la destinée de son propre corps. Cette double démarche ne pouvait que remporter un vif succès, tant il est vrai que l’aspiration au sublime dépasse les aspects religieux et schismatiques. Ce goût du sacrifice et de la mission à accomplir complète admirablement la base maçonnique des trois degrés.

Le premier a apporter la richesse chevaleresque et Templiere en complément de l’art royal, fut le Chevalier André-Michel Ramsay. Ce dernier fut qualifié de« Universae religionis vindex et martyr » soit « Défenseur et martyr de la religion universelle ».

C’est de spiritualité dont il s’agit, car toute cette hiérarchie codifiée et traditionnelle n’était là que pour servir la tradition et donc protéger la Terre Sainte. À ce titre, elle noue de contacts avec l’Orient au cours des nombreuses croisades et favorisa l’enrichissement des gens de mestier, dans l’art de bâtir notamment. La truelle et l’épée vont se retrouver dans les mêmes lieux, pour les mêmes causes, dans une communion de sacrifice, ce qui cimentera leur destinée.

Témoin et acteur du génie français, cinquante ans après l’implantation des premières loges en France, cet homme aux multiples facettes, a su poser la pierre d’angle du système français qui, loin de renier son grand frère anglais, va apporter une source mythique nouvelle à la franc-maçonnerie continentale. Il est, avec Charles Radclyffe, l’un des fervents propagateurs de la franc-maçonnerie à la française. Tirant les leçons de la constitution (sous la protection royale de Georges 1er) de la Grande Loge de Londres, on peut imaginer qu’il souhaite ne pas soumettre l’ordre à la férule du pouvoir royal.

Le promoteur de L'Écossisme est de nos jours considéré comme une grande figure de la franc-maçonnerie spéculative. L’Homère de la franc-maçonnerie est initié à la "Horn Lodge" de Londres en mars 1730, où fut aussi initié Montesquieu, le Chevalier de Ramsay fut l'orateur bien connu de la Loge "Le Louis d'Argent", à l'Or. de Paris.

Sa vie ne fut pas qu’un tissu de réussites. On notera qu’il fut traité de plagiaire par Voltaire[1], pour avoir repris dans ses différents écrits des fractions d’auteurs antérieurs sans les citer. Le voyage de Cyrus en fut l’exemple. Montesquieu lui aussi franc maçon dira de lui « C’était un homme fade ».[2] 

Son système à l’instar de celui d’Anderson et Désaguliers repose sur un œcuménisme maçonnique visant à réunir ce qui, d’une certaine façon, est devenu épars, en dominant les oppositions latentes des différentes religions. Les temps difficiles ont provoqué guerres et dissensions entre les hommes des mêmes peuples : « Au delà des peuples et des frontières nous réunirons des hommes épris de symbolisme et de traditions antiques immémoriales, antédiluviennes et noachites, mus par l’idée que la connaissance combat les antagonismes engendrés de l’ignorance et que l’origine des savoirs et des croyances naît d’une seule source, la religion universelle. »

Les similitudes avec Anderson sont telles qu’on parlera de l’Anderson français qui minorant la filiation des bâtisseurs maçon, prétend à une filiation plus noble, vers la chevalerie des croisades, sans pour autant que le terme templier soit prononcé. Depuis John Locke la tolérance est de mise, les guerres de religion et les tentatives de coups d’État qui perdurent durant plusieurs décennies font avancer l’idée à la suite de la Royale Society, que l’art de vivre ensemble repose sur la tolérance et l’universalisme.

 André-Michel de Ramsay est né à Ayr, en Écosse, en 1686. Il est d'origine noble. Son père était calviniste ; sa mère anglicane.  Studieux, renfermé, écartelé par des parents de confessions différentes qui manifestement ne partageaient pas la même vérité religieuse. Ce fut là sa première épreuve reposant sur un antagonisme familial dont le traumatisme conduit le jeune Ramsay à élaborer de manière plus ou moins consciente une technique de ré-appropriation, en épousant lui-même vingt ans plus tard, une troisième voie catholique. Terminant brillamment ses études en théologie à Glasgow et à Édimbourg, nous le retrouvons bientôt aux Pays-Bas, havre de liberté religieuse. Hanté par les problèmes spirituels qui avaient marqué ses jeunes années, il fréquente le milieu  " rosicrucien " qui tenait Jacob Böhme[3] en haute estime. Le cordonnier Jacob fut l’inspirateur[4] d’un dimensionnement ésotérique qui n’était déjà plus enseigné dans les différentes confessions. Maîtrisant parfaitement le français, il devient en 1709 le familier de Fénelon, l’archevêque, dont il subit l’influence et se convertit au catholicisme[5].

L’inquiétude de son âme l’incite à une tolérance partisane. Il devient franc-maçon et écrit de nombreuses lettres à Salignac avec l’intitulé, « Mon Très Cher Frère... ».  Ramsay devient précepteur des grands. Il est aussi écrivain et agent diplomatique des Stuarts chassés de Grande-Bretagne. En 1723, le Régent le crée Chevalier de l’ordre de Saint-Lazare de Jérusalem, soit le plus ancien ordre hospitalier, fondé à l’origine en 1120 pour porter assistance aux pèlerins en route pour les lieux Saints. Cette appartenance ne sera pas sans conséquences sur la théorie Templiere et chevaleresque des origines maçonniques. En 1724, il réside à Rome pendant dix mois auprès de Jacques III, en qualité de précepteur de son fils Charles-Edouard. Dans la même année, Ramsay est à Paris, coresponsable du Club de l'Entresol. C’est l’époque des clubs dans l’imitation des clubs anglais, qui réunissent des bourgeois, des nobles et intellectuels, dont Montesquieu, pour examiner les grands problèmes de société. La police du Régent considère cette société comme contraire aux intérêts du pouvoir et le Club de l'Entresol est fermé. En 1727, Ramsay publie son Voyage de Cyrus, qui fit l’objet d’un grand tirage. Il est déjà franc maçon, ayant était reçu d’après P.Chevalier[6] dans la Loge Saint Thomas n°1 de Lord Derwenwater.

 Le voyage de Cyrus, est une imitation dans le goût de Télémaque écrit par son mentor Fénelon. Au cours de ses voyages, le jeune Cyrus[7] est instruit par des Sages de l'Antiquité et plusieurs chapitres contiennent de claires allusions maçonniques. Pour être succincts, nous remarquons la présence de Pythagore, l’éloge du silence via Harpocrate. L’initiation maçonnique est illustrée par la captivité et la libération d’Aménophis[8]. Il s’agit d’après nous d’une transposition du rituel de Maître, car on y voit défiler la scénographie Hiramique dans la plupart de ses détails. Dans un courrier adressé au Marquis de Caumont[9] en Avignon le 25 novembre 1729, il écrit : « j’ai développé plusieurs dogmes de l’antiquité et plusieurs points de la théologie et de la mythologie des anciens qui ont un rapport avec nos sacrés mystères » plus loin « je confirme de plus en plus que toutes les traditions anciennes…sont des rayons et des écoulements de la religion primitive de Noé »[10]...

La date de 1727 semble correspondre à l’arrivée du troisième[11] grade de la Franc-maçonnerie spéculative. Ramsay se trouve à nouveau à un carrefour historique. En 1728, nous retrouvons le Stuartiste catholique Michel de Ramsay en Angleterre, où il obtient quelques soutiens, ce qui reste étrange dans le contexte politique. En effet, il est admis dans deux compagnies scientifiques de la plus haute renommée : The Gentlemen's Society[12] et la Royal Society. Cette dernière ayant été fondée au précédent siècle par Elias Ashmole et quelques autres rose-croix. Pendant ce séjour à Londres, Ramsay fut aussi l'ami d'Anderson, fondateur de la Mother Lodge de 1717. Certains ont pu affirmer que le chevalier avait joué un double jeu, voir même qu’il avait trahi la cause Stuartiste. Ensuite, il retourne sur le continent et joue un rôle prépondérant dans les loges françaises Stuardistes qui avaient précédé le phénomène Orangiste Anglais. Il devient, par sa double culture maçonnique anglaise et écossaise stuartiste, le promoteur de l’adaptation française, inaugurant l’écossisme qui fera florès. Il est potentiellement le trait d’union pacificateur des deux maçonneries. Même si les loges anglaises et écossaises se fréquentent, elles furent dans la période précédente, des lieux de conspiration. Il ne faut pas perdre de vue que les Stuarts ne désespèrent pas de reconquérir le pouvoir détenu par les Hanovriens, jusqu’aux environs de 1750.
Est-ce pour mener à bien la mission secrète dont il est chargé par les Stuarts que Ramsay, en 1730, accepte de devenir précepteur dans l'illustre famille de Bouillon ? Le duc régnant comptait parmi ses ancêtres Godefroy de Bouillon et Turenne, famille dont il rédigera les mémoires. Ladite famille avait fait partie de la fronde et se retrouvait mise à l’index par le pouvoir absolu du roi. Les grandes familles du Royaume avaient supporté impatiemment le joug pesant de Versailles. La régence et donc l’affaiblissement relatif du pouvoir royal favorisent la renaissance de l’esprit de la Fronde. La famille de Bouillon qui régnait sur une principauté indépendante dans les Ardennes, était un acteur important du mouvement, fier de son sang, allié des Stuarts, avec lesquels le duc partageait une tradition ésotérique très ancienne. Sa généalogie rivalisait avec celle des Bourbons. Le duc régnant était grand-maître de l'Orient de Bouillon, maçonnerie à tendances spiritualistes et même magiques, qui groupait des personnalités de premier rang et fédérait un grand nombre de loges militaires. Ainsi, l'armée du roi de France portait en son sein une maçonnerie non française par ses origines. Les loges militaires reprenaient les usages des loges régimentaires Écossaises et Irlandaises. Ramsay, précepteur du prince de Turenne, fonde une loge à Château-Thierry, fief de son maître. Certains considèrent qu’il fut à l’origine de la création du rite de Bouillon ou du rite de Ramsay
[13]. Cette affirmation est reprise aujourd’hui par un certain nombre de Loges qui s’en réclament. En 1735, âgé de quarante-six ans, il épouse Marie de Nairne, vingt-quatre ans, fille d'un noble Écossais de haut lignage, le baron David de Nairne, héraut d'armes de l'Ordre du Chardon, ordre chevaleresque des Stuarts. (Ceci accrédite la connexion Templière dans l’établissement et la pratique d’un éventuel rituel de Ramsay). Cet ordre avait été créé en 1314 par le roi d'Écosse Robert Bruce, après sa victoire de Bannockburn, afin de récompenser les Templiers qui, réfugiés dans ses États après l'inique procès, avaient largement contribué à la défaite des Anglais.

Dès 1735 commence de circuler, sous le manteau, ce fameux Discours de Ramsay qui est, en quelque sorte, la charte de la Maçonnerie moderne. Les idées ici développées sont innovantes voir gênantes pour l’institution ... D'abord, Ramsay signale l'universalisme de l'Ordre. Le franc-maçon y apparaît pour la première fois comme un citoyen du monde. Avec une certaine audace en cette première moitié du XVIIIe siècle, il blâme l'esprit de conquête et le patriotisme guerrier. L’origine chevaleresque et croisée de l’ordre est mise en avant, réfutant la thèse opérative de son ami Anderson. Par extension on parlera d’origine Templière. Il s’appuie sur l’encyclopédie des savoirs et connaissances donnant à la démarche maçonnique son esprit et sa fonction universelle. 
Ainsi Ramsay, tout en sollicitant la protection des princes
[14], lance un appel à tous les francs-maçons par delà les frontières. Il s’agit de ménager le pouvoir en place, sans lui être inféodé.

Cet élan est emprunté à Fénelon son mentor religieux, dont il est utile de rappeler deux citations : « Je préfère ma famille à moi-même, ma patrie à ma famille, et le genre humain à ma patrie ». Dans Télémaque on relève : « Tout le genre humain n’est qu’une famille dispersée sur la face de toute la terre. Tous les peuples sont frères et doivent s’aimer comme tels. »

Nous pensons que le chevalier Ramsay n’avait ni l’envergure ni le talent pour fonder un système de sa propre volonté. C’est d’autres frères, en quête d’une filiation autre que l’Anglaise issue du système des « moderns », qui s’emparèrent d’un discours qui ne fut probablement pas lu par son auteur, le cardinal Fleury , ministre du Roi, l’en ayant dissuadé.

 Michel de Ramsay meurt à Saint-Germain-en-Laye, le 7 mai 1743. L'acte de décès est signé du Comte de Derwenwater venu enterrer son Grand Orateur et du comte d'Engletown, tous deux " frères " d’une des premières loges spéculatives de France.

La première version du discours avait vocation à être lue devant les Loges Jacobites parisiennes réunies le 26 décembre 1736 dans la Loges Saint Thomas 1er, la veille de l’élection de Charles Radclyff, Lord Derwenwater son ami,  au poste de Grand Maître des loges Jacobites.

Cette version cristallise les fondamentaux de l’écossisme ramsayen dont nous produisons ici quelques extraits :

 

 «Le goût suprême de l'Ordre et de la symétrie et de la projection ne peut être inspiré que par le grand Géomètre architecte de l'Univers dont les idées éternelles sont les modelles du vray Beau»[15]

«Noé doit être regardé comme l'auteur et l'inventeur de l'architecture navale aussi bien que le grand maître de notre ordre»[16].

Tout comme Anderson, il s’appuie sur le mythe fondateur connu des francs-maçons. Il prend le contre-pied d'Anderson pour qui la Franc-maçonnerie se développe en Angleterre jusqu’aux constitutions de 1723, Ramsay la fait passer de Grande-Bretagne en France qui va devenir le centre de l'Ordre. 

«... Noé, Abraham, les patriarches, Moyse, Salomon, Cyrus avaient été les premiers grands Maîtres. Voilà, Messieurs, nos anciennes traditions ; voici maintenant notre véritable histoire. Du temps des guerres saintes dans la Palestine, plusieurs princes, seigneurs et artistes entrèrent en société, firent vœu de rétablir les temples des chrétiens dans la terre sainte »,

« Rappelèrent tous les signes anciens et les paroles mystérieuses de Salomon, pour se distinguer des Infidèles et se reconnaître mutuellement... dès lors nos loges portèrent le nom de loges de Saint-Jean »… .

« Cette union se fit en imitation des Israëlites lorsqu'ils rebâtirent le second temple ; pendant que les uns maniaient la truelle et le compas, les autres les défendaient avec l'épée et le bouclier» …

«Depuis ce temps, la Grande-Bretagne devint le siège de la Science arcane, la Conservatrice de nos dogmes et la dépositaire de tous nos secrets. Des Iles Britanniques «L'antique science» commence à passer dans la France, la nation la plus spirituelle de l'Europe va devenir le centre de l'Ordre et répandra sur nos statuts, les grâces, la délicatesse et le bon goût, qualités essentielles dans un ordre dont la base est la Sagesse, la Force et la Beauté du génie. »…

 Nous donnons dans l’article suivant la deuxième version. Celle-ci devait être soumise au Cardinal de Fleury qui la désapprouve et ne fut publié qu’après sa mort. Nous sommes toujours dans la période de régence. C’est le Cardinal de Fleury qui dirige le royaume compte tenu de l’âge de Louis XV. Celui-ci est hostile à l’ouverture d’un front anti- Hanovrien cristallisé dans la franc-maçonnerie Stuartiste. L’ambiance générale est assez hostile à la franc-maçonnerie, des descentes de police sont organisées dans les loges, de nombreux nobles en font partie et déjà la Hollande et la Suède prennent des mesures d’interdiction. Suite à une enquête de quatre mois, le Cardinal de Fleury interdit la Franc-maçonnerie le 2 août 1737. Le Vatican emboîte le pas avec la publication de la bulle papale « in eminenti apostolatus specula » le 24 avril 1738, qui interdit à tous les francs-maçons d’appartenir à une loge, sous peine d’excommunication. Cette hostilité du Pape fut contre productrice. La bulle affaiblit les loges Stuartistes catholiques au profit des loges orangistes favorable au pouvoir en place à Londres. Le soutien recherché auprès des autorités par Ramsay fut un échec. Le Cardinal  de Fleury avait fait savoir son désaccord. Cependant, les deux discours vont rester la plate-forme intellectuelle de l’ensemble d’une Franc-maçonnerie en France et à l’étranger, qui ne se retrouve pas dans le dictat de Londres.

Note de synthèse N°1- préalable à l'etude de la chevalerie maçonnique-( E.°. R.°. RL ecossais de saint jean) 



[1]              D’après Voltaire dans son Dictionnaire Philosophique.

[2]              In Albert Lantoine « La franc-maçonnerie chez elle » ed Noury paris 1927.

[3]              Jacob Boehme est considéré comme un auteur pré maçonnique.

[4]              Le 25 février 1709 le jeune Ramsay se qualifie lui-même de Philadelphien.

[5]              Notons que quelques années auparavant il avait adhéré au socinianisme secte protestante antitrinitaire qui contestait la divinité du Christ.

[6]              « La franc-maçonnerie écossaise en France »

[7]              Cyrus est une figure tutélaire des débuts de l’écossisme, et notamment des grades supérieurs du Rite Ecossais Primitif.

[8]              Ces points sont justement relevés par Albert Chérel « André Michel Ramsay » Paris 1926.

[9]              Le dit Marquis étant titulaire d’une charge de Maître de loge, d’essence Stuartiste en Avignon.

[10]             P. Chevalier « La première profanation du Temple Maçonnique », ed Vrin, p133 cité par Pierre Prevost

[11]             Rappelons à toutes fins utiles que les premières loges continentales ne travaillaient qu’aux deux grades connus d’apprenti et de compagnon, le Maître de loge assumant la charge de président. Dans les constitutions de 1738 Anderson valide le grade de maître préexistant et la légende d’Hiram.

[12]             D’après Gould il s’agit d’une « association patronnée par beaucoup d’archéologues et de francs-maçons fameux » cité par Pierre Prévost point de vue initiatique n° 79. 1990.

[13]             Les recherches en cours sur ce rite laissent à penser qu’il n’est pas sans rapport avec le Rite Ecossais Primitif. Le dictionnaire Ligou en définit succinctement les caractéristiques : il aurait fonctionné dès 1728 et d’après Thory et Ragon, il comprenait les grades d’apprenti, de compagnon, de maître, de maître écossais, novice et enfin de chevalier du temple ou templier.

[14]             Il demande la correction par le cardinal de Fleury ministre de la police quant à la deuxième version de 1737.

[15]         Pour Anderson : «Adam, notre premier ancêtre, créé à l'image de Dieu, le Grand Architecte de l'Univers, dut avoir les sciences libérales, particulièrement la Géométrie, inscrites dans son coeur, car depuis la chute même nous trouvons ces principes inscrits dans le cœur de ses descendants» Ramsay dans son rappel pour « le goût des arts libéraux » reprend délibérément le lien avec les Anciens devoirs catholiques qui précédaient le Mason Word 

[16]         Pour Anderson «Noé et ses trois fils, Japhet, Sem et Cham, tous maçons authentiques, amenèrent avec eux, après le Déluge, les traditions et les arts antédiluviens, et les communiquèrent largement à leur descendance de plus en plus nombreuse»

Principes d’action maçonnique

 

Pourquoi être franc-maçon en loge symbolique[1] ?

 

Chaque franc-maçon veut donner un sens à sa vie maçonnique.

 

Le sens est à entendre à tous points de vue, qu’il soit intellectuel, concret et pratique, qu’il corresponde à une manière d’être, de penser, de s’exprimer et le cas échéant d’agir en citoyen maçon.

 

Le sens dépend de l’identité rituelique dans laquelle il évolue, c’est donc une affaire de sensibilité et de choix. Les chemins sont différents, mais les outils et les moyens mis en œuvre sont identiques.

La franc-maçonnerie s’attache à transmettre et préserver des valeurs qui sont moteur de progrès spirituel et moral de l’humanité. Nous savons que ce vœu emprunte différentes voies pour se réaliser. Leurs différences, qui sont de véritables richesses, n’ont pas à être jugées, car elles sont l’expression souveraine de chacun de nous.

La branche la plus métaphysique, la plus spirituelle ou la plus religieuse, offre à la branche la plus humaniste, la plus sociale et matérialiste, la possibilité de se réaliser, et inversement. Chacune va puiser, discrètement sans doute, les éléments qui lui manquent pour achever ses travaux.

Le chantier est long et on a besoin de tous les ouvriers maçons qui veulent contribuer au Chef-d’œuvre.

Quelle est la pensée première qui justifie l’entrée en franc-maçonnerie ?

 

Le désir de comprendre, de percer un mystère et de participer à quelque chose de grand et noble comme une cathédrale pour l’humanité, qui repose sur une connaissance de soi et un agir individuel qui soit à finalité sociétale ou spirituelle.

En un mot il s’agit de lever le voile sur ce qu’on appelle les mystères de la Franc-maçonnerie.

 

La Question

 

C’est d’abord une réponse à une partie des questions existentielles qui reposent sur le « pourquoi suis-je sur terre » et le « comment l’homme est arrivé sur terre ». La présence de l’homme « animal pensant » sur terre pose de grandes questions.

S’agissant de l’origine de l’homme sur terre, la franc-maçonnerie moderne ne donne aucune réponse. Elle tâche de ne pas s’exposer, ni de se confronter à la religion. L’homme est un animal pensant qui en fonction de son bagage, de sa tribu et de sa religion, a pu trouver une réponse satisfaisante à cette angoisse. Globalement la réponse se situe dans les trois ordres. Elle est religieuse, raisonnante et sociale, raisonnante et scientifique.

Qu’importe finalement la réponse au comment, chacun est libre d’y répondre en fonction de ses convictions. Ceci explique les différences rituéliques et obédientielles en nos rangs, ce qui quelque part est aussi une grande richesse. Pourtant elle reprend, dans ses rangs, souvent à l’insu des obédiences, une ancienne tradition qui parle à son cœur, celle de l’Hermétisme et de la Gnose.

La science cachée n’a rien à voir avec l’obscurantisme justement dénoncé, elle conserve son attrait, y compris chez les plus sociaux d’entre nous.

Ce sont de grands schémas polymorphiques et péri-religieux qui supportent bien l’adaptation au pragmatisme du temps présent, sous le regard attentif de la Tradition.

 

La réponse

 

Dans la recherche de la pensée originelle qui définit la Tradition, on doit s’interroger sur les différences qui caractérisent l’homme face à l’animal. Cette question doit logiquement élever plus encore le coté spirituel du cherchant.

La première recherche et la seule qui compte vraiment concerne les origines de l’homme. La réponse est souvent donnée comme divine ou surnaturelle. Elle peut être aussi le fruit d’une lente sélection naturelle mêlant hasard et nécessité. Quoi qu'il en soit vous ne rencontrerez aucun franc-maçon dénier à un autre frère ses convictions sur le « comment ». Cette question est habilement rangée sous le vocable du Grand Architecte De l’Univers, appellation suffisamment vague pour offrir la plasticité nécessaire à chaque sensibilité.

 

Pour le franc-maçon, le comment se limite aux conséquences dûment constatées plutôt qu’aux causes divines. C’est ainsi qu’on obtient une forme d’unanimité dans le constat seulement.

Symboliquement c’est une affaire de terre et de ciel, de matière et d’esprit. Il s’agit de faire ressortir l’esprit emprisonné dans une gangue de matière, belle allusion à l’homme prisonnier de son animalité. Voilà donc une réponse universelle qui du moins pour les occidentaux à l’avantage d’être adaptable.

C’est donc sur cette base qu’un constat est dressé : l’homme lutte en permanence contre son animalité. Ce fond d’animalité se caractérise par les mauvaises tendances qui sont notamment : la cupidité, les bas instincts, l’injustice, le fanatisme et l’ambition.

Le recul de l’humain face à l’animal suggère la perfectibilité de l’homme et le développement de ses qualités dont l’éthique est la meilleure expression.

 

 

La conscience pour soi

 

L’homme est traditionnellement considéré comme un médiateur entre la terre et le ciel.

Il ne s’agit pas pour le franc-maçon de déterminer l’origine de son arrivée sur terre, mais plutôt de savoir comment il peut y vivre en améliorant lui-même et ses semblables. Le franc-maçon reconnaît de fait une transcendance particulière dans son être et son agir.

Sortir du chaos qui l’entoure et pour lequel il porte une responsabilité certaine, tel est l’enjeu. Plus qu’un enjeu, il s’agit pour le maçon d’un projet.

Conscience, esprit, raison sont les soubassements de l’éthique. Son agir est immédiatement lié à son esprit qu’il doit travailler. Sa matière représentée par son animalité reste autonome dans son évolution. L’esprit se travaille comme la flamme d’une bougie lutte pour luire dans les ténèbres. C’est un travail permanent que de cultiver son champ et arracher la mauvaise herbe. C’est donc l’esprit qui peut donner du sens au fait d’être au monde.

Il faut donc mettre de l’ordre en soi avant de proposer quoique ce soit à la société.

L’esprit est en chacun d’entre nous, il est donc sous notre gouverne, sans qu’il soit nécessaire de s’en remettre à une puissance extérieure. Cette autonomie de la volonté n’explique pas comment l’esprit est venu à l’homme. Sur ce point chacun se réfère à ses convictions. C’est ici que repose la grande supériorité de la franc-maçonnerie :

Face au chaos avéré, qui n’est que la conséquence d’une perte d’esprit et de raison chez l’Homme, il s’agit de retravailler assidûment et constamment son esprit. Ainsi la tendance animale de l’homme sera reléguée au second plan.

C’est tout un programme qui demande une progressivité dans sa mise en œuvre qu’on appelle l’initiation graduelle. C’est ce qu’on appelle aussi la méthode maçonnique

 

La croyance en quelque chose de grand

 

Il existe trois grands courants qui mettent en œuvre un schéma directeur et une mise en œuvre adaptée à une sensibilité type :

- Le courant déiste repose sur un grand principe créateur indéterminé et inconnaissable. Il n’y a ni Dieu nommé, ni prières. L’homme se dépasse par la transcendance.

- Le courant laïque fortement impliqué dans la cité, situe sa réponse du comment dans l’unique raison humaine, chacun est libre de créer des liens dans le domaine de l’esprit pour son devenir après la mort. Ce qui compte c’est le progrès de l’humanité.

- Le courant théiste qui reconnaît la croyance en une intervention divine et qui recoupe le projet des trois grandes religions monothéistes. Le salut est recherché en faisant le bien, ceci constitue l’accomplissement personnel. C’est la base de la morale chrétienne et des anciens devoirs.

 

Je suis convaincu que la grande majorité des maçons se considèrent des trois courants, leur sagesse étant fondée sur l’esprit de synthèse.

Voilà la grandeur du franc-maçon du XXIe siècle, être soi dans un esprit de synthèse.

 

Résoudre le pourquoi par une croyance quelle qu’elle soit, ne remet pas en cause l’état des lieux et la culture de l’esprit face au chaos. Le schéma commun à tous les maçons reste intact. Il faut agir avec le discernement et la conscience d’un tout. C’est le devoir qui nous appelle ici bas, on ne peut pas rester les bras croisés. L’initiation est une sensibilisation de l’esprit face à la matière, de l’humain face à la bête et de la connaissance de soi.

Se connaître soi-même pour agir juste dans son idéal de grandeur, voilà la direction.

 

 

Le Schéma et les voies mises en œuvre

 

Pour les compagnons traceurs que nous sommes, le grand dessin c’est d’abord de conjuguer une ébauche personnelle et un plan collectif.

Le grand dessin conditionne la mise à disposition des moyens.

Quel est le schéma ?

Il s’agit du progrès spirituel et moral de l’humanité, en faisant remonter la responsabilité individuelle.

Pour faire progresser le niveau humain en chacun de nous, en gardant la main sur la société qu’il a créée et dont il est seul responsable, il faut prendre en compte l’autre comme composante de base de la société et non soi-même. C’est le principe de l’altruisme et de la fraternité.

La condition préalable à cette mise en œuvre est que pour atteindre ce grand dessin, encore faut-il atteindre un degré d’évolution spirituelle suffisant.

La réalisation personnelle est donc un point de passage obligé.

 

Les deux niveaux d’élévation

 

Dans une première version, cette réalisation peut suffire et constituer en soi le projet, car le rayonnement du maçon sur la voie de la réalisation spirituelle est tel, dans une société donnée, qu’il envahit et infuse la société par toutes les zones de contact qui s’offrent à lui. Ainsi,la réalisation personnelle devient un accomplissement spirituel avec d’éventuels développements religieux et infuse toute la société.

L’inconvénient de cette approche est qu’elle risque de s’arrêter en chemin, dans une réalisation personnelle égocentrée, avec un rayonnement faible, confidentiel, mais de qualité.

La deuxième version du projet franchit le cap de la réalisation spirituelle de l’individu agissant par infusion pour atteindre l’action par perfusion. Il s’agit dans ce cas d’agir concrètement dans une action ouverte et tendue au plan sociétal.

Le travers de cet interventionnisme sociétal est d’oublier la dimension spirituelle de l’initiation et de ravaler les loges à des sociétés caritatives ou politiques.

Les obédiences et les rites sont les expressions de ces deux tendances : construire l’individu et, ou, construire la société par infusion ou par perfusion.

 

L’homme est donc au centre du progrès de l’humanité et de la fraternité universelle. L’homme est en danger face à l’animal qui est en lui. L’humanité régresse en certains points du globe et parfois même au pied de notre immeuble.

Les ténébreuses périodes de notre histoire peuvent ressurgir au gré d’un bulletin de vote !

 

Retrouver le chemin de l’esprit et donc de la spiritualité à base humaine ou divine est un moyen efficace pour faire progresser l’homme face à son animalité. Cette option ne remet pas en cause l’acquis de la spiritualité divine, mais disons qu’elle est pragmatique, à effet immédiat sans attendre un quelconque salut.

Transmettre des valeurs nées de l’esprit, ce qu’on appelle une morale, face à une déliquescence, doit être notre préoccupation. Cette morale est d’essence chrétienne, car fondée sur l’amour du prochain.

On le voit parfaitement dans les affaires, les mœurs, la bioéthique, il existe une déontologie, les lois ne se font pas sans foi ni éthique.

Pour y parvenir, il faut désirer l’élévation dans l’acte même. Ainsi l’initié par son élévation spirituelle se reconnaît à ses actes élevés.

L’être et l’agir se suivent et l’individuel se diffuse dans le collectif.

 

En réalité, il n’y a pas de véritable réalisation spirituelle égocentrée, elle finit toujours par rayonner et se diffuser, c’est le principe du flamboiement de l’étoile. On peut affirmer qu’il n’y pas de société harmonieuse sans désir d’harmonie chez l’homme. Hors l’harmonie conjuguée à la sagesse et à la force est l’expression même de l’esprit maçonnique.

 

C’est ainsi que les francs-maçons font évoluer sur plusieurs générations une société, sans avoir la prétention de se l’approprier ou de la diriger.

 

L’exemple

 

La transcendance appliquée au temporel (« ici et maintenant ») sans faire nécessairement l’abstraction d’un au-delà, implique un commencement et une finalité à l’action de chacun.

Le commencement est la traduction littéraire du terme « initiation », la finalité répond au « pourquoi être un homme sur Terre ». L’exemplarité est de mise pour soi et dans le regard des autres. La conquête individuelle de l’espace spirituel devient sociétale. C’est donc par l’exemplarité que nous pouvons faire progresser ce grand H que nous retrouvons dans certains hauts grades. Ce grand H naît de la part grandissante de spiritualité chez le maçon. C’est la progression de l’esprit sur la matière.

 

Ce passage sur terre se doit d’être utile et producteur de sens. Le franc-maçon ne se réfugie pas dans l’inaction aussi passive que coupable. Le devoir l’appelle. Ce devoir n’est pas religieux, mais il peut le compléter efficacement, d’autant qu’il doit ne jamais se relâcher au risque d’une chute dans les ténèbres. C’est ainsi que le progrès s’installe au plan spirituel et moral puis matériel et sociétal. C’est donc de la condition humaine dont il s’agit, en dépendance et en responsabilité de son environnement. La notion de progrès de l’état humain doit intégrer l’environnement de l’homme avant l’homme lui-même.

 

L’étincelle

 

La spiritualité maçonnique n’est pas à confondre avec la spiritualité religieuse, même si elle la complète avantageusement.

Elle se situe au service de l’homme dans un progrès réel et puise dans les moyens qu’il est apte à découvrir en lui, sans intervention divine. Dieu n’est donc pas appelé à la rescousse pour étalonner les problèmes, on ne peut se contenter de s’en remettre à lui, nous devons prendre nos responsabilités. C’est ici que se situe la transcendance maçonnique. Trouver l’esprit qui est en nous n’est pas une mince affaire. C’est toutefois le but de l’adage socratique « connais-toi toi-même » qui permet d’ouvrir le chemin de l’esprit. Le déclenchement du processus est personnel et personne ne connaît vraiment la recette pour le généraliser. Seule la méthode maçonnique universelle garantie à l’individu la mise sur la voie, déjà empruntée par les anciens, à lui de faire le reste du parcours.

L’étincelle repose non pas sur la logique ou le raisonnement, mais sur le ressenti strictement individuel. Pour y parvenir, le maçon participe à la construction de son propre projet et apprend à se découvrir. Il apprend à construire ses questions après un long silence et à élaborer ses réponses de manière ordonnée. Il apprend l’art de vivre du maçon qui induit un comportement d’ouverture et d’écoute.

Apprenant chemin faisant qui il est, il apprend à penser par lui-même et éveille une conscience personnelle dans ses choix. C’est la prise de conscience, moment tant attendu, car point de départ du cheminement spirituel. Il est, il pense par lui-même et il choisit le chemin.

Il n’est plus un mouton. Sa pensée est libre, il est responsable, il suit un chemin de lumière.

 

La connaissance

 

Comprendre soi et le monde c’est se mettre sur la voie de la connaissance et non pas du savoir.

On est dans le domaine de la suggestion plus que de l’enseignement. L’intuitif a une place prépondérante sans oublier la raison. Quelque part la démarche fondée sur l’imagerie symbolique et mythique permet à l’impétrant de rentrer dans un for intérieur qui lui était inconnu. C’est une progression par analogie qui donne une perspective à plusieurs sorties.

La multitude de portes ainsi crée, remet en cause la certitude du moment et offre une remise à plat du sujet à traiter que l’on croyait achevé. Le principal sujet de l’initiation est une rencontre avec soi même. C’est à chaque fois le changement de point de vue, d’angle d’attaque du sujet considéré qui donne du relief à d’autres développements. L’ouvrage n’est jamais achevé même sur des sujets cent fois rebattus. C’est l’échange en milieu collectif qui crée ce phénomène. Le doute et la rupture des certitudes permettent de réengager le sujet traité sous un jour nouveau et l’échange fournit de nouveaux éléments pour un nouveau point de vue.

 

La ritualisation

 

La technique pour aboutir à cet enrichissement repose sur une rigueur ritualisée.

La réunion des maçons ne se fait pas n’importe comment. On abandonne ses métaux sur les parvis pour entrer dans un ordonnancement maîtrisé, dans un temple image recréée d’un monde où les cycles de la nature sont présents. Suit ce qu’on appelle l’ouverture des travaux basés sur un rituel toujours identique, qui permet au maçon de lâcher prise avec le monde profane et d’entrer dans ce for intérieur qu’il partage avec d’autres, soit un espace-temps particulier et sacré.

Enfin il y la méthodologie de la prise de parole, avec le Vénérable pour trait d’union, rigoureuse, égale et limitée pour tous, où l’écoute domine l’expression. Debout à l’ordre c'est-à-dire avec la maîtrise de ses pulsions et passions, chacun s’exprime avec la certitude d’être entendu.

 

Vient la fin des travaux où chacun s'est enrichi du miroir offert par l’autre.

La progression par degré et par grade permet de refaire sans arrêt le même chemin de l’esprit en découvrant à chaque fois de nouvelles pépites.

 

C’est une progression par cercles concentriques qui au fur et à mesure du temps, s’élargissent sans fin. L’étendue de leur diamètre signifie l’état d’avancement dans l’étude du champ des possibles pour chacun. Cette donnée est personnelle, mais elle se ressent lors des prises de parole, où l’on voit très bien la progression graduelle se faire chez chaque maçon, en fonction de la qualité et la profondeur de ses réflexions. Sur ce point il n’y a pas de mise en concurrence d’un maçon envers un autre. Une émulation se crée naturellement en voyant les autres progresser dans leurs analyses et réflexions.

 

Cette méthode ritualisée permet de penser autrement et de rompre avec les lieux communs. L’horizon est plus large en maçonnerie qu’au café du commerce.

 

Le phénomène est possible si on a converti son regard, ce qui est le propre de la cérémonie d’initiation. Cette cérémonie particulière marque comme une borne sur notre parcours, un avant et un après. Tout ceci est symbolique et physique.

 

C’est le corps et ses cinq sens qui informent le cerveau qu’un événement hors du commun se produit, c’est la conscience qui se saisit de l’instant pour mieux le goûter et c’est enfin l’homme qui découvre d’autres horizons. Tout est fait pour éveiller notre esprit.

À l’issue de cette cérémonie où lui a été présentée la lumière, commence un long et difficile chemin vers cette lumière.

La vie du maçon est aussi à l’extérieur du temple et son comportement sera maçonnique, c'est-à-dire empreint de cette quête et de cette recherche d’écoute et de perfection de l’homme. Son comportement se veut exemplaire pour mieux infuser la société, sans prosélytisme aucun. Enfin pour mieux franchir les crispations et les positions définitives qui sclérosent et abêtissent les individus et la société, le maçon privilégiera la pensée ternaire à la pensée duale et manichéenne. L’homme est naturellement binaire, le maçon est ternaire. Ainsi fait, il ouvrira devant lui des portes inattendues qui feront le succès de sa démarche d’ouverture à l’autre. La conciliation des contraires est une attitude payante, car dynamique et elle offre toujours plus de perspectives qu’une simple alternative. L’opposition naît de la différence, mais la différence nous enrichit et nous renforce sans nier l’autre.

 

Les principes de l’art royal devront être appliqués. Cimenter et unir les pierres entre elles c’est le but premier du rite et du rituel. Respecter les règles de construction qui nous sont transmises depuis la nuit des temps et dont le rituel est le servant et la mémoire. C’est ce qu’on appelle les règles de l’art. L’exigence passe par le souci du travail bien fait et du bel ouvrage, pour mieux se construire soi même. Tailler puis polir sa pierre prend alors toute sa signification.

Avoir la conscience du tout c’est aussi placer sa pierre dans l’édifice. Celle-ci est aussi indispensable que les autres. L’œuvre individuelle consistant en la construction de soi, participe directement à l’œuvre collective. La construction de la cité peut se faire sans prosélytisme.

 

 

Construire l’exemplarité

 

Nous avons vu que le schéma directeur et les moyens à mettre en œuvre consistent en une solution globale pour répondre à l’attente générale du maçon, qui souhaite progresser dans le monde de l’esprit.

Cette voie spirituelle serait une vaine appellation, s’il n’était fait aucun écho à cette volonté.

L’écho se situe dans l’acte du quotidien d’un maçon de base.

On attend un retour de cet engagement personnel.

Le retour dépend de l’attitude remarquable et exemplaire du maçon. L’attitude se projette à deux niveaux, l’intérieur et l’extérieur.

À l’intérieur c’est l’éthique de chacun qui sert de baromètre à l’attitude exemplaire.

À l’extérieur c’est la morale qui régit les règles de vie sociale qui va reconnaître l’exemplarité de l’acte ou de l’attitude.

La pierre que nous taillons se décrit sous ces deux angles de vue qui font sa beauté. La pierre pour elle-même à sa beauté propre, mais son utilité se trouve dans l’œuvre d’ensemble. La relation entre le relatif et le général nous ramène à l’échange indispensable entre l’éthique et la morale.

Finalement nos comportements sont dictés par les lois qui sont la production de la morale, élaborée elle-même dans les limites d’un ressenti personnel appelé éthique.

La proposition ici énoncée peut aussi être inversée dans le sens du personnel au collectif.

 

Avant la loi, la morale et l’étique, il me semble que les notions collectives et individuelles soient parfaitement intégrées dans toute société initiatique. Être initié implique de se connaître soi-même, pour en réalité, être socialement admis par les autres. L’Ego rencontre l’Alter Ego. La vérité tant recherchée est en soi et doit être validée par le collectif. Ce double rapport à soi et aux autres est producteur du comportement bon ou mauvais.

Le bien et le mal et l’effort de synthèse sont les bases mêmes de l’enseignement maçonnique à travers les mythes. C’est le cheminement maçonnique qui garanti la transmission des éléments ontologiques, eschatologiques et du vivre ensemble.

Les mythes connus du franc-maçon sont donc des réceptacles immémoriaux de sagesse et de vertu. Dans un cadre cosmogonique, ils mettent en scène la vertu et donnent à choisir par acteurs interposés entre le bien et le mal. L’explication symbolique évite de tomber dans un manichéisme outrancier.

La méthode pour garantir la transmission s’appuie sur les rites. Les rites sont la mise en pratique de l’enseignement des mythes et valorisent la dimension symbolique. C’est à travers le symbole ritualisé que le mythe s’exprime dans une société initiatique. Ainsi on peut expliquer la production de l’inconscient collectif, soubassement de l’éthique et du sens.

 C’est cette particularité qui fait du franc-maçon un homme de la grande tradition et du grand avenir. Cette tradition est porteuse de sens pour déterminer l’action du maçon.

À la question : quel sens à donner à notre engagement dans la franc-maçonnerie, je répondrais qui faut suivre la tradition, et le cadre général de la rituélie.

Le comportement exemplaire du maçon dans la société implique la responsabilité de celui-ci dans ses choix. Constamment il tend vers l’universel en évitant la vérité d’un temps et d’une circonstance.

 

Cette recherche de l’universel le ramène à une notion religieuse au-delà de la mort et à une notion temporelle et sociale pour le temps qui lui reste à vivre. Sur ces deux cycles, il doit avoir cette conscience vertueuse, c'est-à-dire avoir l’habitude du bien !

Le « ici et maintenant » et « l’au-delà » doivent entrer en résonance.

 

La notion de choix est la base de l’engagement maçonnique. Être dans une vérité vertueuse et solidaire, plutôt que dans une forme d’opportunité prédatrice est un axe valable.

 

Le choix personnel, lié à sa propre éthique, liée le cas échéant à « l’au-delà » de la vie, doit rejoindre l’intérêt de la communauté fondé sur la morale et la loi confrontées à une réalité triviale.

 

D'après les travaux des loges sur les thèmes : « Utilité sociale du franc-maçon », et « Le franc-maçon et l'animal », ainsi que les travaux de Jean François Pluviaud :  « Discours de la méthode maçonnique » éditions Véga

 

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[1]              Il faut différencer les trois premiers degrés des grades supérieurs qui suivant les obédiences et les rites, ont des objectifs différents, par leurs fondations et leurs natures, que ceux que nous exposons ici.

La rose est une synthèse poétique et naturelle de la beauté et de l'harmonie. Elle a une grande valeur symbolique. C'est sans doute cette double valeur symbolique qui justifie sa présence à l'autel de certains loges à ce moment si particulier de la Saint Jean d'Eté. C'est en effet en ce lieu que se realise la conjonction entre l'aspect horizontal du Hekal et l'axe de commuication avec les états superieurs au Débhir. La rose ici présente, fait oeuvre de synthèse harmonieuse entre les deux plans, horizontal et vertical.

(...)

La décoration florale dans un  temple

La rose blanche est le symbole de la plénitude, qui est pureté, silence et fidélité. Elle rappelle au Maçon deux vertus :  la recherche de la vérité et le sens du devoir.

 

La rose, du point de vue de la botanique

La rose est la fleur du rosier, arbuste du genre Rosa et de la famille des rosacées. Le rosier est d'abord une plante sauvage, dont le représentant le plus connu en Europe est l'églantier. La principale modification observée chez les rosiers cultivés est la multiplication des pétales, qui sont en fait des étamines transformées.

Églantier > Ancêtre de la rose

Appréciée pour sa beauté, célébrée depuis l'Antiquité par de nombreux poètes et écrivains, pour ses couleurs qui vont du blanc pur au pourpre foncé en passant par le jaune franc et toutes les nuances intermédiaires, ainsi que pour son parfum, elle est devenue la « reine des fleurs ».

Le mot « rose », daté en français au début du 12e siècle, est dérivé du latin Rosa, rosse  qui désignait aussi bien la fleur que le rosier lui-même.

Ce terme, apparenté au grec rodons, aurait été emprunté à une langue orientale.

La rose du point de vue historique

Des rosiers fossiles églantiers, ont été retrouvés aux États-Unis, dans l'Oregon et le Colorado, leur âge a été évalué à 40 millions d'années. La plus ancienne représentation de la rose a été retrouvée en Mongolie, dans les tombeaux de Tchoudi. Des représentations de la Rose en Crète datant de 1600 av. J.-C. nous montrent des fleurs à 5 pétales de couleur blanc rosé. Toute l’antiquité a vénéré la rose et lui a donné une place dans ses mythes et légendes. C’est le symbolisme de la régénération et de l’éternité des cycles de vie, lié à une renaissance spirituelle.

Ceci explique que la rose a été utilisée lors des rituels de momifications durant le règne de Ramsès II et a fait partie de l'ornement des sarcophages et tombeaux.

Un bouquet de roses a été découvert dans le sarcophage de Toutankhamon.

 

Cette symbolique de la naissance existe également dans l'Empire romain : un esclave affranchi était couvert de roses ; elle ornait sous forme de couronnes les mariés et les guerriers.

Sous forme de poudre, d'infusion, d'eau de rose, elle était principalement utilisée en médecine pour guérir les douleurs, les infections, la nausée…

C'est à cette époque que Pline rédigea le premier ouvrage sur la culture des rosiers.

Pline l'Ancien, dans son « Histoire naturelle », décrit 20 sortes de rosiers nommés par le nom de leur lieu de provenance.

 

Le Moyen Âge et la domination du Christianisme

Le Christianisme a rejeté la rose comme étant un symbole païen par son attachement à Vénus et elle devint alors l'emblème des prostituées. La rose survit alors dans quelques jardins comme ceux de Childebert 1er

 (511 – 558), dans quelques couvents ou monastères où elle fut cultivéepour ses propriétés médicinales.

  C'est au Moyen Âge que les premières roses ont été cultivées et importées par les Croisés en provenance de l’Orient.

Elle devint l’emblème du silence, on la suspendait au dessus de la table des festins, afin de signifier aux convives que tout ce que l’on entendait devait être tenu secret.

D’où l’origine symbolique « Sous couvert du maillet » que l’on retrouve en Maçonnerie. Quant à l’époque de la Renaissance, elle en fit un vulgaire objet d’étude botanique et médicinale.

C'est au 18e siècle que les Français commencèrent à les croiser pour créer de nouvelles variétés. Dans la seconde moitié du 18e siècle, la rose devint la reine des fleurs.

  Au 19e siècle, la rose est devenue une fleur ornementale essentielle, mais ses vertus médicinales sont presque oubliées et son symbolisme religieux également. C’est devenu une rose nouvelle qui va passionner botanistes et horticulteurs.

 

Les feuilles du rosier

Un botaniste nous dirait que les feuilles du rosier sont alternes, composées et pennées. Sous la fleur, en descendant le long de la tige, les premières feuilles ont, le plus souvent, 3 folioles ; plus bas elles en ont 5 et plus bas encore parfois jusqu’à 7 folioles.

Mais ce qui devrait retenir notre attention, à nous symbolistes, ce sont ces nombres 3 – 5 – 7.

Sans entrer dans trop de détails, survolons rapidement le symbolisme de ces trois nombres.

Symbolisme du nombre trois

Le nombre trois est un nombre universel que l’on retrouve dans toutes les traditions initiatiques.

Il exprime un ordre spirituel dans les plans humains, cosmique ou divin.

Il exprime un ordre intellectuel et spirituel dans le cosmos ou dans l’homme.

Il synthétise la triunité de l’être vivant ou il résulte de la conjonction de 1 et de 2, produit en ce cas de l’Union du Ciel et de la Terre.

Trois n’est pas véritablement le troisième nombre, mais le premier, composé à partir des nombres 1 (nombre du Créateur) et 2 (division, dualité, binaire), trois est le premier nombre mystérieux qui intervient comme la signature de la création dans l’Ordre.

Trois marque toutes les choses créées parce qu’il a présidé à leur création, c’est le nombre de la loi directrice des êtres et du commencement des choses matérielles.

Il est le nombre de toute production à l’image du triangle.

Les naturalistes ont observé de nombreux ternaires dans le corps humain. Il semblerait que toute fonction importante d’un organisme possède cette structure de base.

La raison fondamentale de ce phénomène ternaire universel est sans doute à chercher dans une vue globale de l’unité.

La complexité de tout être dans la nature se résume dans les trois phases de l’existence : apparition, évolution, destruction ; ou naissance, croissance, mort ; ou encore, selon la tradition et l’astrologie : évolution, culmination, involution.

 

Symbolisme du nombre cinq

Depuis toujours, le nombre cinq est particulièrement chargé de sens.

Il est considéré comme le nombre de la sagesse et de l’harmonie. On ne peut manquer à ce sujet de citer les cinq doigts de la main et du pied, les cinq sens, l’étoile à cinq branches que forme l’homme debout, tous membres déployés.

Cinq est le symbole de l’homme immortalisé par Léonard de Vinci qui avait dessiné l’image d’un homme tenant les bras et les jambes écartées de façon que les quatre extrémités des membres et la tête coïncident avec les sommets d’un pentagone étoilé, inscrit dans un cercle.

Selon cette représentation de l’art de la Renaissance, cinq est le nombre de l’homme, en  tant qu’être placé au centre du cosmos !

Cinq se rapporte à la quintessence, conçue comme l’esprit invisible des choses.

 

Symbolisme du nombre sept

Dans la longue suite des nombres ayant acquis une valeur symbolique au fil des siècles, le nombre sept semble tenir une place particulière.

De fait, toutes les civilisations les plus anciennes lui ont accordé une place à part, lui conférant une aura de plénitude et en faisant quasi unanimement le symbole de la perfection et de l’harmonie, souvent sans la moindre concertation.

Le nombre 7 a été le nombre sacré parmi toutes les nations civilisées de l’Antiquité, le nombre de la perfection, le symbole le plus rayonnant aux faces multiples.

Il est fondamental entre tous et on le rencontre dans toutes les religions.

Sept correspondait au nombre des sages de la Grèce antique : Thalès de Milet, Solon d’Athènes, chilo de Lacédémone, Pittacos de Mitylène, Bias de Priène, Cléobule de Lindos et Périandre de Corinthe.

Mais sept évoquerait aussi les sept vertus : trois théologales (la foi, l’espérance, la charité) et quatre cardinales (la force, la justice, la prudence et la tempérance).

Le nombre « sept » évoque aussi les sept sacrements de l’Église catholique romaine, ainsi que les sept péchés capitaux, correspondant aux sept désirs matériels : l’orgueil, l’avarice, l’impureté, l’envie, la gourmandise, la colère et la paresse.

Sept correspond aussi aux sept signes zodiacaux entre les solstices d’hiver et d’été, entre deux équinoxes.

Le solstice d’été a lieu quand le soleil passe dans le 7e signe zodiacal.

Le solstice d’hiver a lieu quand le soleil a parcouru les sept signes suivants. Le nombre sept est le nombre de la réalisation : il marque la fin d’une évolution, la fin d‘un cycle. Il indique le sens d’un changement après un cycle accompli et celui d’un renouvellement positif : les sept jours de la Création, les sept ans de la construction du Temple de Salomon.

 

Le symbolisme de la rose

C'est surtout par sa valeur symbolique que la rose a laissé son parfum dans l'histoire.Voici quelques exemples.

Chez les Grecs, la rose était la fleur d'Aphrodite, déesse de l'amour et d'Aurora, la déesse aux doigts de roses.

Les Romains rattachaient la rose à Vénus. La rose aurait été blanche, mais rougie accidentellement quand Cupidon renversa son verre de vin sur elle.

Rappelons qu'Aphrodite était la Déesse grecque de la germination, de l'amour, des plaisirs et de la beauté. Son équivalent romain était Vénus Déesse de l’amour, de la séduction et de la beauté. La première nuit d'amour entre Cléopâtre et Marc Antoine se serait déroulé sur un lit de pétales de roses.

  Les Rose-Croix, société secrète et mystique, ont pour emblème une rose rouge fixée au centre d'une croix.

La Rose-Croix est un ordre hermetiste chrétien légendaire, dont les premières mentions remontent au début du XVIIème siècle en Allemagne.

L'existence de l'ordre, et celle de son fondateur Christian Rozencreuz ou Christian Rose-Croix (« le Chrétien à la Rose et à la Croix  né en1378 et mort en 1484). Quoi qu'il en soit, à partir du XVIIIème siècle et jusqu'à aujourd'hui, de nombreux mouvements se sont réclamés de l'ordre de la Rose-Croix, ou se sont référés à la « tradition rosicrucienne » ou à l'« héritage de Christian Rose+Croix». Leurs membres sont appelés les rosicruciens.

Le terme « Rose-Croix » désigne, dans leur langage, un état de perfection spirituelle et morale.

Comme archétype de socièté secrète immémoriale et toute-puissante, les rose-croix apparaissent dans la littérature ésotérisante, souvent comme successeurs des chevaliers du Graal et des Templiers.

 

Remarquable par sa beauté, sa forme et son parfum, la rose est la fleur symbolique la plus employée en Occident et elle correspond dans l'ensemble à ce qu'est le lotus, en Asie, l'un et l'autre étant très proches du symbole de la roue.

 

L'aspect le plus général de ce symbolisme floral est celui de la manifestation, issue des eaux primordiales, au-dessus desquelles elle s'élève et s'épanouit.

Elle désigne une perfection achevée, un accomplissement sans défaut.

Elle symbolise la coupe de vie, l'âme, le cœur, l'amour, l’image de l'âme.

La rosace gothique et la rose des vents marquent le passage, du symbolisme de la rose à celui de la roue. La rose, par son rapport avec le sang répandu, paraît souvent être le symbole dune renaissance mystique : sur le champ de bataille où sont tombés de nombreux héros, poussent des rosiers et des églantiers... 

 

La rose et sa couleur sont les symboles du premier degré de régénération et d'initiation aux mystères.

 

La rose est devenue un symbole de l'amour et plus encore du don de l'amour, de l'amour pur. Blanche ou rouge, la rose est une des fleurs préférées des alchimistes dont les traités s'intitulent souvent rosies des philosophes. La rose blanche, comme le lis, fut liée à la pierre au blanc, but du petit œuvre, tandis que la rose rouge fut associée à la pierre au rouge, but du grand œuvre. La plupart de ces roses ont sept pétales dont chacun évoque un métal ou une opération de l'œuvre.

Une rose bleue serait le symbole de l'impossible.

 

Pour conclure…

La rose, fleur aux multiples facettes et aux significations si contrastées, a été célébrée au cours des âges pour mille raisons différentes.

L’Antiquité en a fait la fleur des dieux, le Christianisme la fleur de Dieu.

Les roses ont été cultivées en Chine et en Perse depuis 5000 ans et en Grèce depuis l'âge du bronze. Dans la mythologie grecque, on dédiait la rose à Aphrodite ; chez les Romains, on la dédiait à Vénus, toutes deux déesses de la beauté. De nos jours, la rose est certainement la fleur qui s'offre le plus !

 

La rose, reine des fleurs depuis près de 6000 ans, symbolise deux notions contradictoires, la passion et la pureté. Rouge, rose d'Aphrodite, elle symbolise l'amour, la beauté et la passion. Blanche, associée à Vénus ou à la Vierge, elle est devenue l'emblème de la pureté et de la vertu.

La rose blanche, unité et synthèse des couleurs, est l'expression de la plus haute spiritualité.

 

Lao-Tseu (VIe siècle av. J.C)

Nous a enseigné « Celui qui parle ne connaît pas, alors que celui qui connaît ne parle pas »

L’Initiation maçonnique renforce le serment d’obligation de secret prêté à l’Orient et le devoir de silence. Ce n’est donc pas étonnant que les francs-maçons l’aient choisie pour décorer l’autel de leur Loge à l’occasion de la Saint-Jean d’été !

Une citation d’Alfred de Musset (1810-1857)

« La vie est une rose dont chaque pétale est un rêve et chaque épine une réalité »

  Poésie de circonstance…

LA VIE EN ROSE

Sous le soleil de midi, majestueux à l’image d’une reine

M’apparut une fleur dont la beauté me fit oublier toutes mes peines.

Elle était là, devant moi dans une blancheur révélant sa pureté

M’imposant le silence, m’animant de passion, et d’un désir de fidélité

Je ressentis en moi une régénération de l’amour pour une éternité

Mon regard ne pouvant qu’admirer sa perfection d’une rare beauté

Dont les pétales aux reflets métalliques font réflexion à la lumière

Tandis que les feuilles démontrent une disposition très particulière

Une particularité qui me fait vérité, une acceptation au plaisir de voir

Oui, c’est bien toi, la rose, la fleur des dieux, lumière du matin et du soir

Qui emplit mes rêves minute après minute à ne plus voir le temps passé

Jusqu’à l’instant où par mégarde à l’une des tes épines je me suis piqué

Levant la tête, je vis la lune et compris que minuit avait sonné

Et c’est dans la lumière lunaire que mes pas chez moi m’ont ramené

Floraison de l‘esprit, floraison de l’âme, floraison de la pensée, la rose est là

La rose est entrée dans ma vie et m’accompagnera pour l’éternité dans l'au-delà.                    

Chr\Deg\

R\L\Chevalier Gaston IV de Béarn à l’Or\de Nalinnes (Belgique)

Solstice de la St Jean d'été et symbolisme de la Rose

Une majorité de Loges fêtent deux fois la St-Jean, lors des Solstices d’Été et d’Hiver.

Les loges sont en principe libres de Rituels pour cette célébration.

Lors de ce rituel, certains vont fleurir l’autel de roses blanches.

Par le fait que nous sommes une Loge symbolique, il y a lieu de considérer la rose comme un symbole universel qui trouve une expression particulière dans notre loge.

 

La fête des deux Saint-Jean.

 

Il convient de revenir sur le symbolisme lié à la fête des deux Saint-Jean. La lumière étant connue et reconnue par les bâtisseurs, c’est en fonction d’elle que l’on décidait de l’emplacement des ouvertures dans les murs, ainsi que des vitraux. Il y a lieu de savoir que deux jours par an la lumière solaire présente un intérêt particulier.

Le jour le plus court de l’année correspond à la fête de St-Jean l’évangéliste appelé solstice d’hiver et le jour le plus long correspond lui à la fête de St-Jean Baptiste appelé solstice d’été. Le solstice d’Hiver commence la phase ascendante du cycle annuel lorsque le soleil entame son déclin avec le solstice d’été.

Ces deux saints ont une valeur symbolique importante en maçonnerie, ainsi que de leur place dans

le calendrier

C’est en effet un point de retournement du cycle des saisons et du temps cyclique. Le temps cyclique est parfaitement représenté dans les loges symboliques avec le cycle lunaire et solaire, avec les travaux qui s’effectuent de midi à minuit, etc.

Les points de retournement sont présentés dans le cabinet de réflexion par le renversement du sablier et par la faux et la graine pour la mort qui fait place à la vie…

Saint Jean-Baptiste, fut surnommé le « Baptiste » parce qu'il baptisait dans le Jourdain et Jean le Précurseur prêchait le renoncement et le repentir, celui-ci étant le Saint Jean de l’Ancien Testament de l’ancien cycle. C'est pour ses idées de fraternité et de justice qu'il fut décapité sur l'ordre d'Hérode d’où le sens ésotérique pour nous, Maçons, car sa décapitation marque la fin du cycle.

Il s’agit d'un signe qui nous invite à penser différemment, non plus avec nos habitudes et nos préjugés, mais avec notre nature spirituelle. Il faut se purifier avant d’entrer dans la lumière du nouveau cycle.

La Maçonnerie moderne ayant une origine chrétienne, ceci nous fait comprendre pourquoi Saint Jean-Baptiste, en analogie avec son rôle dans la Bible, représente dans le contexte maçonnique, l'initiateur et le purificateur par excellence.

Les deux Jean et Jésus sont des « dieux » solaires : le Baptiste annonce le lever du soleil, il est donc représenté par un coq. C'est celui qui figure sur les clochers des églises.

Quant à l’évangéliste, il était le disciple préféré de Jésus et c'est lui qui posa sa tête sur le cœur du maître et fût logiquement symbolisé par un aigle, « l’Aigle de Patmos », le seul animal à pouvoir fixer le soleil dans tout son éclat.

Il reste à nos yeux le représentant du Nouveau Testament et l’apôtre d’une parole d’amour et pour les Frans-Maçons, celui qui dans sa grotte de Patmos transmet le message de lumière : « La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’on point reçue… ». C’est une lumière illuminatrice dont il s’agit, celle d’une intériorité intemporelle, qui ne tient sa force de briller que d’elle-même, au-delà du cycle.

La pureté prévaut et son association avec la rose se justifie, comme dans le cas de la purification par l’eau lustrale de Saint-Jean Baptiste.

 

L'ange de l'Apocalypse

 

La « Saint-Jean d'été » et la « Saint-Jean d'hiver » furent établies par l'Église pour récupérer et « christianiser » les coutumes païennes préexistantes. C’est ainsi que la Saint-Jean-Baptiste fut placée le 24 juin. Le choix du 25 décembre (Le nom de la « Noël », qui signifie « fête »,n’ est apparu que vers 330.) pour la nativité du Christ était destiné à « couvrir » les fêtes païennes du solstice d'hiver. Il faut savoir avant les fêtes de Saint Jean, aux deux solstices, les Romains célébraient la fête de Janus qui « ouvre » et qui « ferme » les portes du cycle annuel, Janua signifiant « porte, accès ».

Après la christianisation des mythes païens, les deux Jean prirent la place de Janus aux deux visages. Ce fut Jean le Précurseur, dit le baptiste, celui qui baptisait d’eau et annonçait la venue de celui qui baptiserait de feu, puis ce fut Jean l’évangéliste, le confirmateur, témoin de cet amour fusionnel et symbolique du feu et de l’eau.

Au moment où le Soleil atteint son apogée, la lumière spirituelle trouve la perfection de sa forme concrète et porte en elle toutes les potentialités d’une moisson abondante. Le rituel rappelle que c’est ainsi que les francs-maçons sont devenus les disciples de Saint-Jean, car ils sont Enfants de la Lumière. C’est en recevant celle-ci que le Maçon trouve le chemin de la Vérité. (...)

(lire la suite dans symbolisme de la rose en Loge)

Chr.°.Deg.°.  - R.°.L.°. Gaston IV de Bearn, à l'O.°. de Nalinnes

[

L’ennéade traditionnelle des outils, et la gradualité

 

La franc-maçonnerie avec ses trois grades établit une progressivité dans l’acquisition des connaissances. Après les 4 épreuves purificatrices de l’initiation, l’apprenti apprend le métier de la taille de la pierre et pour cela il apprend le bon usage des outils. Traditionnellement c’est l’échelle (ou les marches) qui sert d’archétype à la progressivité de l’enseignement. Cette échelle est celle de la Scala philosophorum, échelle à neuf degrés représentant les neuf outils et instrument de la réalisation et de perfection de soi. Cette échelle ascendante et descendante est décrite par Robert Ambelain dans « La symbolique maçonnique des outils » et nous en faisons ici une interprétation adaptée à notre étude.

Notons qu’il existe différentes hiérarchies dans l’ordonnancement des outils. Suivant les rites et il est courant d’étudier le symbolisme des outils deux par deux du fait de leurs interactions et de leurs complémentarités. Ainsi on étudiera volontiers les couples maillet et ciseau, le niveau et la perpendiculaire, et bien sûr l’équerre et le compas.

 

 

 

Les 9 instruments-outils du maçon de tradition suivant la tradition hermétique-alchimique des rituels Ecossais. Le maçon est préalablement accoutré comme il se doit, d’un tablier et de gants, quel que soit le grade. Il est donc en situation de travail tant physique, psychologique et symbolique. Ceci constitue un préalable sans lequel l’usage d’outils et instruments perd toute valeur initiatique. N’oublions pas que le temple maçonnique est une "imago mundi", une reproduction symbolique de l’univers dans sa totalité tant microcosmique que macrocosmique. Cette double représentation fait de l’échelle ascendante et descendante un axe de progression que nous pourrions appeler « axis Mundi ». Ainsi, la loi des correspondances vient à s’appliquer naturellement et le monde macrocosmique devient agissant sur le monde microcosmique, et inversement. Ce double flux irrigue la totalité du système initiatique. L’idée reste de progresser sur soi pour rejoindre la totalité et l’universalité. L’action sur soi n’est donc pas sans effet sur l’univers et inversement.

 

Les instruments de l’apprenti sont :       

                                       1° Maillet

                                       2° Ciseau

                                       3° Levier

 

Les instruments du compagnon :    

                                       4° Perpendiculaire

                                       5° Niveau

                                       6° Equerre

 

 

Les instruments du maître maçon :

                                       7° Compas

                                       8° Règle

                                       9° Truelle

 

Cette ennéade est encadrée en sont point de départ par l’initiation dont le processus initial se caractérise par la vêture de l’oeuvrant (le tablier et les gants), qui va transformer la pierre brute, jusqu'à la polir en pierre cubique à pointe et se termine par la légende palingénésique d’Hiram, consistant au relèvement du maître intérieur. Notons enfin que les lois de correspondances se retrouvent interprétées non seulement dans le sens vertical macro- microcosme, mais aussi dans le sens horizontal purement microcosmique où sont données des équivalences entre les éléments, les couleurs, les sens, les vertus, les arts libéraux, les nombres, les planètes. Ces équivalences sont censées réinsérer l’être dans un ensemble d’interactions globales.

 

 

L’apprenti réalise la connaissance et la prise de conscience du Soi. C’est une renaissance à soi. L’apprenti s’identifie avec la pierre brute en phase de transformation par le travail.

Les vices de la pierre brute sont ceux de la nature profonde de l’apprenti.

 

Il s’agit donc d’inventorier ses propres vices. Ce sont les aspérités, défauts de la pierre, le tout constituant le Soi, et d’amener un processus de travail vertueux pour dégrossir, polir et rendre une forme carrée, puis cubique.

Les instruments permettent d’accomplir ce type de travail, à la fois d’investigation de l’esprit et de réalisation technique.

L’apprenti maçon observe, réfléchit, prend conscience des émotions, des passions, et de tout ce qui anime sa propre personnalité, sa propre conscience. À ce stade ce sont les pulsions primaires, propres à l’état évolutif de l’enfance qui déterminent irrévocablement le futur de sa personnalité, le caractère et les modalités comportementales.

Nos défauts découlent d’une énergie vitale déviée qui ne permet pas au Soi de se développer comme individu et d’interagir harmonieusement dans la société.

 

Ce sont les ressorts de la passion, des émotions et des impulsions primaires qui doivent être gérées, freinées, contrôlées et selon les cas modifiés. C’est dans ce cadre général que nous aborderons l’ennéade des outils.

 

Avant d’aborder la neuvaine, il faut en définir le socle.

 

Le tablier représente la vêture initiatique de l’apprenti. Le tablier est associé à l’élément Terre, qui indique aussi l’abîme ou la profondeur du cabinet de réflexion, grotte de laquelle en remontant, il prend conscience de sa corporalité.

Le tablier est associé à l’élément terre dont l’impétrant s’extrait avec cette retenue et cette crainte face à la lumière. En découlent l’avarice pour le vice et la prudence pour vertu.

On voit par cette association que le symbole est complexe, mais correspondance dans ses tenants et ses aboutissants.

Dans l’échelle philosophique, tout se tient et tout est cohérent.

 

L’apprenti utilise trois outils qui sont des aides pour sa progression :

 

-Le maillet symbole de la volonté agissante, emblématique du pouvoir et de l’intelligence, s’associe à l’élément eau, au vice de la gourmandise, et ayant pour vertu cardinale la tempérance.

 

-Le ciseau symbolisant le discernement dans l’action et l’efficacité, est associé à l’élément air, au vice de la luxure et pour vertu cardinale la justice.

 

-Le levier[1] symbole de l’effort dans la réalisation et donc de puissance, est associé à l’élément feu, au vice de la paresse et à la vertu cardinale de la force.

 

L’apprenti, en gravissant les trois premiers degrés de cette échelle à neuf barreaux, effectue paradoxalement une plongée dans se profondeurs secrètes qui sont ni plus ni moins les états élémentaires et inférieurs de l’être. Son état est prénatal, sa naissance se fera dans le monde de la matière. C’est donc la force, l’inconscient et l’instinct qui constituent son socle identitaire

 

Le compagnon travaille à l’inverse, sur une pierre déjà dégrossie par l’apprenti, débarrassée de ses aspérités disgracieuses et pourtant non finie. Nous ne sommes plus dans les profondeurs du soi, mais sur une horizontalité contemporaine. Cette horizontalité permet la rencontre et l’enrichissement de tous les compagnons évoluant sur le même plan. Il pratique la géométrie et l’art du trait, il connaît l’usage du niveau et du fil à plomb pour construire des murs.

Son objectif est d’obtenir une pierre parfaitement taillée, au volume régulier du cube. Ainsi la taille du compagnon met en valeur non seulement la surface dans sa finition, mais aussi son volume dans un élan ascensionnel. De l’horizontalité le compagnon passe à la verticalité. Cet élan ascensionnel de la troisième dimension est représenté par la pointe de la pierre cubique qui n’est autre qu’une pyramide surplombant un cube. L’ensemble réunit en son sommet la totalité du cube et de la pyramide soit du quaternaire[2] et du ternaire. Nous ne sommes plus dans les états inférieurs de l’être, mais dans le monde de l’âme qui donne le souffle à la vie.  Le compagnon se situe concrètement dans l’édification d’un mur du temple dont il est qu’une partie indispensable.

Si les vices de l’apprenti sont vitaux, ceux du compagnon sont des maladies de l’âme. Il doit les combattre, s’il veut atteindre son accomplissement ascensionnel. Ce sont des maladies qui avilissent et rongent la psyché, en amenant le compagnon sur la pente de l’abrutissement et de la violence envers lui et envers les autres.

Viennent en aide au compagnon les instruments suivants :

 

-Le niveau qui symbolise la sérénité dans l’application, mais aussi l’égalité, a pour vice l’envie et pour vertu de la charité.

 

-La perpendiculaire ou fil à plomb symbolise la profondeur dans l’observation, mais aussi l’équilibre, et à pour vice la colère et pour vertu l’espérance

 

-L’équerre qui est la rectitude dans l’action et la justice, à pour vice orgueil et pour vertu la foi.

 

Le compagnon s’exerce dans les trois dimensions de la matière. Il recherche la beauté de la taille et fait entrer le subconscient et le sentiment dans son travail. Dans l’exécution de la tâche, il est né à lui-même.

 

Le Maître travaille traditionnellement sur la planche à tracer, espace à 2 dimensions, sur laquelle il dessine et projette.  Il possède l’art de la géométrie et de la représentation en trois dimensions. Sa représentation devient conceptuelle. Il sait faire les calculs mathématiques, et passer d’une dimension à l’autre. C’est en ce sens qu’il connaît les grands mystères. Son monde est l’esprit, sa vision est globale. Il a seulement 3 instruments opératifs la règle et le compas, avec lesquels il peut tracer chaque type de ligne droite ou courbe et tracer des figures polygonales. Il sait utiliser la truelle, l’instrument de l’harmonie, de la perfection et de l’unification qui donne sens à l’ensemble bâti. C’est l’expression de sa sérénité et de sa bonne volonté, avec lesquels il maintient la paix et la sérénité de sa loge en aplanissant les divergences.

 

Les vices du maître sont dans la sphère de l’esprit. Il n’y a plus de point commun avec le compagnon, si ce n’est le symbolisme constructif. Ce qu’enseigne la légende du 3° grade concerne la régénération de la vie, de toutes les facultés physiques ou psychiques de l’initié, et plus particulièrement le relèvement du maître intérieur qui sommeille en nous.

 

 

Pour l’aider dans sa tâche, le Maître utilise les instruments suivants :

 

-La règle symbolise la régularité dans l’application et la rectitude, a pour vice l’aveuglement et pour vertu l’intelligence.

 

-Le compas symbolise la précision dans l’application, mesure dans la recherche de la vérité, a pour vice la folie et pour vertu la sagesse.

 

-La truelle symbolise la perfection, a pour vice l’erreur et pour vertu la réintégration c'est-à-dire la prise de conscience supérieure d’une complète totalité.

 

Les vices du maître sont ceux qui amènent à l'aliènement collectif, à l’extinction de la lumière intérieure de l’esprit : contre-initiation, aveuglement et folie. Ce sont les forces obscures qui créent le Maître Noir  illustré par l' Holocauste et à la folie nazi d’Hitler, les génocides perpétrés par Staline et par Pol Pot, le génocide arménien de la part des Turcs en 1910, aux explosions atomiques et des centaines d’autres terribles exemples. En plus petit aspect, mais non moins dangereux, ces vices engendrent des personnes dédiées à la suprématie, à la destruction, à la violence verbale, mentale et physique envers les autres. L’initié saura les détecter et se tenir à l’écart.

Pour conclure, le maître évolue dans le domaine de la sagesse en mariant conscience et raison. Il est sorti du travail de la matière, pour intégrer le domaine de l’esprit.

(…)

 

Extrait de la Planche commune franco-italienne « Lumière Ecossaise » à l’O\ D’Ollioules et «Acacia » à l’O\d’Asti. 

Eric R\ et Walter Mu\

 

 

 

 



[1]              Nombreux sont les rites qui réservent le maniement du levier au compagnon.

[2]              Le quaternaire n’est qu’un développement du binaire.

CRANE.JPGLe crâne du franc-maçon

 

…ou ma rencontre avec Adam, premier opératif portant un tablier, forcé de gagner sa vie à la sueur de son front

 

Le crâne est présent dans le cabinet de réflexion[1], il assiste silencieux à la rédaction de notre testament philosophique. Il est témoin de notre entrée dans les petits mystères. Nous le retrouvons plus tard au tableau de loge du Maître en tant qu’acteur de notre exaltation aux grands mystères. Nous tenterons une approche qui lie le symbolisme du crâne dans l’ésotérisme chrétien à sa perception maçonnique.

 

Pourquoi lier les deux ? Simplement parce que l’ésotérisme chrétien a toujours dépassé la dimension religieuse pour toucher aux racines de la tradition première.

Nombre de manuscrits maçonniques font une référence expresse au crâne appelé « boîte d’os ».

 

Le symbole prend toute son épaisseur lorsque vers les années 1735 s’installe dans les rituels de loge, le grade de Maître. La greffe est liée à la légende d’Hiram et au mystère de la triple voie. Le mot nouveau, objet de la quête, est prononcé de manière aussi décomposée que le corps de l’intéressé.

A cette relation triangulaire dans la découverte de la parole perdue s’ajoute bien évidemment la résurrection des corps qui passe précisément par le médium des restes humains, laissant entendre que les os avaient des potentialités latérales occultes.

 

Le crâne est le symbole des symboles par excellence, cette raison devrait suffire à son étude.

Chacun peut constater que c'est la partie impérissable du corps. Un a priori se greffe alors sur le paradoxe de la mort et de la « survie » du crâne. Le terme survie est choisi précisément s’agissant d’un état qui dépasse le cycle de la vie et qui déborde sur le cycle de la mort. Le crâne en particulier et l’os en général sont des médiums physiques et mentaux de la vie et de la mort voire même de la résurrection. Il sert de support aux trois états correspondants aux trois royaumes : celui des vivants, celui des morts et le paradis.

Le crâne se trouve au sommet du squelette et plus précisément de l’axe formé par la colonne vertébrale. On considère qu’il est le siège de l'âme, tout comme la grotte, la caverne et le cairn sont des demeures de l'Esprit. Le crâne est donc avec le cœur un réceptacle de vie, mais il symbolise aussi la mort physique, étape par laquelle il faut passer pour renaître à un niveau spirituel supérieur.

L’image du crâne inonde l’infra conscience de chacun et il suppose l’idée de finitude de la vie et la naissance du destin. Plus qu’un symbole c’est un verdict auquel chacun tente de se soustraire. Fuite aussi inutile que futile, car ce rappel à la fin des corps de chair introduit la survie de l’esprit. La futilité de la fuite n’implique pas la futilité de la vie.

 

Entre le corps et l’esprit se situe l’âme, idée aussi incertaine et faible que l’esprit survivrait au corps.

Cette tripartition chrétienne pose le problème des résidus humains survivants au décès clinique. Ce problème est parfaitement illustré par la grande épopée des reliques qui marqua aussi bien le christianisme que le bouddhisme. On peut légitimement s’interroger sur les fondements d’une telle tradition.

 

Le rattachement à la tradition des reliques de chacune des doctrines poursuit à mon avis deux objectifs. Le devoir de mémoire et le principe résurrectionnel.

 

Le devoir de mémoire[2] bien connu de francs-maçons implique l’attachement à l’objet en général et aux restes humains en particulier. Saint-Thomas-d'Aquin dit « les objets n’ont de valeur que s’ils conduisent au Christ », « inquantum ducunt ad christum. ».

La résurrection des corps fut l’innovation d’un christianisme conquérant. Poursuivre le chemin en esprit diffère de l’idée de renaître au jour du jugement dernier. Être proche d’une relique d’un saint ou la posséder dans son église assura au culte chrétien notamment, une fréquentation et une abnégation des fidèles. Les reliques sont le fonds de commerce de l’église du Moyen-Âge et particulièrement de l’époque gothique. Nombre de constructions furent financées par le commerce des reliques ou leur mise en valeur en exposition payante auprès des fidèles. Le mercantilisme lié aux reliques développa l’attrait du résidu osseux auprès des croyants et fut l’assise matérielle de l’autorité spirituelle des évêques et du Pape face au pouvoir temporel des rois. Être roi de droit divin imposait que l’on consacrât ces derniers en présence du Pape et des reliques. L’abbaye de Saint-Denis est le témoignage irréfragable de la lignée des reliques.

En ce lieu sont enterrés 153 rois et reines de France dans la lignée mérovingienne, carolingienne, capétienne et des Bourbons. Ils venaient se faire remettre les attributs de leurs pouvoirs temporels par le légat du Pape, soit la couronne et la pourpre, en présence des ancêtres et de la Sainte Ampoule[3].

 RELIQUE.JPG

 

L’objet devient sacré et se chargeait naturellement de la force mentale et psychique de ses admirateurs. Qu’elle fût authentique ou pas, elle devient ce que les prières et incantations voulaient qu’elle fût. C’est ainsi que les objets ou les lieux se chargent des flux spirituels qui les caractérisent. Ces « chargements » portent sur l’objet d’orfèvrerie (le reliquaire), le reste humain (l’os fragmenté, cheveux, ongles) et le lieu (l’église ou la cathédrale). Ils se conjuguent pour devenir puissance agissante dans la vie du croyant.

Les trois phénomènes conjugués du résidu humain du saint, de la représentation précieuse du reliquaire et du tellurisme du lieu, amplifient le pouvoir de transport et de communication dans les mondes intermédiaires.

Il s’agit bien d’intermédiation entre l’homme et le divin. Au même titre que les anges sont messagers divins, les reliques en appellent au défunt, comme si la mort ne l’avait pas complètement atteint et qu’il pouvait encore intercéder pour nous. Le défunt par ses reliques se trouvait à cheval sur la frontière de la vie et de la mort.

La médiation était le but premier de la vénération des reliques. Face à cette valeur sacrée de la relique officielle, demeure le reste osseux de proximité immédiate qui par son caractère anonyme est fuie comme on fui la mort qu’il représente. Celui-ci n’est pas mis en valeur, il est caché dans les replis de la terre. Hormis certaines professions on se garde bien de fréquenter des ossements.

Le rappel à la mort des ossements justifie leurs présences dans le cabinet de réflexion. Tout ce qui est vivant sur terre finit par mourir sans complètement disparaître. Par le jeu de la putréfaction reste le squelette qui finit par blanchir. Sans crémation le corps laisse une trace bien identifiable. D’instinct on s’interroge sur notre propre fin dont on peut juger de l’esthétique.

C’est tout l’art des « memento mori » ou cabinet de vanité que de rappeler cette échéance. Le christianisme auto flagellant met en avant la tripartition du monde avec le paradis, l'enfer, et la terre. Derrière le thème de la chute se profile le salut de l'âme. Ce système amène la mort au premier plan des préoccupations.

Dans ce contexte, un but moralisateur chrétien s’impose à l’opposé aux thèmes grecs et romains. « Souviens-toi que tu mourras », la phrase était répétée par un esclave au général romain lors de la cérémonie du triomphe dans les rues de Rome.

Debout derrière le général victorieux, un serviteur devait lui rappeler que, malgré son succès d'aujourd'hui, le lendemain serait un autre jour. Le serviteur le faisait en répétant au général qu'il devait se souvenir qu'il était mortel, c'est-à-dire « Memento mori »[4]. Une destinée glorieuse n’efface pas la mort. Les Grecs face à la mort avaient imaginé le thème du « carpe diem ». D’après Horace, cette mort devait nous inciter à vivre pleinement : « Maintenant il faut boire, maintenant il faut frapper la terre d'un pied léger ».

S’il existait une vie éternelle après la mort, il fallait en profiter maintenant parce qu'il n'y aura dans ce monde futur ni boisson ni danse.

Vivre le temps présent dans l’oubli de l’au-delà ou vivre l’au-delà dans le temps présent ?

 C’est toute la question qui oppose la philosophie grecque au point de vue doctrinaire de l’église. La franc-maçonnerie comme les mythes d’Eleusis[5] autrefois, réussit l’exploit de lier les deux approches dans le grand cycle de la vie et de la mort, tout ce qui périt finit par renaître (symbole de la faux et du blé, mais aussi du sablier.)

L’homme ne se résout pas à sa fin, non pas par manque de sagesse, mais parce qu’il imagine qu’il subsiste quelque chose d’irréductible dans ses derniers restes. Il enterre ses défunts et prévoit ce qu’il faut pour sa nouvelle vie, une épée, des bijoux, des vivres une barque solaire, etc. Il va jusqu'à ériger des pyramides, un tertre, un cairn pour l’honorer et le protéger. Le corps décédé conserve, via sa part irréductible qui est le crâne, une potentialité d’existence dans un état autre, différent et invisible. Cette invisibilité aux vivants se traduit par l’enterrement ou la mise en caverne. Cette dissimulation est à la fois un retour à la matrice, mais surtout la version terrestre de la montagne céleste. Les monts sacrés sont des lieux de contacts et de médiations avec le céleste, la cavité souterraine[6] est le même symbole dans un ordre inférieur. Ainsi céleste, terrestre, et subterrestre sont pris dans un même axe-chemin : L’Axis Mundi.

C’est dans l’os, dernier témoignage de son passage sur terre que ce situe la part résiduelle de l’être. Ainsi l’os est d’une nature autre qu’un simple amas calcifié. La porosité moléculaire du tissu osseux et le pouvoir de représentation mentale qu’il déclenche suggèrent que le reste humain est habité par une forme indéfinissable de présence, entité dégénérée et errante de l’âme ou de l’esprit humain. Face à l’os et plus précisément face au crâne et ses orbites énigmatiques, une présence se dessine…

Quant il est dit « la chair quitte les os » dans la légende d’Hiram ou que le cadavre « pue » ou « commence à sentir », il me semble qu’allusion est faite à la présence d’entité liée à l’os. Ainsi il n’est pas complètement mort, il reste quelque chose de lui qui est d’une nature différente de la chair agissante. Des restes s’exhale quelque chose qui met en éveil nos cinq sens et plus particulièrement notre instinct. Il est possible aussi de faire le rapprochement avec le principe alchimique du solve et coagula, soit la dissolution des chairs pour une nouvelle recomposition de ses éléments[7]. Il y aurait ainsi une purification par la terre, du moins pour notre Hiram. C’est l’œuvre au noir,[8] la matière prend la couleur et l’apparence de la Mort. Les restes osseux sont le précipité de l’être. L’enterrement de l’impétrant dans les replis de la terre est l’accomplissement de son « Œuvre au Noir ». Là, hors du temps, il doit se « morfondre », c'est-à-dire se fondre et se dissoudre dans la mort.

Face au principe de la décomposition organique, il existe une autre tradition qui s’appuie non pas sur l’élément terre, mais sur l’élément feu. L’incinération du corps et la calcination étaient supposées purifier le corps et libérer l’âme qui repart vers sa source lumineuse. Le « Caput mortem » est bien signifiant et rayonnant dans le cabinet de réflexion. Il contenait le cerveau, donc la vie s’y cachait. Purifié, ce crâne rectifié-purifié par l’Oeuvre, mérite d’être calciné. Le crâne et la cendre représentent une seule et même matière, à deux stades de son élaboration. Le Livre de la Toison d’or nous annonce le processus : 

 

« Notre corps deviendra premièrement cendre puis sel et après par ses diverses opérations devient enfin le Mercure philosophale, c’est-à-dire, que le métal doit être calciné, réduit en sel et enfin travaillé en sorte qu’on en fasse le mercure philosophal. ».

 

 

 La légende d’Hiram suivant les rites, propose le transfert de l’esprit d’un corps à l’autre ou du moins l’évocation de la poursuite de l’œuvre inspirée par l’idée du relèvement du maître devenu Hiram. Ce qui est retrouvé dans le reste d’un cadavre c’est une parole qui à défaut d’être prononcée par le décédé peut être qu’épelé par trois frères. L’absence de prononciation en une seule fois n’implique pas la méconnaissance du mot. Simplement il ne peut être prononcé dans ce monde, il appartient à un autre état, supérieur c’est certain. Cette différence d’état de l’existence est validée en franc-maçonnerie par le fait d’épeler, par lettres ou par syllabes.

Donc l’état du corps et le langage pratiqué suggèrent la présence d’un autre état de l’existence.

Le témoignage de cet état réside dans l’os et plus précisément dans le crâne. La médiation entre deux mondes est donc plus que soulignée par le relèvement du maître, fut-il intérieur. De l’horizontalité qui est le domaine des petits mystères, on passe à la verticalité axiale. C’est aussi le passage de la porte basse à la porte étroite. Ce maître squelette est le témoignage d’un autre soi dans une dimension différente et sans chair. C’est l’apanage des grands mystères de mettre en avant la superposition des niveaux d’existence par les différences d’états, de signes ou de langages. C’est une chance que la franc-maçonnerie de tradition ait conservé la mémoire des portes d’accès grâce à l’interprétation symbolique.

 

Le crâne a ceci de particulier qu’il diffère des autres ossements par la forme et sa fonction.

 

C’est avant tout une boite. Une boite d’os pour les anciens francs-maçons dans laquelle était dissimulée une clef, la clef de la loge, autrement dit la clef du temple de Salomon, donnant l’accès au Saint et la vision du Saint des Saints. Ce lieu dissimulé au regard profane, conduit aux vérités supérieures.

 

Il convient donc de poursuivre notre recherche dans les manuscrits anciens des loges opératives d’Angleterre et d’Écosse à une époque où l’hégémonie de la Grande Loge de Londres puis d’Angleterre n’avait pas encore épuré les précieux fonds archaïques et primitifs de nos rites maçonniques.

La relation au Crâne et à l’os est faite constamment avec l’arrivée du mot de maçon à l’issue des statuts de Schaw[9] de 1599.

 

Il est intéressant de constater que déjà certaines loges accueillent des maçons acceptés en leur sein. Ces maçons acceptés sont fort utiles pour la survie des loges, mais ils sont pour la plupart plutôt cultivés et sensibilisés au rosicrucianisme[10] et à l’hermétisme alchimique. C’est d’ailleurs une grande mode dans les cours européennes que de s’intéresser à cet ésotérisme. Il ne sera pas étonnant de retrouver dans les manuscrits maçonniques de l’époque, des traces de leurs apports.

 

A la lecture des manuscrits, on constate que le crâne est associé au secret contenu dans une boîte dont il faut trouver la clef. Cette clef, finalement semble n’être ni d’or ni d’argent, symboles respectifs de l’autorité spirituelle et du pouvoir temporel, mais d’ivoire. L’ivoire ou la corne a toujours été considéré comme une matière semi-précieuse et hautement symbolique.

Cette matière n’est rien d’autre qu’une référence à une excroissance de l’os dont on connaît les pouvoirs depuis la nuit des temps.

L’ivoire est tiré des dents et des cornes ou défenses. Les cornes sont une excroissance de l'os frontal des cervidés, elles sont ramifiées et évoquent les branches des arbres et finalement la couronne d’un roi.

Cette couronne fait le lien entre le ciel et la terre, avec l’homme roi couronné[11] pour médiateur. La clef d’ivoire ouvre cette médiation axiale à partir du crâne.

 Support « latéral » d’une réalité qui dépasse l’apparence d’une vie profane, puissance rayonnante du résidu humain, condensé ou même précipité du corps de l’âme et l’esprit, support de résurrection future, le crâne représente les forces occultes qui soutendent l’action de l’homme sur son destin.

 

La clef seule ouvre la loge et la loge ou le temple est apparenté au crâne cavité-caverne et boite à secrets. Nous rejoignons ainsi la légende grecque de la boite de pandore, qui une fois ouverte fait échapper les esprits maléfiques qui rendront l’homme à sa jalousie et à son envie.

 

Nous citons 5 manuscrits anciens qui font apparaître une relation entre la boite d’os, la clef-langue et le cœur.

 

 

 

 

 

 

 

Le manuscrit des archives d'ÉDIMBOURG (1696)

Q. 13 : Où trouverai-je la clef de votre loge ?

R : A trois pieds et demi de la porte de la loge, sous un parpaing et une motte verte. Mais sous le repli de mon foie, là où gisent tous les secrets de mon coeur.

 Q. 14 : Qu'est la clé de votre loge ?

R : Une langue bien pendue.

 Q. 15 : Où se trouve la clef ?

R : Dans la boîte d'os.

Le Manuscrit CHETWODE CRAWLEY (1700)

 Q. 13 : Où trouverai-je la clef de votre loge ?

R : A trois pieds et demi de la (porte de la) (3) loge, sous le parpaing et une motte verte.

Q. 14 : Qu'entendez-vous par un parpaing et (une) motte verte ?

R :   J'entends non seulement sous un parpaing et (une) motte verte, mais sous le repli de mon foie là où gisent cachés tous les secrets de mon cœur.

Q. 15 : Qu'est la clef de votre loge ?

R :   Une langue bien pendue.

Q. 16 : Où se trouve la clef de votre loge ?

R :   Dans la boîte d'os.

 

Le manuscrit DUMPHRIES : 1710

Q : 10. Où repose la clef de votre loge ?

R : Dans une boîte d'os recouverte d'un poil hérissé.

Q : 11. Donnez les caractéristiques de votre boîte.

R : Ma tête est la boîte, mes dents sont les os, mes cheveux sont le poil, ma langue est la clef.

Le manuscrit DE TRINITY COLLEGE 1711

Q : Où gardez-vous la clef de la loge ?

R : Dans une boîte d'os, à un pied et demi de la porte de la loge.

Q : Quelle distance y a-t-il du câble à l'ancre ?

R : Autant que de la langue au coeur.

Le manuscrit WILKINSON 1727

Q : Où gardez-vous vos secrets en tant que Maçon ?

R : Dans une boîte d'os qui ne s'ouvre ni ne se ferme sans clef d'ivoire ; neuf pouces ou une boucle à ma bouche (la clef d'ivoire est pendue par un câble de neuf pouces ou une boucle. Ce câble ou boucle est la langue.)

 

Nous conclurons que si la langue est la clef, alors la prononciation du mot est la connaissance. Encore faut-il que la connaissance puisse investir la boite crânienne pour en ressortir en mot prononcé, mais d’après notre tradition, la clef du langage de la connaissance passe par le cœur[12].

Le Crâne est le lieu de conjonction et d’embouteillage des cinq sens. Nous constaterons que cette boite est certes reliée à l’extérieur, mais reste hermétique et sombre lorsque l’on se place à l’intérieur. Nous touchons alors à la limite étriquée d’une boite protectrice chargée d’interpréter le monde et d’accumuler du savoir dans le cadre de la survie. Le cœur heureusement se chargeant de la vie, élabore la connaissance qui donne une vision fulgurante d’un tout.

 

Toute la question ésotérique sera de démontrer que le cœur et le crâne vont pouvoir se rejoindre dans une unité de langage[13]. (...)

 

  (...)

Il nous faut maintenant détailler cette boite d’os et rechercher dans la qualification de ses parties constitutives, des analogies symboliques avec la tradition maçonnique.

 

  CRANE2.JPG

 

 

Topographie symbolique du crâne :

 

 

La boîte crânienne (ou neurocrâne) comprend deux parties constitutives d’un monde en soi. (Nous utilisons la documentation éd Wp Mars 2011, pour adosser nos commentaires symboliques.) :

 

La voûte crânienne (ou calvaria qui à la même racine que le calvaire sur lequel le Christ fut mis en croix et crucifié) formée de plaques osseuses telles des continents, soudées entre elles par des sutures interdigitées extrêmement solides. La voûte qu'elle fût étoilée comme dans une loge maçonnique ou le tombeau d’un pharaon représente le ciel face au plancher du crâne.

 A la naissance, les os de la calvaria sont séparés par les fontanelles, qui permettent la croissance de la boîte crânienne. Certains y voient une image de la porte étroite, comparée au chakra coronal, c'est-à-dire la fontanelle des bébés, par laquelle la conscience (purifiée après tout le trajet de la colonne vertébrale et l'éveil des divers nœuds d'énergie qu'elle supporte) s'échappe au moment de la mort physique.

 
 On notera que c’est sur cette fontanelle que nombre de cérémonies maçonniques imposent l’apposition de l’épée flamboyante en vue de la transmission.
La fontanelle est rouverte l’instant d’un éclair par l’épée rayon[14].

Elle devient clef de voûte et pierre du dôme, lieu du croisement de l’épée sur la tête. C’est aussi un chakra axial qui fait le lien entre la terre et le ciel. Il est intéressant de souligner que la voûte protectrice des regards profanes est présente dans certains grades supérieurs. Dans les légendes européennes et asiatiques, le crâne humain est un homologue de la voûte céleste. Il est une caverne en miniature qui, elle-même, est une représentation en miniature du Ciel.

Comme le cerveau, schématiquement la voûte comprend quatre parties ou pôles, nous sommes donc dans une quadripartition polaire qui nous relie à l’anthropomorphisme cosmogonique. C’est une image du monde que le crâne nous propose. Quatre zones significatives sont à retenir : la zone frontale, à l'avant (formée des os frontaux, ethmoïdes, sphénoïde et percé de cavités pneumatiques creuses : les sinus) ; le pariétal droit et gauche, latéralement (os pariétal et temporal) formant les tempes, zones les plus fragiles de cette boîte ; l'occipital à l'arrière (os occipital).

Le plancher (ou base du crâne), formé de trois fosses crâniennes, il est à noter que Hiram au REP se trouve dans la fosse-cavité, il reste donc deux autres fosses pour Hiram de Tyr et Salomon, correspondantes aux trois montagnes sacrées ou sont enterrés ces trois sages. Ainsi la voie ascendante est balisée tant pour les profanes par la montagne que pour les initiés par la fosse :

 

 

Vue endocrânienne du plancher d'un crâne humain avec les trois fosses.

o      La fosse crânienne antérieure,

o      La fosse crânienne moyenne,

o      La fosse crânienne postérieure.

Le plancher est donc limité par l'os occipital en arrière et la partie supraorbitaire de l'os frontal en avant. Il est percé de trous laissant passer les différents éléments innervant ou permettant la circulation sanguine à l’intérieur du crâne. On retrouve selon un axe antéro-postérieur ces nerfs qui sont les liens informatifs avec le milieu extérieur. Cela veut dire que le cerveau seul et non relié à l’extérieur est aussi aveugle que les protagonistes de la caverne socratique. Inversement l’ensemble des informations qui sont captées par les nerfs et les sens, est déformé par les filtres qu’ils sont obligatoirement devenus. Les sens se déversent dans une cavité à perception limitée, car aucune boite à os ne peut avoir une vision globale du tout.

Passent ainsi, le 1er nerf crânien, le canal optique, les nerfs oculomoteurs, le nerf maxillaire, le nerf mandibulaire, l'artère méningée moyenne, les nerfs faciaux, la veine jugulaire interne et par le trou occipital, en continuité avec la colonne vertébrale représentative de l’axis Mundi, pars lequel passe la moelle allongée et les deux artères vertébrales, etc. Le massif facial est formé de 14 os qui identifient socialement l’individu. Le visage est cette partie que l’on masque lorsque l’on ne veut pas être reconnu, c’est aussi cette partie qu’on maquille pour jouer un rôle dans certains théâtres d’ombre et de lumière… Janus nous a appris que l’on peut avoir deux visages.

Le masque, grec ou latin est, plus encore que le costume, un procédé de caractérisation du personnage. 
Il permet d'identifier, d'entrée de jeu, le héros antique et de nos jours le personnage joué par l’individu.

Ici le moi et l’en soi, l’individu et la personnalité se retrouvent à nu, débarrassés de leurs tissus, et pourtant par leurs intitulés ils expriment les sentiments et les besoins du vivant. Ils sont l’expression même du vivant. La plupart des os du visage sont pairs : Os lacrymaux (pleurer), zygomatiques (rire), nasaux (respirer), maxillaires (goûter se nourrir), et d'autres sont uniques : Vomer, Mandibule (parler)

Face à ce descriptif détaillé, nous constatons que le Crâne est un monde en soi, avec sa géographie propre et ses continents. Il en est de même du cerveau qu’il contenait.

Le crâne-caverne dans lequel se projettent les ombres portées par les nerfs de nos sens trompe notre jugement et nous incite à agir sous de fausses informations. Ce que doit faire le franc-maçon c’est de tenter d’agir dans le monde autrement, avec l’intelligence du cœur. Sauf à rouvrir définitivement cette fontanelle soudée par l’âge et la perte de l’innocence[15], il me semble utile de réserver au vase du cœur et à ses pulsations, la décision instinctive qui contribue à la conversion du regard. Le crâne symbolise le temps destructeur et la vanité de tout attachement humain aux choses périssables. Il peut être également l'attribut de la mélancolie ou connoter la repentance, la méditation et la préparation à la mort (Memento mori). Mais le crâne figure aussi aux pieds de Jésus mort sur sa croix. C'est en référence au péché initial qu'il aurait racheté par sa crucifixion suivant la tradition chrétienne. Ce péché est celui d'Adam.

La boucle est bouclée. CRANE-GOLGOTHA.JPG

 

C’est ici le point crucial de notre démonstration. La crucifixion du christ pour racheter le péché des hommes et en premier lieu celui d’Adam qui a fauté se déroule sur le Golgotha[16] qui se traduit littéralement par le mont du crâne. L’iconographie religieuse du Moyen-âge et de la Renaissance représente abondamment la scène de la crucifixion avec au pied de la croix le crâne d’Adam.

Cette triple conjonction du crâne porteur de la mémoire fautive d’Adam, du sacrifice du Christ pour le rachat et enfin du Golgotha grotte et montagne, trouve son lien naturel dans le sang qui s’écoule du flanc du christ dans la boite crânienne d’Adam. Ainsi, le sang de Jésus en croix, Nouvel Adam, a pu s’écouler sur le crâne du premier Adam. Cette boite d’os devient alors un calice. Nous savons que la coupe et le calice sont associés par leur forme de triangle descendant, au cœur. Alors est-il possible que le crâne se représente comme le triangle montant[17] ?

Le versement du sang dans ou sur le crâne d’Adam consacre cette superposition de l’un à l’autre, comme les deux triangles superposés et entrelacés du sceau de Salomon. Le centre des deux triangles cerveau et cœur, répond à l’axe du bois de la croix plantée au Golgotha à l’aplomb de la voûte protégeant le crâne. Les deux axes de la croix et de la lance ne feront qu’un. Le percement du flanc et donc symboliquement du cœur du Christ par la lance[18] du légionnaire Longinus[19] vaut pour symétrie symbolique le dernier coup[20] asséné su la fontanelle de Hiram par le troisième des mauvais compagnons. D’ailleurs la terre du tertre du Golgotha se fendit au moment de la crucifixion ramenant l’idée de la réouverture de la fontanelle du crâne d’Adam.

Les coups ainsi portés, frappent simultanément le centre commun aux deux triangles inversés, la tête et le cœur. Ainsi est résolu le rachat du péché originel qui a fait perdre à l’homme l’âge d’Or de l’humanité. Cette relation triangulaire de cause à effets inverse la représentation du crâne d’Adam. Il n’est plus l’expression d’un reste de culpabilité occulte, mais plutôt un signe palpitant d’espoir dans la recomposition[21] des événements, cette fois-ci dans un sens cyclique heureux, ce qui correspond à la signification profonde du sceau de Salomon qui contient un cœur battant au rythme des grands cycles.

Ainsi le crâne du cabinet de réflexion n’est autre que celui du premier homme qui côtoya Dieu au point d’en perdre la proximité. C’est aussi le nôtre. Il est à la fois porteur de la faute originelle, ce qui nous en éloigne instinctivement, mais il reçut le pardon par le sang versé, ce qui nous en rapproche. À notre niveau s’exprime, enfouie dans les profondeurs de notre infra conscience, le souvenir de ces deux instants du cycle. Comme les mouvements d’un cycle, d’instinct nous nous éloignons des restes osseux et du crâne particulièrement, puis fascinés par ce qu’il signifie, nous nous en rapprochons pour n’être que lui. La clef qui ouvre le passage est en lui, mais c’est le cœur qui œuvre…

Eri\Rom\



[1]           Selon Robert Ambelain pour le REP « Cette Chambre de réflexion sera tendue de Noir et éclairée par une seule lumière rendant une faible clarté. Il y aura quelques ossements et d’autres objets susceptibles d’inspirer de la frayeur au Candidat, un crâne et un poignard disposés sur une petite nappe noire feront l’affaire, placés devant la bougie allumée. »

 

[2]              Présent dans le Régius 1399 et le Cook 1410, il fut réaffirmé par les statuts de Schaw en 1598-99.

[3]              La sainte ampoule, tout comme les restes des rois précédents sont considérés comme grandes reliques. Conservée à Reims, elle contient une huile miraculeuse qui, selon la légende, aurait été apportée par une colombe descendue du ciel le jour du baptême de Clovis par l'évêque remis. Elle est donc liée aux restes de Clovis. L'onction, faite au cours de la cérémonie avec cette huile miraculeuse, donne un très grand prestige. Le roi est oint en sept endroits différents du corps : sur le haut de la tête, la poitrine, entre les deux épaules, l'épaule droite, l'épaule gauche, la jointure du bras droit puis du bras gauche ; puis, après s'être revêtu, sur les paumes des mains. Par cette onction, le roi est roi « par la grâce de Dieu » : Dieu l'a choisi. Ed Wp Mars 2011

 

[4]              Voir ref WP Juin 2011.

[5]              Dans la religion grecque antique, les mystères d’Éleusis (en grec : λευσίνια Μυστήρια) faisaient partie d'un culte à mystères, de nature ésotérique. L'aspect principal de ce culte se construisait autour de la culture du blé et le cycle vie entreposage sémio renaissance des cultures. La première partie du rituel des grands mystères débutait par une procession durant laquelle on transportait des reliques sacrées (les hiéro) jusqu’à Athènes pour les placer dans l’Éleusinion, un sanctuaire à la base de l’Acropole.

[6]              Chacun des trois mondes est doté d’un plancher et d’une voûte. Il est fait référence dans toutes les traditions à cette notion de voûte dont le crâne porte témoignage. La voûte dissimule au regard profane la vision du sacré qui ne peut être découverte que par l’initié. Seul l’initié peut voir et découvrir au-delà de son monde des vérités qui seront réalités dans un cycle prochain.

[7]              L’alchimie spirituelle fait état des trois œuvres successives : la naissance, la vie et la passion ou l’exaltation dans le feu et par la suite, la mort dans la couleur noire et ténébreuse ; enfin la résurrection et la vie dans la couleur rouge la plus parfaite.

[8]              Le terme œuvre au noir désigne en alchimie l’une des trois phases dont l'accomplissement est nécessaire pour achever le magnum opus. En effet, selon la tradition, l'alchimiste doit successivement mener à bien l'œuvre au noir, au blanc, et enfin au rouge afin de pouvoir accomplir la transmutation du plomb en or, d'obtenir la pierre philosophale ou de produire la panacée.

[9]              Les « Statuts Schaw »proposent à l’échelon de tout le royaume d’Écosse - au sein de ces loges d’un type nouveau, un mode interne d’organisation hiérarchique et fonctionnelle à trois niveaux (un Surveillant ou Maître de Loge, des Compagnons ou Maîtres, des Apprentis-Entrés). Ce mode d’organisation est différent de celui des Guildes, comportant notamment des formes particulières de progression - peut-être même déjà présentes dès l’admission, formes à caractères secrets, initiatiques, centrés sur la transmission du « mot de maçon » - ouvrant sur des enseignements plus ésotériques.

 

[10]            La Rose-Croix est un ordre hermétiste chrétien légendaire, dont les premières mentions remontent au début du XVIIe siècle en Allemagne. L'existence de l'ordre, et celle de son fondateur Christian Rosenkreutz sont sujettes à controverse.

 

[11]         D'après le Bahir, « la première Sephira est appelée Kether, la couronne, parce que une couronne se porte sur la tête. La couronne fait ainsi référence aux choses qui sont au-delà de ce que l'esprit a la capacité de comprendre. » ed Wp mars 2011.

 

[12]             Si le savoir ne peut s’agréger à la connaissance, le « savoir par cœur » est le plancher et la voûte la connaissance. Cette évidence initiatique bien connue de nos aînés est la base de la transmission traditionnelle qu’on appelle en franc-maçonnerie le devoir de mémoire. Ce qu’on reçoit, on le doit. Ce principe est illustré dans la chaîne d’union avec une main qui reçoit paume vers le haut et une main qui donne, paume vers le bas.

[13]             Rappelons que le langage du cœur est celui des « fidèles d’amour », et du fameux langage des oiseaux.

[14]             L’image de l’épée associée à la voûte crânienne se retrouve dans la cérémonie de la voûte d’acier, qui honore et alerte les maçons de la venue dans le temple d’un Frère dont le niveau de connaissance initiatique est remarquable, généralement attesté par un grade, une charge, une fonction correspondant. La voûte d’acier est jointive est poreuse, comme la fontanelle du frère entrant, à laquelle elle se superpose.

[15]             Au plan symbolique la fontanelle d’Adam s’est-elle refermée lorsqu’il fut chassé du jardin d’éden ?

[16]             « Arrivés au lieu dit Golgotha, c’est-à-dire lieu du Crâne… » (Mathieu 27,33)
 « Et ils amenèrent Jésus au lieu dit du Golgotha, ce qui signifie lieu du Crâne… » (Marc 22) ;
« Arrivés au lieu dit du Crâne… » (Luc 23, 33)
 « … pour aller au lieu dit du Crâne, en hébreu Golgotha » (Jean 18,17b).
 Le nom « Golgotha » est la transcription du mot araméen Goulgotha, « lieu du Crâne », en latin « Calvaria, », d’où le nom habituel « Calvaire »

[17]             Le Kether séphirotique semble le confirmer.

[18]             Symboliquement la lance est l’axis Mundi qui traverse le sceau de Salomon, c’est la voie montante qui rencontre le triangle descendu sur terre.

[19]            Selon la bible, alors que Jésus et les deux voleurs étaient crucifiés sur leurs croix, les chefs juifs demandèrent à Pilate de casser les jambes des condamnés pour accélérer leur décès. Les soldats romains cassèrent les jambes des deux voleurs, mais Jésus lui semblait mort. Voulant s'en assurer, un centurion Longinus transperça le flanc de Jésus avec sa lance, réalisant la prophétie de l'Ancien Testament. Il était écrit que le messie n'aurait pas d'os cassé, mais que son sang coulerait. Cet acte fut connu comme étant une preuve de plus que Jésus de Nazareth était réellement le messie annoncé par l'Ancien Testament, le fils de Dieu.

 

[20]             Habituellement, il s’agit d’un outil ou instrument qui appartint au domaine terrestre, les trois frappes s’assimilent au triangle. Pour l’exactitude symbolique, il s’adresse à la tête par la règle détournée de son sens supérieur, le marteau et non pas le maillet qu’ils ne peuvent tenir, le levier dans son usage destructeur.

[21]             Il est entendu que cette recomposition via la purification de la dissolution est à entendre au sens alchimique de la coagula pour la résurrection des corps.

Développement cosmogonique du centre

  13.jpg

Nous avons développé dans un précédent article, l’idée que le centre est synonyme de point primordial, c'est-à-dire à l’origine du tout. Ce dernier est considéré, au plan métaphysique, comme sans parties, non manifesté et immuable. Ceci explique sa puissance sans limites.

Seule une volonté supérieure peut en déterminer une expression limitée.

Cette volonté se traduit au niveau de la représentation par un rayon, ou un nombre indéfini de rayons, qui peuvent varier, ainsi que les cercles qui en découlent. On peut en déduire que le rayon produit et mesure le monde ainsi manifesté. Il est traditionnellement conçu comme l’expression de la puissance céleste, ce qui explique sa présence dans les loges maçonniques par l'entremise de l’épée flamboyante. Cette « épée rayon » transmet la lumière primordiale sur les colonnes et la loge qui devient une image du microcosme et du macrocosme (Imago Mundi).

 

Cette volonté ainsi exprimée est sans influence sur le point d’origine qui contient toutes les expressions potentielles de manière invariable. Au plan maçonnique, ce point primordial ou principiel peut être analysé comme la porte étroite.

Au niveau de la représentation tant graphique que mentale, il faut souligner que par nature, la représentation en deux dimensions minore la puissance illimitée du centre.

Cette minoration est nécessaire pour les compagnons traceurs que nous sommes, car elle génère toutes les figures géométriques qui produisent un sens dans un monde manifesté. (Mandorles, rosaces, quadratures, représentations tri unitaires et axiales, etc.). Les figures ainsi produites devront être extrapolées au niveau supérieur pour en retrouver la signification ontologique.

 

Ce qui nous intéresse est donc l’intériorité de ce cercle que nous tenterons de qualifier en fonction de ce que nous pouvons mesurer, en l’occurrence son rayon. En effet, le périmètre-circonférence du cercle est la manifestation du point d’origine via le compas ou le cordeau pour nos glorieux ancêtres. Il se manifeste géométriquement sur notre feuille de papier (en deux dimensions), ce qui nous fait dire que chacun des points en nombre indéfinissable qui constituent cette circonférence a les mêmes qualités de puissance que le centre du cercle. A ce titre, par la duplication qu’ils représentent, ils peuvent recevoir l’application du compas en sa pointe. Reste à définir l’ouverture du compas souhaitable qui en loge varie en fonction du degré d’éclairement du grade considéré.

 

Le point dupliqué sur la circonférence ne peut être autre que la volonté initialement exprimée. Cette volonté initiale est concrètement appliquée par le compas sur notre feuille de papier et se traduit par le rayon.

C’est donc le rayon qui sera la longueur d’onde dans l’expression de la manifestation géométrique sur notre feuille. Le compas reprend sa course circulaire à partir d’un point choisi sur la circonférence, pour faire naître un cercle identique au premier.

Les deux cercles se croisent à deux points d’intersection qui sont à la fois, la production du point primordial et de son jumeau dupliqué. Il convient de réitérer l’opération jusqu'à ce que le cercle soit entièrement entouré de cercles du deuxième rang. On notera que la duplication des successibles implique une notion temporelle liée à l’espace, qui n’a pas lieu d’exister au sein du point primordial. 

Cette situation nous donne six points qui, reliés de proche en proche par une ligne droite de même longueur que le rayon, nous révèlent un hexagone.

Si on relie par une droite chacun des six points au centre originel on obtient un Chrisme, soit une croix tridimensionnelle indiquant les six directions de l’espace bien connues du franc-maçon.

Il est important de poursuivre nos constatations jusqu’au bout.

 

Chacune de ces directions est jointive en ligne droite avec son opposée. Les opposées de mêmes naissances se situent sur trois droites appelées diamètres dans notre représentation.

On en déduit que la totalité du centre s’exprime en trois axes subdivisés chacun en deux directions.

On en conclut que la manifestation se fonde sur le trois axes. Il faut donc rechercher la figure géométrique qui exprime le trois et le sens inverse.

Le trois est représenté par un triangle montant. Sa valeur inversée existe aussi, c’est le triangle descendant.

Si on hémisphérise le cercle en fonction d’une ligne de partage entre le haut et le bas, on obtient deux triangles entrecroisés, l’un montant, l’autre descendant. L’un est le miroir inversé de l’autre.

Les 6 angles et points de contacts avec le cercle sont une production de la puissance du centre.

La puissance se traduit par le rayon (la règle divine) et l’ouverture du compas (l’Esprit Saint).

 

On conclura aussi que la puissance est double et inverse dans son diamètre.

6 représente la totalité manifestée sur la feuille de papier (il correspond aux 6 jours de la création) et le 6 est deux fois trois.

Le trois est racine axiale de la manifestation, ce qui explique la présence du delta lumineux ou de l’hexagramme en loge.

 

Le trois-double est donc l’expression d’une manifestation originelle que l’on peut représenter soit par le chrisme pour sa triple expression axiale et volumétrique, soit par l’hexagramme pour sa double représentation plane. Les deux points de vue sont identiques par leurs significations correspondantes dans deux états différents.

Sur un plan individuel de la représentation de l’homme dans la figure, on remarquera que l’universalité cosmogonique de l’hexagramme s’associe à l’image de Saint André en Croix, les membres en X représentent les quatre directions sur le plan. L’Axis Mundi passe du sacrum jusqu’à la fontanelle dans une version à deux dimensions et par le nombril qui le relie à la terre  (ombilic axial) dans une version chrismique à trois dimensions.

 

Dans ce dernier cas, l’hexagramme peut être représentatif de toutes les dimensions, en représentant le point principiel au centre de la figure par une certaine lettre. Le point principiel étant sans parties ni limites ne peut être dessiné. C’est une universalité qui n’existe pas dans d’autres figures comme le pentagramme.

 

 

La production de la manifestation à partir d’un centre ontologique, remets l’individu dans un état de conscience intuitive qui le relie à un vaste ensemble au-delà de tous raisonnements relatifs.

 

1er étape : le point primordial exprime sa puissance dans toutes les

 

 dimensions de l’espace, ici représenté sur une dimension.

                                      P …………………………P1

 

2ème : Chacun des points de la circonférence possède la même puissance et donc le même rayon d’action. Deux points d’intersection apparaissent comme des appuis pour renouveler l’opération.

 

 deux-cercles-secants-mandorle.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

3ème : l’opération se renouvelle 6 fois faisant apparaître une rosace, six rayons formant chrisme formé de trois droites axiales et un hexagone.

 

RAYON-AU-CERCLE-HEXA.JPG

 

 

6.jpg 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 4ème : l’effet miroir du chrisme établi la valeur 3 au double, ainsi trois directions de l’espace ont leur opposées. Le trois est donc la base, représentée par le triangle en deux dimensions qui doit lui aussi avoir son double. Il peut se concevoir en ligne de partage hémisphérique, selon l’effet miroir (le haut et le bas) ou cosmogonique par l’expression identique inversée et solidaire, à savoir le double triangle inversé, entrecroisé.

 

Eri\Rom\

Confusion of Tongues[1]Perfection et reconquête du langage initiatique

 

… ou le retour d’Hermès Trismégiste et de Pythagore.

 

Il ne s’agit pas ici de développer de savante notion sur l’art du langage.

 

 

 

Je tente simplement de faire apparaître un dimensionnement, en relation directe avec la tradition ésotérique occidentale. Toute doctrine traditionnelle dispose d’un double langage, l’un exotérique l’autre ésotérique. Le but est de transmettre sur deux registres.

Le langage ésotérique à son tour se subdivise en au moins deux langages. Le premier niveau reste symbolique, il est une pratique quotidienne du franc-maçon qui permet de lever le premier voile, et un dernier niveau par analogie, plus réservée encore, à caractère métaphysique, qui en toute hypothèse est plus large que l’interprétation intérieure d’une religion[1].

 

Entre ces deux extrêmes, des langages intermédiaires sont apparus, dissimulé derrière un aspect concret comme l’architecture, l’alchimie, la cabale, les séphiroth, et sous un angle différencié et populaire, les tarots, la numérologie, l’astrologie spirituelle, etc. Les aspects concrets ou différenciés ne sont que des développements inférieurs d’un sens qui touche aux états supérieurs de l’Être.

Pour atteindre ces états, on peut user de tous les langages ésotériques. Tous ont trait à la révélation intérieure pour les chrétiens, à l’illumination ou à l’intuition supra individuelle pour d’autres. Il s’agit toujours d’apercevoir une synthèse unitaire, une vision ontologique du tout.

 

Nous partons du postulat que le premier langage est sacré, car il est donné par Dieu pour le nommer, ainsi que tout ce qui est de nature sacrée (la manifestation née du Verbe). Il ne nommait rien de profane. Puis vient l’épisode de la tour de Babel qui cristallise la diversité et la confusion des langues[2]. De cette période, il ne reste plus que des langues sacrées, réminiscences de la parole divine perdue et des langues profanes qui caractérisent la contingence et la matérialité. De la période adamique nous avons le souvenir légendaire de la parole originelle et perdue, représentée en franc-maçonnerie par la légende d’Hiram.

 

Les sens qui sont donnés aux mots sont très largement dépassés par le sens hiéroglyphique ou idéographique. Il ne s’agit pas ici d’un cours d’Égyptologie encore que par certains aspects, les hiéroglyphes, furent des précurseurs dans l’association des images et des sons. Il s’agit plutôt d’une prise de conscience que chez l’initié, le langage de la connaissance est sans frontières étatiques ni limites civilisationnelles. C’est gravé dans la pierre ou la tablette d’argile que les « mots-images » étaient conservés. Le tailleur de pierre et le scribe avaient le même pouvoir : graver et transmettre l’image traditionnelle du mot qui devenait alors parole avec une représentation mentale[3].

Pratiquement tous les signes de base y compris les lettres et les chiffres sont des déclinaisons du point, de la droite et du cercle. (Les maçons opératifs témoignent de cette tradition géométrique en utilisant la règle et le compas).

Ces trois signes sont fondateurs du symbole figuré. On peut dire que les sens dérivés dépendent pour leurs origines de ces trois sens premiers. Ils ont, par cette origine, un lien direct avec le divin manifesté. C’est ainsi que le mot associé au signe a trouvé sa prononciation, s’est « chargé » de sens. En se reliant les uns aux autres, ils constituent un vocabulaire lié par des règles appelées grammaire.

 

Le langage est né de la valeur symbolique du signe.

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(Hiéroglyphes pierre sphérique de Myrvalder, doc abbaye de Boscodon, cahier n° 4. Tout commence par un point, il est le départ de toute expression.)

 

 

Les anciens devoirs (Ms Cooke 1410 Lgn 255-306) font état que la Connaissance fût gravée sur deux colonnes l’une de marbre l’autre de brique. Le déluge pouvait survenir la connaissance serait sauvée[4]. C’est Hermès et Pythagore (Lgn 321-324) qui retrouvèrent chacun une colonne qu’ils purent déchiffrer. Ainsi depuis cette époque notre approche de la connaissance balance entre la Gnose et son mystère de la parole universelle et la géométrie et les secrets du grand architecte.

Nous sommes tous convaincus que la puissance évocatrice de l’image, du signe et du sens figuré, est directement liée aux archétypes antédiluviens de la pensée. Nous sommes pris entre deux sensibilités, gnostique et géométrique. En cela le langage initiatique du franc-maçon d’aujourd’hui est probablement le même que celui de ses ancêtres. Cette évidence nous interpelle au point de constituer la base même de la régularité maçonnique qui dépasse la forme pour atteindre le fond.

Sur la forme, le symbolum est une tesselle ou une tablette d’argile gravée, cassée en deux. Chacun des protagonistes se saisit de la demi-tablette et part pour un périple. Quelques années après ils se rencontrent à nouveau et se reconnaissent en réunifiant les deux parties, constituant un tout bien plus grand que la seule addition des fractions.

Sur le fond, c’est la perte de la  fraction sœur[5] qui crée l’errance ou l’exil[6]. Un frère est toujours à la recherche de son jumeau, cette fraction perdue par la chute. Caïn manque à Abel, Romulus manque à Remus. La franc-maçonnerie tente cette réunification dans une forme d’expression particulière, en épelant le mot sacré. C’est à deux que s’égrène le mot, lettre par lettre, comme un chapelet.

C’est dans l’altérité réparatrice que les deux Frères retrouvent une forme de langage, puis à trois ils trouveront les syllabes et une forme de mot substitué. Ce langage sacré n’est pas accessible à notre condition, on ne peut que l’effleurer en l’épelant à plusieurs. C’est le principe de l’invocation ou de la prière. Sa compréhension appartient à un état supérieur de l’être[7].

Pour finir nous pouvons affirmer que le mot et donc la parole sont symboles, pure production de la pensée en rapport constant au Verbe et à cette Parole qui était au commencement.

 

Je m’adresse aux seconds surveillants, pour leur indiquer que la vulgate sociale n’élève l’individu que dans ses devoirs envers autrui. Ceci est probablement une bonne chose. Mais le sens moral n’est en aucune façon une fin en soi, il n’est qu'une étape et la conséquence dérivée de la sagesse. Inutile d’être franc-maçon pour être bien conscient du sens et de la portée des lois bioéthiques et encore moins pour apprécier les avancées sociales d’une société en retour de fortune. Si la perfection de soi est le chemin naturel de l’initié ; il doit dépasser cette contingence tout en montrant l’exemple.

Cet effort appelle un travail quotidien pour y parvenir. Il ne faut pas céder à la facilité d’une expression vidée de son sens sacré.

 

Que faut-il faire ?

 

Il faut maîtriser le sens du langage de nos anciens, qui sous des travers abscons, dissimule une réelle profondeur de la connaissance traditionnelle.

Déchiffrer et comprendre, suppose un effort qui ouvre l’accès à la compréhension d’un langage supérieur. Cet authentique travail glorifie l’âme du cherchant, c’est ce qu’on appelle la gloire[8] au travail. Il faut redécouvrir Hermès et Pythagore.

Le rituel maçonnique régulièrement mené, par des officiers dévoués et compétents, ouvre à une communication avec ces éléments primordiaux. Ils offrent, au même titre que les mantras et le dhikr, par leur rythmique répétitive et la versification poétique qu’ils développent, un potentiel de réalisation spirituelle dans les états supérieurs. Il n’est donc pas incongru qu’un lien soit établi à partir du rituel maçonnique avec le langage intermédiaire à caractère mystique, même si ce ne doit pas être une priorité. C’est le langage des oiseaux pratiqués par les fidèles d’amour[9], appelé aussi langage angélique[10]. À toutes fins utiles il est bon de rappeler qu’on ne modifie pas les rituels maçonniques et notamment les prières et invocations qu’ils contiennent. Ces prières sont des échelles ascensionnelles pour l’âme du maçon, au-delà de toutes croyances.

Le rituel maçonnique doit remplir sa mission d’exaucement des âmes, et d’élévation de l’esprit. Il n’est pas seulement un ciment catégoriel et social.

 

Il est d’usage de reconnaître à la légendaire table d’émeraude, « tabula smaragdina » du VIe siècle, attribuée à Hermès Trismégiste, des vertus hiéroglyphiques et gnostiques incontestables.

 

Sous le voile d’un langage qualifié d’alchimique, Hermès le Grec et son homonyme romain Mercure, est assimilé à Thot l’Égyptien.

Le hiéroglyphe trouve à s’exprimer formellement en Égypte. Tôt est le dieu de l’écriture et du sens donné à celle-ci. La lecture n’est pas uniquement phonétique, elle est de nature sensuelle, car elle parle à un niveau supérieur de la conscience, un peu comme la poésie nous parle des profondeurs. L’écriture devient magie et d’ailleurs il ne serait pas étonnant que, pour déchiffrer les hiéroglyphes, il soit nécessaire d’être un peu magicien. Rappelons à ce sujet que le mage est celui qui interprète les signes et les images[11].

Il y a une forme de magie dans la lecture d’un texte, car celui qui lit interprète et joue le rôle que l’auteur a voulu donner au texte sacré. Du texte sacré on tire le langage sacré et non l’inverse. C’est donc notre travail que de donner du sens aux traces, aux signes, aux emblèmes et aux symboles.

La gloire au travail n’inaugure rien d’autre que notre capacité à lire les symboles.

 

La science de l’herméneutique consistant en l’interprétation des textes sacrés, ne peut donc être passé en profits et pertes par les 1ers et 2nd Surveillants. Elle met en perspective la quadrangulaire suivante :

 

-La part de nature agissante et sa correspondance surnaturelle, pénétrante pour l’initié.

 

-La dimension humaine et sa correspondance divine. Il   fallait bien être un Dieu pour se saisir d’une telle totalité.

C’est donc par suggestion que les mots et les textes agissent sur notre compréhension, il en est de même pour les allégories et les symboles. Le langage dans sa dimension sacrée inonde la totalité des arts. Le symbole n’est pas en reste, car il porte en lui la seule dimension véritablement universelle et intercivilisationnelle. Ce langage se retrouve dans tous les domaines de la poésie au romantisme, en passant par le surréalisme et l’idéalisme. Peu accessible il nécessite un redoublement d’effort et de concentration. Le langage par l’image ne révèle rien au premier abord. Il faut l’effort d’une scrutation et d’une évaluation volontaire pour en déchirer le voile. Ce dernier est fait pour appeler le juste effort à fournir et faire passer l’interprétation symbolique non par l’encéphale, mais par le cœur.

 

Le voile est l’apanage de la langue secrète et du sens caché. C’est la définition de l’ésotérisme.

Relire Jacob Bohème donne alors un dimensionnement et une saveur à ses écrits qui ne peuvent s’oublier. Lire la table d’émeraude en fonction de ses principes, inonde le cœur et comble l’esprit. À défaut de cet effort premier, rien n’est accessible en dehors du sens moral qui est l’expression d’une contingence sociale.

À partir de cette grille de lecture, il est possible de retrouver dans les textes sacrés, un tronc commun universel. L’universalité est associée à l’idéal maçonnique.

Nous retrouvons le sens premier dans l’universalité du langage des sages. Il se transfère de Dieu à Adam puis Moïse, de Zoroastre à Pythagore et Platon, depuis Hermès Trismégiste. Langage codé et sacré à la fois, dont la sapience se mérite. Il est universel et s’oppose à la confusion des langages de l’ère babylonienne.

Les alchimistes sont l’illustration de cet état hiéroglyphique. L’écriture secrète protège du regard profane le savoir primordial qui fut sauvegardé d’après les anciens devoirs par la gravure sur les colonnes antédiluviennes.

Il y eut un malentendu au XVIIe siècle entre les alchimistes qui rompirent la globalité de leur vision universelle pour la scinder en deux langages. D’un côté les praticiens analytiques qui versèrent dans l’alchimie des souffleurs opératifs, ancêtres des chimistes et de l’autre les théosophes de la synthèse, dans la lignée des roses croix et qui conservèrent le sens spirituel en l’intégrant dans le champ de l’initiatique maçonnique.

L’Or des uns n’était pas l’Or des autres. La tradition des bâtisseurs était largement préparée à cette fusion. La démarche spéculative favorise le questionnement au-delà de l’apparence et du credo. Elle s’appuie sur le symbolisme et les mythes.

Ainsi la boucle se referme. La grande tradition se conserve dans le cénacle des initiés. On comprend à quel point le langage maçonnique ne peut faire l’économie d’un dimensionnement profondément symbolique en relation avec des états supérieurs. Le franc-maçon est le dernier porteur de la flamme initiatique dans le monde occidental. Face à la perspective quadrangulaire[12] de l’esprit hermétique on complètera avantageusement ce dévoilement par l’étude de la Gnose c'est-à-dire, par la prise de conscience graduelle d’une connaissance à vision globale. C’est l’élaboration d’un système interdisciplinaire qui va connaître au travers des siècles des évolutions remarquables.

Loin d’être un épiphénomène face à la révélation ecclésiale, le gnostique forme un syncrétisme fondé sur le symbole dont nous avons encore une expression en loge avec le pavé mosaïque.

Le travail de synthèse du maçon s’oppose assurément à la vision manichéenne. Pour autant la voie de la sagesse est celle du juste milieu, de la conciliation et de l’embrassement du tout.

Le vieux fond animiste se marie à la quadrangulaire. Le divin habite l’âme qui est emprisonnée dans un corps de contraintes et de tentations. La matière est un lieu d’exil pour notre fraction divine. Les sens sont induits en erreur par des apparences trompeuses. Notre pire ennemi est nous même. C’est ce que nous enseigne l’épisode du miroir à certains rites, l’épreuve de nos sens lors des voyages et le silence rituel de l’apprenti. C’est l’épreuve des sens (terre, eau, air, feu, oblitération de la vue puis de la parole) qui doit nous apprendre à nous libérer de cette matière corporelle.

Le syncrétisme gnostique recoupe la philosophie grecque, l’apport égyptien et juif. Cette convergence mixte l’alchimie, la cabale et la magie astrale. Les cultes à mystères et la tradition orientale fusionnent.

L’incertitude d’une perfection lointaine entache le système gnostique d’une vaine espérance. La tentative de synthèse ne fut pas complète. Le monde aristotélicien et ptolémaïque organise notre vision occidentale en une partition micro et macrocosmique. Ainsi le monde sublunaire et changeant est soumis à la contingence de l’éphémère alors que le ciel éthérique protège la permanence d’un macrocosme. Nous sommes loin d’une vision unitaire. Le système va se développer sous la forme d’une pyramide à degré d’une plus grande cohésion. L’unité est tout en haut et se développe en se dégradant dans la création.

Cette chute poursuit une forme d’harmonie des sphères chère à Pythagore. Cette harmonie vient lisser la dichotomie du bien et du mal, du haut et du bas. On développe alors un monde des idées immuables face aux réalisations temporaires et terrestres. Il y a sept échelons à cette pyramide qui correspondent aux sept planètes connues du monde Ptoléméen. Le chiffre 7 est bien connu du maître.

À chacune correspond un métal. Nous allons du cercle extérieur saturnien représenté par le vil plomb, état grossier dont on se libère par une mort et une renaissance. C’est la putréfaction de la matière qui fait germer la graine dans le cabinet de réflexion, c’est la mort et la putréfaction du corps du maître qui libèrent et font renaître l’étincelle divine dans le corps du nouveau maître. Les cercles à traverser sont ceux notamment, de Jupiter associé au zinc, de mars et du fer, de mercure et du vif argent, de la lune et de l’argent et enfin du soleil et de l’or. La progression vers le centre est une démarche de perfection et c’est aussi ce que nous sommes venus chercher en franc-maçonnerie. Nous pensons que l’homme est perfectible.

Les lois de la correspondance donnent une identité structurelle entre le corps de l’homme et le monde dans lequel il s’insère, appelé microcosme. L’homme peut être un corps agissant. Il manipule le corps, l’âme et l’esprit. La région astrale contenait l’âme du monde, l’intellect et les idées dans leur permanence occupaient les régions supérieures et agissaient dans les régions inférieures où règnent la matière, la contingence et l’éphémère marquées par le sablier et le crâne dans le cabinet de réflexion. C’est alors qu’on émet l’hypothèse qu’il était possible d’agir ici-bas par l’intermédiaire d’une région médiane entre l’esprit et la matière. L’homme se rapproche du démiurge. Cette région médiane dans la tripartition chrétienne est occupée par l’âme.

Apparais autour de l’homme, un corps astral, invisible qui devient la zone de contact entre le haut et le bas. Les moyens d’action sont la magie les talismans. L’homme communique avec son corps astral ce qui fait de lui un médiateur entre le microcosme et le macrocosme. Paracelse confirmera la tripartition agissante : la dominance de l’astre intérieur sur l’imagination, la force solaire agissante sur le monde dit réel et enfin la force lunaire agissante sur l’apparence trompeuse. C’est aussi la prophétie et la prémonition qui se structurent sur cette tripartition et qui justifient la cabale.

Ainsi la vision de l’échelle de Jacob s’explique d’une manière gnostique et structurée.

L’influence des astres extérieurs est présente à l’Orient de toutes les loges maçonniques. On se contente souvent d’explications fonctionnelles du soleil de la lune et de l’étoile flamboyante et on oublie commodément que la franc-maçonnerie fut le réceptacle de la grande tradition gnostique, hermétique et alchimique. On a longtemps glosé, avec raison sur l’influence Rose-Croix...

Le Corpus Hermeticum traduit en 1463 par Marcille Ficin est le traité gnostico-néoplatonicien qui témoigne de la pensée et de la sagesse antique des premiers siècles du Christianisme. On le pensait rédigé par Hermès Trismégiste, « Hermès les trois fois grandes ». Son style ressemblant à celui du Nouveau Testament semblait témoigner de cette sagesse antique, héritage des chrétiens des premiers siècles. Une science antique, la Cabale, y était développée mise en évidence par pic de la Mirandole.

Cette dernière se voulait la science secrète des Hébreux. La période de la renaissance favorise un renouvellement de la structure scolastique qui reposait sur une hiérarchisation Ptoléméenne du monde.

La vision devient alors plus directe moins hiérarchisée, plus énergétique. Son accessibilité sera concrétisée par le protestantisme, qui outrepasse la hiérarchie ecclésiale pour relier directement le croyant à Dieu ; l’étincelle divine est alors en chacun de nous.

L’alchimie se développa sur ce fond et sur ces textes. Elle suit le mouvement gnostique dans le refuge des chrétiens orthodoxes d’Orient et d’Alexandrie pour nous revenir traduit par les Arabes en Espagne et en Provence. S’élabore alors un langage imagé fondé sur l’empirisme. Les maximes et les allégories sont les véhicules de cette connaissance. L’Art Royal est la conjonction des trois influences, en plus du travail de la matière et des formes qui est son fondement opératif. Entre terre et ciel, l’Art royal s’est développé alimenté par quatre fleuves, ce qui explique sa complexité et sa richesse.

La tradition chrétienne alexandrine est le fondement, la base de départ de cette architecture. Son développement pratique, sa formulation et son imagerie sont le résultat de son passage aux mains des savants philosophes arabes, et enfin la toile de fond philosophique repose sur la philosophie de la nature des Grecs.

Ce sont deux soleils qui éclairent notre chemin correspondant à l’or philosophique et l’or matériel. Par la bipolarité le monde avance. Le soleil et la lune, le mercure et le soufre, mal et femelle, bien et mal, l’amour et la haine, etc.

Tout ceci se retrouve dans le même creuset, la même coupe. C’est de la synthèse et l’union que naît le grand œuvre, la dissolution permet la fixation et le solde autorise le coagulum. C’est ce que revit lors de son initiation le futur apprenti dans les épreuves et voyages ou il rencontre séparément les 4 éléments d’Empédocle, sorte de proto-matière assimilé au Chaos initial.

En les recomposant, les manipulant, il les assimile et en redécouvre les sens. Au grade de compagnon, c’est le cinquième élément qui apparaît, la fameuse quintessence d’Aristote.

La mystique gnostico-hermétique est arrivée en franc-maçonnerie il y a trois siècles. Les apports, les dépôts sont si nombreux qu’ils constituent ce trésor initiatique sans équivalent dans le monde profane. C’est aussi cette profusion de nouveaux langages qui crée le malentendu. Difficile d’accès pour tous ceux qui s’empressent de franchir les grades et les degrés, ces derniers tentent de marginaliser cette lecture ésotérique et initiatique des textes, symboles et hiéroglyphes. Ils ont peu d’intérêt pour les discussions symboliques ou hermétiques. Ils sont voyageurs clandestins d’un monde qu’ils ne peuvent comprendre. Cette différence d'approche explique la distorsion et finalement le cloisonnement justifié entre les filières pauvres et celles mieux dotées en instructions.

Les hauts grades ont donc intérêt à diversifier la provenance de leurs membres. Ce qui compte notamment, c’est leur capacité à lire les images, signes et symboles. C’est la seule façon d’éviter l’appauvrissement par nivellement des ressources. C’est cette différence qui créera l’émulation nécessaire au maintien d’un haut niveau de transmission.

 

N’oublions pas que le langage initiatique est traditionnellement réservé à une élite et qu’il se transmet. L’exigence se satisfait de la différence, celle-ci entretenant l’émulation identitaire gardienne des traditions. Les carences dans la maîtrise du langage initiatique dégénère la transmission en une forme de nivellement qui ferme l’accès ésotérique des textes sacrés.

 

Eri\Rom\

 

 



[1]              L’ésotérisme chrétien est plus ample dans ses interprétations que la duplication réservée et secrète d’une croyance religieuse.

[2]              La première chute découlait de l’Adam chassé du jardin d’Éden, cette première génération disparait par le truchement du Déluge. La tour de Babel est la deuxième chute de l’homme face à ses prétentions de démiurge, cette génération est la nôtre.

[3]              En héraldiste autre science traditionnelle. Il en est de même pour le Hérault d’armes qui blasonnait les chevaliers entrants dans la lisse.

[4]              Seuls les initiés pourraient lire et interpréter les symboles cachés dans la gravure de la pierre, grâce à la tradition transmise par Noé et sa descendance.

[5]              La perte du Frère vaut pour la perte d’une partie de son intégrité adamique. C’est encore la chute d’Adam, le père premier qui se perpétue dans la fratrie.

[6]              L’exil est un thème de certains grades supérieurs. Il est mis en valeur relativement au signe et à la parole.

[7]              Il est troublant de constater que Pythagore et Hermès, deux grands initiés, ne pouvaient déchiffrer que leur colonne respective, autre aspect d’une gémellité, donnant deux aspects de la voie initiatique. C’est aussi au pied des deux colonnes que s’épèlent dans la franche maçonnerie française, les mots d’apprenti et de compagnon. 

[8]              La mise en « Gloire » est une notion symbolique qui repose sur un espace de médiation entre l’univers manifesté et le point originel dont il n’est qu’une duplication. Ainsi le Christ en Gloire est représenté au tympan de nombreuses églises construites de manière traditionnelle.

[9]              Rappelons que les lacs d’amour de la corde à nœuds sont un héritage de cette organisation, qui avait Dante parmi ses membres.

[10]             Les élus Cohen dans la mouvance de Martinez de Pasqually influencèrent la Franc-maçonnerie du XVIIIe siècle.

[11]             C’est d’ailleurs ce sens qui doit être rapporté aux rois mages de la tradition chrétienne.

[12]             Nature et surnaturel ; humain et divin.

 Cles de voute pierre du sommet pierre angulaire 001                                                                                      LE COOKE  (catégorie Anciens Devoirs)

Manuscrit datant de 1400 - 1410 (British Library, Cooke, Ms 23198)

 

Ce manuscrit est écrit en prose dans un dialecte du centre de l’Angleterre.

L’histoire (légendaire) du métier, avec une souche adamique et malgré une chronologie problématique, reste le point fort du texte.

Ce texte fait référence à la construction du temple de Salomon, dans la lignée de Bède le Vénérable (673-735) et qui sera amélioré dans sa reprise dans les constitutions de 1723. C’est sans doute ce manuscrit qui inspire une grande partie du travail historique de Georges Payne.

Euclide récemment redécouvert est aussi à l’honneur dans ce texte.

Les « Sept Arts Libéraux » c'est-à-dire non serviles comme les Arts mécaniques, sont à nouveaux détaillés. La Géométrie est particulièrement mise à l’honneur comme base de l’art du maçon, avec un rappel de son origine Egyptienne dans la mesure de la Terre. C’est une revue adaptée à l’art du maçon, du Trivium et du Quadrivium antique.

On retrouve les deux colonnes l’une de marbre l’autre de brique qui sont associées aux langages pythagoricien d’une part et hermétique d’autre part qui seront la base des développement futurs des langages maçonniques spéculatifs.

Pour toutes ces raisons, il est primordial de connaître ces textes fondamentaux car au-delà des règles du métier, ils sont la base oubliée de l’initiatique maçonnique, via l’aspect légendaire et pseudo historique.

Ils conservent un sens qui dépasse la lecture de l’historien, et il me semble que l'initiatique apparaît en filigrane.

E. : R. :

 

Grâces soient rendues à Dieu, créateur du ciel et de la terre et de toute chose qui s'y trouve de ce qu'il ait voulu engager sa glorieuse divinité dans la création de tant de choses utiles à l'humanité.

Car il fit toutes choses pour qu'elles fussent obéissantes et soumises à l'homme.

Car il créa tout ce qui est comestible et bon pour l'homme. De plus, il lui a donné la compréhension et la connaissance de diverses sciences et arts pour lui permettre de travailler afin d'arriver, en gagnant sa vie, à réaliser différentes choses qui plaisent à Dieu et lui procurent bien et confort.

Si je devais les énoncer ce serait trop long, mais je dois vous en exposer certaines, pour vous apprendre comment la science de la géométrie commença et qui en furent les inventeurs, ainsi que d'autres techniques comme il est dit dans la Bible et en d'autres livres.

Vous devez savoir qu'il y a sept sciences libérales ; grâce à elles, toutes les sciences et techniques de ce monde ont été inventées. L'une d'elles, en particulier, est à la base de toutes les autres, c'est la science de la géométrie.

Les sept sciences ont les noms suivants :

La première qu'on appelle fondement des sciences a pour nom grammaire, elle enseigne à parler correctement et à bien écrire.

La seconde est la rhétorique, elle enseigne à parler avec grâce et beauté.

La troisième est la dialectique qui enseigne à distinguer la vérité du faux et on l'appelle communément l'art de la sophistique.

La quatrième s'appelle l'arithmétique, elle enseigne l'art des nombres, comment calculer et faire des comptes de toutes choses.

La cinquième, la géométrie, enseigne toutes les dimensions et mesures, et le calcul des poids de toutes sortes.

La sixième est la musique qui enseigne l'art de chanter selon des notes par la voix, l'orgue, la trompe, la harpe et tout autre instrument.

La septième est l'astronomie qui enseigne le cours du soleil, de la lune et des autres étoiles et planètes du ciel.

Nous voulons parler principalement de l'invention de la noble science de la géométrie et dire qui en furent les fondateurs. Comme je l'ai déjà dit, il y a sept sciences libérales, c'est-à-dire sept sciences ou arts qui sont libres et nobles par eux-mêmes, lesquels sept n'existent que par géométrie.Et la géométrie est, on peut le dire, la mesure de la terre. Géométrie vient de geo qui veut dire "terre" en grec et metrona qui signifie "mesure", c'est-à-dire mesurage de la terre.

Ne vous étonnez pas que j'aie dit que toutes les sciences n'existent que grâce à la géométrie, car il n'y a pas métier ou travail fait de main d'homme qui ne se fasse par la géométrie et la raison en est évidente, car si un homme travaille de ses mains il travaille avec un certain outil et il n'y a pas d'instrument concret au monde qui n'ait son origine naturelle dans la terre et à la terre ne doive retourner. Et il n'existe aucun instrument, c'est-à-dire d'outil de travail qui ne soit basé sur des proportions.

Proportion implique mesure, et l'outil ou instrument appartient à la terre. Or la géométrie est mesure de la terre si bien que je peux dire que les hommes vivent tous de la géométrie, car tous les hommes ici-bas vivent du travail de leurs mains.

Je voudrais vous donner bien d'autres preuves de ce que la géométrie est la science qui fait vivre tous les hommes intelligents, mais j'abandonne ici ce point qu'il serait long de développer car à présent je voudrais avancer dans mon sujet.

Vous devez savoir que parmi tous les arts du monde, en tant que métier d'homme, la maçonnerie a la plus grande réputation et forme la majeure partie de cette science de la géométrie, comme il est dit et noté dans les récits de la Bible et chez le Maître des Histoires . Et dans le Polychronicon , chronique qui a fait ses preuves, dans les traités connus sous le nom de Bède , le De Imagine Mundi , les Étymologies d'Isidore , et dans Méthode évêque et martyr.

Et bien d'autres encore disent que la maçonnerie est l'élément principal de la géométrie ce qui peut se dire car elle fut la première à être inventée comme il est noté dans la Bible au premier livre, celui de la Genèse, au chapitre 4 (Genèse 4, 17). En outre les docteurs précités s'accordent là-dessus et certains d'entre eux l'affirment plus ouvertement et plus clairement que ce n'est dit dans la Genèse.

La descendance directe d'Adam, au cours du 7e âge adamique avant le déluge comprenait un homme appelé Lamech, lequel avait deux femmes, l'une nommée Ada et l'autre Sella. Par la première femme Ada il eut deux fils, l'un appelé Jabel (Yabal) et l'autre Jubal (Yubal).

L'aîné Jabel fut le premier à inventer la géométrie et la maçonnerie. Et il construisit des maisons et son nom se trouve dans la Bible : il est appelé le père de ceux qui habitent sous des tentes, c'est-à-dire des maisons d'habitation.

Il fut le maître maçon de Caïn et chef de tous ses travaux quand il construisit la cité de Hénoch, qui fut la première cité à être jamais construite. Et elle fut construite par Caïn fils d'Adam, et il la donna à son propre fils Hénoch et donna à la ville le nom de son fils et l'appela Hénoch, mais elle s'appelle maintenant Effraym.

C'est là que pour la première fois, la science de la géométrie et de la maçonnerie fut pratiquée et mise au point comme science et art. Aussi pouvons-nous dire qu'elle fut la base et le fondement de toute science et technique. et cet homme Jabel fut aussi appelé Pater Pastorum.

Le Maître des Histoires ainsi que Bède, le De Imagine Mundi, le Polychronicon et bien d'autres disent qu'il fut le premier à partager le sol afin que tout homme pût savoir quel était son terrain personnel et y travailler comme à son propre bien. En outre, il partagea les troupeaux de moutons si bien que chacun sut quels étaient ses moutons, aussi pouvons-nous dire qu'il fut l'inventeur de cette science.

Et son frère Jubal ou Tubal, fut l'inventeur de la musique et du chant comme Pictagorasle dit d'après le Polychronicon, Isidore dit de même dans ses Étymologies au 6e livre : il y note qu'il fut l'inventeur de la musique, du chant, de l'orgue et de la trompe et qu'il inventa cette science en écoutant le rythme des marteaux de son frère, qui était Tubal-Caïn.

Tout comme la Bible, en son chapitre 4e de la Genèse, dit que Lamech eut de son autre femme, qui s'appelait Sella, un fils et une fille dont les noms furent Tubal-Caïn pour le fils et Naama pour la fille. Certains disent, suivant le Polychronicon, qu'elle fut la femme de Noé mais nous ne saurions l'affirmer.

Vous devez savoir que son fils Tubal-Caïn fut l'inventeur de l'art du forgeronet des autres arts des métaux, c'est-à-dire, du fer de l'acier, de l'or et de l'argent selon certains docteurs. Quant à sa s¦ur Naama elle inventa le tissage, car auparavant on ne tissait pas mais on filait et maillait les tissus et on se faisait les habits qu'on pouvait. Naama inventa l'art de tisser et c'est pourquoi on l'appela art de femme.

Or ces trois frères et s¦ur apprirent que Dieu voulait se venger du péché par le feu ou par l'eau et ils s'efforcèrent de sauver les sciences qu'ils avaient inventées. Ils réfléchirent, et se dirent qu'il existait deux sortes de pierre dont l'une résiste au feu; cette pierre s'appelle marbre; et l'autre flotte sur l'eau - et on l'appelle lacerus .

Ainsi imaginèrent-ils d'écrire toutes les sciences qu'ils avaient inventées sur ces deux pierres ; au cas où Dieu se vengerait par le feu le marbre ne brûlerait pas et s'il choisissait l'eau, l'autre pierre ne coulerait pas.

Ils demandèrent à leur frère aîné Jabel de faire deux piliers de ces deux pierres à savoir de marbre et de lacerus et d'inscrire sur ces deux piliers toutes les sciences et techniques qu'ils avaient inventées. Il fit ainsi et acheva tout avant le Déluge.

S'ils savaient bien que Dieu allait envoyer sa vengeance, ils ignoraient par contre, si ce serait par le feu ou par l'eau. Par une sorte de prophétie ils savaient que Dieu allait envoyer l'un au l'autre. Ils écrivirent donc leurs sciences sur les deux piliers de pierre. Certains disent qu'ils gravèrent les sept sciences sur les pierres, sachant qu'allait venir un châtiment.

De fait Dieu envoya sa vengeance si bien que survint un tel déluge et que toute la terre fut noyée. Et tous les hommes sur terre périrent sauf huit : Noé et sa femme, ses trois fils et leurs femmes. De ces trois fils descend toute l'humanité. Ils avaient pour noms Sem, Cham et Japhet. Ce déluge fut appelé le Déluge de Noé car lui et ses enfants en échappèrent.

Et bien des années après ce déluge, on trouva les deux piliers et, suivant le Polychronicon, un grand clerc, du nom de Pictagoras trouva l'un et Hermès, le philosophe, trouva l'autre. Et ils se mirent à enseigner les sciences qu'ils y trouvèrent inscrites.

Toutes les chroniques et histoires, de clercs et la Bible surtout attestent de la construction de la Tour de Babylone. On en trouve le récit dans la Bible, Genèse chapitre 11. Comment Cham fils de Noé engendra Nemrod, comment celui-ci devint puissant sur terre et grandit tel un géant et quel grand roi il fut. Le commencement de son royaume fut le royaume de Babylone proprement dit, Arach, Archad, Chalan et le pays de Sennar. Et ce même Nemrod entreprit la tour de Babylone et il enseigna à ses ouvriers l'art de la maçonnerie à beaucoup de maçons, plus de soixante mille.

Et il leur accordait affection et protection, comme il est écrit dans le Polychronicon et chez le Maître des Histoires et en maints autres traités, sans compter le témoignage de la Bible au même chapitre 11 où il est dit qu'Assur, qui était proche parent de Nemrod, sortit du pays de Sennar et bâtit la ville de Ninive et plateas et bien d'autres encore.

Il est logique que nous exposions clairement de quelle manière les instructions du métier de maçon furent inventées et qui donna pour la première fois son nom à la maçonnerie.

Vous devez savoir ce qui est dit dans le Polychronicon et chez Méthode évêque et martyr : Assur était un noble seigneur de Sennar qui demanda au roi Nemrod de lui envoyer des maçons et des ouvriers spécialisés capables de l'aider dans la construction de la ville qu'il avait l'intention d'entreprendre.

Et Nemrod lui envoya trente centaines de maçons. Quand ils furent prêts à partir, il les convoqua pour leur dire « allez chez mon cousin Assur pour l'aider à construire une ville : mais veillez à bien vous conduire. Je vous donnerai donc des instructions à notre profit commun. Une fois auprès de ce seigneur veillez à être loyaux envers lui comme vous le seriez envers moi et faites loyalement votre travail et votre métier. Tirez-en un salaire raisonnable selon votre mérite. En outre, aimez-vous comme si vous étiez frères et restez unis loyalement. Que celui qui a un grand savoir l'enseigne à son compagnon. Veillez à bien vous conduire vis-à-vis de votre seigneur et entre vous. Que je puisse ainsi être remercié pour vous avoir envoyés et vous avoir appris le métier ».

Ils reçurent ainsi leurs instructions de celui qui était leur maître et seigneur, et partirent chez Assur bâtir la cité de Ninive dans le pays de plateas et bien d'autres villes qu'on appelle Cale et Jesen, qui est une grande ville entre Cale et Ninive.

C'est de cette manière que l'art de la maçonnerie fut pour la première fois présenté comme science, avec des instructions.

Les aînés qui nous précédèrent parmi les maçons firent mettre ces instructions par écrit : Nous les possédons maintenant parmi nos propres instructions dans le récit d'Euclide.

Nous les y avons vues rédigées à la fois en latin et en français. Mais il conviendrait que nous exposions maintenant comment cet Euclide s'intéressa à la géométrie, comme il est rapporté dans la Bible et en d'autres récits. Dans le 12e chapitre de la Genèse on nous dit comment Abraham vint au pays de Canaan, comment Notre Seigneur lui apparut et lui dit : « Je donnerai ce pays à ta descendance ». Mais une grande famine survint et Abraham prit Sara sa femme avec lui et alla en Égypte, avec l'intention d'y rester tant que durerait la famine,. Abraham était un homme sage et un grand clerc. Il connaissait les sept sciences et enseigna aux Égyptiens la science de la géométrie. Or notre noble clerc Euclide était son étudiant et apprit sa science. C'est lui qui lui donna pour la première fois le nom de géométrie car on la pratiquait avant qu'elle ne fût nommée géométrie. Il est dit dans les Étymologies d'Isidore, au livre cinq, qu'Euclide fut l'un des inventeurs de la géométrie et qu'il la nomma ainsi. Car de son temps il y avait au pays d'Égypte un fleuve nommé le Nil, et il se répandait si loin dans les terres que les gens ne pouvaient y habiter. Alors Euclide leur apprit à construire de grandes digues et fossés pour se protéger de l'eau. Par la géométrie il mesura le pays et le partagea en lots. Il ordonna à chacun d'enclore son propre lot de digues et de fossés. Le pays alors abonda en toutes sortes de rejetons, en jeunes gens et jeunes filles. Il y eut telle foule de jeunes qu'ils ne pouvaient plus vivre à l'aise.

Les seigneurs du pays se rassemblèrent et tinrent conseil pour savoir comment aider leurs enfants qui n'avaient pas de subsistance convenable, comment s'en procurer pour eux-mêmes et leurs enfants si nombreux. Parmi l'assemblée se trouvait Euclide. Quand il vit que personne ne trouvait de solution il leur dit « Voulez-vous confier vos fils à mes directives et je leur enseignerai une science telle qu'ils en vivront noblement, à condition que vous me juriez de suivre les directives que je donnerai à tous. » Le roi du pays et tous les seigneurs y consentirent. Il était logique que tous consentissent à cette affaire qui leur était profitable et ils confièrent leurs fils à Euclide pour qu'il les dirigeât à son gré et leur enseignât l'art de la maçonnerie.

Il lui donna le nom de géométrie à cause du partage des terrains, comme il l'avait enseigné aux gens du temps de la construction des digues et fossés mentionnés ci-dessus pour se protéger de l'eau. C'est Isidore qui dit dans ses Étymologies qu'Euclide appelle cette technique la géométrie.

Ainsi notre noble savant lui donna un nom et l'enseigna aux fils des seigneurs du pays dont il avait la charge. Et il leur donna pour instruction de s'appeler mutuellement compagnons et pas autrement parce qu'ils étaient du même métier, de naissance noble et fils de seigneurs. En outre celui qui serait le plus expert serait directeur de l'ouvrage et on l'appellerait maître.

Bien d'autres instructions se trouvent inscrites au Livre des instructions. Ainsi ils travaillèrent pour les seigneurs du pays et construisirent des cités, châteaux, temples et demeures seigneuriales. Tout le temps que les enfants d'Israël habitèrent en Égypte ils apprirent l'art de la maçonnerie.

Après qu'ils furent chassés d'Égypte ils arrivèrent en terre promise qui s'appelle maintenant Jérusalem. L'art y fut exercé et les instructions observées, ainsi que le prouve la construction du temple de Salomon, que commença le Roi David. Le Roi David aimait bien les maçons et leur donna des instructions fort proches de ce qu'elles sont aujourd'hui.

A la construction du Temple au temps de Salomon, comme il est dit dans la Bible au premier livre des rois chapitre cinq Salomon avait quatre-vingt mille maçons sur son chantier et le fils du roi de Tyr était son maître maçon. Il est dit chez d'autres chroniqueurs et en de vieux livres de maçonnerie que Salomon confirma les instructions que David son père avait données aux maçons. Et Salomon lui-même leur enseigna leurs coutumes, peu différentes de celles en usage aujourd'hui. Et dès lors cette noble science fut portée en France et en bien d'autres régions.

Il y eut autrefois un noble roi de France qui s'appelait Carolus secundus, c'est-à-dire Charles II. Et ce Charles fut choisi roi de France par la grâce de Dieu et aussi de sa naissance. Certains disent qu'il fut choisi par suite des événements, ce qui est faux puisque selon la chronique il était du sang des rois.

Ce même roi Charles fut maçon avant d'être roi. Après être devenu roi il accorda affection et protection aux maçons et leur donna des instructions et coutumes de son invention, qui sont encore en usage en France. Il leur ordonna aux maîtres et compagnons de tenir une assemblée une fois par an, d'y venir discuter et prendre des mesures concernant tout ce qui n'irait pas.

Peu de temps après arriva saint Adhabelle en Angleterre, et il convertit saint Alban au christianisme. Saint Alban aimait bien les maçons et le premier, il leur donna leurs instructions et coutumes pour la première fois en Angleterre. Il ordonna qu'on leur payât des gages suffisants pour leur travail. Il y eut ensuite un noble roi en Angleterre appelé Athelstan dont le plus jeune fils aimait bien la science de la géométrie. Il savait bien qu'aucun métier ne possédait la pratique de la science de la géométrie aussi parfaitement que celui des maçons, aussi leur demanda-t-il conseil et apprit-il la pratique de cette science correspondant à la théorie. Car il était instruit de la théorie. Il aimait bien la maçonnerie et les maçons et devint maçon lui-même. Et il leur donna les instructions et les noms en usage aujourd'hui en Angleterre et en d'autres pays. Il ordonna qu'on les payât raisonnablement.

Il obtint une patente du roi d'après laquelle ils pouvaient tenir une assemblée à leur convenance, quand ils verraient venu le moment opportun. On trouve mention de ces instructions, coutumes, assemblée et directives dans le Livre de nos instructions : je laisse donc ce point pour l'instant.

Bonnes gens, voici la cause et les circonstances des origines premières de la maçonnerie. Il arriva jadis que de grands seigneurs n'aient pas assez de revenus pour pouvoir établir leurs enfants nés libres, car ils en avaient trop. Ils délibérèrent donc sur le moyen d'établir leurs enfants et de leur montrer comment vivre honnêtement. Ils envoyèrent chercher de savants maîtres en la noble science de la géométrie afin que par leur savoir, ils leur montrent quelque honnête moyen de vivre.

Lors l'un d'eux, qui s'appelait Euglet , qui était fort subtil et savant inventeur, instaura une technique qu'il appela la maçonnerie. Cet art lui fournit l'honnête enseignement pour les enfants des grands seigneurs, à la demande des pères et au gré de leurs enfants.

Après un certain temps, quand ils eurent appris avec grand soin, ils ne furent pas tous capables de pratiquer l'art en question ; aussi le maître Euglet ordonna-t-il que ceux qui possédaient un meilleur savoir fussent honorés et il commanda qu'on appelât maître ceux qui étaient experts, afin qu'ils instruisent les moins habiles. Ils étaient appelés maîtres pour leur noblesse d'esprit et leur savoir. Néanmoins il commanda que ceux qui avaient moins d'esprit ne fussent pas appelés serviteurs ni sujets mais compagnons à cause de la noblesse de leur naissance.

C'est de cette façon que l'art en question commença en d'Égypte sous le magistère d'Euglet. Puis il se répandit de pays en pays, et de royaume en royaume.

Après bien des années, au temps du roi Athelstanqui fut jadis roi d'Angleterre, sur son ordre et celui d'autres grands seigneurs du pays, pour redresser de graves défauts trouvés chez les maçons, ils fixèrent une certaine règle entre eux.

Chaque année ou tous les trois ans comme le jugeraient nécessaire le roi et les grands seigneurs du pays et toute la communauté, des assemblées de maîtres maçons et compagnons seraient convoquées de province en province et de région en région par les maîtres. A ces congrégations les futurs maîtres seraient examinés sur les articles ci-après et mis à l'épreuve en ce qui concerne leurs capacités et connaissances, pour le plus grand bien des seigneurs qu'ils servent et le plus grand renom de l'art en question. En outre, ils recevront comme instruction de disposer avec honnêteté et loyauté des biens de leurs seigneurs, et ce, du haut en bas de l'échelle, car ils sont leurs seigneurs tout le temps qu'ils paient un salaire pour leur service et leur travail.

 

Article un : Tout maître doit être compétent et loyal envers le seigneur qu'il sert, disposer de ses biens loyalement comme il le ferait des siens propres, ne pas donner une plus grande paye à aucun maçon que celle qu'il mérite, vu le manque de céréales et de vivres dans la région ; et n'accepter aucune faveur afin que tous soient récompensés d'après leur travail.

 Article deux : Tout maître sera prévenu de venir à cette congrégation afin d'y venir ponctuellement sauf s'il a quelque excuse. Cependant s'il est convaincu de rébellion à de telles congrégations ou de faute impliquant préjudice à son seigneur et tort à notre art, il ne doit avancer aucune sorte d'excuse, sauf s'il est en danger de mort et, bien qu'il soit en danger de mort, il doit informer de sa maladie, le maître qui préside au rassemblement.

 Article trois : Aucun maître ne prendra d'apprenti pour un stage inférieur à sept années au minimum parce que celui qui aurait un stage plus court ne serait guère capable d'être à la hauteur de son art, ni de servir loyalement son seigneur en s'appliquant comme un maçon doit le faire.

 Article quatre : Aucun maître, quel qu'en soit l'avantage, ne prendra d'apprenti né de sang servile, car son seigneur à qui il est asservi l'enlèverait à notre métier et il l'emmènerait avec lui hors de la loge ou de l'endroit de son travail ; ses compagnons risqueraient alors d'aller à son aide, de provoquer une altercation, et mort d'homme pourrait s'en suivre. Cela est interdit. Sans compter que son métier débuta avec des enfants de grands seigneurs de naissance libre, comme il est dit ci-dessus.

 Article cinq : Aucun maître ne donnera plus qu'il mérite à son apprenti pendant son apprentissage afin d'en tirer profit, ni pas assez pour que le seigneur du chantier où il travaille puisse tirer quelque profit de son enseignement.

 Article six : Aucun maître, par avarice ou âpreté au gain, ne prendra d'apprenti à enseigner qui soit difforme, c'est-à-dire ayant quelque défaut qui l'empêche de travailler comme il le devrait.

 Article sept : Aucun maître ne doit être complice, apporter secours ou procurer aide et assistance à un rôdeur venu voler. À cause de ces expéditions nocturnes on ne saurait accomplir son travail et labeur de jour. Dans ces conditions ses compagnons pourraient se mettre en colère.

 Article huit : S'il arrive qu'un maçon excellent et compétent vienne chercher du travail et trouve un ouvrier incompétent et ignare, le maître du chantier doit accueillir le bon maçon et renvoyer le mauvais, pour le bien de son seigneur.

Article neuf : Aucun maître ne doit en supplanter un autre car il est dit dans l'art de la maçonnerie que nul ne finirait aussi bien un travail entrepris par un autre, à l'avantage de son seigneur, aussi bien que l'autre le commença dans l'intention de le finir lui-même.

 

Autres conseils.

Ces conseils viennent de divers seigneurs et maîtres de différentes provinces et congrégations de maçonnerie.

 Premier point.

Il faut savoir que qui désire embrasser l'état de l'art en question doit d'abord principalement aimer Dieu et la sainte Église et tous les saints et son maître et ses compagnons comme ses propres frères.

 Second point.

Il doit accomplir loyalement la journée de travail t pour laquelle il reçoit son salaire.

 Troisième point.

Il peut tenir secret l'avis de ses compagnons en loge et chambre et partout où maçons se retrouvent.

 Quatrième point.

Il ne doit faire aucune malfaçon dans l'art en question, ne porter préjudice, ni ne soutenir aucun règlement nuisible au métier ou à quiconque du métier. Au contraire il doit le soutenir en tout honneur autant qu'il le peut.

 Cinquième point.

Quand il recevra son salaire, qu'il le fasse humblement au moment fixé par le maître et qu'il remplisse les conditions de travail et de repos convenues et fixées par le maître.

 Sixième point.

Si quelque dispute surgit entre lui et ses compagnons il doit rester tranquille et obéir humblement aux ordres de son maître ou du responsable de son maître au cas où le maître serait absent, jusqu'au prochain congé et s'arranger alors avec ses compagnons, en dehors d'un jour de travail, si non, ce serait préjudiciable à leur travail et au bien du seigneur.

 Septième point.

Qu'il ne convoite pas la femme ni la fille de ses maîtres ni de ses compagnons sauf dans les liens de mariage et n'entretienne pas de concubines, de crainte des disputes qui pourraient survenir.

 Huitième point.

S'il lui arrive de devenir responsable sous l'autorité de son maître, qu'il soit un intermédiaire loyal entre son maître et ses compagnons, qu'il s'active pendant l'absence de son maître pour l'honneur du maître et le bien du seigneur qu'il sert.

 Neuvième point.

S'il est plus savant et plus subtil que son compagnon qui travaille avec lui dans sa loge ou dans quelque autre endroit et qu'il s'aperçoit qu'il risque de blesser la pierre sur laquelle il travaille par manque de science, il peut lui apprendre comment faire et il peut corriger la taille. Il lui en touchera un mot et l'aidera pour le plus grand bien de leur mutuelle affection et afin que l'¦uvre pour le seigneur ne soit pas abîmée.

Quand le maître et les compagnons, prévenus, se sont rendus à de telles congrégations, en cas de besoin, le shérif de la région ou le maire de la cité ou le conseiller de la ville où se tient la congrégation devra être compagnon et associé au maître de la congrégation pour l'aider contre les rebelles et faire prévaloir les lois du royaume.

Tout d'abord les nouveaux qui ne furent jamais instruits auparavant reçoivent des instructions suivant lesquelles ils ne doivent jamais être voleurs ni complices de voleurs, qu'ils doivent loyalement accomplir leur journée de travail et gagner le salaire qu'ils recevront de leur seigneur ; qu'ils rendront des comptes véridiques à leurs compagnons dans les affaires qui le requièrent et leur accorderont attention et affection comme à eux-mêmes.

Ils doivent être loyaux au roi d'Angleterre et au royaume et observer de toute leur force les articles mentionnés ci-dessus. Après quoi on s'enquerra de savoir si un maître ou compagnon, prévenu, à contrevenu à l'un de ces articles, ce qui, dans l'affirmative, devra alors être discuté.

C'est pourquoi il faut savoir que si un maître ou compagnon, convoqué à l'avance à de telles congrégations, se révolte et refuse de venir ou bien s'il a enfreint l'un des dits articles, et que cela peut être prouvé, il devra abandonner son art de maçon et renoncer à son métier. S'il a l'audace de continuer, le shérif de la région où on risque de le trouver au travail doit le mettre en prison, confisquer tous ses biens et les remettre au roi jusqu'à ce que le pardon royal lui soit octroyé et manifesté. C'est principalement pourquoi ces congrégations sont prévues afin que chacun, du haut en bas de l'échelle, soit bien et loyalement servi en cet art de maçonnerie par tout le royaume d'Angleterre.

 

Amen ainsi soit-il.

 

 

MozartNous proposons trois études autour du Frère Mozart. Trois aspects sont abordés à commencer par sa vie profondément marquée par la franc-maçonnerie; puis nous rentrerons dans les arcanes de la Flute enchantée et de ses trois notes. Ceci est un travail modeste mais commun aux loges françaises et italiennes de la GLSREP.

 

Mozart, franc-maçon compositeur

Il a 11 ans en 1767, malade de la variole, le docteur Wolff, franc-maçon connu le guéri. Pour le remercier, il compose une mélodie et l’offre au docteur Wolff. Cette composition porte un titre faisant apparaître l’importance de la fraternité : An die Freude.

En 1768, par l’intermédiaire de Thun, il fait la connaissance du célèbre docteur Mesmer grand spécialiste du magnétisme, franc-maçon lui aussi .
En 1773, un franc-maçon important, von Gebler considéré comme une lumière de son siècle, commande à Wolfgang deux chœurs et cinq entractes pour accompagner un drame héroïque : Thamos roi d’Egypte (Thamos, König in Aegypten). Préfiguration de ce que sera un jour la Flûte enchantée (Die Zauberflöte).

Ainsi, Mozart, de 11 à 17 ans se trouvent continuellement au contact des francs-maçons et de leur mode de pensée.
Le 14 décembre 1784, Wolfgang entre enfin en franc-maçonnerie. Il attend, seul dans un cabinet de réflexion, où sont posés quelques symboles qu’il reconnaît. 
Il distingue à peine, dans la pénombre, les marques des principes fondamentaux. Il est venu pour chercher la Lumière.
Bien qu’il soit seul dans cette recherche, il expliquera par la suite, dans ses divers échanges de correspondance, combien cette escale l’aura marqué, et comme elle lui aura permis de différencier l’essentiel du dérisoire, la dissonance opposée à la noblesse        de     L’âme.
Ils seront nombreux à s’illustrer dans cette quête ; d’ailleurs, n’appelle-t-on pas cette ère « siècle des Lumières »?

On lui apporte un document vierge ; Wolfgang en rédige le contenu testamentaire, dont les références suggestives et opératives se retrouveront dans son testament musical, composé en triptyque par la Flûte enchantée, la Clémence deTitus et le Requiem.

Son initiation le marquera à jamais. Mozart meurt à son ancienne vie, laissant la place à Wolfgang, l’apprenti Maçon. Émerveillé, il découvre alors ce qu’est le Secret maçonnique.
Mozart découvre le mystère maçonnique par les allégories et les symboles de sa Loge. Il retrouve une doctrine, une Tradition ancestrale d’une grande richesse et adogmatique :

Les numériques : Lumières, Batteries, Escaliers, Âge, Années, Heures.

Les géométriques : Triangles, Carrés, Pentagones, Hexagones…
Pratiques : Outils, Colonnes, Épées…
Décoratifs : Couleurs, Tabliers, Sautoirs, Bijoux…
Conceptuels : Références, Origines, Formules, Lettres…

La découverte du Rituel, de la tradition et du symbole va porter Mozart vers la Lumière. La compréhension des arcanes initiatiques ensemence sa production musicale. Celle-ci est enrichie par les nouveaux symboles auxquels il a désormais accès.


Il est cependant condamné au silence durant quelque temps ; le temps de passer au grade de Compagnon.
Le 7 janvier 1785, Wolfgang est promu au grade de compagnon à la  Loge   de     Zur  Wahran    Ein   Trash.

Le 10 janvier, il achève le quatuor à cordes en la majeure (K464) dont l’andante se réfère au rituel de réception maçonne.
Mozart n’a déjà plus que quelques années à vivre, il n’ignore rien de ses fragilités.

 Le 10 janvier 1785, Wolfgang compose le quatuor à cordes en la majeure (K464) dont l’andante se rapporte au rituel de réception.
Le 13 janvier de la même année, Mozart, le surdoué, est élevé au grade de Maître.

Quatre jours plus tard, il compose un quatuor à cordes en ut majeur (K465) qui se réfère au grade de compagnon.
Le 11 février 1785, Haydn se présente à la porte du Temple, il frappe trois coups à son tour et demande à être reçu…
S’en suit un voyage initiatique, dont la teneur et les impressions resteront à jamais, aux yeux de Mozart, indicibles aux profanes.

Le partage des secrets de l’initiation se fera entre les deux Frères.
En mars 1785, Mozart termine le concerto en ut majeur (K 467) dont une partie est fortement maçonnique. L’andante fait allusion au grade de Maître.

6 avril 1785, Wolfgang voit Léopold son père effectuer son initiation maçonnique. Le père et le fils se retrouvent sur les colonnes. Une nouvelle complicité va les unir à jamais. Wolfgang ignore qu’il ne reverra jamais son père.
Au fil des mois Wolfgang participe aux tenues régulières et compose de nombreuses œuvres destinées à être jouées lors des réceptions des loges.
Il compose des odes funèbres à l’occasion du décès de frères, il s’impose l’écriture d’une cantate (K 429) destinée aux fêtes de last Jean d’été qui ne fut pas achevée. Haydn sont ami pour toujours, ne fréquente plus les loges, car son option religieuse est contradictoire du libertinage régnant aux agapes de cette époque.

Dès l’été de l’année 1791, Mozart voit son état de santé empirer. Il est victime du syndrome de Schoenlein-Henoch, qui le mène vers une  mort  lente   et   douloureuse.

À son décès, ses frères se réunirent en tenue funèbre. L’oraison funèbre  met en exergue le niveau de fraternité régnant dans la loge :

« Le Grand Architecte de l’Univers vient d’enlever à notre Chaîne fraternelle l’un des maillons qui nous étaient les plus chers et les plus précieux. Qui ne le connaissait pas ? Qui n’aimait pas notre si remarquable frère Mozart ? Il y a peu de semaines, il se trouvait encore parmi nous, glorifiant par sa musique enchanteresse l’inauguration de ce Temple.

Qui de nous aurait imaginé qu’il nous serait si vite arraché ? Qui pouvait savoir qu’après trois semaines, nous pleurerions sa mort ? C’est le triste destin imposé à l’Homme que de quitter la vie en laissant son œuvre inachevée, aussi excellente soit-elle. Même les rois meurent en laissant à la postérité leurs desseins inaccomplis.

Les artistes meurent après avoir consacré leur vie à améliorer leur Art pour atteindre la perfection. L’admiration de tous les accompagne jusqu’au tombeau.

Pourtant, si des peuples pleurent, leurs admirateurs ne tardent pas, bien souvent, à les oublier. Leurs admirateurs peut-être, mais pas nous leurs frères !

La mort de Mozart est pour l’Art une perte irréparable. Ses dons, reconnus depuis l’enfance, avaient fait de lui l’une des merveilles de cette époque. L’Europe le connaissait et l’admirait.

Les Princes l’aimaient et nous, nous pouvions l’appeler : “mon frère”.

Mais s’il est évident d’honorer son génie, il ne faut pas oublier de célébrer la noblesse de son cœur.

Il fut un membre assidu de notre Ordre. Son amour fraternel, sa nature entière et dévouée, sa charité, la joie qu’il montrait quand il faisait bénéficier l’un de ses frères de sa bonté et de son talent, tels étaient ses immenses qualités que nous louons en ce jour de deuil.

Il était à la foi un époux, un père, l’ami de ses amis, et le frère de ses frères. S’il avait eu la fortune, il aurait rendu une foule aussi heureuse qu’il l’ait désiré. »

Par le Tri\de recherche « Les Écossais de Janas »

 

La Flûte enchantée et son message symbolique

 

Dans notre microcosme, chaque aspect de cette réalité peut avoir pour symbole un personnage de cette œuvre. Nous le voyons déjà à la signification de leur nom :

TAMINO et PAMINA seraient l’homme et la femme consacrés au dieu égyptien MIN (dieu de la fécondité en haute Égypte)

PAPAGENO (perroquet) qui répète tout sans réfléchir et qui reproduit simplement les actes de la vie quotidienne.

SARASTRO serait l’équivalent de ZOOROASTRE (prophète iranien) et représente l’ordre et la morale.

MONOSTATOS celui qui n’évolue pas en esprit et reste au rang primaire

La Reine de la Nuit représente les forces obscures.

 

Étant des chercheurs de vérité, nous sommes donc des Tamino errant dans le monde chaotique du domaine de la reine de la Nuit. Ce qui ressemble bien à notre monde sans harmonie avec toutes ses contradictions.

Dans ce monde règne notre instinct vital le plus ordinaire, nous nous trouvons démunis et sans arme.

Cet instinct vital est représenté par le serpent, symbole de la tentation, de l’habitude et des instincts soumis.

Tamino, lorsqu'il est attaqué par le serpent crie au secours comme nous pouvons le faire et l’on se confie à d’autres forces.

Ainsi les 3 servantes voilées représentent la force d’aspiration de notre cœur à renverser le cours établi des choses

 - La puissance de compréhension qui émane de notre être

 - La volonté d’agir.

 

Pourquoi les servantes sont-elles voilées ?

 

Symboliquement, nos pouvoirs naturels sont aussi voilés aux yeux du monde. Les servantes ayant vaincu le dragon essaient de séduite Tamino et apparaissent 3 tentations :

-         le pouvoir

-         l’occultisme

-         le mysticisme

Voilà quelques messages qu’essaie de faire passer MOZART ;

 

Revenons à d’autres symboles :

Le chiffre maçonnique 3 est omniprésent dans les personnages secondaires et dans les décors :

-         3 profanes

-         3 dames

-         3 garçons

-         3 prêtres

-         3 temples

-         3 portes

 

Ainsi que le chiffre 18 représenté par le nombre de prêtres et l’âge de Pamina.

Dans les décors 2 corps célestes (Soleil et Lune) représentent les 4  Éléments.
Sarastro et Tamino, masculins sont associés au soleil, à l’or et au feu ; la Reine et Pamina à la nuit, l’argent et l’eau.

Papageno, homme oiseau, à l’air tandis que Monostatos le Maure représente la Terre.

 

Sur le déroulement de l’initiation :

-         L’évanouissement de Tamino serait la mort symbolique

-         Les 3 garçons servent de comité préliminaire

-         L’inaptitude de Tamino d’entrer dans le temple est une simulation de l’interrogatoire avec les yeux bandés

-         Tamino et Papageno doivent rester sous l’orage par une nuit sombre rappelant le cabinet de réflexion puis sont interrogés sur leur motivation

-         Ensuite il y a l’épreuve du silence. Tamino parvient à rester muet, tandis que Papageno ne sait se retenir de parler

-         En cette dernière phase d’initiation, pour la purification des 4 éléments, ceux-ci ayant été représentés précédemment sauf l’air, et c’est Tamino qui joue de la flûte qui est son voyage aérien.

 

Dans la partition aussi, par la tonalité en mi bémol majeur (3  bémols à la clef) pour l’ouverture qui commence par 3 accords  0 -00 – 00 

Au second acte, la batterie répétée 3 fois  00-0   et à l’apothéose finale la batterie parfaite 0-0-0.

 

Dans le final, « Die Strahlen der sonne » reprend aussi cette tonalité et termine par 3 accords finaux.

Les instruments à vent sont aussi très présents. Dans le livret, il y a plusieurs fois l’association des 3 vertus maçonniques : vertu, discrétion, sagesse, force, patience et bienfaisance ainsi que le secret qui est le pont fondamental en Loge.

 

Cette œuvre est un cheminement et une initiation semée d’épreuves dont se sortent Tamino et Pamina. Ils suivent leur chemin en progressant vers la connaissance, la vérité et la lumière. Ce sera le triomphe de la raison, de la maîtrise de soi et de la sagesse sur les forces obscures.

Ce cheminement des ténèbres vers la connaissance et la lumière évoque l’opposition entre la pensée moderne de l’époque et l’obscurantisme de l’Église

 

Les personnages dépeignent bien ce courant :

La Reine de la Nuit, symbole du monde des ténèbres est égoïste et animée d’une volonté de puissance et les 3 servantes par la cupidité.

D’un autre côté, Sarastro illustre la grandeur d’âme et la générosité, et ce dans la lumière du soleil.

Ce qui sous-entend que seulement les personnes aux cœurs purs, nobles et courageux pourront surmonter toutes les épreuves initiatiques.

Papageno, homme du commun, par son bavardage et sa superficialité échouera dans sa quête.

 

Cette œuvre nous rappelle l’état d’esprit des Loges de l’époque, fréquentées que par la bonne société.

On notera tout de même que Sarastro agisse comme un despote, certes éclairé, mais il a tout de même enlevé Pamina, il décide du destin des 2 héros principaux et choisit les futurs initiés, il gracie la Reine de la Nuit. Nous sommes dans un système de castes propres à l’époque avec un chef au sens absolu du terme, des exécutants à l’échelon inférieur (les prêtres) et l’esclave (Nonostatos).

 

À cette époque ainsi, les femmes avaient peu de droits. Sarastro et les prêtres l’affirment à plusieurs reprises. À la Reine de la nuit, ainsi qu’aux 3 servantes sont attribués les défauts caricaturaux dont on affublait le sexe féminin.

Avons-nous beaucoup changé ?

 

J’ajouterai qu’il était osé à cette époque de démontrer qu’une femme avait autant d’aptitude qu’un homme à recevoir la Lumière

 

Gil\ Isn 

 

 

 

 

 

 

Mozart-flute.JPGLA FLUTE ENCHANTEE

 

Une aventure musicale au cœur de l’homme.

 

Travaux de la RL « Acacia di Scozzia »à l’O. d’ASTI.

 

Le présent d’honneur offert  par la  Respectable Loge italienne à la Respectable Loge mère d’ 0llioules est un  prétexte à cette longue étude. Le tableau reproduit en couverture de cet ouvrage représente une synthèse de la symbolique maçonnique dans la Flûte enchantée. Il est ici commenté dans ses détails symboliques.

 

 

Più che un’Opera, il Flauto Magico di W.A.Mozart, rappresenta un viaggio aldilà della semplice percezione fisica del suono.

 

Plus qu’une Oeuvre musicale, la Flûte enchantée, est un voyage qui outrepasse la simple écoute du son.

 

Molti, tra gli spettatori che affollavano le rappresentazioni al Theater auf der Wieden di Vienna, vi vedevano solo una bella favola per bambini, una farsa per divertire la plebe.  Solo alcuni, ieri come oggi, compresero il mistero cosmico nascosto fra le note dell’Opera.

 

Les nombreux spectateurs qui comblaient le Theater auf der Wieden de Vienne, y voyaient seulement un conte pour enfants, pour faire rire le peuple. Seulement quelques-uns, hier comme aujourd’hui, réussissent  à comprendre le mystère cosmique caché parmi les notes de l’Oeuvre.

La rappresentazione si svolge su due piani: la prima sul palcoscenico, con i cantanti, gli attori, i musici, le scenografie; la seconda si svolge nell’immaginazione dello spettatore che rivive in maniera del tutto personale la vicenda.

 

I dû piano sono rappresentati nel quadra di Andrea dal pavimento a scacchi : lo spettatore comune rimane in una sola casella, bianca o nera, mentre colui che conosce il simbolo riesce a entrare e uscire nelle due dimensioni.

 

La représentation se déroule sur deux plans : le premier sur la scène, avec les chanteurs, les musiciens, les acteurs, etc., le second se déroule dans l’esprit et l’imagination du spectateur qui vit d’une façon toute personnelle la magie du conte.

 

Les deux plans sont représentés dans le dessin du F. : Andrea (voir couverture) par le pavé mosaïque : le spectateur ordinaire reste, d’habitude, dans un seul plan : c’est à dire la musique, le conte, la lettre. Mais celui qui connait le message du symbole réussit à jouer sa partie aux deux plans en se voyant lui même sur la scène, allant et venant du blanc au noir.

L’Opera si apre con un’Ouverture dal respiro grandioso, mitico : è il respiro del Demiurgo che crea i Mondi, le Stelle, le Galassie. La tonalità dominante è in  MIb.magg.,  la tonalità chiave di tutto il Flauto Magico. Un gruppo di cinque accordi solenni, ieratici, ci introducono magicamente in un nuovo universo,  con un ritmo fugato, incalzante. I cinque accordi sono raggruppati in una figura ternaria:                        

  -0- o0 –o0 -       . Lungo – corto-lungo -  corto-lungo

 

Le début de l’Opéra s’ouvre avec une Ouverture de grande envergure, de longue haleine ; mythique est le souffle du Démiurge, créateur des Mondes, des Galaxies, des Étoiles.

La tonalité dominante est mi-bémol Maj. La tonalité-clef de la totalité de la Flûte enchantée.

Cinq accords, solennels, majestueux, sacrés, nous introduisent magiquement dans un Nouveau Monde avec un rythme fugué, très entraînant. Les cinq accords sont rassemblés de façon ternaire : 0-o0-o0. Long- bref long – bref long.

 

Così, l’intera Opera si apre all’insegna del numero Cinque, che simbolicamente esprime l’Uomo e la natura umana, all’insegna del pentalfa pitagorico.  Il numero Cinque contiene il numero Due e il numero Tre: il principio femminile e quello maschile.  Concetto rivoluzionario pey il secolo dès Lumi, doue  la donna procède di pari paso, anche iniziaticamente, con l’Uomo.

 

L’Opéra  s’ouvre ainsi sous l’influence du nombre cinq. Le nombre de l’Homme et de la nature humaine : le pentagramme pythagoricien.

Le nombre cinq contient le nombre deux et le trois : c'est-à-dire le principe féminin et le principe masculin.

Une conception révolutionnaire pour l’époque des Lumières, où la Femme marche à côté de l’Homme, dans le même dans le chemin initiatique.

 

L’Uomo da solo non può superare le terribili prove della purificazione dell’Essere.  Da solo non potrà risorgere, rigenerato a nuova vita senza il ricorso alla dimensione del Femminino.

Pamina è guidata dall’Amore, la sua forza deriva direttamente dal mondo dello Spirito, e per mezzo di essa guida, protegge, e indirizza il giovane Principe attraverso le dure prove che lo aspettano per diventare Uomo Perfetto.

 

L’Homme, tout seul, est incapable de surmonter les terribles épreuves de la purification de l’Être,

tout seul il pourra ne pas s’élever à une nouvelle vie sans s’adresser à la dimension du Féminin.

Pamina est conduite par l’Amour et sa force vient-elle directement du monde de l’Esprit ? Cette force la conduit, protège et dirige le jeune Prince parmi les dures épreuves qu’il doit surmonter pour devenir Homme parfait.

 

Il giovane Principe Tamino viene da un lontano Paese dell’Oriente, dove sorge il Sole. E’ arrivato nel Paese delle Tenebre, dell’Oscurità, il Regno della Regina Astrifiammante, la potente Dea delle forze occulte della Terra.  Il suo canto fa rabbrividire ogni essere vivente del suo Regno.

 

Le jeune Prince Tamino vient d’un Pays lointain de l’Orient, où se lève le Soleil.

Il est arrivé dans le Pays de Ténèbres, d’Obscurité : Le Royaume de la Reine de la Nuit, la Déesse à l’Étoile scintillante, la puissante déesse aux  forces cachées de la Nature. Son chant fait frémir de peur chaque être vivant.

 

Il sou Regno è in mezzo alla  pénombre, illuminât dalla Luna e dalle Stelle.

 La magica e plaida Luce della Luna fa apparier le sembianze occulte Deslis anime, dominai dalle passion.

Ecco  perché, sul pavimento a scacchi del quadro,   la Regina  appare sotto l’aspetto inquietante, maestoso, terribile di una mantide religiosa.

Son Royaume est caché par la pénombre, éclairée par la Lune et les Étoiles.

 La magie de la lumière lunaire découvre les ressemblances cachées dans l’âme dominée par les mauvaises passions.

C’est pour ça que sur le pavé mosaïque on voit la Reine de la Nuit sous l’aspect à la fois terrible et à la fois inquiétant et majestueux d’une mante religieuse.

 

La mantide religiosa accetta il proprio sposo fino all’inseminazione, e  poi diventa cibo. Che sia stato questo il destino del Re….???

Chi era lo sposo  della Regina?  Probabilmente un dio solare, il Re della Luce, una potenza che garantiva l’equilibrio  fra Luce e Tenebre.  Il simbolo della sua potenza era il  settemplice disco Solare, mediante il quale governava i cicli di luce e di energia. Inspiegabilmente il Re si avala e sta pey mordre.

La Regina vuole subito  impossessarsi del Cerchio di Luce , ma il Re lo lascia al Gran Sacerdote degli Iniziati, Sarastro, che lo indossa solo come simbolo di Potenza . Rimarrà solo un simbolo virtuel  final a que dû nuovi iniziati, maschio e femmina, guidai dal’Amore ristabiliranno nuovamente l’êta Dell’oro, l’equilibrio Dell’asticot Ordine scaturito dal CAO.   Saranno i due giovani amanti: Pamina e Tamino che vinceranno una volta per sempre l’eterno conflitto.

 

La mante religieuse, jusqu’à l’union, accepte son époux, mais après il devient sa nourriture.

Peut-être est-ce là le sort du Roi……..???

 

 

 

Mais qui était l’époux de la Reine ? Probablement un dieu solaire, le Roi de la Lumière, une Puissance qui assurait l’équilibre entre Lumière et Ténèbres. Le symbole de sa Puissance était le septénaire Cercle solaire, parmi lequel il gouvernait le cycle de Lumière et de l’Énergie. Mais inexplicablement le Roi devient malade et proche à mourir.

La Reine veut avoir le Septénaire Cercle solaire, mais le Roi le donne au Grand Maître des initiés, le Savant Sarastro, qui le portait seulement comme symbole virtuel de Puissance. Et restera un symbole jusqu’à ce que deux initiés, mâle et femelle, conduits par l’Amour, rétabliront de nouveau l’Âge d’Or, l’équilibre de l’Ancien Ordre sorti du Chaos. Ce sont Pamina et Tamino, les deux Amoureux, le couple qui va vaincre le conflit éternel.

 

Quando il Serpente del Chaos primordiale irrompe sulla scena il Principe cade sopraffatto dalla paura, sconvolto dalle forze che il Drago ancestrale scatena intorno a sé. Il Serpente risale dagli abissi della Terra e nella Terra ritornerà scacciato dalle Tre Dame, le Ministre della Regina, che taglieranno il suo corpo in Tre Pezzi, un pezzo per ogni Dama, con le lance d’argento, il metallo lunare.

 

Lorsque le Serpent du Chaos primordial entre en scène, le jeune Prince tombe au sol frappé par la puissance et la force que le Dragon ancestral porte en lui.

Il remonte des abîmes de la Terre et à la Terre il retournera déplacé pour les Trois Dames, ministres de la Reine. Les Trois Dames couperont le Serpent en trois morceaux, un pour chacune, avec des lames d’argent, le métal lunaire.

 

 

 

Le tre Dame sono curiosamente rappresentate come tre grandi lumache velate, di fronte ad un principe molto piccolo-

Esse rappresentano le forze primordiali della Terra, intrise di humus e di forza che lentamente tutto distrugge ma che lentamente tutto fa di nuovo ricrescere.  Tale il simbolismo del numéro Tre, que apparait net ter pezize del Serpente, n’elle  ter Lame d’argent, n’elle ter dame stase.

 

Les trois Dames sont curieusement représentées comme trois grandes limaces voilées, face à un prince très petit.

Elles représentent la force primaire de la Terre, qui lentement détruit, mais qui aussi bien lentement fait renaître.

Voilà le symbolisme du nombre trois, dans les trois morceaux du Serpent, dans les trois lames d’argent, et dans les mêmes trois Dames.

 

I ter Fanciulli sono rappresentati Côme ter Piccoli Lucciole que scendono dal’alto. Le loto qualité non-sono terrienne Côme quelle d’elle Lumache, sono la qualité solaire, delco Spirito : Essi sono Giovani e Forti , Belli  e Saggi….

Con queste qualità aiuteranno il giovane Principe a superare le paure e i pericoli del suo viaggio.

 

Les trois garçons sont représentés comme trois petits vers luisants qui descendent du Ciel. Leurs qualités ne sont pas terrestres comme celles des limaces. Ils ont des qualités solaires, les qualités de l’Esprit : ils sont : « Jeunes et forts, beaux et sages »

 

Avec les qualités de l’Esprit, le jeune Prince pourra surmonter tous les obstacles, les périls et les risques du chemin parmi les quatre Éléments.

 

 

Il viaggio tra i quattro elementi è il percorso naturale che l’individuo deve compiere per nascere, crescere, morire e rinascere. Questo viaggio non inizia e non termina, è un’esperienza in continua evoluzione circolare, interrotto dalle forze velate delle passioni terrene solo quando si è sopraffatti dalla paura e dallo smarrimento di Sé, quando manca il coraggio per fare fronte all’esistenza.

Ma riprende il suo ciclo quando il Sé è rigenerato dall’Amore e guidato da “Forza, Bellezza e Saggezza”

 

Le voyage parmi les Éléments est le parcours naturel que l’Homme doit faire pour naître, croître, mourir et renaître.

Ce voyage qui, ni ne commence ni ne s’achève : est une expérience unique, en évolution circulaire continue. Il est arrêté par les seules forces voilées des passions terrestres, quand le Soi se perd dans la peur et l’angoisse, par le manque de courage pour faire face à la vie.

Mais le cycle recommence quand le Soi est renouvelé par l’Amour et conduit par « Force, Beauté et Sagesse ».

 

 

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