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Archive recensions Histoire des doctrines

Goulven MADEC
Le Dieu d'Augustin
Goulven MADEC, Le Dieu d'Augustin, Paris, Éditions du Cerf, “Philosophie et théologie”, 1998, 220 p.
L'ouvrage est une reprise légèrement modifiée d'un article de dictionnaire consacré à la pensée de saint Augustin. La démarche de l'auteur est construite dans une perspective généalogique qui suit le développement de la pensée d'Augustin le long d'un chemin rappelé dès le début dans un “Rappel bio-bibliographique” (p. 25-27). L'auteur distingue les étapes suivantes : jusqu'à sa conversion en 386, de 386 à 391 où Augustin mène la vie communautaire, puis de 391 à 430 où il mène son activité de “pasteur d'âme” qui donne lieu à des prédications, des travaux théologiques et des controverses. La démarche de l'A. veut être une présentation de “l'activité de pensée d'Augustin sur Dieu à travers ses différentes oeuvres dans la diversité de leurs genres littéraires, dans son langage, dans sa perspective à lui, dans les conditions concrètes de son expérience et de ses déclarations” (p. 32). Une thèse, l'unité de la pensée d'Augustin, sous-tend cet ouvrage : “On ne nie pas des progrès et des changements, Augustin les a signalés lui-même, mais on prétend qu'il y a une continuité foncière dans sa réflexion sur Dieu, fondée essentiellement sur la Bible” (p. 33). Après une première partie technique, l'auteur examine attentivement l'expérience de la conversion d'Augustin. Il scrute ce que l'on peut savoir de l'enfance d'Augustin où apparaît le visage de Dieu comme personnage “mystérieux et puissant”, dont la représentation est anthropomorphique. Il relève que la période manichéenne est emplie d'une conception de Dieu trop liée à l'imagination et à l'anthropomorphisme. Et il signale le rôle de la prédication d'Ambroise lui faisant percevoir la réalité spirituelle, “choc libérateur” (p. 63). Les premières œuvres d'Augustin témoignent de sa conception de Dieu qui s'exprime dans les catégories reçues de la Bible, Dieu est “le Principe immuable, la Sagesse immuable, la Charité immuable, l'unique Dieu véritable et parfait” (p. 72). Cet itinéraire de conversion est analysé par l'auteur dans les Confessions ; il paraît alors clairement que le chemin vers Dieu est un chemin d'intériorité. La troisième partie de l'ouvrage est une lecture des grandes œuvres théologiques. L'auteur relève les influences philosophiques (ch. 10 : “Platonisme et christianisme”) et le rôle de la philosophie de la participation. Un chapitre plus original relève les éléments de théologie négatives chez Augustin (ch. 11 : “L'inadéquation du langage et de la pensée”). L'essentiel est dans les chapitres qui manifestent la fidélité d'Augustin au langage scripturaire. Après cette mise en perspective, l'auteur explicite ce que l'on peut dire de Dieu, la plénitude de son être révélé à l'Horeb et ses perfections (ch. 13), puis son action dans le monde (ch. 14) et enfin Dieu pour l'homme (ch. 15). Cette étude de grande qualité scientifique et pédagogique est enserrée par des propos d'actualité. G. Madec prend la défense d'Augustin contre ceux qui voient en lui l'origine de quelques dérives de la pensée occidentale : contre le best-seller de Jacques Duquesne, dans un long avant-propo,s et contre les “interprétations des professeurs”, dans un dernier chapitre. Ces propos polémiques permettent de situer l'augustinisme, mais ils restent superficiels. Une importante bibliographie, un index et une table des références font de cet ouvrage un bon manuel pour entrer dans l'œuvre d'Augustin par les sommets, et un ouvrage de synthèse pour situer la pensée d'Augustin dans un ensemble et inviter à une étude plus spécialisée
J.-M. MALDAMÉ
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