Bisphénol A

Comment le BPA se retrouve-t-il dans notre alimentation?
Le BPA peut migrer en petites quantités dans les boissons et les aliments qui sont stockés dans les types de contenants en polycarbonate ou recouverts de résine époxy. Le BPA peut également migrer dans les aliments si le plastique ou la résine sont endommagés ou fissurés.

Quel est le problème au sujet du BPA?
Le BPA est un produit chimique qui, potentiellement, a la propriété d’interagir avec le système hormonal du corps humain: c’est ce que l’on appelle un «perturbateur endocrinien». Depuis les années 1930, on sait que le BPA peut imiter l’hormone sexuelle féminine, l’œstrogène. Les effets sur la fertilité, ainsi que sur les fonctions reproductrice et endocrinienne (système hormonal) ont suscité nombre de débats scientifiques, notamment à la suite de la publication de résultats indiquant des effets du BPA à faible dose chez les rongeurs.

Pourquoi l’EFSA a-t-elle procédé à une nouvelle étude du BPA en 2006?
Quelque 200 articles scientifiques ont été publiés sur le BPA depuis le dernier examen par le comité scientifique de l’alimentation humaine de la Commission européenne en 2002. Il était donc nécessaire de revoir ces données et de prendre en considération ces nouvelles études. Cet examen a été réalisé par le groupe scientifique de l’EFSA sur les additifs alimentaires, les arômes, les auxiliaires technologiques et les matériaux en contact avec les aliments (groupe scientifique AFC). Les nouvelles études, notamment une étude publiée en 2006 portant sur 2 générations de souris, ont fourni de nouvelles données qui manquaient jusqu’à présent aux experts de l’EFSA. Le groupe scientifique a réévalué l’avis émis en 2002 sur la base de nouvelles preuves établissant des différences significatives entre l’homme et les rongeurs; de même, des preuves scientifiques solides ont permis de réduire les incertitudes liées au niveau de risque tel qu’établi en 2002.

À quelles conclusions est arrivé le groupe scientifique en 2006?
Après avoir examiné en détail l’ensemble des données disponibles, le groupe scientifique AFC a conclu dans son avis scientifique sur le bisphénol A qu’il était désormais pertinent d’établir une dose journalière admissible (DJA) totale pour remplacer la DJA temporaire. L’exposition alimentaire des consommateurs au BPA, y compris les nourrissons et les enfants, est largement inférieure à la nouvelle DJA.

Y a-t-il des inquiétudes particulières à avoir concernant les nourrissons et les enfants?
Dans son évaluation de 2006, le groupe scientifique AFC de l’EFSA a porté une attention toute particulière aux nourrissons et aux enfants car ils appartiennent aux groupes où l’exposition alimentaire potentielle au BPA est la plus élevée par rapport au poids corporel. Les estimations du groupe scientifique concernant l’ingestion de BPA reposaient sur les hypothèses les plus prudentes («pire scénario»). Il est estimé que l’ingestion potentielle pour les nourrissons et les enfants est largement inférieure à la DJA. En avril 2008, le Programme de toxicologie national des États-Unis (US National Toxicology Program) a conclu dans un projet de note d’information qu’aux niveaux actuels d’exposition, il y a certaines inquiétudes à avoir quant aux effets sur le système nerveux et sur le comportement des fœtus, des nourrissons et des enfants. En outre, des rapports publiés par «Santé Canada» et «Environnement Canada» soulèvent des inquiétudes concernant d’éventuels effets nocifs pour les nouveaux-nés et les nourrissons et, en particulier, en ce qui concerne l’élimination de la substance de leur organisme. Le 19 avril, le Canada a ouvert une période de consultation de 60 jours pour la formulation d’observations par le public sur la question de l’éventuelle interdiction d’importer, de vendre et de faire la promotion de biberons contenant du bisphénol A.

Que fait l’EFSA pour prendre ces inquiétudes en considération?
L’EFSA a été invitée par la Commission européenne à poursuivre l’évaluation des différences entre les nourrissons et les adultes dans l’élimination du bisphénol A de l’organisme, en tenant compte des informations et données disponibles les plus récentes. L’EFSA a fourni des conseils supplémentaires en la matière dans son avis scientifique publié en juillet 2008

Quelle quantité peut être consommée sans danger?
Pour atteindre la DJA, un bébé de trois mois nourri au biberon et pesant environ 6 kg devrait boire plus de 4 fois le nombre de biberons habituel à cet âge, chaque jour.

Qu’est-ce qu’une dose journalière admissible (DJA)?
La DJA est une estimation de la quantité d’une substance, exprimée en fonction du poids corporel, qui peut être ingérée quotidiennement pendant toute la vie sans risque notable.

Pourquoi la DJA temporaire a-t-elle été remplacée par la DJA totale?
Une DJA temporaire est définie lorsqu’il existe des incertitudes dans les données pouvant être éclaircies par d’autres études disponibles ultérieurement et lorsque l’on sait que de nouvelles données seront disponibles dans un futur proche. Dans le cas du BPA, le comité scientifique de l'alimentation humaine (CSAH) avait établi une DJA temporaire en 2002 en appliquant un facteur de précaution supplémentaire 5 fois supérieur au facteur 100 généralement utilisé. À cette époque, ce calcul était motivé par le manque de données exhaustives provenant d’études portant sur la reproduction et le développement. À la suite de la publication, en octobre 2006, des résultats d’une nouvelle étude portant sur 2 générations de souris, et en corrélation avec d’autres études publiées depuis ces 4 dernières années, ce déficit d’information a été comblé et le groupe scientifique AFC a pu établir une DJA totale égale à 0,05 milligramme/kg de poids corporel, en appliquant le facteur d’incertitude habituel (100).