8 juillet 2010

Pour la paix et la démilitarisation

 

Les agissements des forces policières de même que l’ampleur des budgets associés à la « sécurité » ayant fait couler beaucoup d’encre depuis quelque temps, nous en profitons pour vous rappeler que la Marche mondiale des femmes en 2010 porte des revendications sur les questions de paix et de démilitarisation. Le 15 octobre 2010 sera d’ailleurs une journée d’actions consacrée à ces thèmes. Afin d’alimenter vos réflexions, voici quelques extraits du Cahier des revendications produit par la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (Avril 2010) :  

Toutes les guerres augmentent le niveau de haine et de violence dans une société, y compris les violences sexuelle et domestique dont les femmes sont les premières victimes.

Les conflits armés font en sorte que nombre de femmes deviennent réfugiées (déplacements massifs dans des conditions difficiles (incluant notamment le viol), vie dans des camps, etc.) et qu’elles se retrouvent monoparentales après les guerres et avec des familles réduites, se retrouvant seules pour organiser la survie de leur entourage. Le corps même des femmes devient aussi un champ de bataille puisque le viol est une arme de guerre utilisée par les soldats. On note également une augmentation de la traite des femmes à des fins sexuelles accompagnée de la propagation du VIH-SIDA et de diverses infections transmises sexuellement. On voit aussi une augmentation systématique de la prostitution/travail du sexe dans l’entourage de bases ou de campements militaires lors des conflits armés.

Nous sommes contre la guerre et le militarisme, contre cette seule façon de régler les conflits qu’est la guerre, contre le néolibéralisme, contre la pauvreté, contre l’oppression des femmes, contre le racisme et les autres formes de discrimination, contre la destruction de notre environnement planétaire, contre la désinformation que véhiculent souvent les gouvernements pour masquer leurs intentions cachées derrière les guerres et les conséquences de leurs projets et de leurs politiques sur des millions de vies. 

Aussi, selon nous, les motifs véritables de la participation canadienne à la guerre en Afghanistan sont l’approfondissement progressif du partenariat économique, idéologique et militaire avec les États-Unis.

C’est pourquoi nous revendiquons que le gouvernement du Canada retire immédiatement ses troupes de l’Afghanistan. 

Si le Canada retire enfin ses troupes de l’Afghanistan, il ne doit pas retirer son appui au peuple, en particulier aux femmes et aux filles! Il pourrait, notamment, faire pression sur le gouvernement afghan et les institutions internationales en exigeant l’application de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité qui lance un appel général pour l’intégration d’une démarche antisexiste et la pleine participation paritaire des femmes à l’ensemble des initiatives de paix et de sécurité. De plus, elle prévoit également des dispositions précises : une représentation accrue à tous les niveaux de prise de décisions en matière de prévention, gestion et résolution de conflit, une formation sur le genre et le VIH/SIDA destinée au personnel de maintien de la paix, un soutien aux initiatives de paix prises par des groupes locaux de femmes, ainsi que la protection des femmes et des fillettes face aux violences sexistes.

Notre désir de travailler sur les causes de la pauvreté et la violence envers les femmes nous amène à questionner les effets conjugués des systèmes comme le patriarcat, le capitalisme et le racisme qui jouent tous un rôle prépondérant dans le maintien d’un monde en guerre et d’une guerre perpétuelle contre les femmes. Une paix durable n’est possible qu’avec une transformation profonde des relations entre les femmes et les hommes.[1] C’est pourquoi la paix avec l’égalité, la liberté, la justice et la soidarité, est inscrite comme l’une des cinq valeurs fondamentales de la Charte mondiale des femmes pour l’humanité adoptée en 2004.

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Le recrutement militaire est de plus en plus visible dans les établissements d’enseignement, de l’école primaire jusqu’à l’université.

La plus grande campagne de recrutement de l’armée canadienne depuis la Deuxième Guerre mondiale est en cours. L’objectif est d’augmenter les effectifs militaires de 20 % en cinq ans, ce qui représente plus de 10 000 nouvelles recrues par an. La population d’âge scolaire, surtout celle issue de milieux défavorisés, est la principale cible de cette agressive campagne de recrutement. Ce sont plus de 200 millions de dollars du budget militaire qui sont investis annuellement pour inciter les jeunes à s’intéresser à l’armée canadienne.

La militarisation, c’est bien sûr l’augmentation vertigineuse des budgets militaires, l’implantation et la consolidation de bases militaires, l’occupation plus grande et plus visible de l’espace public par la chose militaire, la propagande insidieuse faite autour des forces armées et l’intensification de leur recrutement, mais c’est aussi — et c’est fondamental – un renforcement des rapports de pouvoir entre les hommes et les femmes. La culture militaire amène une survalorisation d’une masculinité stéréotypée et réductrice, la normalisation de la violence pour régler les conflits, la banalisation des violences envers les femmes et la dévalorisation d’autres cultures et personnes racisées. Cette culture de la violence, avalisée par l’État, se transmet à l’ensemble de la société.

Ce ne sont ni les missiles, ni les bombes, ni les chars d’assaut, ni les emplois militaires, ni tout le reste de leur machine de mort qui donneront aux peuples du monde les services sociaux, les garderies, logements, emplois décents et utiles, des conditions de vie et de travail pour lesquels nous nous battons depuis longtemps[2].

Éduquer à la paix et travailler à construire une paix durable, c’est aussi travailler sur une profonde transformation des rapports entre les femmes et les hommes.

On fait miroiter aux jeunes l’aventure, le voyage et l’accès à un emploi bien rémunéré sans même avoir à étudier au-delà du 3e secondaire. Jamais les recruteurs ne vont parler des inconvénients, des risques de revenir au pays dans un cercueil, estropié ou dément, ni du syndrome de stress post-traumatique ou des suicides dans l’armée. Les jeunes qui signent le contrat d’enrôlement sont mal informés par les recruteurs et ignorent généralement le fait qu’en devenant militaire, on perd la plupart de ses libertés citoyennes fondamentales – dont la liberté d’expression et d’association.

Or le rôle de nos écoles consiste à développer l’esprit d’analyse critique des étudiantes et des étudiants qui les fréquentent. C’est tout le contraire de servir de lieu d’embrigadement ou de vitrine de promotion du militarisme où l’on se fait dire quelle position adopter ou à quel dogme adhérer. Ces notions sont pourtant au cœur de la culture militaire, qui demande une obéissance sans questionnement, et c’est précisément ce que valorisent les recruteurs.

Du côté des cégeps et universités, les recruteurs profitent de l’état de précarité croissant des étudiantes et des étudiants pour les inciter à s’enrôler en échange d’études subventionnées. L’armée leur présente l’enrôlement comme étant le moyen par excellence d’éviter de crouler sous les dettes dans un contexte d’augmentation des frais de scolarité. Naturellement, les recruteurs ne disent pas qu’une fraction du budget militaire pourrait être utilisée pour régler de nombreux problèmes sociaux en plus de pallier le sous-financement chronique du système d’éducation. Devrait-on avoir à s’engager dans l’armée pour pouvoir avoir accès à l’éducation?


C’est pourquoi nous revendiquons que le gouvernement québécois interdise le recrutement militaire dans tous les établissements d’enseignement du Québec.

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Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter la section suivante de notre site :

http://www.ffq.qc.ca/luttes/marche-mondiale-des-femmes/champs-daction/revendications-et-outils-3/

Cet été,  en prévision du rendez-vous de la Marche cet automne, la FFQ mettra périodiquement de l’avant diverses préoccupations et revendications de la Marche mondiale des femmes sur le site Internet.


[1] Marche mondiale des femmes : www.marchemondiale.org

[2] Collectif féministe anti-militariste, 1984, in Mener la guerre pour le bien des femmes… vraiment?, Collectif Échec à la guerre, Fédération des femmes du Québec.

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