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Recensions Recensions OCTOBRE - DECEMBRE 2005

Alain MARCHADOUR, Les Personnages dans l’Évangile de Jean.
“Pour une christologie narrative, au moins deux voies sont offertes dans l’Évangile de Jean : soit fixer le regard exclusivement sur le Christ se révélant et creuser le sens des titres qui lui sont attribués tout au long de l’évangile, soit découvrir, comme dans un miroir, l’effet de la révélation du Christ pour les personnages qui le croisent, l’accompagnent, parfois le trahissent, rarement le suivent jusqu’au rendez-vous de la croix” (p. 7). De ces deux voies, c’est la seconde que choisit Alain Marchadour pour ce livre qui nous fait assister au dévoilement progressif de Jésus dans les résistances, les accueils, ou les transformations de chacun des personnages étudiés. Mais une chose est sûre : “Jésus ne subit pas de modification au long du récit, c’est le regard et la connaissance des témoins et des lecteurs qui changent” (p. 11). Suit la présentation d’un certain nombre de personnages de l’évangile de Jean. Les qualificatifs qu’Alain Marchadour leur attribue traduisent la nature de leur expérience en même temps que le rôle qu’ils jouent dans la révélation de Jésus : “Jean, le témoin fidèle”, “Marie, la médiatrice”, “Simon-Pierre, la fidélité difficile”, “Jésus et Nicodème, la rencontre de nuit”, “La femme de Samarie face à Jésus”, “Un aveugle, disciple éclairé”, “Lazare, Marthe et Marie, la famille que Jésus aimait”, “Marie de Magdala, du tombeau vide au jardin habité”, “Thomas, le disciple des extrêmes”, “Jésus, Pilate, les Juifs, la royauté inattendue”, “L’énigme du disciple que Jésus aimait”. Quatre annexes concluent cet ouvrage : “Judas, l’homme programmé pour trahir”, “Les Juifs, un actant malmené”, “Des disciples au disciple bien-aimé”, “Pilate romancé”. Dans un chapitre intitulé “Ouvertures christologiques”, Alain Marchadour reprend les trois niveaux de lecture sous-jacents à sa présentation des personnages de l’évangile de Jean : l’arrière-pays biblique avec ses croyances, faites d’impatiences et d’utopies ; la dimension historique du récit ; l’éclairage de la résurrection. Pour A. Marchadour, – cela ne peut qu’éclairer ce qui est dit de Marie, de la Samaritaine, des disciples, de Thomas et des autres – il ne faut pas oublier que si “dans les synoptiques, la foi est souvent liée à une situation particulière et à une intervention de Jésus, chez Jean, la foi est un engagement personnel qui touche en profondeur le disciple, le déstabilise, le déçoit parfois, mais aussi le transfigure […]. C’est tout à la fois la reconnaissance de l’identité véritable de Jésus, et l’engagement confiant et fidèle dans la suivance de ce maître sans égal” (p. 183 ; cf. p. 10). Lire l’évangile de Jean en se faisant contemporain de ceux qui ont rencontré Jésus, c’est donc entrer à son tour dans cette aventure qui engage à la fois l’intelligence et le cœur. Voilà ce qui ressort de ce livre riche et agréable à lire, où encadrés et tableaux fournissent au lecteur des renseignements et des outils de travail particulièrement précieux. On y trouve la confirmation que la christologie de Jean se résume bien dans le fait de “reconnaître en l’homme Jésus l’irruption de Dieu dans notre monde et en tirer les conséquences en s’attachant à lui pleinement et dans la durée” (cf. Jn 20, 31). À la lecture de ce livre, on découvre aussi que la christologie de Jean est essentiellement relationnelle.
P. DEBERGE
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