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Reportage

ANS LES

LPES

TOUS LES RANDONNEURS ONT PU CONSTATER

AVEC UNE CARTE

EN MAIN

QUE LA REPRÉSENTATION CARTOGRAPHIQUE ÉTAIT

JUSQU

’

À PRÉSENT

TRÈS INSUFFISANTE SUR CERTAINES ZONES

. L

E NIVEAU DE DÉTAIL NE PERMETTAIT

PAS DE S

’

ORIENTER CORRECTEMENT EN TERRAIN ACCIDENTÉ

. D’

OÙ L

’

IDÉE DU

LUB

ALPIN FRANÇAIS ET DU

LUB ALPINO ITALIANO DE S

’

ASSOCIER DANS UN VASTE

PROJET EUROPÉEN DE CARTOGRAPHIE TRANSFRONTALIÈRE

: « A

LPES SANS FRONTIÈRES

».

Les montagnes
ne séparent plus
les hommes

«ALPES

S A N S F R O N T I È R E S

«ALPES

S A N S F R O N T I È R E S

Les montagnes
ne séparent plus
les hommes

objectif du projet est de mettre au point
20 cartes au 1 : 25 000 de type TOP 25
sur les frontières franco-italienne et franco-
suisse, de la mer Méditerranée au lac
Léman, afin d’harmoniser les représenta-
tions cartographiques. L’IGN intervient en

tant que prestataire et la production est confiée aux
Centres interrégionaux (CIR) de Lyon et d’Aix-en-Provence.
Les cartes sont accompagnées d’un topo-guide en
4 langues réalisé par l’Institut géographique militaire
(IGM) de Florence.

E PROCESSUS TECHNIQUE

La première tâche de l’équipe de production, constituée
de 4 personnes, a été de choisir un processus permet-
tant d’exploiter et d’assembler facilement les fonds de
carte des TOP 25 françaises, les données vectorielles
issues d’une base de données cartographiques italienne
proche de la BD TOPO

, et ultérieurement les cartes

suisses scannées. Le cahier des charges européen impose
également d’utiliser le système géodésique international
WGS84 et la projection UTM, compatible avec les récep-
teurs GPS. Ces différentes contraintes ont orienté l’IGN
vers le logiciel Dry, édité par la société française Lorik.
Il permet d’assembler les planches-mères des TOP 25
scannées à haute résolution avec les données vectorielles
italiennes dans un environnement géoréférencé. L’ensemble
des données du projet représentera à terme 20 Go, qui
sont partageables simultanément par les différents postes
de travail. Les outils cartographiques du logiciel offrent
la possibilité de retoucher le fond scanné par couleurs
séparées et de modifier les données vectorielles. Les
recouvrements entre les cartes ne sont traités qu’une seule
fois. La charte graphique, qui est très proche de celle

des TOP 25, est standardisée pour l’ensemble du pro-
jet.
La principale difficulté, en l’occurrence, est évidemment
celle qui a trait au raccordement des zones frontières.
Malgré la mise en projection UTM et différentes cor-
rections géométriques, il subsiste quelques parcelles de
terrain qui ne sont revendiquées par aucun pays ou, au
contraire, des zones de recouvrement. Tout l’art du car-
tographe a consisté à combler ces lacunes en s’appuyant
sur la ligne de partage des eaux, qui constitue la fron-
tière naturelle entre les pays. Pour harmoniser la topo-
nymie, les désignations (cime, col, pointe, lac…) ont été
remplacées par leurs abréviations qui, par chance, sont
identiques dans chaque langue. Les noms propres sont
indiqués alternativement en français et en italien pour
respecter l’équilibre. La différence d’altitude entre les
marégraphes de Marseille et de Gênes, qui a été contrô-
lée à travers les tunnels alpins, n’est que de 11 cm. Il
aura néanmoins fallu toute l’habileté des cartographes
pour réussir à raccorder les courbes de niveau sur la
crête. Après élimination de quelques altitudes incohé-
rentes supérieures à 5 000 m, l’estompage du relief a
été recalculé à partir d’un MNT (Modèle numérique de
terrain) issu des bases de données altimétriques de
chaque pays. En revanche, le figuré rocheux n’a pas pu
être harmonisé car les données italiennes ne compor-
tent que le contour des zones rocheuses, qui sont alors
représentées par des courbes de niveau grises. Il est
envisagé de réaliser une photo-interprétation de certains
massifs rocheux pour améliorer le rendu.

NE COLLABORATION ÉTROITE DES DEUX

CLUBS ALPINS

Depuis trois ans, le Club alpin français (CAF), le Club
alpin italien (CAI), l’Istituto geografico militare et l’Institut
géographique national collaborent à la réalisation de
cette série de cartes et de guides transfrontaliers, qui sor-
tiront en deux éditions bilingues, français-italien et anglais-
allemand. Leur parution s’échelonnera jusqu’à la fin de
2001. Le premier carto-guide

Argentera-Mercantour, dis-

ponible depuis le 1

juillet dernier, porte le numéro 05. Il

est centré sur la région du parc national du Mercantour
et du Parco naturale Alpi Marittime

, situés de part et d’autre

de la frontière franco-italienne.
Les renseignements touristiques sont collectés par les
équipes de bénévoles des deux clubs alpins, qui ne

’

Il revient à l’Institut
géographique national
d’avoir su harmoniser
et raccorder les fonds
topographiques français
(cartes IGN TOP 25) et
les fonds
de carte de Ligurie,
du Piémont et du Val
d’Aoste, gracieusement
mis à la disposition du
projet par les services
cartographiques régio-
naux italiens concernés.
La cartographie du
Piémont a été vérifiée
et actualisée sur
le terrain par les béné-
voles du CAI. L’Institut
géographique militaire
de Florence a donné
l’imprimatur sur ces
fonds de carte italiens.
Le résultat est une carte
topographique à
l’échelle 1 : 25 000, au
fond homogène, sur
lequel ont été ajoutés
les lieux d’héberge-
ment, les points de vue,
les installations
sportives, etc. décrites
dans le guide.

■

NE CARTE

TOPOGRAPHIQUE
HOMOGÈNE DES
DEUX PAYS

Ce projet bénéficie du financement européen

Interreg II, des participations financières des

États français et italien, des Régions Paca et

Rhône-Alpes et des départements frontaliers

français des Alpes-Maritimes, des Alpes-de-

Haute-Provence, des Hautes-Alpes, de la Savoie

et de la Haute-Savoie.

Parcours dans le parc national du Mercantour avec la
nouvelle carte.

POUR EN SAVOIR
PLUS

UN GUIDE

DÉTAILLÉ

Tout au long de ses
160 pages, ce guide
permet aux randon-
neurs de découvrir
les splendeurs du
paysage traversé.
Il comporte égale-
ment des indica-
tions techniques sur
les itinéraires et les
sentiers, des infor-
mations sur les vil-
lages, les biotopes,
les abris possibles
(refuges, cabanes
ou simples abris
sous roche) et des
conseils, sugges-
tions et recomman-
dations aux randon-
neurs.

■

Ces carto-guides seront

diffusés en France par

le réseau de vente IGN

dans les maisons de

presse, les grandes sur-

faces et les librairies-

papeteries au prix uni-

taire de 125 francs

français. Les prochains

carto-guides à paraître

sont

La Vanoise-Gran

Paradiso,

n° 14, et

Briançon-Sestriere

n° 10.

ménagent pas leur peine pour parcourir le ter-

rain et vérifier les informations. Ils ont été formés, par
des techniciens de l’IGN, aux techniques de complète-
ment pour renseigner les documents selon les spécifica-
tions de la TOP 25. Sur la partie française, le CAF met
à jour les surcharges de la TOP 25 et complète les iti-
néraires. Les bénévoles du CAI réalisent, quant à eux,
le complètement du fond de carte italien, qui est issu de
données photogrammétriques, et reportent les itinéraires
de randonnée. Les sentiers manquants sont levés, sur le
terrain, à l’aide de récepteurs GPS. Une fois validés, les
itinéraires labellisés « Alpes sans frontières » sont décrits
dans le guide accompagnant la carte.

NAUGURATION DANS UNE AMBIANCE FESTIVE

Au début de l’été sortait donc le premier carto-guide, cou-
vrant une partie du parc national du Mercantour et le mas-
sif du l’Argentera. Cette parution a été l’occasion d’inau-
gurer, le 24 juin, le projet « Alpes sans frontières » au
refuge de la Madone de Fenestre, dans la vallée de la
Vésubie. Une randonnée matinale, jusqu’à la cime ouest
de Fenestre, a permis d’apprécier l’utilisation de cette nou-
velle carte. Après les discours officiels des présidents de
clubs et des élus locaux, tous les acteurs du projet ont par-
tagé le pot de l’amitié. André Croibier, président du CAF,
rappela dans son discours les efforts des uns et des autres
pour arriver, après trois ans de négociation, à ce résultat
qui est l’aboutissement d’une volonté de développement
d’un tourisme pédestre,

«doux et durable ». Paul Ollié,

conseiller général des Alpes-Maritimes, souligna l’effort
financier de la communauté européenne, du départe-

III

siècle

Table de Peutinger :

copie d’une carte
antique du monde
connu, avec description
des 4 principaux
passages des Alpes, entre
le Grand-Saint-Bernard
et la Turbie.

1680

Carte de Borgonio ou
de Madame Reale, au
1 : 190 000, réalisée en
15 feuilles.

1850-1875

Carte d’état-major,
levée au 1 : 40 000
et gravée sur cuivre
au 1 : 80 000 en
267 feuilles au Dépôt
de la guerre.

1973

Carte touristique
grand format du Mont
Blanc au 1 : 25 000,
prototype de l’actuel-
le TOP 25, qui
couvre maintenant la
totalité des Alpes
françaises.

1922-1947

Cartographie des
Alpes au 1 : 20 000
et au 1 : 50 000, par
le SGA puis l’IGN.
En 1939, les Potez
540 de « l’escadrille

spécialisée » effec-
tuent les prises de vue
du Mont Blanc à
7 500 m d’altitude.

ment et des communes intéressées. Il insista sur la déter-
mination de Michel Barnier, commissaire européen chargé
de la politique régionale, et de Romano Prodi, actuel
président de la Commission européenne, qui, quand il
entendit parler des Alpes sans frontières, ne put s’em-
pêcher de s’écrier :

«fabulous» ! et d’encourager la pour-

suite de cette cartographie. Antonio Bonavia, président
du CAI, rappela les efforts faits du coté italien et conclut
en disant :

Dorénavant, les montagnes sépareront les

eaux mais pas les hommes.

Robert Gstalder, responsable du projet pour le CAF, fit
procéder à la traditionnelle photo de famille et demanda
à chacun de se diriger vers des tables dressées pour
l’occasion et copieusement garnies d’une collation carac-
téristique de la tradition franco-italienne.
Après les Pyrénées, qui vont prochainement voir se mettre
en place un projet « Pyrénées sans frontières », c’est l’en-
semble des frontières alpines qui pourraient disparaître
des cartes. Séduit par ce projet transfrontalier, Romano
Prodi a en effet donné pour mission aux différents clubs
alpins concernés de poursuivre l’œuvre jusqu’en Slovénie.
Les alpinistes passionnés pourront alors réaliser leur
grand rêve : accomplir, à pied ou à ski, la traversée inté-
grale de l’arc alpin.

■

A PREUVE PAR

LA CARTE

Du Mont Blanc à

la Méditerranée,

les marcheurs

disposeront désormais

d’un outil européen

moderne, valorisant

le patrimoine trans-

frontalier et favorisant

les contacts trans-

alpins.

■

Chronologie

Reportage

Chronologie

Reportage

De gauche à droite : Robert Gstalder, du Club alpin
français, Paul Ollié, André Croibier, Patrick Lebœuf (IGN
Aix), François Perrussel (IGN Lyon) et Antonio Bonavia,
du Club alpin italien.

“