Voici en quelques mots l'histoire du Centre Terre vivante, ce texte est extrait du dernier Hors-Série des 4 Saisons du Jardin bio.
Créée en 1980 avec la naissance des 4 Saisons du jardinage, Terre vivante cherche dès 1986 un lieu où montrer que le jardinage bio n'est pas une utopie.
Le choix se portera sur Mens, en Isère, et le domaine de Raud, au cœur d'un vallon boisé entouré des sommets du Dévoluy et du Vercors, exempt de toute pollution olfactive ou lumineuse.
Un appel à souscription génère 400 000 F (61 000 €) d'apport de lecteurs enthousiastes. Le projet de Centre écologique européen se monte à 11 millions de francs (1,7 M€) ; Terre vivante en apporte la moitié ; les collectivités (Union européenne, Conseil général de l'Isère, État et Conseil régional) abondent à même hauteur. La municipalité de Mens apporte une aide précieuse en matière de montage de projet et prend en charge les coûts de voirie et d'électrification.
Les travaux commencent en 1992. Aux salariés de Terre vivante s'ajoutent de nombreux bénévoles qui apportent leur contribution au chantier, notamment des objecteurs de conscience français ou européens - dont deux étudiants en architecture italiens, devenus depuis des spécialistes de l'habitat écologique.
Pour que la rotation des équipes ne soit pas trop grande, les volontaires doivent venir un mois au minimum. Un camp de tentes est monté dans la forêt, où l'ambiance est bon enfant et internationale...
Des architectes spécialistes de la terre crue signent les bâtiments tandis que le paysagiste Gilles Clément (perfecto gris sur la photo de gauche ci-dessous), encore inconnu à l'époque, est invité à dessiner un jardin dans les ruines de l'ancienne ferme, devenu le jardin des 5 éléments.
Bénévoles, objecteurs, maçons... Nous recherchons des témoins de cette époque. |
Photo de gauche, de gauche à droite :
Jeremy Light, Claude Aubert, Gilles Clément, un stagiaire de Gilles Clément
et Ali Saradjian. Au fond à gauche : stagiaire de Gilles Clément DR
Après deux ans de travaux, le centre écologique européen ouvre le 1er août 1994. « Pour convaincre, il faut séduire !» : tel est le mot d'ordre qui a présidé à la conception des jardins comme à celle des bâtiments.
À l'époque, le centre est précurseur en France ; aucun lieu ne montre de visu les solutions en matière d'habitat écologique ou de jardinage bio.
Pour l'habitat, des expositions montrent les différents types de matériaux écologiques utilisables en construction ou en isolation, expliquent l'épuration par les plantes ou proposent des solutions à la surconsommation d'énergie...
Les bâtiments, notamment celui du restaurant, remarquable par ses magnifiques voûtes nubiennes en briques de terre crue, sont là pour montrer que les solutions avancées dans les expositions peuvent être mises en pratique "pour de vrai" et dans un grand souci d'esthétique.
Dans les potagers, l'Anglaise Faith Nelson, formée aux Kew Gardens de Londres, est venue apporter son savoir-faire. Les opulentes plates-bandes mêlent fleurs et légumes, les solutions bio aux ravageurs et maladies montrent leur efficacité, le sol - très argileux et difficile à travailler au départ - sera peu à peu amélioré grâce au grelinage, au paillage constant et aux apports en compost. En moyenne, environ 20 000 visiteurs par an se pressent dans les jardins, pour une visite guidée avec les animateurs ou une promenade libre. Outre le jardin des 5 éléments, se succèdent le potager familial et le jardin des fruits, complétés peu à peu par celui des écoliers, celui des aromatiques, les potagers en carré ou le handi-jardin...
A quoi ressemblait la journée d'ouverture ?
Claude Fournier était assistante de direction lors du montage du projet. Elle prend ensuite la direction de Terre vivante jusqu'à l'année dernière. Elle nous raconte.
« La journée d'ouverture : caniculaire... A la fin les enfants n'ont pu résister, et se sont joyeusement baignés dans le bassin sous le restaurant. Il y avait 5/600 personnes : les abonnés donateurs, beaucoup d'élus et de techniciens des collectivités : c'était une inauguration tout à fait officielle, avec de bonnes boissons et des choses à manger préparées par Farida Remila et des bénévoles.
Très joyeux. Les abonnés étaient heureux et fiers de voir se réaliser ce projet qu'ils avaient appelé de leurs vœux et soutenu : un lieu où on vit l'écologie. Les élus étaient heureux et fiers de cette réalisation sur le territoire. Les équipes (salariés, bénévoles, objecteurs) étaient sur les dents, excitées, joyeuses et fières du travail accompli. Que du bonheur en fait ! Je n'ai pas le souvenir d'une organisation exceptionnelle : les discours successifs propres aux inaugurations, des visites, des échanges entre les gens. »
Aujourd'hui, jardiner bio est quasiment devenu la norme. Aucun magazine n'ose encore conseiller d'utiliser des pesticides ; les informations sont nombreuses et accessibles.
Par contre, ceux qui veulent débuter n'ont parfois jamais jardiné et ont besoin de « mettre les mains dans la terre » avec des professionnels - des personnes à la fois capables de mener un jardin bio 365 jours par an et susceptibles de transmettre leur expérience.
C'est le travail engagé depuis 2011 avec la mise en place d'un large programme de stages pratiques, qui se déroulent presque chaque week-end de mars à octobre.
Des espaces spécifiques sont dédiés aux stagiaires pour qu'ils puissent pratiquer et que le centre Terre vivante devienne un lieu de formation et d'apprentissages de l'écologie.
Tous les ans, Pascal Aspe, responsable des jardins, met au point le programme avec son équipe - Geneviève Nicolas, Luc Valentin, Ghislaine Deniau et Maxime Poulat.
Le petit dernier de cette année ? Un stage "poules", au terme duquel chaque participant partira avec une poule !
Hormis les stages, le centre accueille plus de 3 000 scolaires chaque année (élèves et étudiants).
En outre, des formations à l'intention des professionnels sont dispensées régulièrement, tandis que le public continue à être accueilli pour des visites au printemps et en été.
Et chaque lundi de Pentecôte - le 9 juin cette année, le Centre ouvre ses portes gratuitement.
Cette année, joignez-vous à nous, nous en profiterons pour fêter ses 20 ans tous ensemble !