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L'affaire al-Dura: des mythes concurrents  sur fond d'intifada

______________________________ Rudy Reichstadt ______________________________

Diplômé de l’IEP d’Aix-en-Provence (2004), administrateur de conspiracywatch.info, observatoire du conspirationnisme et des théories du complot

Le débat est lancé sur le site du Meilleur des mondes…. Après l'article de Pïerre-André Taguieff, nous publions une nouvelle réflexion sur l'affaire Mohammed Al-Dura. Pour Rudy Reichstadt, cette affaire a vu apparaître deux discours aussi problématiques l’un que l’autre.

   Le premier discours accuse l’armée israélienne d’avoir commis délibérément un infanticide. Le second cherche à la disculper par tous les moyens, quitte à retourner l’accusation infâmante contre ceux qui ont commencé à la propager, voire à nier purement et simplement la mort du jeune Palestinien. Si le premier discours est classiquement diabolisateur, le second use sans vergogne de structures propres à la pensée du complot dont les Israéliens sont pourtant, par une singulière ironie, les victimes privilégiées.
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REVUE LE MEILLEUR DES MONDES RUDY REISCHSTADT AFFAIRE AL DURA des mythes concurrents sur fond d'intifada exclusif MDM

Depuis plusieurs années maintenant, un argumentaire conspirationniste s’est développé autour du reportage de Charles Enderlin(1) diffusé au JT de France 2 le 30 septembre 2000 qui relatait la fusillade du carrefour de Netzarim (Bande de Gaza) au cours de laquelle un jeune garçon palestinien, Mohammed Al-Dura, a été mortellement touché(2). Au-delà de la critique – légitime – des commentaires de Charles Enderlin, on assiste à une remise en cause de l’authenticité même des images de son cameraman, Talal Abu Rahmeh. Au récit, problématique, de l’« assassinat, en direct, d’un enfant sous les balles israéliennes », n’a pas tardé à répondre un contre-récit selon lequel « la mort de Mohammed Al-Dura est une mise en scène ». Or, ainsi que nous allons le voir, ces deux récits manquent, l’un et l’autre, de la rigueur élémentaire qu’exige la déontologie journalistique. Au moins trois thèses remettent en cause l’authenticité du reportage de France 2.

La première laisse entendre que, toute la scène n’étant qu’un montage fait de fausses rafales de balles et de chiffon rouge simulant une tâche de sang, Mohammed Al-Dura serait toujours vivant. Il aurait même été vu au marché à Gaza(3). Son père, Jamal Al-Dura, n’aurait quant à lui jamais été blessé au cours de la fusillade. Les cicatrices qu’il a exhibées par la suite devant les caméras auraient été causées par des blessures plus anciennes, à l’arme blanche, reçues lors d’une rixe avec d’autres Palestiniens plusieurs années auparavant, lorsqu’il était trafiquant de drogue. L’enfant dont le corps sans vie a été photographié à l'hôpital Shifa de Gaza et qui a été inhumé par la suite ne serait donc pas celui qu’on voit dans le reportage de France 2 et n’aurait aucun lien avec les Al-Dura.

La seconde thèse – qui, au bout du compte, rejoint la première – prétend que Mohammed Al-Dura est bien mort, mais qu’en revanche « l’enfant de Netzarim », celui qui apparaît sur les images de France 2, n’est pas Mohammed Al-Dura. Ici encore donc, Jamal Al-Dura aurait joué la comédie en compagnie d’un enfant. Cette thèse a été clairement énoncée par Philippe Karsenty(4)  lors du procès en diffamation qui l’a opposé à France 2 et à Charles Enderlin : « Mohammed Al-Dura est mort le matin et, l'après midi, son père Jamal, sourire aux lèvres, a joué la scène de la mort d'un autre enfant »(5) Elle se fonde sur les témoignages de deux médecins palestiniens de l'hôpital Shifa, à Gaza, qui auraient déclaré qu'on leur a apporté le cadavre du petit Mohammed avant 13 heures – alors que les tirs n’ont débuté que vers 15 heures.

Selon la troisième thèse, enfin, l’enfant est bien mort, mais il a été tué délibérément par les Palestiniens à des fins de propagande. La forme des impacts de balles observables sur le muret contre lequel Mohammed Al-Dura et son père étaient adossés ne laisserait aucun doute à ce sujet.

Récapitulons :

1) « Mohammed Al-Dura n’est pas mort » ;

2) « d’ailleurs, ce n’était pas Mohammed Al-Dura » ;

3) « de toutes façons, ce sont les Palestiniens qui l’ont tué ».

Les trois thèses s’excluant mutuellement, on ne peut s’empêcher de penser à la fameuse histoire freudienne du chaudron(6). Les partisans de ces thèses révèlent, par là même, leur véritable motivation. Non pas la recherche, scrupuleuse, de la vérité, mais la recherche, par tous les moyens, d’une autre vérité – dont on sait, depuis X-Files, qu’elle est « ailleurs ». Cette image, tragique, d’un père et de son fils recroquevillés contre un muret ; cette image érigée en emblème à la fois du « martyre palestinien » et du « sadisme israélien » ; cette image déclinée sur tous les modes – dans les manuels scolaires, sur des tee-shirts, des timbres postes –, placardée le long des routes en Cisjordanie et jusqu’au Mali(7) ; cette image réactualisant l’antique accusation antijuive de « crime rituel »(8) ; cette image donnant lieu à toutes les manipulations sur les médias arabes(9) ; cette image achevant de faire des soldats israéliens des « tueurs d’enfants »(10) ; cette image incrustée dans la vidéo de l’assassinat du journaliste juif américain Daniel Pearl ; cette image, gênante, fâcheuse, il fallait la discréditer. Il fallait briser l’icône Al-Dura, quitte à soutenir, simultanément, une chose et son contraire(11).

Ce discours conspirationniste, qui dénonce rien moins que « la plus grande imposture de l’histoire de l’audiovisuel », a été formulé pour la première fois de manière systématique dans un documentaire(12) de 20 minutes produit par la Metula News Agency (ou « Mena »(13)). Ce documentaire se fonde sur les conclusions d’une enquête interne de Tsahal, commanditée à l’initiative personnelle du général israélien Yom Tov Samia, à l’époque commandant de la région militaire Sud – comprenant la Bande de Gaza. En octobre 2000, dans une base du désert du Néguev, des militaires israéliens assistés de quelques experts civils ont en effet procédé à une reconstitution de la fusillade de Netzarim. L’enquête disculpe Tsahal. Selon le général Samia, le « plus probable » est que l'enfant a été tué par des tireurs palestiniens postés à l’arrière et en surplomb du fortin israélien. Il y aurait cependant beaucoup à dire de cette « reconstitution » effectuée sans aucune garantie d’indépendance. D’autant que celui qui en a été chargé n’est autre que Nahum Shahaf, un physicien de l’université de Beer Sheva qui s’était jadis illustré en soutenant qu’Ygal Amir, l’assassin de l’ancien Premier ministre Yitzhak Rabin, avait bénéficié, pour agir, de la complicité du service de sécurité intérieure israélien, le Shin Beth ! Il s’agissait pour lui de minimiser la responsabilité indirecte de l'extrême droite dans cette affaire(14). Déjà, Nahum Shahaf, qui dit avoir compulsé plusieurs ouvrages de balistique, se prévalait d’une « expertise » dans ce domaine…

Certes, les soupçons de manipulation qui pèsent sur les images en provenance du Proche-Orient – hélas pour de bonnes raisons(15) – ont fait le lit de la théorie du complot sur la mort de Mohammed Al-Dura. Or, les autorités israéliennes auraient classé « secret défense » pour dix ans un rapport interne de Tsahal sur les événements de Netzarim du 30 septembre 2000. Gageons que si elles étaient en possession de preuves irréfutables de nature à disculper leurs soldats, elles les auraient diffusé. De plus, il est désormais établi que les ripostes de l’armée israélienne se sont caractérisées, lors de la Seconde Intifada, par l’utilisation massive de balles réelles : dans le premier mois (fin septembre-fin octobre 2000), 33 Palestiniens de moins de 18 ans ont perdu la vie(16). Plus d’un par jour ! Pourquoi est-il si difficile de concevoir que Mohammed Al-Dura puisse être l’un d’eux ?

Non, décidément, il faut que le jeune garçon ait été un acteur. A la rigueur, on veut bien consentir à ce qu’il soit mort, mais alors il faut qu’il ait été la victime de balles palestiniennes. Et comme on ne veut pas renoncer à la thèse selon laquelle toute la scène a été montée à des fins de propagande, il faut bien arriver à la conclusion, logique, que Mohammed Al-Dura a été tué délibérément par ses compatriotes à l’insu ou avec la complicité de son père.

Cette thèse suppose, chez celui qui la soutient, une bien sombre image des Palestiniens. L’accusation de « tueur d’enfant », dont on affuble à satiété l’armée israélienne, est retournée comme un gant, contre ses contempteurs. Retour à l’envoyeur : les vrais tueurs d’enfants, affirme le discours conspirationniste, ce sont les Palestiniens eux-mêmes. Le travail, salubre, consistant à dédiaboliser l’Etat d’Israël passe ici par une diabolisation en retour de la figure du Palestinien. Le récit conspirationniste démythifie les Israéliens en remythifiant leurs ennemis.

Selon un procédé désormais éprouvé, ils n’hésitent pas à inverser ce que les juristes appellent la « charge de la preuve ». Tout commence avec la critique du reportage de France 2 et des affirmations imprudentes de Charles Enderlin au soir du 30 septembre 2000 :« Il est 15h, tout vient de basculer près de l’implantation de Netzarim, dans la bande de Gaza. Les Palestiniens ont tiré à balles réelles, les Israéliens ripostent. Ambulances, journalistes et simples passants sont pris entre deux feux… Ici Jamal et son fils Mohammed sont la cible de tirs venus de la position israélienne. Mohammed a douze ans ; son père tente de le protéger. Il fait des signes, mais… une nouvelle rafale. Mohammed est mort et son père gravement blessé ».

Il est exact que l’affirmation « Mohammed est mort » est apposée sur les images de l’enfant et de son père après qu’ils ont été atteints par une rafale de balles – qui causera la mort du jeune garçon – mais avant que l’enfant ne décède, au sens strict. De la même manière, le commentaire de Charles Enderlin (« Jamal et son fils Mohammed sont la cible de tirs venus de la position israélienne ») laisse entendre, d’une part, que les tirs étaient délibérés – ce que rien ne permet d’affirmer –, d’autre part que la provenance « israélienne » des tirs est un fait établi – ce qui n’est pas le cas – au point que, le 7 octobre 2000, le médiateur de France 2, Jean-Claude Allanic, ira jusqu’à parler de l’« assassinat d’un enfant ». Deux mois plus tard cependant, le 27 novembre 2000, le JT de France 2 fera état de la controverse existant sur l’origine des tirs(17). Bien sûr, le mal était déjà fait et les commentaires introductifs du présentateur, Claude Sérillon, ont pu donner l’impression que France 2 cherchait à enfoncer le clou(18). Mais, cette première critique étant posée, on assiste à une série de glissements vers la thèse complotiste.

D’aucuns vont s’appliquer à insinuer le doute sur la véracité des images elles-mêmes. Bien que n’ayant jamais mis les pieds à Gaza, ils mettent en avant des éléments troublants tels que les déclarations de Talal Abu Rahmeh, ou les rushes de la vidéo, qui feraient apparaître, dans les minutes précédant la fusillade, des « scènes jouées » de guerre urbaine. Ils se focalisent sur des détails (un trépied de caméra, un bout de tissu rouge, etc.), des zones d’ombre (aucune balle n’aurait été récupérée bien que Talal Abu Rahmeh prétend les avoir lui-même filmées(19)), des informations non recoupées (les soldats israéliens auraient tiré exclusivement au coup par coup ce jour-là) ou encore des rumeurs (Jamal Al-Dura serait un ancien trafiquant de drogue). Ils s’étonnent qu’aucune autopsie du corps de l’enfant n’ait été diligentée ou encore que seul Talal Abu Rahmeh ait pu filmer l’enfant et son père alors que plusieurs autres cameramen étaient présents sur les lieux. Ils s’interrogent pesamment sur le fait qu’il n’existe aucune image filmée de l’évacuation en ambulance de Mohammed Al-Dura ou de son arrivée à l’hôpital. Ils se demandent pour quelle raison on entend Talal Abu Rahmeh crier, à deux reprises, « l’enfant est mort ! » (en arabe : « Mat el waled ! »), alors même que le père et l’enfant n’ont pas encore été touchés par les tirs(20).

Deuxième glissement : ils émettent des hypothèses invérifiables (l’analyse des angles de tirs disculperait l’armée israélienne) et des affirmations péremptoires (les derniers mouvements de l’enfant ne seraient pas naturels, ils ne seraient pas compatibles avec l’agonie). Ils prennent à témoin les spectateurs que nous sommes sur la base d’images floues, nous invitant à constater, par nous-mêmes, qu’il n’y a aucune trace de sang sur le tee-shirt du père ou sur les vêtements de l’enfant. Ils suggèrent enfin que Charles Enderlin, à qui ils font le reproche d’avoir commenté des images d’une fusillade à laquelle il n’a pas assisté, puisqu’il se trouvait alors à Ramallah, en Cisjordanie, a été victime d’une manipulation de son cameraman(21).

Dernier glissement : les éléments troublants et les hypothèses invérifiables finissent par former un faisceau d’indices érigés en « preuves » accablantes de la supercherie. C’est alors que le discours conspirationniste s’impose. Ceux qui le défendent font valoir de nouvelles conclusions, qui contredisent la version qui nous a été présentée à l’origine : « non seulement les Israéliens n’ont pas tué Al-Dura... mais ce dernier n’est pas mort ce 30 septembre 2000 au carrefour de Netzarim »(22). CQFD. Dès lors, les soupçons se font accusations et on commence à traîner Charles Enderlin dans la boue, qui en lui décernant un « Prix de la désinformation »(23), qui en le traitant d’« ennemi de l’intérieur »(24), de « faussaire récidiviste », de « fauteur de guerre », ou encore de « criminel de l’audiovisuel » (sic)(25). Ainsi chauffés à blanc, quelques imbéciles sont allés jusqu’à le menacer de mort et agresser son épouse.

Une autre des caractéristiques de la pensée du soupçon est que « rien n’arrive par hasard ». « Que faisaient le père et le fils à cette intersection ce jour-là, cachés derrière un baril de béton ? Pourquoi ne se sont-ils pas mis à l’abri ? » s’interroge-t-on. A ces questions faussement naïves, on est tenté de répondre que comme tous les civils fauchés par des balles au milieu d’une fusillade de rue, les Al-Dura passaient par là, tout bêtement. Et que, pétrifiés par la peur, ils ont choisis d’attendre la fin de la fusillade. Mais pour le récit conspirationniste, l’affaire est entendue : « l’enfant et son père sont les acteurs d’un film de propagande ; ils jouent la comédie ». Et de présenter, en guise de preuve indiscutable, les images des rushes de France 2 où l’on peut discerner, en fonction de l’interprétation que l’on en fait, tantôt des mises en scène de « blessures imaginaires », tantôt de vraies blessures, accompagnées d’un certain théâtralisme. La vérité, ici, est une question d’interprétation. Les uns voient des « scènes jouées » – c’est le cas de Denis Jeambar, Daniel Leconte(26) et de plusieurs de leurs confrères(27). Les autres – comme l’éditorialiste israélien Larry Derfner, auteur d’un des articles les plus impartiaux sur cette affaire(28) – ne voient que « jets de pierre, tirs, fumée, feu, gaz lacrymogène ». Mais à supposer que des Palestiniens se livraient à des saynètes de ce genre, cela prouverait-il pour autant que le passage de la fusillade est une mise en scène ? A cet égard, les arguments de Richard Landes(29) (les deux doigts passant devant l’objectif de Talal Abu Rahmeh seraient le signe d’une « deuxième prise » ; les jeunes Palestiniens passant en courant devant les Al-Dura ne seraient que des figurants en train de « dégager le plateau » ; etc.) ne convainquent que les convaincus.

Reste le caractère confus, contradictoire(30) et, pour tout dire, très troublant(31) des déclarations de Talal Abu Rahmeh. A cet égard, formulons une hypothèse – qui vaut ce qu’elle vaut mais qui en vaut bien d’autres : ce jour-là, au carrefour de Netzarim, à Gaza, Talal Abu Rahmeh saisit les images de l’agonie d’un enfant sous une rafale de balles dont il ignore, en réalité, la provenance. Certain que les tirs viennent de la position israélienne, Talal Abu Rahmeh appelle Charles Enderlin pour lui raconter la scène à laquelle il vient d’assister. Ce dernier, parce qu’il fait une confiance absolue à son cameraman avec lequel il travaille depuis plus de dix ans, mais aussi parce que ces images correspondent à la vision qu’il se fait de « la réalité de la situation »(32) – que partage, dans un premier temps, l’armée israélienne elle-même(33) –, les commente en reprenant la description des événements telle qu’elle lui a été faite, c’est-à-dire en attribuant l’origine des tirs ayant touché le père et le fils à la position israélienne tout en indiquant que ce sont les Palestiniens qui ont déclenché la fusillade.

Plus tard, après que ces images ont fait le tour du monde(34), Talal Abu Rahmeh, devenu un héros de la cause palestinienne, aura exagéré les choses en déclarant notamment que les tirs israéliens avaient duré trois quart d’heure – trois quart d’heure pendant lesquels le père et son fils n’auraient pas cessé d’être mitraillés ! –, et que les soldats israéliens avaient abattu l’enfant « intentionnellement et de sang froid ». Puis, témoignant devant la journaliste allemande Esther Schapira, Talal Abu Rahmeh aura été rattrapé par les incohérences de ses propres déclarations. Revenant à une version plus sobre, et sans doute plus fidèle à la réalité, il se rétractera deux ans plus tard, assurant n’avoir jamais dit que les tirs avaient été intentionnels.

Pour qui accepte de les prendre au sérieux et de les soumettre à l’examen, les thèses conspirationnistes soulèvent de nombreuses interrogations auxquelles aucune explication satisfaisante n’a encore été apportée :

1/ Comment le secret d’un tel « bidonnage » aurait-il pu être gardé jusqu’à aujourd’hui alors qu’il impliquerait un nombre aussi élevé de personnes : Talal Abu Rahmeh ; les cameramen d’Associated Press et de Reuters, présents sur les lieux de la fusillade ; la famille Al-Dura ; des dizaines de jeunes palestiniens devant la position israélienne de Netzarim ; les médecins palestiniens qui ont prononcé le décès du jeune garçon à l’hôpital Shifa de Gaza ; les chirurgiens qui ont opéré le père, Jamal Al-Dura(35) ; les infirmières et autres membres de l’équipe médicale de l’hôpital militaire d’Amman, où Jamal Al-Dura a séjourné pendant quatre mois, etc.

2/ A supposer que Mohammed Al-Dura soit encore en vie, qui est l’enfant qui a été enterré à sa place ? Et pourquoi Jamal Al-Dura, son père, se risquerait-il aujourd’hui à accepter que la dépouille de son fils soit exhumée, dans le cadre d’une nouvelle enquête, pour procéder à des tests ADN ?

3/ Si, au contraire, ce n’est pas Mohammed Al-Dura qui apparaît dans le reportage de Charles Enderlin, qui donc est cet enfant qui se serait retrouvé, ce jour-là, derrière un baril de béton aux côtés de Jamal Al-Dura ?

4/ Si l’enfant a été abattu par des activistes palestiniens afin d’en faire un martyr, pourquoi auraient-ils laissé le père en vie ? Surtout, comment Jamal Al-Dura aurait pu laisser tuer son propre fils ? Et puisque l’enfant a bien été victime d’une rafale de balles ce jour-là, pourquoi aurait-on eu besoin d’un chiffon rouge pour simuler une tâche de sang ? De la même manière, puisqu’il simulait si bien l’agonie (l’enfant aurait lancé un regard de « connivence » en direction du cameraman), pourquoi l’aurait-on éliminé ?

5/ Si Talal Abu Rahmeh est un bon faussaire, pourquoi n’a-t-il pas tout simplement envoyé à Charles Enderlin de fausses images expurgées des fameux rushes qui sont si sujets à controverse ? Si, au contraire, c’est un piètre metteur en scène – au point de passer ses deux doigts devant l’objectif afin d’indiquer qu’il entame une « deuxième prise » –, comment se fait-il qu’il n’y ait aucune trace de montage sur sa cassette vidéo (selon les conclusions d’experts indépendants qui ont authentifié la cassette pour le compte de France 2) ?

6/ Comment des Palestiniens qui n’auraient rien eu d’autre à leur disposition qu’un bout de tissu rouge pour simuler une tâche de sang seraient-ils parvenus à falsifier le dossier médical du père, en y incluant notamment de fausses radios montrant sa blessure au bassin(36) ?

7/ Si Jamal Al-Dura joue si mal la comédie (certains prétendent qu’on le voit sourire pendant la fusillade et que les signes qu’il fait en direction de la caméra de Talal Abu Rahmeh signifient qu’il demande des instructions), comment a-t-il pu si bien simuler ses blessures devant l’ambassadeur de Jordanie en Israël – qui l’a accompagné en ambulance depuis Gaza à Amman pour qu’il soit soigné dans un hôpital militaire –, le roi Abdallah de Jordanie – qui est venu lui rendre visite à l’hôpital –, et les journalistes israéliens Tom Segev et Semadar Peri – qui lui ont également rendu visite à l’époque ?

La vieille question de Cicéron, « à qui profite le crime ? », ajoutée aux déclarations de Talal Abu Rahmeh – dont on a appris qu’il était aussi un militant(37) – et à l'impossibilité de reconstituer la scène du drame (aucune balle n'a été récupérée et le site originel a été rasé par l’armée israélienne une semaine après la fusillade) ont instillé le doute. De sorte que discuter de l’affaire Al-Dura revient à avancer en terrain miné. Il semble aujourd’hui impossible de critiquer les thèses conspirationnistes sans être rangé parmi ceux qui attribuent l’origine des tirs à « la position israélienne »(38). Compte tenu de l’incroyable virulence des attaques menées contre Charles Enderlin, il semble tout aussi impossible de critiquer le fond ou la forme de son reportage sans passer pour un extrémiste, partisan de la théorie du complot, un « conspira-sioniste »(39). Une situation d’autant plus regrettable qu’il est permis de douter de la crédibilité d’un des principaux soutiens d’Enderlin, l’avocat Guillaume Weill-Raynal, celui-ci ayant consacré une partie d’un de ses livres(40) à examiner très sérieusement l’hypothèse que Thierry Meyssan(41) puisse être un agent à la solde des néo-conservateurs américains !

Ajoutons qu’aucun des pourfendeurs de la théorie du complot ne s’est à ce jour attristé de ce que Jamal Al-Dura colporte lui-même une autre thèse conspirationniste selon laquelle les Israéliens tuent délibérément les enfants palestiniens afin d’anéantir son peuple(42).

A l’heure actuelle, il demeure impossible de savoir d’où provenaient les balles qui ont causé la mort de Mohammed Al-Dura. Sur ce point, les uns et les autres, en fonction de leurs sensibilités, continueront de croire ce qui les arrange. Il est malheureusement vain d’essayer de leur en faire démordre. Talal Abu Rahmeh a la conviction que les tirs provenaient de l’avant-poste israélien. A l’instar des journalistes Esther Schapira, Denis Jeambar et Daniel Leconte, qui rejettent tous l’idée d’une mise en scène, Larry Derfner pense, de son côté, « que ce sont probablement des tireurs palestiniens, et non israéliens comme on l’a cru au départ, qui ont tué Mohammed Al-Dura et blessé son père Jamal »(43).

En ce domaine, l’agnosticisme semble être la voie de la sagesse. Car il en va de l’affaire Al-Dura comme de l’assassinat de JFK : on a le sentiment qu’on ne connaîtra jamais le fin mot de l’histoire. Ainsi que l’écrit Meïr Waintrater, directeur de la rédaction de L’Arche, « les éléments qui ont été diffusés […] ne permettent pas de porter un jugement définitif sur la matérialité des faits »(44). C’est d’ailleurs l’avis d’Arlette Chabot, directrice de l’information de France 2.

Le 18 septembre dernier, Patrick de Carolis, PDG de France Télévision, a accepté la création d'une commission d'enquête indépendante sur l'affaire Al-Dura présidée par Patrick Gaubert, président de la LICRA. Charles Enderlin est favorable à cette initiative.

Lire aussi l'article suivant de Pierre-André Taguieff: "L'affaire al-dura ou le renforcement des stéréotypes antijuifs"

 

NOTES

(1) Charles Enderlin est le correspondant permanent de France 2 en Israël. Il dirige les bureaux de France 2 à Jérusalem depuis 1991 et y vit depuis la fin des années soixante. Il détient la double nationalité franco-israélienne.

(2) Voir le reportage sur le blog de Charles Enderlin : http://blog.france3.fr/charles-enderlin/index.php/2008/05/28/73147-le-sujet-du-30-septembre-2000

(3) « Les gens ont pris l'habitude de l'appeler Mohamed Al-Dura car ils pensaient qu'il lui ressemblait, mais il s'agit en fait du vrai Mohamed Al-Dura » selon Nahum Shahaf, qui a été chargé de la reconstitution des faits pour le compte d’une enquête menée sous l’autorité du général israélien Yom Tov Samia (source : http://www.guysen.com/topnews.php?tnid=545).

(4) Directeur de Media-Ratings, une « agence de notation des médias » (www.m-r.fr), Philippe Karsenty a mis en ligne, le 22 novembre 2004, un article intitulé « France 2 – Arlette Chabot et Charles Enderlin doivent être démis de leurs fonctions » (http://www.m-r.fr/actualite.php?id=1064) dans lequel il accusait France 2 d’avoir diffusé un « faux reportage » mettant en scène « la fausse mort de Mohamed Al-Dura ». Après avoir été condamné en première instance, il a été relaxé par la Cour d’appel de Paris le 21 mai 2008.

(5) Rapporté sur son blog par Charles Enderlin : http://blog.france3.fr/charles-enderlin/index.php/2008/06/25/74595-replique-a-elie-barnavi#c198438

(6) « Je ne t’ai jamais emprunté ton chaudron ; d’ailleurs, je te l’ai rendu en bon état ; et puis, de toutes façons, il était déjà troué ».

(7) Il existe à Bamako, la capitale du Mali, une « Place de l’enfant martyr de Palestine » sur laquelle est reproduite, en grand format, l’image du père et de son fils s’abritant derrière un baril de béton.

(8) Voir à ce sujet l’article de Pierre-André Taguieff, « Imposture médiatique et propagande "antisioniste" : une adaptation contemporaine de la légende du "crime rituel juif" », http://www.debriefing.org/26506.html.

(9) Les images du père et de son fils ont été présentées avec, intercalées, celles d’un soldat israélien en train de les viser et de tirer afin de supprimer toute incertitude chez le spectateur sur l’origine des tirs.

(10) Bruno Guigue, un sous-préfet en exercice, remercié depuis, relayait encore récemment ce mythe en parlant d’Israël comme du « seul Etat au monde dont les snipers abattent des fillettes à la sortie des écoles ».

(11) A titre d’exemple, souscrivant successivement à la première et à la deuxième thèse, la Mena affirme que « de sérieux doutes pèsent sur la filiation réelle entre Jamal et l’enfant de Netzarim ainsi que sur l’identité de celui qui a été inhumé comme étant Mohammed Al-Dura ».

(12) « A-Dura, l’enquête », (20 minutes, novembre 2002). Production : Metula News Agency. Le documentaire, réalisé sur la base de l’enquête de Nahum Shahaf, a été diffusée sur Guysen TV : http://www.dailymotion.com/relevance/search/al+dura/video/x327tx_laffaire-al-dura-scandale-et-revela_news.

(13) Il s’agit d’une agence de presse israélienne francophone qui s’est donné pour but de « rééquilibrer », au profit d’Israël, la couverture médiatique qui est faite du conflit du Proche-Orient.

(14) « Dans les mois qui ont suivi cet assassinat, des théories délirantes visant à minimiser la responsabilité de l'extrême droite religieuse ont été imaginées. Certains ont ainsi expliqué que le Shin Beth (service de sécurité intérieure), en accord avec Yitzhak Rabin, aurait secrètement chargé le revolver d'Ygal Amir avec des balles à blanc. Cette mise en scène devait discréditer la droite israélienne et renforcer le camp de la paix. Mais à la dernière minute, des balles réelles auraient été replacées dans l'arme. Toutes ces thèses farfelues ont été écartées par la commission d'enquête présidée par le Président de la Cour suprême, Meïr Shamgar » (cf. Nicolas Zomersztajn, « Affaire Al-Dura : la pseudo enquête d’une imposture », sur le site du Centre communautaire laïc juif de Belgique http://www.cclj.be/regards/web/gd_analyses_view.asp?id=18).

(15) Cf. la « Une » de Libération du 30 septembre 2000, où l’on voyait un policier israélien en train de hurler et brandissant de manière menaçante une matraque devant un jeune homme ensanglanté présenté comme un Palestinien. Titre : « Jérusalem, la provocation ». Légende : « Vendredi sur l’esplanade des Mosquées, un soldat israélien et un manifestant palestinien blessé ». Il s’avérera que le jeune homme en question était un étudiant juif américain du nom de Tuvia Grossman pris à partie et poignardé par des Palestiniens et que le policier israélien était en réalité en train de le défendre. Autre information erronée : la scène ne se déroulait pas sur l’esplanade des Mosquées.

(16) Cf. les chiffres de l’ONG B’Tselem (Centre israélien d’information pour les droits de l’homme dans les Territoires occupés) cités dans Charles Enderlin, « Non à la censure à la source », Le Figaro, 27 janvier 2005.

(17) Voir le reportage sur le blog de Charles Enderlin : http://blog.france3.fr/charles-enderlin/index.php/2008/04/27/71534-analyse-de-la-reconstitution

(18) Claude Sérillon introduisait le reportage sur l’enquête militaire israélienne dans les termes suivants : « "Plausible", c’est le qualificatif utilisé par l’armée israélienne pour désigner comme responsables de la mort du petit Mohammed, 12 ans, des tirs palestiniens. "Plausible", cela veut dire "qui semble être admis". Mais ce rapport est évidemment très controversé, on se souvient que les responsables militaires israéliens avaient dans un premier temps indiqué comme "probable" l’hypothèse selon laquelle l’enfant avait été tué par des balles israéliennes ».

(19) Interviewé par Esther Schapira, il indique que la police palestinienne a récupéré les balles et qu’il les a lui-même filmées.

(20) L’explication a été apportée par Charles Enderlin devant la 11ème chambre de la Cour d’appel de Paris le 14 novembre 2007 : « [Mohammed Al-Dura] était en danger. En arabe, on dit que l’enfant est mort quand on sait qu’il va mourir ».

(21) Il est fréquent que les médias occidentaux – y compris israéliens – travaillent avec des cameramen d’origine palestinienne, seuls à pouvoir opérer dans les Territoires palestiniens lors des moments de tension notamment.

(22) La phrase est tirée d’une critique dithyrambique du livre de Gérard Huber, l’auteur de Contre-enquête d’une mise en scène (éditions Raphaël, 2003) parue sur le site Primo-Europe (http://www.primo-europe.org/dossiers.php?dossier=1&chapt=2#1). Gérard Huber est psychanalyste. A l’époque de la diffusion du reportage de Charles Enderlin sur France 2, il était correspondant bénévole à Paris pour la Mena.

(23) Le 2 octobre 2002, un « Collectif contre la désinformation » (composé notamment de l’Association pour le bien-être des soldats israéliens et de la Ligue de défense juive) a organisé une manifestation devant les locaux de France Télévision pour remettre symboliquement un « prix de la désinformation » à France 2 et à Charles Enderlin. Jusque-là, ce « prix de la désinformation » était appelé « prix Goebbels de la désinformation ». Selon les organisateurs, il était « attribué à un journaliste ou un support de presse dont le travail de désinformation est dans la digne suite de celui de Joseph Goebbels » (http://moise.sefarad.org/belsef.php/id/863/).

(24) « Il est temps que les choses soient rectifiées et que nous n’ayons pas des ennemis de l’intérieur qui nous abattent ». La citation est de Philippe Karsenty. Elle est tirée du documentaire de Stéphane Malterre, « Rumeurs, intox : les nouvelles guerres de l'info », diffusé sur Canal + le 24 avril 2008 (http://tempsreel.nouvelobs.com/videos/index.php?id_video=3766).

(25) On trouvera un florilège des messages haineux adressés à Charles Enderlin dans une rubrique qu’il leur a consacré sur son blog : http://blog.france3.fr/charles-enderlin/index.php/Messages-haineux-et-autres

(26) « […] le visionnage permet de relever, avec l’approbation de nos confrères de France 2 présents autour de la table que, dans les minutes qui précèdent la fusillade, les Palestiniens semblent avoir organisé une mise en scène. Ils « jouent » à la guerre avec les Israéliens et simulent, dans la plupart des cas, des blessures imaginaires » in « Guet-apens dans la guerre des images », Le Figaro, 25 janvier 2005.

(27) Mis devant les images des rushes, Didier Epelbaum (France 2) aurait dit à Denis Jeambar, Daniel Leconte et Luc Rosenzweig : « mais, vous savez, c’est toujours comme ça ». Daniel Leconte a confirmé, sur RCJ, le 1er février 2005 : « les gens de France 2 qui étaient autour de la table avec nous ont reconnu ça sans aucun problème ».

(28) “Get real about Muhammad al-Dura”, Jerusalem Post, 18 juin 2008 http://www.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1213794271049&pagename=JPost%2FJPArticle%2FShowFull ; traduction française de Gérard Eizenberg (La Paix Maintenant) sous le titre « Affaire Mohammed al-Dura - Enderlin : Un peu de bon sens SVP » http://www.lapaixmaintenant.org/article1819.

(29) Richard Landes est un professeur américain d’histoire médiévale à l’Université de Boston. Il est l’auteur du néologisme « Pallywood » qu’il définit comme « l’industrie audiovisuelle de propagande palestinienne ». Il a réalisé le film « Al Durah, the birth of an icon » [« Al-Dura, la naissance d’une icône »] (http://www.dailymotion.com/visited/search/al+dura/video/xl8jf_leffroyable-imposture_news).

(30) Dans sa déposition sous serment au Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme (PCHR) le 3 octobre 2000, Talal Abu Rahmeh déclare que l’enfant a été tué « intentionnellement et de sang froid » par les soldats israéliens. Dans le reportage diffusé au JT de 20h00 de France 2 le lendemain, il déclare : « Je suis sûr que les tirs venaient du côté israélien ». Puis, interrogé par Esther Schapira (dans "Three Bullets and a Dead Child : Who Shot Mohammed al-Dura ?" [« Trois balles et un enfant mort : Qui a tué Mohammed Al-Dura ? »], diffusé sur la chaîne allemande ARD courant mars 2002), il répond qu’il n’a jamais dit que les tirs étaient venus de la position israélienne. Enfin, dans un fax adressé à France 2 Jérusalem le 30 septembre 2002, il soutient : « Je n'ai jamais dit à l'Organisation palestinienne des droits de l'homme que les Israéliens avaient tué intentionnellement ou en connaissance de cause Mohamed Al-Dura et blessé son père ».

(31) Interviewé en anglais par Esther Schapira, il explique, confus, que les journalistes ont, pour des raisons de sécurité, « certains secrets », et qu’ils ne peuvent pas « tout donner » (« We have some secrets you know, for our safe. We cannot give anything… everything »).

(32) « pour moi, l’image correspondait à la réalité de la situation non seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie » in Charles Enderlin, « Non à la censure à la source », Le Figaro, 27 janvier 2005.

(33) Sur le moment, le porte-parole de Tsahal, Olivier Rafowicz, n’écarte pas la responsabilité israélienne, se bornant à rappeler que les Palestiniens avaient commencé à ouvrir le feu : « C’est vrai, lorsque je traitais l’information, à une certaine époque, nous étions tellement habitués  à traiter des milliers d’images et de faits – la plupart défavorables à Israël – que nous n’osions douter de leur authenticité. Il y avait un conflit pour le monde, il y avait les bons et les méchants. Nous étions les ‘’méchants’’, en tout cas perçus comme tels, ce qui expliquait notre politique de communication défensive et de justification de nos actes » in « Faire enfin la lumière sur l’Affaire Al-Dura », Infolive.tv, 25 juin 2008 (http://www.infolive.tv/fr/infolive.tv-24734-israelnews-faire-enfin-la-lumiere-sur-laffaire-al-dura). En outre, quelques jours après la fusillade, le général israélien Giora Eiland concédait que, dans des conditions de visibilité restreinte, il était « plausible » que les tirs soient venus de la position israélienne.

(34) « Les images de France 2 sont projetées en boucle sur les télévisions arabes. Gratuitement, puisque l'accord de la chaîne a été obtenu pour que la rediffusion du film ne s'accompagne d'aucune rémunération. Ne serait-il pas indigne de chercher à gagner de l'argent avec un tel drame ? » in Jacques Bertoin (avec Farid Alilat), « L’horreur manipulée ? », Jeune-Afrique, 23 janvier 2005 http://www.jeuneafrique.com/jeune_afrique/article_jeune_afrique.asp?art_cle=LIN23015lhorrelupin0.

(35) Voir les images tournées à l'hopital Shifa le 1er octobre 2000 par Talal Abou Rahmeh (http://blog.france2.fr/charles-enderlin/index.php/2008/09/08/78161-les-blessures-de-jamal-a-dura). On y voit un médecin palestinien décrire les blessures subies la veille à Netzarim par Jamal Al-Dura.

(36) Le dossier médical jordanien de Jamal Al-Dura a été soumis au Professeur Raphaël Walden, de l’hôpital Tel Hashomer, spécialiste de la chirurgie vasculaire, ancien officier supérieur de réserve et médecin personnel de l’actuel Président de l’Etat d’Israël, Shimon Pérès. Son rapport, qui se base sur le dossier médical de l’hospitalisation du 1er octobre 2000 de Jamal Al- Dura est consultable ici : http://www.upjf.org/actualitees-upjf/article-14813-145-7-al-dura-pieces-verser-au-dossier-futur-groupe-travail-dexperts-independants.html

(37) En 2001, alors qu’il recevait un prix, au Maroc, pour ses images des Al-Dura, Talal Abu Rahmeh a déclaré : « Je suis venu au journalisme afin de poursuivre la lutte en faveur de mon peuple ». Il serait par ailleurs un militant du Fatah. Dans le cadre de son activité professionnelle, il a été interpellé à deux reprises par la police palestinienne (l’Autorité palestinienne ne voulant pas qu’il tourne tel ou tel sujet) puis relâché à la suite des protestations du Bureau de France 2 à Jérusalem.

(38) C’est le cas des signataires de la pétition « Pour Charles Enderlin », parue dans Le Nouvel Observateur, le 27 mai 2008 ; http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/medias/20080604.OBS7106/pour_charles_enderlin.html.  Au mépris de toutes les précautions qui devraient désormais s’imposer en la matière, le texte parle en effet de « la mort de Mohammed al-Doura, 12 ans, tué par des tirs venus de la position israélienne ». Le 4 juillet 2008, Mehdi Benchelah persistait à parler, sur Radio France Internationale, de l’« assassinat » de Mohammed Al-Dura.

(39) Selon l’expression employée par Alain Finkielkraut sur RCJ le 5 juin 2008.

(40) Les Nouveaux Désinformateurs, éditions Armand Colin, 2007.

(41) Thierry Meyssan dirige le Réseau Voltaire. Il est à l’origine de la théorie complotiste selon laquelle aucun avion ne se serait écrasé sur le Pentagone le 11 septembre 2001. Selon lui, les attentats ont été commandités non par Al-Qaïda mais par le gouvernement des Etats-Unis lui-même afin d’avoir un prétexte pour intervenir militairement en Afghanistan et en Irak.

(42) « The Israelis intend to kill children less than 16 years of age. So they won't grow up and build families. That is how they will annihilate the Palestinian people » [tr. : « Les Israéliens ont pour intention de tuer les enfants de moins de 16 ans. Ainsi, ils ne pourront pas grandir et fonder des familles. C’est ainsi qu’ils anéantiront le peuple palestinien »]. Déclaration de Jamal Al-Dura dans une interview donnée sur un forum de discussion sur Arabia.com le 30 octobre 2000 (http://www.addameer.org/september2000/personal/jamal.html).

(43) “Get real about Muhammad al-Dura”, Jerusalem Post, 18 juin 2008 http://www.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1213794271049&pagename=JPost%2FJPArticle%2FShowFull ; traduction française de Gérard Eizenberg (La Paix Maintenant) sous le titre « Affaire Mohammed al-Dura - Enderlin : Un peu de bon sens SVP » (http://www.lapaixmaintenant.org/article1819).

(44) L’Arche, n° 598, mars 2008, pp. 34-35.

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