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Accueil > Dossiers > Banque mondiale, FMI et développement > Critiques et réformes > Critiques des institutions financières internationales (IFI)

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Critiques des institutions financières internationales (IFI)

> Les critiques venues de l'intérieur

> Plus de démocratie : la fronde des pays en développement

> Une proposition américaine (Commission Meltzer) : pour la réduction du rôle des IFI

> Le courant radical

"Les institutions de Bretton Woods sont sous le feu croisé de critiques venant d’horizons très divers. Ces critiques se regroupent en trois courants qui, chacun à leur manière, contestent les orientations et les méthodes de travail de ces institutions. Les conservateurs et les contestataires "radicaux" verraient bien une refonte complète des institutions et la réduction de leurs rôles et de leurs mandats. Les critiques des économistes comme Stiglitz, contestent moins les attributions des institutions que leurs orientations et leur doctrine. Quelles que soient leurs différences et leur intensité, ces critiques constatent la nécessité d’une réforme en profondeur et d’un débat ouvert sur la nature de ces réformes. Si jusqu’ici les institutions de Bretton Woods ont cherché pour répondre aux critiques à se réformer de l’intérieur, elles ne peuvent plus aujourd’hui échapper à une revue plus large, dont le rapport de la commission Meltzer élaboré pour le Congrès américain a donné le coup d’envoi.(...) Depuis la crise de l’endettement des pays en développement au début des années quatre-vingt, le Fonds et la Banque ont développé et progressivement renforcé les conditionnalités liées à l’octroi de leurs crédits. C’est précisément leur pertinence et leur efficacité qui sont, avec le mode gestion des organisations, l’objet du débat actuel sur la réforme des institutions de Bretton Woods."

Source : Chavagneux Christian, Tubiana Laurence, Bourguignon François, Développement, Conseil d'analyse économique, n° 25, 2000

Critiques et autocritiques des politiques des IFI

Selon Joseph Stiglitz, ancien économiste en chef de la Banque mondiale, et prix Nobel d'économie 2001, interwievé à l'automne 2002 par la revue Politique internationale, "Le changement le plus fondamental qui s'impose pour que la mondialisation fonctionne comme elle le devrait, c'est celui de son mode de gouvernement. Il faut réformer l'ensemble des institutions financières internationales afin que les ministres du commerce ne soient plus les seuls à se faire entendre à l'OMC et les ministres des finances au FMI et à la Banque mondiale. Dans aucun pays démocratique, on ne confie les pleins pouvoirs au ministre du commerce ou au ministre des finances. On écoute aussi l'avis du ministre de la santé ou du travail. Il faut aussi renoncer au principe "un dollar, un vote". (…) La voix des PED est anormalement faible au sein des institutions financières internationales."
Toutefois, la voix de la Banque mondiale se démarque nettement, selon lui, de celle du FMI : "la Banque mondiale soutient des projets éducatifs dans de nombreux pays. J’ai pu observer des réussites, par exemple en Colombie, où des programmes scolaires ont été élaborés pour que les enfants de travailleurs migrants bénéficient d’une continuité éducative. En Ethiopie, la Banque a appuyé la refonte des programmes afin qu’ils soient plus en phase avec le pays réel. Mais les mesures d’austérité du FMI sapent souvent ces efforts, si bien qu’on peut se demander si elles ne sont pas austères à l’excès. Les dépenses éducatives sont un investissement crucial pour l’avenir d’un pays. Elles devraient être prioritaires, même s’il faut examiner soigneusement comment l’argent est dépensé."

Source : Nouveau courrrier, Unesco, octobre 2002).

Le Président de la Banque mondiale, James Wolfensohn tient un discours "qui vise à démarquer la Banque mondiale des interventions du FMI. Après un suivisme total sur l’ajustement structurel au cours des années quatre-vingt, la Banque souhaite désormais mettre en avant sa préoccupation pour les questions de pauvreté et pour les domaines non économiques du développement. Dans ce discours, les attaques contre les remèdes traditionnels du FMI sont à peine voilées. «Nous avons appris que, s’il est essentiel à tous égards d’élaborer des plans macroéconomiques bien adaptés, assortis de politiques budgétaires et monétaires efficaces, les plans financiers ne suffisent pas (…), le développement n’est pas simplement une question d’ajustement. Le développement n’est pas simplement une question de budget et de saine gestion financière. Le développement n’est pas simplement une question d’éducation et de santé. Le développement n’est pas simplement une question de remèdes de technocrates (...), combien de fois avons-nous adopté un point de vue trop étroit des transformations économiques nécessaires, pour nous concentrer sur les résultats macroéconomiques ou sur les grandes réformes telles que la privatisation, sans prêter attention à l’infrastructure institutionnelle fondamentale sans laquelle aucune économie de marché ne peut fonctionner ? (...), combien de fois avons-nous poursuivi un objectif purement économique, sans nous arrêter suffisamment sur les aspects sociaux, politiques, environnementaux et culturels ?». Un discours qui vise à marquer une nette rupture avec l’approche habituelle de l’ajustement structurel telle qu’elle a été pratiquée par les deux institutions de Bretton Woods."

Source : Chavagneux Christian, Tubiana Laurence, Bourguignon François, Développement, Conseil d'analyse économique, n° 25, 2000

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Plus de démocratie : la fronde des pays en développement

La crise asiatique a relancé le débat sur la représentation des pays en développement, sur leurs droits de vote, sur leur représentation au Conseil d'administration, mais également sur le choix des dirigeants, traditionnellement européen pour le directeur général du FMI et américain à la Banque mondiale.

En mars 2002, les pays industrialisés s'étaient engagés, par le Consensus de Monterrey, à améliorer la représentation et la participation des pays en développement dans les deux institutions.
Si la part des pays émergents dans la production et le commerce mondiaux est en augmentation constante, ces pays restent sous-représentés au FMI, et les pays industrialisés nont pas tenu leurs promesses.
Ainsi le G7 détient actuellement 47% des voix du FMI, soit un peu plus de 17% pour les Etats-Unis et autant pour l'Union européenne.
Sont ainsi contestés le pouvoir de veto unique des Etats-Unis et la surreprésentation des Etats européens, mais aussi le manque de représentation des pays émergents (avec la sous-représentation de l'Asie de l'Est et notamment de la Chine), et la grande absence des pays les moins avancés, notamment africains, où de très nombreux programmes sont pourtant en cours, aucun administrateur n'étant d'ailleurs originaire d'un PMA.
Ainsi les 49 pays les moins avancés (PMA), sont représentés par sept administrateurs sur les vingt-quatre que compte le Conseil d'administration du FMI, qui, hormis les deux administrateurs africains, ont en charge une large majorité de pays non PMA.

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Une proposition américaine (la Commission Meltzer) : pour la réduction du rôle des institutions financières internationales

À la suite de la crise asiatique de 1997, le Congrès américain s'est inquiété de la fréquence, de la gravité et du coût croissant des crises financières, de la fragilité du système monétaire international, de l’inefficacité des banques de développement et de la corruption qui sévissait dans un certain nombre de pays.
Dans son rapport publié en mars 2000, la commission bipartite américaine dirigée par Meltzer concluait que la situation des pays les plus pauvres avait continué de se détériorer en dépit de l’augmentation continue des prêts.
Considérant le coût élevé des politiques menées par les institutions financières et leur faible efficacité, elle plaidait en faveur d’une profonde réorganisation du FMI, de la Banque mondiale et des banques régionales de développement.
Suggérant de recentrer les activités du FMI sur le rôle de prêteur en dernier ressort, sur la base de prêts à court terme et à taux d’intérêt élevé, réservés à des pays aux finances saines, elle considèrait que la Banque mondiale devrait décentraliser son action au profit des banques régionales de développement, sauf en Afrique et ne jouer aucun rôle en cas de crise financière.

Pour en savoir plus

> Commentaires sur le rapport de la Commission Meltzer

> "Le FMI, la Banque mondiale et l'OMC : libéralisation, ajustement structurel et/ou développement ?", Hugon Philippe, Haut Conseil de la coopération internationale, novembre 2000

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Le courant radical

Les critiques les plus radicales émanent d'ONG (organisations non-gouvernementales), critiques des politiques mises en oeuvre, mais également remise en cause des structures et de la légitimité de ces organisations, se faisant ainsi l'écho des plaintes des pays en développement sur le manque de démocratie des IFI.
Au sein des acteurs sociaux, ainsi que des parlements nationaux, des voix s'élèvent pour dénoncer les conséquences sociales et environnementales des politiques menées par les institutions de Bretton Woods et pour réclamer leur profonde transformation.
Ainsi, les ONG, qui ont été le fer de lance des mouvements pour l'annulation de la dette des pays en développement, ont largement inspiré l'initiative concernant la dette des pays pauvres très endettés (PPTE).

Les critiques concernent également la structure des organisations et leur place dans la "gouvernance mondiale".
Sont ainsi demandées :
- la révision radicale du mode de répartition du pouvoir au sein des conseils d'administration de la Banque mondiale et du FMI,
- la mise en place de procédures de contrôle, en particulier par les parlements nationaux,
- la création de mécanismes de recours indépendants afin de permettre aux populations affectées par les projets et programmes de défendre leurs droits.
- la coopération des institutions financières internationales avec les autres institutions des Nations unies.
Cette contestation, structurée depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, rejoint aujourd’hui un courant plus global de remise en cause de la mondialisation, à travers les mouvements altermondialistes, qui interpelle les principaux représentants de la "gouvernance mondiale": la Banque, le Fonds, mais aussi l’OMC et le G7 (groupe des Sept).

Pour en savoir plus

Critiques et propositions d'ONG :

> "La réforme des institutions financières internationales" , Conseil scientifique d'ATTAC France (Association pour une taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens), juillet 2001

> "Réformer les institutions financières internationales" , FIDH, (Fédération internationale des droits de l'homme), n°41, septembre 2000

 

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