Reportage
Reportage
u Havre, le service chargĂ© de lâĂ©labora-
tion et du fonctionnement du systĂšme dâin-
formation géographique ne compte pas
moins de neuf ingénieurs et techniciens
élaborant, pour les autres services muni-
cipaux (et pour le grand public), une base
de donnĂ©es impressionnante. Aujourdâhui, il passe un
nouveau cap en offrant une représentation de la ville
« en relief ».
D
U FOND CADASTRAL Ă
S
POT
I
MAGE EN PASSANT
PAR LES BASES DE DONNĂES DE L
âIGN
Il fallait infléchir le processus classique en
matiĂšre dâĂ©laboration de systĂšme dâinforma-
tion géographique,
explique Franck Perdrizet,
ingénieur en chef, responsable du service Sigu
Ă la mairie du Havre.
Pour cela, au lieu de
satisfaire des demandes trop pointues et cloi-
sonnĂ©es, jâai voulu, en prioritĂ©, consolider une
base commune pérenne qui puisse répondre
à des besoins multiples et variés.
Câest dire toute lâimportance attachĂ©e au choix des rĂ©fĂ©-
rentiels utilisés.
A
L
A VILLE DU
H
AVRE FAIT ĂVOLUER
,
EN PERMANENCE
,
SON
S
YSTĂME D
â
INFORMATION GĂOGRAPHIQUE URBAIN
(S
IGU
).
O
UTIL DE TRAVAIL INDISPENSABLE Ă L
â
URBANISME ET AUX
SERVICES TECHNIQUES
,
IL PRODUIT DES FONDS CONSULTABLES
PAR L
â
ENSEMBLE DES SERVICES MUNICIPAUX
,
ET LE PUBLIC
,
Ă TRAVERS L
â
INTRANET GĂOGRAPHIQUE
V
ISION
-S
IGU
.
6
â
L
E
S
IGU
:
PĂLE GĂOMATIQUE
DE LA VILLE DU
H
AVRE
L
E
S
IGU
:
PĂLE GĂOMATIQUE
DE LA VILLE DU
H
AVRE
â
LâĂ©quipe du Sigu, de gauche
Ă droite : Anthony
Guérout, Halina
Zawodniak, Olivier
Banaszak, Jean-Pierre
Audemar, Françoise
Fauque, Franck Perdrizet,
Stéphane Fréval, Olivier
Blot. (Sont absents sur ce
cliché : Valérie Lerouge et
Jean Dehaene).
à la base, on trouve le plan cadastral qui a été entiÚ-
rement numĂ©risĂ© par le service Sigu, dans le cadre dâune
convention passée avec la Direction générale des impÎts
(DGI). Sa mise à jour sera désormais réalisée directe-
ment par le Centre des impĂŽts fonciers (CDIF) local qui
a bénéficié des moyens mis à sa disposition par la mai-
rie. Aboutissement dâune collaboration fructueuse de plu-
sieurs années entre le CDIF et le Sigu, le plan cadastral
actualisé et ses fichiers sont accessibles en ligne aux ser-
vices municipaux depuis lâautomne dernier.
Cependant, lâorthophotoplan est trĂšs tĂŽt apparu comme
lâautre rĂ©fĂ©rentiel de grande Ă©chelle indispensable Ă la
gestion urbaine. Le technicien chargé de la numérisa-
tion du cadastre précise :
Le service de la voirie était époustouflé
de la précision du tracé des trottoirs, réalisé
Ă lâĂ©cran en reportant sur le cadastre les don-
nĂ©es de lâorthophoto. Comme on dispose de
plusieurs prises de vues, les parties cachées
et les ombres varient dâune version Ă lâautre,
ce qui nous permet de voir par recoupement
lâensemble dâune rue.
Ensuite, pour Ă©largir la perspective, sâenchaĂźnent logi-
quement lâensemble des produits cartographiques de
lâIGN, sous forme vecteur (BD TOPO
Âź
et BD CARTO
Âź
)
ou image (les fonds IGN scannés), auxquels corres-
pondent des vues aériennes ou des scÚnes satellitaires
SPOTView
Âź
de résolution appropriée, les produits de
petite Ă©chelle couvrant la rĂ©gion de lâestuaire sur quelque
2000 km
2
.
Dâautres rĂ©fĂ©rentiels dâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral existent ou sont
en cours de constitution, comme le filaire de voirie avec
une structure hiérarchisée et topologique couvrant,
selon un dĂ©tail croissant, lâestuaire, la Codah, puis la
ville du Havre. Les données altimétriques sont dispo-
nibles en tout point, et il est Ă signaler que la topony-
mie a fait lâobjet dâun traitement particulier : quand on
«navigue» sur un plan indiquant les noms des voies,
ces derniers sont repositionnés automatiquement, de
maniĂšre Ă apparaĂźtre en entier Ă lâĂ©cran.
La mise en forme de tous ces rĂ©fĂ©rentiels nĂ©cessite dâim-
portants moyens informatiques et de solides compé-
tences en géomatique. Leur articulation logique repose
sur une approche originale privilégiant une descrip-
tion par paliers du territoire, Ă lâaide dâentitĂ©s carac-
téristiques de la gestion spatiale (cf. encadré). Les spé-
cialistes de lâĂ©quipe Sigu ont recours principalement
aux produits de la société Esri (ArcInfo
Âź
,
7
>>
E
E
â
â
Le service du SystĂšme dâin-
formation géographique
urbain (Sigu) se trouve Ă
lâhĂŽtel de ville du Havre,
dont le maire, M. Antoine
Rufenacht, est aussi prési-
dent de la Communauté de
lâagglomĂ©ration havraise
(Codah). Le Sigu est placé
sous lâĂ©gide de M. le sĂ©na-
teur Patrice Gélard, adjoint
au maire, chargĂ© de lâurba-
nisme. Le Havre compte
environ 4 000 employés
municipaux pour prĂšs de
195 000 habitants, auxquels
viennent sâajouter ceux de la
Codah qui regroupe 17 com-
munes. Le Sigu est désor-
mais rattaché à la direction
de la gestion fonciĂšre et de
la géomatique, relevant du
département « Grands pro-
jets, aménagement urbain
et prospective ».
S
ITUATION DU
S
IGU
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o
o
m
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m
Une maquette numĂ©rique permet dâobserver, sur Ă©cran et Ă distance, un territoire depuis tout point de vue, sous nâimporte quel angle, et mĂȘme de sây
dĂ©placer virtuellement. On en voit ici diffĂ©rentes Ă©tapes de rĂ©alisation. Ă lâintĂ©rieur du zoom, au premier plan Ă gauche, lâorthophotoplan avec ses
immeubles Ă plat servant de fondations Ă leur restitution. Ils apparaissent en volumes bruts (en blanc) en bas Ă droite du zoom (et en ocre sur la double
page). Ils sont ensuite texturés de photos de façades pour aboutir à un rendu réaliste (en arriÚre-plan du zoom). Cette maquette de précision métrique
peut servir de dĂ©cor rĂ©aliste pour lâinsertion et lâĂ©tude dâimpact de bien des projets. Le Sigu, qui lâĂ©labore, Ă©tudie aussi sa mise Ă disposition en rĂ©seau.
Reproduction interdite
8
Reportage
Reportage
â
â
Le systĂšme dâinformation
géographique mis en place
par le Sigu repose sur un
principe original de
maillages imbriqués, qui
permet dâexplorer
systématiquement le
territoire du Havre et de
ses environs Ă partir de
6 paliers, chacun dâentre
eux étant caractérisé par
un fond cartographique
approprié (de la carte
régionale au plan
cadastral) et une unité de
gestion spatiale servant de
clĂ© dâaccĂšs Ă lâutilisateur :
lâestuaire de la Seine,
lâintercommunalitĂ© ou le
canton, la commune, le
quartier ou le lieu-dit,
lâĂźlot, et enfin la parcelle.
R
ĂFĂRENTIELS
CARTOGRAPHIQUES
GIGOGNES
ArcView
Âź
et leurs extensions), mais ils maĂźtrisent
également de nombreux langages et des méthodes
spécifiques nécessitant une actualisation permanente
de leur savoir-faire, qui recouvre des champs aussi
variĂ©s que lâadministration du centre serveur sous Unix,
le traitement dâimages ou les applications Intranet en
langage Java, etcâŠ
U
N SYSTĂME OUVERT Ă TOUS LES SERVICES
CONCERNĂS ET CONSULTABLE SUR
I
NTRANET
La finalitĂ© du Sigu, câest dâĂȘtre un outil Ă la disposition
des utilisateurs.
La géomatique est souvent confi-
nĂ©e Ă un cercle trĂšs restreint dâutilisateurs,
bénéficiant de réalisations sophistiquées,
mais qui trouve rapidement ses limites dans
lâincapacitĂ© de pouvoir Ă©changer son infor-
mation avec ceux dont les besoins carto-
graphiques élémentaires ne seront pas
satisfaits avant longtemps. Ceci expliquant
la nécessité de faire un SIG qui soit un
vĂ©ritable systĂšme au sens de lâorganisation
dâune collectivitĂ©,
commente le responsable
du Sigu.
Pour limiter le dĂ©licat problĂšme des files dâattente et
de la gestion des prioritĂ©s, le service Sigu met en Ćuvre
une stratĂ©gie globale qui repose sur la rĂ©alisation dâun
ensemble de modules élémentaires génériques, bap-
tisé Planet-Sigu, rapidement personnalisable pour
chaque service du parc géomatique (regroupant les
utilisateurs dotés de logiciels spécifiques à la carto-
graphie numérique, soit environ 60 postes). Les fonc-
tionnalitĂ©s y sont ramenĂ©es Ă lâessentiel : saisir et mettre
Ă jour son information, pouvoir la consulter en la croi-
sant avec dâautres sources, et Ă©diter facilement des
documents pratiques et lisibles par tous (voir encadré
Triplan).
Chaque service est responsable de la couche dâinfor-
mation quâil gĂšre, et dont il dĂ©cide de la mise en visi-
bilité totale ou partielle pour les autres utilisateurs en
réseau. Tandis que le Sigu gÚre les référentiels de base,
se constitue ainsi, en parallÚle, un ensemble de réfé-
rentiels thématiques dans un environnement normalisé
qui décloisonne les services municipaux, afin de réa-
liser un infocentre gĂ©ographique offrant dâinfinies com-
binaisons de données.
Ces possibilitĂ©s dâĂ©change sont complĂ©tĂ©es par un
Intranet géographique, Vision-Sigu (voir encadré), qui
diffuse une information gĂ©ographique dâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©-
ral â consultable mais non modifiable â par lâensemble
des postes municipaux en rĂ©seau, Ă©quipĂ©s dâun simple
navigateur Internet (1 000 postes potentiels).
Le service Sigu intervient Ă la fois comme architecte,
rĂ©alisateur et opĂ©rateur du vaste systĂšme dâinformation
et de communication géographique du Havre et de ses
environs. Il sert aussi de conseil aux autres services, et
les assiste Ă lâaide de diffĂ©rentes applications «mĂ©tiers».
>>
P
RINCIPE D
â
ĂCHANGE ET DE
Une grande partie de
lâinformation dâune
collectivité locale peut
ĂȘtre rattachĂ©e par
coordonnées à son
territoire.
Au Havre, le Sigu
déploie notamment, au
sein du parc géoma-
tique et sur la base
du logiciel ArcViewâ un
environnement de
gestion de données
générique, baptisé
Planet-Sigu, qui est
personnalisé pour
chaque service
gestionnaire dâun thĂšme
propre (urbanisme,
patrimoine, aménage-
ment, risques majeurs,
etcâŠ) afin de rĂ©aliser
un infocentre géogra-
phique qui sera
accessible aux autres
services par Intranet.
C
ONTACT
Responsable Sigu :
Franck Perdrizet
Tél. : 02 35 19 45 87.
E-mail :
franck.perdrizet@ville
-lehavre.fr
A
VEC UNE REPRĂSENTATION EN RELIEF
,
MĂME
LES NON
-
INITIĂS SE REPĂRENT AISĂMENT
Loin de se contenter dâun rĂ©sultat dĂ©jĂ tout Ă fait remar-
quable, le Sigu entame une nouvelle phase : la repré-
sentation en 3D.
La lecture dâun plan demande une cer-
taine habitude,
explique Franck Perdrizet,
mais
avec une reprĂ©sentation en relief, mĂȘme les
non-initiés à la cartographie se repÚrent aisé-
ment, et il nâest mĂȘme plus nĂ©cessaire dâindi-
quer les noms des rues. LâinteractivitĂ© dâun
paysage qui varie au gré du déplacement aléa-
toire de lâobservateur explique aussi le succĂšs
que connaßt ce type de représentation spatiale.
La maquette virtuelle de la cité océane, son rendu réaliste
et sa prĂ©cision mĂ©trique, est une Ćuvre de longue haleine
qui dĂ©bute Ă peine. Elle sâappuie sur le modĂšle numĂ©rique
de terrain nĂ©cessaire Ă la fabrication de lâorthophotoplan
Ă haute rĂ©solution (25 cm) rĂ©alisĂ© par lâIGN, dont on
exploite aussi les clichés stéréoscopiques au 1 : 10 000
à travers une restitution confiée au laboratoire de photo-
grammĂ©trie de lâEnsais, pour obtenir le squelette en 3D
des bĂątiments avec les formes de leurs toits. Des volumes
uniformes sont alors créés, puis texturés de photos numé-
riques de façades, nécessitant une importante campagne
de prises de vues par le Sigu.
La méthode de production retenue assure une bonne cohé-
rence avec les autres données planimétriques, au point
de pouvoir parler de référentiel 3D. Dans cet espace vir-
tuel, on peut injecter une structure en projet et évaluer son
impact visuel sur lâenvironnement, ou bien anticiper le
panorama qui attend les rĂ©sidents du dernier Ă©tage dâun
immeuble en construction.
Bref, câest un autre regard, futuriste, que le Sigu invite
Ă poser sur le Havre.
â
Reproduction interdite
â
â
Lâ
ATELIER D
â
ĂDITION
T
RIPLAN
9
LâI
NTRANET GĂOGRAPHIQUE
V
ISION
-S
IGU
ET DE DIFFUSION DES DONNĂES GĂOGRAPHIQUES DU
S
IGU
e
Vision-Sigu est le vecteur
de diffusion de lâinforma-
tion géographique
havraise de rĂ©fĂ©rence Ă
travers le parc informa-
tique municipal (géoma-
tique et bureautique).
PensĂ© pour ĂȘtre un auxi-
liaire de visualisation et
dâinformation dâusage
immédiat et intuitif, il
est accessible au public,
jusquâĂ prĂ©sent
Ă lâaide dâune borne de
consultation mise Ă sa
disposition dans le hall de
la mairie. Vision, qui a été
développé au Sigu en
langage Java, offre de trĂšs
bons temps de réponse (de
une Ă quelques secondes),
qui ne sont pas affectés
par la masse toujours plus
importante des images
exploitées. On voit ici une
copie dâĂ©cran sur lequel
est affiché un extrait du
POS (ou PLU).
Un plan gagne Ă ĂȘtre accom-
pagné de la vue aérienne
correspondante (et récipro-
quement). Pour ĂȘtre dâusage
commode, ils doivent pouvoir
ĂȘtre resituĂ©s dans une carte
plus large. DâoĂč lâidĂ©e
dâĂ©dition Triplan qui
conjugue les maillages terri-
toriaux avec les échelles
classiques et les formats
standards de papier, ce qui
permet Ă lâutilisateur de
composer et «dâhabiller» Ă
son gré, et rapidement, des
documents normalisés
depuis un poste en libre-
service (ou le sien, sâil fait
partie du parc géomatique).
Ce module a été développé
sous ArcView. Une conven-
tion, passĂ©e avec lâIGN,
permet aux autres adminis-
trations et entreprises locales
dâavoir accĂšs Ă cet outil
imprimant les fonds
cartographiques municipaux
à prix coûtant.
Chronologie
Chronologie
1995-1998
Poursuite avec Pascal Laurent.
Applicatifs «métier» et systÚme centra-
lisé. Augmentation des effectifs et
élargissement du parc géomatique.
Reproduction interdite
Reproduction interdite
1992-1995
Création, avec Jean-Louis Magand,
du service Sigu rattaché au directeur de
lâorganisation, François Pierru. Travaux
de saisie sous ArcInfo. Démarrage de la
numérisation cadastrale.
Depuis 1998
Franck Perdrizet, nouveau chef du
service Sigu. Approche globale et
systÚme déconcentré (référentiels,
Vision, Planet, Triplan, 3DâŠ).
Cadastre actualisé et en ligne.
Reproduction interdite