REPLAY - À l'image de Sid Ahmed Ghlam, les nouveaux terroristes utilisent des techniques de dissimulation qui leur permettent d'échapper aux radars des services secrets.

Les attentats de Villejuif déjoués de manière imprévue par les autorités sont la parfaite illustration des nouvelles techniques utilisées par les terroristes pour échapper aux radars des services secrets. Selon une révélation de Bernard Cazeneuve devant l'Assemblée nationale, Sid Ahmed Ghlam, dénoncé par son petit frère de 9 ans, avait été entendu par les enquêteurs qui n'avaient relevé aucun élément à charge contre lui.
Si le suivi initié dès le renseignement sur sa radicalisation n'a pas abouti, c'est parce que la nouvelle menace terroriste qui plane sur la France se caractérise par des techniques de dissimulation que les services secrets peinent à contrer.
L'art de la dissimulation
Cette technique a même un nom, la "taqiya", l'art de la dissimulation en langue arabe, qui n'est autre que le vieux démon des enquêteurs anti-terroristes. Même en présence de psychologues et d'experts lors des interrogatoires, les djihadistes se jouent des soupçons car il n'ont pas le profil "classique" des islamistes radicaux. Ils ont par exemple un discours anti-violence, ne portent pas de barbe ni de tenue traditionnelle, certains mangent même du porc et boivent de l'alcool.
On avait à faire jadis à des individus qui avaient des difficultés socio-économiques. Aujourd'hui, on a des enfants de professeurs, de fonctionnaires, de médecins ou d'avocats.
Mohamed Douhane, secrétaire national du syndicat Synergie-Officier
"On a à faire à un public de plus en plus hétérogène, indique ainsi Mohamed Douhane, le secrétaire national du syndicat Synergie-Officiers. On avait à faire jadis à des individus d'origine immigrée qui avaient des difficultés socio-économiques. Aujourd'hui, on a des enfants de professeurs, de fonctionnaires, de médecins ou d'avocats. Beaucoup de djihadistes, d'apprentis terroristes se dissimulent dans un groupe et ne laissent ainsi aucune trace. C'est pour cela que la mosquée ou tout simplement la prison n'est plus le passage obligé".
Les terroristes ont désormais adopté les méthodes de n'importe quel bandit, adoptant avec la "taqiya" le terme de "gangsterrorisme", un savant mélange de mensonges et de silence pour avoir toujours une longueur d'avance.