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    Décryptage

    Des «emplois francs» pour les diplômés des cités

    Par Alice Géraud (mis à jour le )
    Vue des quartiers nord d'Amiens, en août 2012
    Vue des quartiers nord d'Amiens, en août 2012 AFP

    Alors que les zones franches affichent un «bilan très mitigé», le ministère de la Ville va tester un nouvel outil dans quatre communes.

    Amiens, Grenoble, Marseille et Clichy-sous-Bois. Selon nos informations, ces quatre villes vont expérimenter un outil inédit de lutte contre le chômage des jeunes issus des quartiers populaires : les «emplois francs». Le cabinet de François Lamy, le ministre de la Ville, planche encore sur les modalités, mais le dossier est en passe d’être bouclé, et les premiers emplois francs devraient voir le jour début 2013.

    Portée pendant la campagne électorale par Terra Nova et l’association de maires Ville et Banlieue, cette mesure avait été reprise par François Hollande dans ses soixante propositions de candidat. Le principe est construit sur le modèle inversé des zones franches urbaines (ZFU). L’objectif de ces zones créées en 1996 était d’attirer des entreprises dans des quartiers défavorisés à fort taux de chômage grâce à des exonérations de cotisations sociales et fiscales. Le but des emplois francs est au contraire de permettre à des jeunes habitant ces zones de trouver un emploi en dehors de leurs quartiers. «On inverse la logique : ce n’est plus l’entreprise qui bénéficie d’exonérations parce qu’elle s’installe dans un quartier en difficulté. C’est l’entreprise qui accueille un jeune venant des quartiers en difficulté qui bénéficie d’exonérations», résume François Lamy.

    Déserts médicaux. Les zones franches urbaines font l’objet de nombreuses critiques et, selon le ministre, «leur bilan est très mitigé» : «On a eu beaucoup d’effets d’aubaine et d’effets pervers.» Cela a été notamment le cas pour les professions médicales. En Seine-Saint-Denis, par exemple, les médecins se sont concentrés dans les zones franches, créant autour des déserts médicaux. Par ailleurs, les entreprises installées en zones franches n’ont pas assez recruté dans ces quartiers.

    Aujourd’hui, ces zones, créées à chaque fois pour des périodes de cinq ans, s’éteignent progressivement. En 2011, les ZFU coûtaient 151 millions d’euros en exonération de cotisations, et 274 millions en exonérations fiscales. Sous le précédent gouvernement, ces sommes sortaient des crédits de la Politique de la ville. Le ministère de François Lamy a obtenu qu’une partie de cet argent serve à financer les emplois francs.

    Les premières expérimentations début 2013 dans les quatre villes choisies ne porteront que sur quelques centaines d’emplois et devraient donc avoir un coût très limité. Mais, si elles s’avèrent positives, le dispositif pourrait prendre de l’ampleur. Venant compléter les autres futurs dispositifs pour l’emploi des jeunes dans les quartiers que sont les emplois d’avenir, les contrats de génération et les dispositifs spécifiques de la future Banque publique d’investissement.

    Les quatre villes choisies abritent des quartiers à très fort taux de chômage (42% en moyenne chez les jeunes actifs, 57% à Amiens-Nord). Elles s’inscrivent dans des bassins d’emplois pour certains très dynamiques, comme Grenoble, pour d’autres plus apathiques, comme Amiens.

    Clichy-sous-Bois, ville très enclavée de la Seine-Saint-Denis, souffre de difficultés d’accès aux bassins d’emplois proches de la région parisienne. Ces quartiers ont aussi un fort déficit d’image. Les quartiers Nord de Marseille, la Villeneuve à Grenoble, les quartiers Nord d’Amiens et Clichy-sous-Bois ont tous fait la une des médias récemment pour des faits de violences. Or, comme le souligne François Lamy, «la mauvaise image de ces quartiers constitue un frein à l’emploi pour les jeunes qui y sont domiciliés».

    Pour le ministre, les emplois francs seront «autant un outil pour l’emploi qu’un outil antidiscrimination». «Car, à qualifications égales, on sait très bien qu’un jeune issu des quartiers en difficulté a moins de chances, voire très peu de chances, d’être pris.»

    Privé. Contrairement aux emplois d’avenir, qui visent les jeunes les moins qualifiés et les plus éloignés du travail, les emplois francs s’adresseront donc plutôt aux jeunes diplômés qui souhaitent travailler dans le privé. Ces bac + 4 ou 5 qui n’arrivent pas, du fait de leur adresse ou de leur nom, à trouver leur premier emploi.

    Alice Géraud
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