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Santé des Premières nations, des Inuits et des Autochtones

Profil - Debbie Kanate

Lorsque Debbie Kanate était une jeune fille qui grandissait au sein de la bande du lac Caribou Nord dans la collectivité de Round Lake/Weagamow (collectivité de 850 habitants au nord-ouest de Sioux Lookout, en Ontario, accessible uniquement par avion ou par la route durant les mois d'hiver), elle a toujours pensé qu'elle deviendrait agente de police. Mais tout a changé quand, à 16 ans, elle a vu sa grand-mère mourir d'un cancer de l'estomac. Ce triste événement lui a fait opter pour une carrière différente, mais toujours orientée sur les soins aux gens de Weagamow Lake.

La grand-mère de Debbie a eu une influence profonde sur elle d'une autre manière; elle encourageait Debbie à aller à l'école et à acquérir le plus haut niveau d'instruction possible.

Debbie a pris les vœux de sa grand-mère à cœur. Aujourd'hui à 35 ans, elle est l'infirmière de service du poste de soins infirmiers Round Lake Sena Memorial et vient tout juste d'obtenir sa maîtrise en santé publique de la Lakehead University, axée sur les problèmes liés à l'obésité chez les enfants des Premières nations du point de vue d'une infirmière.

Debbie s'intéresse particulièrement au problème de l'obésité chez les enfants étant donné le lien entre les modes de vie nuisibles pour la santé et le diabète de type 2. Les taux de diabète chez les Autochtones du Canada sont de trois à cinq fois plus élevés que ceux de la population canadienne en général et on diagnostique aussi maintenant le diabète de type 2 parmi les enfants autochtones, une maladie qu'on voyait auparavant surtout chez les personnes âgées.

Debbie envisage également de faire plus tard un doctorat. Tout cela, en élevant deux enfants (Nicole 17 et Mitchell, 12) avec son mari, Raymond!

Elle est la première à reconnaître le soutien qu'elle a reçu : soutien financier de la bande de North Caribou et d'Affaires indiennes et du Nord Canada et le soutien constant de son mari Raymond qui l'encourageait en lui disant « tu es capable », même si cela ne semblait pas toujours possible.

L'engagement de Debbie envers sa collectivité ne s'est jamais démenti. Sauf quand elle étudiait à Thunder Bay pour obtenir son baccalauréat en sciences infirmières et quelques années passées à Red Lake, Debbie a toujours fait partie de la collectivité de Round Lake/Weagamow. Il est important pour elle que les gens de l'extérieur de sa collectivité comprennent que Round Lake est une collectivité très fonctionnelle, « relativement en santé et ayant des activités de vie saine comme la navigation, la pêche, la chasse, le camping ».

À titre d'infirmière de service, Debbie est responsable de trois infirmières à temps plein et du personnel de soutien du Centre de santé Round Lake, ainsi que d'un centre de santé satellite à Muskrat Dam. Elle supervise les nombreux programmes du centre de santé comme le programme gynécologique de dépistage qui offre des services courants de cliché mammaire, de test de PAP et d'analyse de sang aux patientes atteintes de maladies chroniques.

Le centre de santé satellite de Muskrat Dam, une collectivité de 225 membres, pose un défi spécial pour Debbie qui s'y rend une fois par mois en avion pour s'assurer que les programmes fonctionnent bien. Comme le personnel du centre est constitué d'infirmières de relève travaillant par roulement, Debbie dit « qu'une plus grande continuité est nécessaire » afin d'améliorer l'exécution des programmes et la prestation des soins aux patients.

Debbie et son personnel s'occupent activement des soins de santé préventifs dans la collectivité de Round Lake/Weagamow. Chaque mois, elles choisissent un thème particulier lié à la santé et organisent des activités dans la collectivité autour de ce thème :

  • En mai, le thème était la sensibilisation au diabète et toute la collectivité a participé à des activités allant d'une promenade de 10 kilomètres à pied, à laquelle 125 personnes ont pris part, à des cours de cuisine avec des recettes faibles en gras et à des discussions à l'école sur la prévention du diabète.
  • En juin, c'était la santé des aînés et il y a eu des discussions sur la prévention des chutes, des démonstrations de cuisine en plein air pour la préparation de repas traditionnels en mettant l'accent sur la faible teneur en matières grasses, et des séances de chant et de narration. On visait ainsi à traiter à la fois des problèmes physiques des aînés et des problèmes émotionnels comme l'isolement social.
  • En juillet, on met l'accent sur la sensibilisation aux dépendances et leur prévention grâce à des modes de vie sains, des médicaments naturels et la médecine traditionnelle.

Debbie voit une nécessité réelle de déplacer les priorités des soins de courte durée à la prévention et à la sensibilisation du public : « Nous essayons d'amener les collectivités à s'interroger sur ce qu'elles font pour aider à augmenter la sensibilisation de leurs membres. Nous leur demandons ce qu'elles ont fait pour apporter un changement. »

Debbie est également très convaincue de l'importance des infirmières dans les collectivités autochtones. « Il est nécessaire qu'un plus grand nombre d'infirmières des Premières nations viennent dans le Nord pour travailler », dit Debbie. Elle croit aussi qu'on devrait davantage mettre l'accent sur la conservation des infirmières dans le Nord grâce à des incitatifs.

Debbie est persuadée que le travail dans les petites collectivités du Nord est une occasion unique pour les infirmières, qui leur offre la chance de travailler dans un environnement en mutation constante, qui fait appel à toute la gamme des compétences en soins infirmiers et qui donne aux infirmières une autonomie beaucoup plus grande que dans un gros hôpital urbain.

Et, fait peut-être encore plus attrayant, Debbie affirme : « Si votre travail vous ennuie, venez travailler dans une petite collectivité du Nord. Vous ne vous ennuierez plus jamais. »