SUR LES ÉCRANS

LE LIVRE À L'ECRAN. Par Claudia Mélin, Directrice éditoriale de Payot.ch

Nul n’ignore le rapport étroit qui existe entre les livres et le cinéma. Nombreux sont les réalisateurs qui portent à l’écran ou « adaptent », avec plus ou moins de bonheur il faut le dire, une œuvre littéraire. Que celle-ci ait déjà connu ou non la faveur du public, il reste que le film donne toujours l’envie de revenir au texte, pour le découvrir ou tout simplement pour s’y replonger.

La primeur d’une œuvre sur l’autre, pour ne pas parler d’un art sur l’autre, affecte parfois la perception que l’on peut en avoir. Avoir aimé un livre peut condamner la perception que l’on aura de son adaptation cinématographique, si l’on s’attend à ce qu’elle nous procure les mêmes émotions ou tout du moins quelque chose qui soit aussi intense… C’est loin d’être toujours le cas. Toujours est-il qu’il est bon de se faire son propre jugement…

Alors bon film et bonne lecture !

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Le 15 janvier 1947, dans un terrain vague près de Leimert Park à Los Angeles, est découvert le corps nu et mutilé, sectionné en deux au niveau de la taille, d'une jeune fille de 22 ans, Elisabeth [Betty] Short. Son visage est défiguré et son assassin semble lui avoir fait subir tous les sévices possibles … Deux collègues et amis appartenant au LAPD [Los Angeles Police Department], Bucky et Lee, commencent alors une enquête difficile. L’histoire est particulièrement sombre autant que sont noirs les cheveux de la jeune femme, ses vêtements et son destin, ce qui lui vaudra d’être surnommé « Le Dahlia Noir » par un reporter de l’époque. Ce meurtre particulièrement horrible, au point que les clichés de la police ne seront jamais rendus publics, mêlant sentiments, perversité, secrets de famille, violence meurtrière, a passionné et tenu en haleine toute l’Amérique pendant près de soixante ans et ce, jusqu’à la parution du livre de l’inspecteur Steve Hodel, L'affaire du Dalhia Noir qui, après avoir repris l’enquête, semble apporter des éléments probants quant à la résolution du crime… James Ellroy a quant lui a souvent confessé que le meurtre de sa mère l’avait marqué à vie, aussi ne peut-on s’empêcher de voir dans son roman, qui fait aujourd’hui l’objet de cette très belle adaptation par Brian de Palma, comme une volonté ou un moyen de se déjouer de cette blessure profonde en la soumettant par l’écriture…

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Nul n’est besoin d’avoir lu le livre d’Alain Corbin, Le Miasme et la jonquille, L’odorat et l’imaginaire social au XVIII^e et XIX^e siècle [Flammarion, 1986], un fabuleux essai sur le développement en Occident d’une sensibilité nouvelle aux odeurs et qui se lit comme un roman, pour apprécier l’ouvrage de Patrick Süskind, Le parfum : histoire d’un meurtrier qui fait l’objet du film dirigé par Tom Tykwer. Ce n’est cependant pas un hasard si l’auteur situe son intrigue dans la France du début du XVIII^e siècle. Jean-Baptiste Grenouille, enfant abandonné et difforme, est rejeté car il n'a pas d'odeur. Il est cependant doté d'un don unique qui le rend capable de percevoir toutes les odeurs du monde, celles que nul ne peut sentir, pas même les animaux. Ivre de parfums et d’essences, de fragrances aux mille nuances, Jean-Baptiste touche à une sphère à laquelle nul autre ne peut accéder… De son désir d’odeur se dégage et s’exprime une violence animale, furieusement jouissive, et de ce fait incompatible avec la morale des hommes… Les odeurs de peaux, celles de parfums féminins, naturels, aux accents délicats, suaves, d’une évanescence instinctive, le contraignent au fil de sa vie à l’immodération d’une passion incontrôlable et meurtrière… Auteur allemand de théâtre, scénariste et romancier, Patrick Süskind connut un succès mondial dès la parution de ce premier roman en 1986. Traduit dans plus de 20 langues, Le parfum est devenu un « classique » de la littérature allemande, aujourd’hui consacré par son adaptation au cinéma.

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Entre l’enfance et l’âge adulte, il y a des émois, silencieux, qui abîment… Porté disparu au cours des combats des Éparges, près de Verdun, le 22 septembre 1914, dans les premiers affrontements de la Première Guerre mondiale, Alain-Fournier est l’auteur du seul Grand Meaulnes dont il n’aura pas le temps de réaliser le succès naissant… « Le passé ne peut renaître », l’innocence évanouie n’à que faire des leçons de l’âge… D’une sensibilité poétique, ce récit initiatique a tout de la quête de l’absolu. C'est en juin 1905, au cours d'une brève promenade sur les quais de la Seine, qu’Alain-Fournier rencontre Yvonne Quiévrecourt, qui sera le premier grand amour de sa vie. Il ne la retrouvera que huit ans plus tard, mariée et mère de deux enfants… À l’aulne de la brisure naît l’écriture… Ainsi Le Grand Meaulnes raconte-t-il l'étrange et mystérieuse aventure d'un « amour entrevu » dans le décor de la campagne solognote : celui d'Augustin Meaulnes pour Yvonne de Galais... Amour malheureux, qui marquera de ses conséquences tragiques le destin de quatre jeunes gens…

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Diplômée de l'université Cornell, Lauren Weisberger a parcouru un temps le monde pour se faire de l'argent, avant de retourner aux États-Unis, où elle décrocha son premier travail : assistante d'Anna Wintour, rédactrice en chef de Vogue US. Tiré de cette expérience, son premier roman, Le Diable s’habille en Prada, est resté six mois, après sa sortie en 2003, au sommet des ventes du NY Times Bestsellers, avant de connaître le succès mondial qui consacra son auteur avec la sortie de son second roman, People or not People, comme un des plus célèbres du genre que l’on appelle dorénavant la « Chick litt. » [la littérature pour nanas, le terme « Chicks » signifiant « Poulettes »].