Vision globale_V0
â Secteur « amont » : Ănergie
The Shift Project
â Juillet 2020
Document de travail
â Ătat dâavancement du PTEF
1
ChĂšre lectrice, cher lecteur,
Cette fiche est un document de travail.
Elle fait partie de lâ
Plan de transformation de l'économie française (PTEF)
du think tank
The Shift Project
.
Câest le premier jalon du travail annoncĂ© le 6 mai 2020, qui a pu ĂȘtre initiĂ© grĂące au
succĂšs de sa campagne de financement
â merci aux plus de 3700 donateurs !
Cette fiche traite dâun sujet parmi une vingtaine
, qui sont intriqués les uns aux
autres et donnent ensemble une vision globale
, systĂ©mique de lâĂ©conomie française. Les
autres fiches sont disponibles sur le site internet* du
Shift Project.
Nous y décrivons
lâĂ©conomie telle quâelle pourrait ĂȘtre aprĂšs une transformation visant Ă la dĂ©carboner et
la rendre plus résiliente (à un choc pétrolier, au changement climatique...), secteur par
secteur et selon des thém
atiques transversales (lâemploi, lâĂ©nergie, les matĂ©riauxâŠ).
Cette
Vision globale
â de lâĂ©conomie actuelle, du chemin de transformation et
de lâĂ©conomie aprĂšs transformation â reste Ă parfaire, Ă complĂ©ter et Ă dĂ©battre
.
Dâune part, la
Vision globale_V0
devra ĂȘtre consolidĂ©e en une vraie
V1
. Dâautre part,
pour devenir « le Plan », elle devra ĂȘtre complĂ©tĂ©e par des propositions de mesures
opĂ©rationnelles. Ces mesures devront permettre dâamorcer une trajectoire de
transformation pour décarboner nos activités au bon rythme, et rendre la société
résiliente aux chocs. Construire, secteur par secteur, ces propositions, par une
mobilisation des acteurs concernés
: cela sera lâobjet de la prochaine phase du projet
PTEF, qui dĂ©butera Ă lâautomne 2020.
Vos retours sur le travail déjà accompli sont les bienvenus.
En vue de publier fin
septembre 2020 une version consolidée de ce travail (la
Vision globale_V1
), nous
menons durant cet été une (petite) consultation (merci aux
Shifters
) :
de vos retours (anonymement), rendez-vous sur ce formulaire en ligne
Votre contribution est possible pour la suite du travail.
Elle pourra ĂȘtre sectorielle,
transversale, ou porter sur la valorisation et vulgarisation du travail. Pour les plus
motivĂ©Ăes dâentre vous,
rendez-vous sur cet autre formulaire en ligne pour proposer
Bonne lecture,
LâĂ©quipe du Shift et lâĂ©quipe Ă©largie du PTEF
*LâĂtat dâavancement du PTEF comporte une
. Il est segmenté selon quatre logiques :
secteurs « usages » (
) ;
secteurs « services » (
défense et sécurité intérieure
enseignement supérieur et recherche
et industrie dont ciment-chimie-batteries
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2
Le secteur de lâĂnergie dans le PTEF
PérimÚtre du secteur et interactions avec les autres secteurs :
ï·
Le sujet de l'Ănergie dans le plan comprend deux volets
: dâune part, le secteur industriel de
lâĂ©nergie, et dâautre part, un chantier de cohĂ©rence macro-Ă©nergĂ©tique du plan.
ï·
Le secteur industriel de lâĂ©nergie comprend la production, la transformation, le transport et la
distribution de lâĂ©nergie, du raffinage des hydrocarbures Ă la pompe, des Ă©quipements de
production électriqu
e Ă la distribution de lâĂ©lectricitĂ©, etc.
ï·
Le chantier de cohérence macro-énergétique consiste à rassembler les consommations par
vecteur énergétique de chaque secteur consommateur, les agréger et vérifier que la production
du secteur de lâĂ©nergie peut subvenir Ă tous les besoins. Concernant le pĂ©rimĂštre, cette Ă©tude se
concentre sur la France métropolitaine, avec une approche territoriale (et non empreinte).
ï·
Le secteur de lâĂ©nergie dĂ©pend notamment du secteur de lâindustrie lourde, manufacturiĂšre et
recyc
lage (LMR) pour les infrastructures requises pour la production dâĂ©nergie, de lâagriculture et
forĂȘt pour les productions dâĂ©nergie biosourcĂ©es, le fret pour le transport de certains
combustibles, et irrigue tous les secteurs
: lâĂ©nergie sous-tend toute la sociĂ©tĂ© pour lui permettre
son bon fonctionnement. Le secteur de lâĂ©nergie alimente tous les autres en diverses sources
dâĂ©nergie servant diffĂ©rents usages, parties intĂ©grantes de nos modes de vie.
Organisation pour le PTEF de ce secteur, interactions avec les autres équipes :
ï·
Pour Ă©valuer les consommations Ă©nergĂ©tiques Ă prĂ©voir, lâĂ©quipe du secteur de lâĂ©nergie a
entretenu des interactions réguliÚres avec les secteurs les plus consommateurs, notamment
lâindustrie LMR, lâindustrie automobile, les secteurs du bĂątiment, la mobilitĂ© quotidienne, la
mobilitĂ© longue distance, le fret, lâagriculture et la forĂȘt, et le secteur de lâĂ©nergie lui-mĂȘme ; ce
qui exclut les secteurs moins dimensionnants ou Ă©tant dĂ©jĂ pris en compte par dâautres secteurs :
par exemple,
lâutilisation des bĂątiments dans le secteur de lâESR est inclue dans les secteurs du
bĂątiment.
ï·
Ces interactions servaient Ă sâassurer que toutes les consommations dâĂ©nergie des secteurs, au
pic de transformation et en régime établi en fin de transition, coïncident avec une production
Ă©nergĂ©tique rĂ©aliste. Le pic de transformation correspond au moment oĂč les secteurs
consommeraient le plus dâĂ©nergie pour se transformer, en prenant lâhypothĂšse conservatrice de
pics sectoriels simultanés, qui correspond donc a
u cas le plus dĂ©favorable. Il a pour but dâĂ©valuer
"lâeffort de la transformation". Le rĂ©gime Ă©tabli en fin de transformation correspond quant Ă lui Ă
un moment oĂč la transformation serait achevĂ©e et les renouvellements des infrastructures, des
biens, ou les consommations des différents usages, se feraient à un rythme constant. Le chantier
de cohérence macro-
Ă©nergĂ©tique doit ainsi permettre de vĂ©rifier lâadĂ©quation des besoins
Ă©nergĂ©tiques de ces secteurs avec les capacitĂ©s de production Ă©nergĂ©tique, quâils contribuent Ă
dimensionner. Cette vĂ©rification de cohĂ©rence est fondamentale pour justifier dâun systĂšme
énergétique réaliste, dont les productions projetées par vecteur sont en adéquation avec les
potentiels prĂ©vus par le plan. Nous nâavons pour le moment pas encore effectuĂ© cette vĂ©rification
pour le pic de transformation.
ï·
LâĂ©tude de cette cohĂ©rence macro-Ă©nergĂ©tique a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e en relation Ă©troite avec le secteur
de lâindustrie LMR, qui sâoccupe du chantier de cohĂ©rence matĂ©riaux. De maniĂšre similaire,
lâĂ©quipe Ă©tait chargĂ©e dâestimer les besoins en matĂ©riaux nĂ©cessaires Ă chaque secteur dans le
cadre de leur transformation, puis pour leur fonctionnement en rĂ©gime Ă©tabli. Dâun point de vue
pratique, cela a consistĂ© en lâanalyse des principaux axes de transformation de chaque secteur
afin dâen retirer les pĂ©rimĂštres les plus dimensionnants pour les secteurs de lâindustrie LMR cĂŽtĂ©
matiĂšre, et de lâĂ©nergie cĂŽtĂ© Ă©nergie. Par exemple, si la mobilitĂ© quotidienne dĂ©cide de parier sur
le développement de véhicules automobiles électriques de petit gabarit pour les déplacements
citadins, il sâagit alors de dĂ©terminer combien dâĂ©lectricitĂ© ce nouvel usage nĂ©cessite. Cela
entraĂźne Ă©galement des questions dâurbanisme et de gestion du territoire quant aux
emplacements de bornes de recharges. Suite Ă des entretiens de cadrage avec chacun des
secteurs concernés et de mise en cohérence intersectorielle, nous avons rassemblés les bilans
énergétiques que prévoyaient ces derniers afin de construire un bilan énergétique global.
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ï·
LâĂ©quipe Ă©nergie a Ă©galement Ă©tĂ© en relation Ă©troite avec le secteur de lâagriculture et de la forĂȘt
pour prendre en compte lâestimation des productions Ă©nergĂ©tiques biosourcĂ©es que celui-ci
prévoit de produire : biogaz, agrocarburants de divers types, bois-énergie. Ces cultures
Ă©nergĂ©tiques peuvent entrer en compĂ©tition avec lâalimentation humaine et animale, avec le bois
dâĆuvre et dâindustrie, produire des conflits dâusage des sols, de ressources en eau. Le secteur
de lâagriculture a donnĂ© la prioritĂ© aux besoins alimentaires. La biomasse valorisĂ©e
énergétiquement rassemble différents co-
produits de lâalimentation cĂŽtĂ© agriculture, et des autres
usages du bois cĂŽtĂ© forĂȘt. Les productions Ă©nergĂ©tiques ont ensuite Ă©tĂ© allouĂ©es en prioritĂ© au
secteur d
e lâagriculture lui-mĂȘme, pour assurer son autosuffisance et sa rĂ©silience, et la quantitĂ©
restante constituait alors une ressource (limitée) pour la consommation globale des autres
secteurs, à répartir entre eux.
ï·
En plus de sa contribution au bilan énergé
tique, lâindustrie LMR a Ă©galement fait lâobjet
dâinteractions spĂ©cifiques avec lâĂ©quipe Ă©nergie afin dâestimer ce que reprĂ©sente le
renouvellement ou le dĂ©ploiement dâun systĂšme Ă©nergĂ©tique, en termes de besoins Ă©nergĂ©tiques
et matĂ©riels. Cela consiste Ă
Ă©valuer les flux de matiĂšres et dâĂ©nergie nĂ©cessaires Ă ce
renouvellement ou déploiement, dans le cadre du chantier de cohérence matériaux. En effet, les
infrastructures et équipements énergétiques ont une durée de vie longue, requiÚrent des
investissements Ă©nergĂ©tiques et matĂ©riels potentiellement importants, et doivent donc ĂȘtre
planifiĂ©s en connaissance de ces Ă©lĂ©ments. Ă ce stade du projet, lâestimation des flux
Ă©nergĂ©tiques nĂ©cessaires Ă la transformation du systĂšme Ă©nergĂ©tique nâa pas Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e. Pour
ce qui est des flux de matiÚres, le travail a été entamé pour chiffrer les besoins en quatre types
de matiÚres (béton, acier et fer, aluminium, cuivre) que nécessiteraient différentes évolutions du
mix. Ce chiffrage est Ă trouver dans la partie du secte
ur de lâindustrie LMR.
ï·
Enfin, le secteur de lâĂ©nergie a Ă©tĂ© en relation avec les chantiers transverses Emploi, Villes et
Territoires
ainsi quâavec le chantier RĂ©silience-Impacts-MacroĂ©conomie.
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4
Notre point de départ
1- Description du secteur actuellement
Flux dâĂ©nergie :
ï·
Le diagramme de Sankey ci-
dessous reprĂ©sente les flux dâĂ©nergie (approvisionnement,
transformation, consommation, y compris pertes) pour la France entiĂšre, en 2018, de lâĂ©nergie
primaire (énergie disponible dans la nature avant transformation) aux consommations en énergie
finale (énergie aprÚs transformation, directement utilisable pour un besoin donné).
1
Chiffres clĂ©s de lâĂ©nergie - Ă©dition 2019 - Bilan Ă©nergĂ©tique de la France entiĂšre (y compris DOM), annĂ©e 2018
La consommation finale indique la décomposition entre consommation énergétique (celle qui nous intéresse)
et consommation non-énergétique entre parenthÚse.
2
ï·
La société française est fortement dépendante des énergies fossiles (pétrole, gaz naturel,
charbon), qui représentent 57,4 %
3
de la consommation énergétique finale totale. Ces énergies
fossiles, en plus de voir leurs rĂ©serves sâĂ©puiser et dâĂȘtre principalement toutes importĂ©es, sont
aussi fortement émissives de gaz à effet de serre lors de leur combustion, et donc responsables
en grande partie du réchauffement climatique.
1
Ces données sont exprimées en mégatonnes équival
ent pĂ©trole (Mtep), une unitĂ© de mesure de la quantitĂ© dâĂ©nergie, soit un million
de tonnes dâĂ©quivalent pĂ©trole (tep). Une tep Ă©quivaut Ă la quantitĂ© dâĂ©nergie standardisĂ©e contenue dans une tonne de pĂ©trole brut, soit
environ 42 GJ (Giga Joules).
2
3
Eurostat 2018, https://ec.europa.eu/eurostat/fr/web/energy/data/energy-balances
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ï·
Lâutilisation dâĂ©nergie a Ă©mis 321,9 mĂ©gatonnes de CO2e en 2016, soit 70,3 % du total des
Ă©missions de gaz Ă effet de serre en France, dont environ 45 Mt CO2e est imputable Ă lâindustrie
de lâĂ©nergie. Le mix Ă©lectrique français est relativement dĂ©carbonĂ©, puisque pour produire 1 kWh
dâĂ©lectricitĂ© en 2015, il Ă©mettait prĂšs de 50 grammes de CO2, Ă comparer avec les 500 grammes
de CO2 Ă©mis en Allemagne pour la mĂȘme quantitĂ© dâĂ©lectricitĂ©.
4
ï·
Le tableau ci-
dessous reprĂ©sente la rĂ©partition de lâĂ©nergie finale (cf. graphique prĂ©cĂ©dent) dans
les diffĂ©rents secteurs de lâĂ©conomie pour la France entiĂšre :
Charbon
Produits
pétroliers
raffinés
Gaz
EnR
Thermiques
et déchets
Electricité
Chaleur
vendue
Total
Industrie
1,1
2,4
9,9
1,8
10,7
1,5
27,4
Transports
0
39
0,2
3,4
0,9
0
43,5
Résidentiel
0
4,9
11,4
9,3
13,8
1,4
40,8
Tertiaire
0
3,1
7,7
0,9
11,8
0,9
24,4
Agriculture
0
3,2
0,3
0,2
0,7
0
4,4
Total
1,1
52,6
29,5
15,6
37,9
3,8
140.0
Consommation finale dâĂ©nergie par secteur et par vecteur en 2018 (Mtep). La coloration des cases indique lâintensitĂ© dâusage dâun
vecteur énergétique par chaque secteur. Par exemple, les produits pétroliers sont essentiellement consommés dans les transports.
5
Carburants liquides :
ï·
Pour transformer le pétrole brut, principalement importé, en produits pétroliers, la France possÚde
huit raffineries, dont sept en mĂ©tropole, dâune capacitĂ© totale de 62.8 Mt
/an en 2017, avec 57.9
Mt de pĂ©trole traitĂ© cette mĂȘme annĂ©e.
Le pays compte sur une capacité de stockage de produits
pétroliers
dâenviron 46 millions de m
3
, dont un peu plus de 60% pour les produits finis, répartie
principalement entre raffineries (31%) cavernes (20%) et dépÎts (47%). En prenant un ordre de
grandeur de masse volumique des produits pétroliers
6
de 0.8 t/m
3
, cela représente environ 37
Mt, donc Ă©galement environ 37 Mtep (par dĂ©finition de lâunitĂ© tep). La moitiĂ© environ de cette
capacité est située en Normandie et en PACA. La France a par ailleurs une obligation de stocks
stratégiques correspondant à prÚs d'un tiers de la consommation de l'année précédente (29,5%)
ce qui donne un peu plus de trois mois de consommation au rythme habituel
7
.
ï·
17 ports sont concernĂ©s par le trafic pĂ©trolier, mais trois dâentre eux assurent 84 % du trafic
national de pétrole brut et de produits pétroliers : Marseille (40 %), Le Havre (30 %) et Nantes-
Saint-Nazaire (14 %), et le raffinage en est fortement dépendant : quatre raffineries sont
approvisionnées depuis le port de Marseille-Lavéra, et 3 raffineries depuis le port du Havre.
ï·
Le transport massif des produits pétroliers se fait par pipelines (réseau de 6000 km), barges,
trains, et marginalement par camions citerne, ces derniers servant surtout Ă lâapprovisionnement
des stations-service. Les pipelines transportent soit du pétrole brut, des d
Ă©pĂŽts dâimportation aux
raffineries, soit des produits finis, pour alimenter les dépÎts de distribution, ou peuvent encore
ĂȘtre mixtes comme celui qui approvisionne lâIle de France depuis le port du Havre.
ï·
La distribution de carburants comprend un réseau de 11 200 stations-services en 2019, réparties
entre réseaux traditionnels (5 900) et grande distribution (5 300). Par ailleurs, il y a 1 650 stations
de GPL en France, ce qui en fait le carburant alternatif avec le maillage de stations le plus dense,
avec
une capacitĂ© dâapprovisionnement dâun parc de vĂ©hicules environ 10 fois supĂ©rieure au parc
roulant actuel.
4
SDES, Chiffres clés du climat 2019, https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2019-05/datalab-46-
chiffres-cles-du-climat-edition-2019-novembre2018.pdf
5
Source : PPE, dâaprĂšs SDES, donnĂ©es corrigĂ©es des variations climatiques.
6
Celle-
ci fluctue en effet en fonction des produits : par exemple, le diesel est plus dense que lâessence. On prend donc ici seulement
une
valeur
type
pour
avoir
un
ordre
de
grandeur
de
lâĂ©nergie
contenue
dans
le
volume.
https://www.universalis.fr/encyclopedie/carburants/1-les-essences/
https://www.universalis.fr/encyclopedie/carburants/2-le-gazole/
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6
ï·
En 2017, 3,3 Mtep de biocarburants ont été consommés, dont 20 % importés. La consommation
de biodiesel sâest Ă©levĂ©e Ă 85 % (soit 2,8 Mtep), pour 15 % de bioĂ©thanol.
1.
https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/chaine-petroliere#e2
3.
https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/securite-dapprovisionnement-en-petrole
5.
https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/ppe_pour_consultation_du_public.pdf
6.
https://www.ufip.fr/uploads/pdf/UFIP_Donn%C3%A9es_du_secteur_2019.pdf
Nucléaire :
ï·
La France métropolitaine compte 56 réacteurs à eau sous pression (REP) en activité dans 18
centrales nucléaires, pour une puissance totale de 61,4 GW (les deux réacteurs de la centrale
de Fessenheim ayant Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s
en 2020). Un rĂ©acteur Ă eau pressurisĂ©e (EPR) dâune puissance
nominale de 1 650 MW est en cours de construction Ă Flamanville (sa mise en service,
initialement prĂ©vue pour 2012, est pour lâinstant repoussĂ©e Ă 2023). Chaque annĂ©e, environ 8 000
tonnes dâuranium naturel est nĂ©cessaire pour fabriquer le combustible qui sera utilisĂ© pour
alimenter son parc. Cet uranium est importĂ© principalement du Kazakhstan, de lâAustralie, du
Canada et du Niger.
1.
https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/securite-dapprovisionnement-energetique#e4
3.
https://www.connaissancedesenergies.org/d-ou-vient-l-uranium-naturel-importe-en-france-140512
4.
https://www.world-nuclear.org/information-library/country-profiles/countries-a-f/france.aspx
6.
https://www.usinenouvelle.com/article/les-conditions-de-la-cour-des-comptes-pour-la-filiere-epr-
francaise.N984384
Gaz :
ï·
La France importe la quasi-totalité de son gaz naturel : son principal fournisseur de gaz à haut
pouvoir calorifique, ou gaz H est la NorvÚge (43% du total des entrées en 2018), suivi de la
Russie (22%), lâAlgĂ©rie (8 %), le Nigeria (7 %) et le Qatar (3 %).
(Projet de ppe 2019).
Le systĂšme
dâinterconnexions et de terminaux mĂ©thaniers permet Ă la France de sâapprovisionner auprĂšs
dâautres fournisseurs de moindre importance et dâavoir accĂšs Ă du gaz plus difficilement traçable,
dâoĂč proviennent la part rĂ©siduelle des importations. Il y a 37 420 km de rĂ©seau de transport de
gaz naturel sur le territoire français, 195 000 km de canalisations de distribution, 15 sites de
stockage souterrain (douze sites en nappes aquifÚres et trois cavités salines) et quatre terminaux
méthaniers.
ï·
La totalité du gaz B, à bas pouvoir calorifique, provient des Pays-Bas, principalement du gisement
de Groningue. Une grande partie des consommateurs de gaz naturel de la région Hauts-de-
France est approvisionnée par ce gaz naturel à bas pouvoir calorifique via un réseau distinct.
ï·
Fin 2019, les centrales thermiques au gaz cumulent une puissance installée de 12 190 MW
(RTE)
. Ce sont ces centrales Ă gaz qui produisent la majoritĂ© de lâĂ©lectricitĂ© dâorigine thermique
à combustible fossile. Il y a 14 centrales à cycle combiné gaz (CGG) en France métropolitaine
(6 268 MW) et 7 turbines Ă combustion gaz (TAC) (703 MW), la puissance restante venant de
cogénération au gaz
(RTE)
.
2.
https://bilan-electrique-2019.rte-france.com/thermique-fossile/
3.
https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/ppe_pour_consultation_du_public.pdf
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Charbon :
ï·
Les derniĂšres mines de charbon ont Ă©tĂ© fermĂ©es en France en 2004, et la production sâest
dĂ©finitivement arrĂȘtĂ©e en 2014 avec la fin de la collecte de produits de rĂ©cupĂ©ration. Le charbon
importé, principalement de la houille, provenait en 2018 majoritairement de Russie (30.2%) et
dâAustralie (26.9%), suivies par les Etats-Unis (13.7%) et la Colombie (11.0%). En 2015,
lâapprovisionnement Ă©tait dâun peu moins de 14 Mt, soit environ 8,7 Mtep
8
. La mĂȘme annĂ©e les
stocks de charbon sâĂ©levaient Ă 4,7 Mt, entreposĂ©s dans les ports ou les principaux sites
consommateurs : centrales électriques, sites sidérurgiques (cokeries et hauts fourneaux) ou
autres sites industriels. En 2020, la France comptait trois cokeries et quatre centrales Ă charbon,
ces derniĂšres Ă©tant destinĂ©es Ă fermer dâici 2022 et la cokerie de SerĂ©mange-Erzange en 2020.
https://insee.fr/fr/statistiques/4277882?sommaire=4318291&q=emplois+%C3%A9nergie#tableau-
figure7
Hydroélectricité :
ï·
Le potentiel hydroélectrique est largement exploité en France, avec plus de 2 400 installations,
dont prĂšs de 90% sont des centrales au fil de lâeau, pour une capacitĂ© totale installĂ©e de 25,5 GW.
Ces capacités de productions hydrauliques sont inégalement réparties sur le territoire
métropolitain, avec les régions Auvergne RhÎne-Alpes, Occitanie et Provence-Alpes-
CĂŽte dâAzur
regroupant à elles seules plus de 79% du parc hydraulique français
(RTE).
1.
https://bilan-electrique-2019.rte-france.com/production-en-region-2/#1
2.
https://www.rte-france.com/sites/default/files/2015_06_30_rte_panorama_elr_juin2015.pdf
Eolien :
ï·
Fin décembre 2019, le parc éolien terrestre français comprend 1
940 installations, dâune
puissance cumulée de 16,6 GW
(données Stat MTES).
Les régions Hauts-de-France et Grand-
Est présentent les parcs les plus importants, avec respectivement 4,5 GW et 3,6 GW de capacité
éolienne installée
(RTE).
1.
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/publicationweb/262
2.
https://bilan-electrique-2019.rte-france.com/production-en-region-2/#
PV :
ï·
Fin 2019, 454 394 installations photovoltaïques étaient raccordées au réseau, pour une
puissance totale de 9,4 GW
(Statinfo).
Les régions Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Auvergne-
RhĂŽne-Alpes et Provence-Alpes-
CĂŽte dâAzur regroupent 73% du parc solaire installĂ©.
(RTE)
1.
https://bilan-electrique-2019.rte-france.com/production-en-region-2/#
2.
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/publicationweb/263
Géothermie :
ï·
Lâutilisation de la gĂ©othermie haute Ă©nergie (plus de 150°C) pour produire de lâĂ©lectricitĂ© est
encore marginale en France, avec une installation industrielle Ă Soultz-sous-ForĂȘts en Alsace.
Ce pilote dâexpĂ©rimentation scientifique est devenu un site dâexploitation industrielle en 2017,
avec une puissance nominale de 1,5 MW. Il existe 79 installations de géothermie profonde (entre
30 et 90°C) en France métropolitaine, principalement dans les bassins parisien et aquitain, pour
une production thermique renouvelable cumulée de 1 970 GWh en 2017.
1.
https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/ppe_pour_consultation_du_public.pdf
8
En prenant comme facteur de conversion : 1 tep équivaut à 1,616 t de houille
(https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1355)
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8
Bioénergies :
ï·
Fin décembre 2019, le parc bioénergies atteint 2,1 GW
(RTE)
. Les usines dâincinĂ©ration de
déchets ménagers représentent 42,3 % du parc, suivi à 31,8 % par les capacités bois-énergie et
autres combustibles solides, puis 23,5 % de biogaz et les déchets de papeterie à hauteur de 2,4
%.
1.
https://bilan-electrique-2019.rte-france.com/bioenergies/
2.
https://www.rte-france.com/sites/default/files/panorama2019-t4-bd2.pdf
Réseau électrique :
ï·
Le réseau de transport géré par RTE cumule une longueur totale de 105 900 km en 2019, avec
6 415 km de liaisons souterraines et 99 530 km de liaisons aériennes
(données RTE)
. Il achemine
lâĂ©lectricitĂ© sur les longues distances, des pĂŽles de production aux pĂŽles de consommation.
ï·
Le réseau de distribution, géré par Enedis, totalise 1 377 000 km de lignes en 2019.
(chiffres
Enedis)
Il fait la jonction entre le réseau de transport et la majorité des clients.
1.
https://www.rte-france.com/sites/default/files/bilan-electrique-2019_1.pdf
2.
https://www.enedis.fr/sites/default/files/Chiffres_cles_2019.pdf
Poids dans lâĂ©conomie :
ï·
Lâindustrie de lâĂ©nergie reprĂ©sentait 1,9 % de la valeur ajoutĂ©e en 2018 en France. Les deux plus
importants sous-
secteurs en termes dâemplois concernent les industries pĂ©troliĂšre et nuclĂ©aire.
En 2019, lâUnion française des industries pĂ©troliĂšres Ă©valuait le secteur pĂ©trolier Ă 200 000
emplois directs et indirects. La filiĂšre nuclĂ©aire constitue 6,7 % de lâemploi industriel français, soit
environ 220 000 salariĂ©s, emplois directs et indirects. Le secteur de lâĂ©nergie reprĂ©sente donc un
secteur riche en emplois. Câest pourquoi, une discussion a Ă©tĂ© initiĂ©e avec lâĂ©quipe en charge de
lâaxe transverse emploi, afin dâĂ©valuer les Ă©volutions des emplois du secteur Ă©nergĂ©tique pendant
et aprĂšs la transition, ainsi que les besoins en formations et reconversions.
2.
https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/ppe_pour_consultation_du_public.pdf
2- Grands enjeux physiques et environnementaux
ï·
La consommation d'énergie en France dépend des énergies fossiles à hauteur de 60 % environ,
et certains secteurs en dépendent à plus forte proportion (plus de 90% des transports sont
alimentés par des énergies fossiles, environ 70% pour l'agriculture)
ï·
La dépendance aux énergies fossiles, et les émissions de GES associées à leur consommation,
est problĂ©matique et soulĂšve aussi des questions dâapprovisionnement. Sur ce point, il faut
souligner deux choses : la France importe ces énergies fossiles, elle est donc dépendante des
pays fournisseurs ; le risque de déclin de la production des pays fournisseurs de produits
pétroliers pourrait s'avérer dans les prochaines années, ce qui accentuerait les questions de
dépendance
9
.
ï·
La France est Ă©galement dĂ©pendante de pays fournisseurs pour lâapprovisionnement en uranium,
nĂ©cessaire Ă sa production dâĂ©lectricitĂ©. Lâexploitant EDF possĂšde un stock dâUranium sur
lâensemble du cycle du combustible nuclĂ©aire permettant dâassurer le fonctionnement du parc
pendant plusieurs années
10
, Ă comparer aux rĂ©serves dâenviron trois mois d'importations
journaliÚres moyennes pour les produits pétroliers.
9
Lâunion EuropĂ©enne risque de subir des contraintes fortes sur les approvisionnements pĂ©troliers dâici Ă 2030, The Shift Project, 2020
https://theshiftproject.org/article/ue-declin-approvisionnements-petrole-2030-etude/
10
https://www.ecologique-
solidaire.gouv.fr/sites/default/files/20200422%20Programmation%20pluriannuelle%20de%20l%27e%CC%81nergie.pdf
Vision globale_V0
â Secteur « amont » : Ănergie
The Shift Project
â Juillet 2020
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â Ătat dâavancement du PTEF
9
ï·
Le pays dĂ©pend aussi dâimportations de matĂ©riaux pour ses technologies de production
dâĂ©nergie. Autrement dit, une dĂ©pendance existe y compris pour les technologies qui ne
consomment pas de carburant énergétique (les technologies PV et éoliennes par exemple).
ï·
Le secteur industriel de lâĂ©nergie pose des questions en termes dâoccupation des sols (pour les
installations de production dâĂ©nergie et pour la production dâĂ©nergie dâorigine agricole), de gestion
et de disponibilitĂ© de lâeau (refroidissement des centrales).
ï·
Il doit enfin ĂȘtre planifiĂ© lon
gtemps Ă lâavance, car met en jeu des investissements importants et
possÚde une forte inertie (grandes infrastructures, réseaux, filiÚres industrielles à structurer).
Le chemin proposé par le PTEF
Le PTEF sâest proposĂ© dâĂ©tudier des grands axes dâĂ©volution pour le secteur de lâĂ©nergie, qui puissent
prendre en compte les impacts de cette Ă©volution sur le climat, la biodiversitĂ©, les usages de lâeau et des
sols afin que ce secteur soit rĂ©silient aux changements climatiques, aux troubles dans dâautres pays, aux
consĂ©quences dâune dĂ©crue subie de la disponibilitĂ© du pĂ©trole, Ă une potentielle future crise sanitaire,
tout en garantissant la résilience des catégories sociales.
Dans un monde sous contraintes Ă©nergĂ©tiques, les capacitĂ©s dâinvestissement sont Ă©galement
contraintes. Câest pourquoi le chemin que lâon souhaite proposer Ă terme ne pariera pas sur une
modification en profondeur du réseau électrique pour privilégier une électricité peu intensive en CAPEX.
Par ailleurs, ces propositions font appel Ă des technologies matures, sans faire le pari de ruptures
technologiques.
Ces grandes évolutions ont été envisagées au regard de leur compatibilité avec celles des secteurs
dĂ©pendants du secteur de lâĂ©nergie. Pour ainsi dire, cela revient Ă Ă©tudier la cohĂ©rence des transitions
de chaque secteur avec celui de lâĂ©nergie, afin dâassurer le bouclage offre-demande. Cette Ă©tude doit
inclure Ă terme les consommations dâĂ©nergie et de matĂ©riaux nĂ©cessaires au systĂšme Ă©nergĂ©tique pour
sa propre transition.
ï·
La façon la plus directe de décarboner nos usages consiste à les réduire directement ou à les
organiser diffĂ©remment pour quâils soient plus sobres Ă©nergĂ©tiquement. Chaque secteur a
commencé par réduire ses usages ou à les réorganiser pour les rendre plus sobres.
ï·
Des prop
ositions ont ensuite Ă©tĂ© faites de remplacer certaines technologies par dâautres, par
exemple de substituer aux moteurs thermiques des moteurs électriques dans la mobilité, ou bien
dâavoir recours Ă la chaleur renouvelable autant que possible pour le chauffage des bĂątiments.
ï·
Lorsquâune telle substitution par Ă©volution du mix technologique nâĂ©tait pas envisageable, nous
avons alors dû penser la décarbonation des vecteurs énergétiques finaux, en particuliers liquides
et gazeux, et ceci en concertation avec le secteur agriculture et forĂȘt qui fait partie de la solution
(agrocarburants, biogaz).
Chaque secteur est demandeur dâĂ©nergie pour assurer son bon fonctionnement. Nous avons donc
centralisĂ© les demandes dâĂ©nergie, aprĂšs transformation, par secteur et par vecteur afin de comparer
avec les capacitĂ©s de production Ă©nergĂ©tique. Des contraintes sur lâapprovisionnement Ă©nergĂ©tique
effectif post-transformation ont vu le jour.
Nous avons donc relevé les secteurs participant à la contrainte pour chaque vecteur énergétique, en
fonction de leurs ordres de grandeur. Nous avons alors Ă©tudiĂ© les options dâarbitrage, en pesant pour
chacun le pour et le contre, comme dĂ©taillĂ© plus loin. Tout ceci en gardant Ă lâesprit que lâĂ©nergie utilisĂ©e
par chacun des secteurs étudiés doit rester bas-carbone.
Pour ce faire, les besoins Ă©nergĂ©tiques qui ne peuvent pas ĂȘtre satisfaits par le vecteur Ă©lectrique
aprÚs transformation, ont été exprimés et agrégés sous la forme de besoins en « carburants liquides »
ou en « carburants gazeux ». Ces besoins pourraient potentiellement ĂȘtre satisfaits par le mĂ©thane,
lâhydrogĂšne, ou des carburants liquides.
Dans un premier temps nous recensons les besoins Ă©nergĂ©tiques aprĂšs transformation, avant dâĂ©tablir
le bilan des consommations finales de combustibles gazeux et liquides. Ce bilan étant déséquilibré en
lâĂ©tat, cela nous amĂšne Ă réétudier les efforts dĂ©jĂ consentis par certains secteurs en termes de rĂ©duction
Vision globale_V0
â Secteur « amont » : Ănergie
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â Juillet 2020
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â Ătat dâavancement du PTEF
10
de leur consommation, et à penser des leviers supplémentaires de décarbonation des besoins en
carburants liquides et gazeux.
Ainsi, certains choix de technologies et de vecteurs Ă©nergĂ©tiques ne sont pas encore arrĂȘtĂ©s, et il
conviendra dâarbitrer dans la suite du projet, pour assurer le bouclage de cohĂ©rence macro-Ă©nergĂ©tique.
1- Recensement des besoins énergétiques
a. Mobilités et Fret
Les secteurs du fret et des mobilités sont trÚs demandeurs de carburants liquides, dont ils sont
aujourdâhui fortement dĂ©pendants.
Certains besoins de transport peuvent difficilement ĂȘtre assurĂ©s par lâĂ©lectricitĂ©, y compris aprĂšs
transformation par le PTEF. ConcrĂštement, et de maniĂšre simplifiĂ©e, il sâagit du besoin de dĂ©placer des
masses importantes sur des distances importantes, et de maniĂšre diffuse sur le territoire. Dans ces cas,
la source dâĂ©nergie doit ĂȘtre stockĂ©e dans le vĂ©hicule et la quantitĂ© stockĂ©e doit ĂȘtre grande. Ces besoins
ne peuvent donc ĂȘtre satisfaits que par des vecteurs Ă©nergĂ©tiques suffisamment denses en Ă©nergie, que
nous exprimons ici en « équivalent carburant liquide », mais qui pourraient
ĂȘtre le mĂ©thane, lâhydrogĂšne,
ou des carburants liquides.
La mobilité des personnes se distingue entre la mobilité quotidienne et la mobilité longue distance.
AprĂšs la transformation de ces secteurs :
ï·
La mobilité longue distance et la mobilité quotidienne envisagent 3,4 Mtep de consommation de
carburants liquides.
ï·
LâĂ©lectrification poussĂ©e des mobilitĂ©s des personnes permettraient dâatteindre une utilisation du
vecteur Ă©lectrique de lâordre de 3,6 Mtep.
Le transport de marchandises opĂšre des reports modaux vers le fluvial et le rail.
ï·
Le secteur du fret envisage une électrification totale des VUL, et une augmentation des tronçons
Ă©lectrifiĂ©s du transport ferroviaire, pour une consommation dâĂ©lectricitĂ© de 1,7 Mtep.
ï·
Le besoin en carburants liquides (type biod
iesel) sâĂ©tablit Ă 4,5 Mtep.
b. Agriculture et forĂȘt
Les carburants liquides agricoles sont affectĂ©s prĂ©fĂ©rentiellement Ă lâagriculture, dans une logique
dâautoconsommation de sa production et de rĂ©silience aux chocs du domaine de lâalimentation.
Les excédents de biocarburants qui ne seraient pas consommés par le secteur agriculture pour les
travaux des champs et le secteur forĂȘt peuvent ĂȘtre distribuĂ©s entre les secteurs dont les usages
lâexigent. Les autres Ă©quipements agricoles fonctionnant habituellement au fioul ou au gaz pourront ĂȘtre
alimentés par des agrocarburants de seconde génération (coproduits des cultures alimentaires) ou par
du biogaz, lui aussi affecté prioritairement aux besoins agricoles. Enfin les équipements électriques
continueront de fonc
tionner via lâĂ©lectricitĂ© spĂ©cifique.
ï·
Le secteur agricole devrait produire 1 Mtep de biodiesel, 0,4 Mtep dâhuile pure, et 0,2 Mtep de
biocarburants liquides de deuxiÚme génération (2G).
ï·
Cependant, ce secteur prévoit de consommer 1 Mtep du biodiesel et de
lâhuile pure produits.
ï·
Le secteur forĂȘt consommerait la totalitĂ© des 0,2 Mtep de biocarburants liquides 2G.
ï·
Par ailleurs, le secteur produirait 3,3 Mtep de biogaz, en consommerait 1 Mtep, laissant un solde
de 2,3 Mtep aux secteurs nécessitant du biogaz pour décarboner leurs vecteurs liquides et
gazeux.
ï·
Le secteur de la forĂȘt, en plus de sa consommation en carburants liquides, va consommer 1,6
Mtep de bois énergie sur 15 Mtep produits.
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11
c. Bùtiments résidentiels et tertiaires
Les secteurs du bùtiment ont été distingués selon leurs usages, résidentiel ou tertiaire.
Le résidentiel se compose des maisons individuelles et des logements collectifs.
ï·
Dans le secteur rĂ©sidentiel, le chauffage au fioul disparaĂźt totalement au profit dâun chauffage par
pompes Ă chaleur, ou par capteurs solaires thermiques.
ï·
Le chauffage est également permis par réseaux de chaleur urbain, bois énergie, biogaz et
électricité.
ï·
Le secteur résidentiel utilisera plus de 4 Mtep de bois énergie, dont une partie pour les réseaux
de chaleur urbain, une diminution par rapport aux consommations globales de 2018.
ï·
La quantitĂ© dâĂ©lectricitĂ© dans le rĂ©sidentiel va augmenter pour atteindre 12,5 Mtep.
Nous nâavons pas encore dâhypothĂšses consolidĂ©es sur lâĂ©volution de la consommation dans le
secteur du tertia
ire. Pour lâinstant, dans le but dâĂ©tablir les ordres de grandeur, nous supposons les
mĂȘmes Ă©volutions relatives de consommations dâĂ©nergie que pour les secteurs du bĂątiment rĂ©sidentiel
11
.
Autrement dit, nous avons pris des chiffres de consommations actuelles du SDES
12
que nous avons fait
Ă©voluer selon les mĂȘmes taux dâĂ©volution par vecteur que pour le rĂ©sidentiel.
d. Industries
Ă ce stade, les secteurs de lâindustrie (industries LMR, automobiles et agro-alimentaire) nâont pas
encore abouti à un bilan énergétiq
ue par vecteur, Ă lâamont des autres secteurs. Formuler un tel bilan
énergétique suppose, en effet, de formuler des hypothÚses de relocalisation des industries, de pouvoir
Ă©tudier par branche les amĂ©liorations technico-organisationnelles Ă mĂȘme de rĂ©duire les consommations
et de substituer les vecteurs entre eux. Nous avons donc pris le parti, Ă ce stade du projet, dâadopter une
dĂ©marche conservative pour lâĂ©valuation des consommations du secteur de lâindustrie. Nous les avons
supposées constantes en consom
mation par personne par rapport Ă aujourdâhui
13
: ainsi, la répartition
relative entre vecteurs est la mĂȘme en fin de transition, et les quantitĂ©s ont augmentĂ© Ă proportion de
lâaugmentation de la population telle que projetĂ©e par lâInsee.
Cette hypothĂšse temporaire traduit deux effets antagonistes qui doivent tirer les consommations Ă
prévoir dans deux sens contraires : les diminuer pour ce qui est de la diminution globale des
consommations de biens, les réductions de consommations énergétiques par branches grùce à des
améliorations organisationnelles et techniques, et les augmenter pour ce qui est des relocalisations dans
certaines filiÚres au niveau national ou européen (batteries électriques, recyclage). Bien sûr, ces effets
sâaccompagneraient Ă©galement de substitutions entre vecteurs, non pris en compte pour le moment.
En considĂ©rant lâaugmentation de la population, et une consommation stable de matĂ©riaux par
personne, sans aucun effort de sobriété,
les besoins dâĂ©nergie de lâindustrie augmenteraient.
ï·
La consommation de charbon augmenterait de 1,1 Mtep Ă 1,2 Mtep.
ï·
Le besoin en carburants liquides (non affectés par type de carburant spécifique) passerait de 2,5
Ă 2,8 Mtep, tandis que les carburants gazeux augmenteraient de 10 Mtep Ă 11 Mtep.
ï·
Les consommations énergétiques issues des EnR thermiques et des déchets atteindrait 2,2 Mtep
(dont 0,2 sous forme de biocarburants), contre 1,8 Mtep avant la transition.
ï·
Enfin, 12 Mtep dâĂ©lectricitĂ© seraient requis.
11
Outre le fait que le bilan énergétique n'est pas spécifiquement établi, les limites sont que les parts relatives entre vecteu
r Ă lâĂ©tat
initial ne sont pas les mĂȘmes dans le rĂ©sidentiel et dans le tertiaire, et que les changements internes aux secteurs ne vont pas impliquer
les mĂȘmes transferts entre vecteurs. Donc prendre les mĂȘmes taux est une approximation que l'on fait faute de mieux Ă ce stade,
notamment dans le but dâavoir un ordre de grandeur des besoins globaux rĂ©siduels en carburant gazeux et liquides aprĂšs transformation.
Un bilan Ă©nergĂ©tique devra ĂȘtre fait spĂ©cifiquement pour le tertiaire dans la suite du projet.
12
DonnĂ©es pour lâannĂ©e 2018
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/consommation-denergie-par-usage-du-
tertiaire
13
Les mĂȘmes motivations que pour le tertiaire sont Ă lâorigine de cette approximation grossiĂšre (manque de visibilitĂ© Ă ce stade sur
le bilan Ă©nergĂ©tique projetĂ© pour lâindustrie, calculs dâordres de grandeur en sortie) et lĂ Ă©galement, le bilan Ă©nergĂ©tique reste Ă faire.
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â Ătat dâavancement du PTEF
12
Ces chiffres sont volontairement conservateurs. Par exe
mple, lâĂ©lectrification de certains usages,
notamment pour lâacier, pourrait modifier cette rĂ©partition par vecteurs.
e. Bilan global aprĂšs transformation
Voici le bilan global obtenu sur la consommation dâĂ©nergie finale par les diffĂ©rents secteurs, celle du
secteur de lâĂ©nergie comprises, et en tenant compte des pertes de transport et de distribution.
Les besoins en production dâĂ©nergie finale sont de 90,6 Mtep/an, contre 141 Mtep/an actuellement
selon nos périmÚtres. Cela représente une diminution de 35
% de la consommation dâĂ©nergie finale.
Consommation dâĂ©nergie finale par secteur aprĂšs transformation (sauf lâindustrie, qui nâa pas pu estimer Ă ce stade du projet lâeffet
de ses transformations sur ses consommations dâĂ©nergie finale pour lâinstant, et quâon considĂšre donc de maniĂšre prudente comme
nâĂ©tant pas transformĂ©e ; le cas du tertiaire est Ă©galement Ă considĂ©rer prĂ©cautionneusement car calquĂ© en premiĂšre approximation pour
le moment sur le résidentiel.).
Unité = Mtep/an
Charbon
Combustibles
liquides
Combustibles
gazeux
Biomasse
solide et
déchets
Ălec.
Chaleur
Total
Industrie
1,2
3,0
10,7
2,0
11,8
1,7
30,4
Résidentiel
0,0
0,0
1,2
4,0
12,5
3,9
21,6
Tertiaire
0,0
0,0
0,7
0,1
10,8
2,2
13,8
Transports
0,0
7,9
0,0
0,0
5,4
0,0
13,3
Agriculture & ForĂȘt
0,0
0,8
1,0
0,1
0,5
0,0
2,4
Secteur de
l'énergie
0,0
0,0
1,4
0,0
2,7
0,0
4,1
Pertes
transport/distrib
0,0
0,0
0,2
0,0
3,6
1,1
4,9
Energie finale +
conso systĂšme
énergétique +
pertes
1,2
11,7
15,2
6,2
47,2
8,9
90,4
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13
2- Bilan sur les combustibles gazeux et liquides
Le tableau suivant prĂ©sente les besoins de lâĂ©conomie aprĂšs transformation gazeux et liquides. Ces
besoins regroupent la demande en énergie finale liquide et gazeuse des différents secteurs, les pertes
gazeuses, ainsi que les besoins en gaz
et fioul pour la production dâĂ©lectricitĂ©
14
.
unité = Mtep/an
Combustibles
liquides
Combustibles
gazeux
Total
Besoins totaux
d'énergie finale
11,7
15,2
26,9
Pour production
d'électricité
1,3
4,5
5,8
Ressources
apportées par les
secteurs agri/forĂȘt
1,6
3,3
4,9
Reste à décarboner
11,4
16,4
27,8
Avant consommation des secteurs agriculture et forĂȘt, 3,3 Mtep de biogaz sont disponibles. Or les
besoins totaux dâĂ©nergie finale sous forme de carburants gazeux aprĂšs transformation sâĂ©tablissent Ă
19,7 Mtep.
ï·
La
production de biogaz du secteur de lâagriculture permet de rĂ©pondre aux besoins de
carburants gazeux Ă hauteur de 17 %.
Avant consommation des secteurs agriculture et forĂȘt, 1,6 Mtep de biocarburants sont disponibles
pour une demande totale en carburants liquides de 13 Mtep.
ï·
La production de biocarburants de lâagriculture permet de rĂ©pondre aux besoins de carburants
liquides Ă hauteur de 12 % des besoins.
3- De nécessaires arbitrages sur les combustibles gazeux et liquides
Les vecteurs énergétiques qui présentent des limitations importantes sont les combustibles gazeux et
liquides. Les secteurs ont donc travaillé à réduire leur dépendance à ces combustibles, par exemple en
électrifiant leurs usages. Les transports représentent la majeure partie des besoins en combustibles
liquides restants. Lâindustrie reprĂ©sente quant Ă elle la majeure partie des besoins en combustibles
gazeux restants.
Dans une premiÚre partie, nous analysons les efforts déjà « consentis » par le secteur des transports,
pour expliquer dâoĂč Ă©merge son besoin « incompressible » en combustibles liquides ou gazeux, et
éventuellement le reconsidérer.
a. Les transformations déjà envisagées
Concernant les mobilités des personnes :
ï·
Les véhicules personnels seront massivement électrifiés, la part restante compte sur des
carburants liquides ou des biocarburants. Cette part a été comptée à ce stade du projet comme
une hypothÚse « prudente » (quelles seraient les implications de ne pas réussir à électrifier tout
le parc de voitures ?). Elle pourrait certainement ĂȘtre poussĂ©e plus loin.
14
Nous supposons par ailleurs que la production de chaleur pour les réseaux de chaleur (1,2 Mtep, dont 60 % en bois énergie et le
reste en dĂ©chets) ne requiert pas de liquide ou gaz. Afin dâĂ©valuer les besoins en gaz et fioul pour la production dâĂ©lectricitĂ©, nous
supposons pour nos calculs que le mix électrique est similaire au mix actuel, la demande en électricité étant de 2
% supĂ©rieure Ă lâactuelle
aprĂšs transformation. Les besoins en gaz Ă proportion constante par rapport Ă la demand
e globale sont alors de lâordre de 4,45 Mtep et
ceux en fioul de 1,25 Mtep (source SDES 2018).
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14
ï·
Certains autobus pourront ĂȘtre Ă©lectrifiĂ©s, mais selon un usage plus contraint en raison de
questions dâautonomie et de recharge.
ï·
LâĂ©lectrification devrait progresser pour les tronçons de trains rĂ©gionaux fonctionnant encore au
diesel.
ï·
Pour ces tronçons diesel, de potentiels trains bi-modes Ă©lectrique et hydrogĂšne pourraient ĂȘtre
envisagés.
ï·
Des alternatives au kĂ©rosĂšne pour lâaviation semblent loin dâĂ©merger, son utilisation apparaĂźt
inĂ©vitable mĂȘme Ă long-
terme. LâĂ©lectrification de ce mode est compromise du fait de batteries
trop lourdes et volumineuses.
ï·
A lâavenir, peut-ĂȘtre que des concepts dâavions adaptĂ©s Ă la contrainte du stockage dâhydrogĂšne
comprimé pourraient se développer, mais cela reste hypothétique.
ï·
Enfin, concernant les mobilités quotidiennes, les modes déjà décarbonés, comme le métro, le
tramway, les véhicules à assistance électrique, les deux roues électriques, les TER et RER, ainsi
que les TGV, voient leurs parts modales augmenter largement.
ï·
Les motos, quant à elles, verront leurs usages réduits aux passionnés.
Les efforts dâores et dĂ©jĂ consentis par le fret sont les suivants :
ï·
Le fret va voir ses parts modales évoluer, notamment au profit du transport de marchandises par
voies fluviales et par voies ferroviaires, plus efficaces énergétiquement parlant que le transport
par camions.
ï·
La motorisation des pĂ©niches pourrait Ă©voluer vers lâĂ©lectrique alimentĂ© par pile hydrogĂšne. Ces
vecteurs énergétiques seront accessibles via des stations implantées le long des berges. Par
ailleurs, une part de propulsion vélique
15
nâest pas exclue.
ï·
Les vĂ©hicules utilitaires lĂ©gers seront Ă©lectrifiĂ©s de mĂȘme que les poids-lourds pour des tournĂ©es
de moyennes distances.
ï·
Néanmoins les poids-lourds de longues distances ne pourront pas connaßtre ce type
dâĂ©lectrification pour une question dâautonomie. Ils pourraient ĂȘtre propulsĂ©s par des piles Ă
hydrogÚne ou bien des motorisations hybrides électriques par voie de caténaires et hydrogÚne.
La question de lâopportunitĂ© dâun recours Ă lâhydrogĂšne par Ă©lectrolyse (afin de dĂ©carboner les besoins
en carburants liquides ou gazeux) pourra se poser pour certains modes.
ï·
Le dĂ©veloppement dâune infrastructure hydrogĂšne porte des questions de faisabilitĂ© technique et
financiĂšre, câest pourquoi elle nâest pas envisagĂ©e pour alimenter les transports « diffus » (VUL
et voitures).
ï·
Si les péniches de transport de marchandises et les poids-lourds de longues distances sont
amenĂ©s Ă ĂȘtre alimentĂ©s Ă lâhydrogĂšne, alors se pose la question du lieu lâimplantation de ces
bornes et de la finesse du maillage.
Une hybridation de certains poids-
lourds Ă lâaide dâun systĂšme de catĂ©naires et de combustible
hydrogĂšne pourrait ĂȘtre envisagĂ©e.
ï·
La pose de ces caténaires ne se ferait que sur les portions de route trÚs empruntées par les PL,
pour des questions de coûts, tels que le sont actuellement les tronçons Lille-Paris, ou encore
Lyon-Dijon-Metz.
ï·
Le coĂ»t par kilomĂštre de ces catĂ©naires est de lâordre de 670 000 Ă 3,2 millions dâeuros
16
.
15
vélique = à voiles
16
Conversion selon le taux de change en vigueur Ă la publication du rapport ICCT 0,84 eur = 1 USD p.21
https://theicct.org/sites/default/files/publications/Zero-emission-freight-trucks_ICCT-white-paper_26092017_vF.pdf
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15
b. Les options possibles de décarbonation des besoins en carburants
liquides et gazeux aprĂšs transformation
Les bilans des consommations énergétiques des secteurs nous mettent face à un constat de
contrainte énergétique en ce qui concerne les carburants liquides et gazeux.
Dans cette
section, nous explorons les diffĂ©rentes options qui pourraient ĂȘtre mises en Ćuvre pour
équilibrer le bouclage macro-
Ă©nergĂ©tique (câest-Ă -dire Ă une situation dans laquelle les besoins en ces
carburants seraient comblés de maniÚre décarbonée), que ce soit en réduisant la demande ou en
augmentant lâoffre.
ï·
Repenser les secteurs pour aller vers plus de sobriété
ï·
Produire plus dâagrocarburants et de biogaz, ou en importer
ï·
Passer massivement Ă lâhydrogĂšne par Ă©lectrolyse
ï·
Passer massivement à la méthanation (
Power-to-gaz
)
Chaque option impose des contreparties que nous tentons de mettre en lumiĂšre le plus concrĂštement
possible.
Repenser les secteurs pour aller vers plus de sobriété
Une premiÚre option, évidente, serait que chaque secteur revoit sa copie pour proposer un mode de
fonctionnement plus sobre que celui quâil a pour lâinstant proposĂ© dans cette version du PTEF.
Cette option devrait sâaccompagner dâanalyses mises Ă jour quant aux modes de vie, Ă lâemploi, et
aux différents impacts environnementaux, de c
onsommation de matiĂšre et dâĂ©nergie, des diffĂ©rents
secteurs.
Produire plus dâagrocarburants et de biogaz, ou en importer
Une seconde option est dâaugmenter la disponibilitĂ© en carburants liquides et/ou gazeux par une
exploitation plus grande des terres agricoles.
On peut dâune part prendre une hypothĂšse dâaugmentation de la part de ressources lignocellulosiques
qui peut ĂȘtre mise dans les digesteurs, afin de passer dâune production de 3,3 Mtep, qui est une
hypothĂšse prudente, Ă une production de 6 Mtep de biogaz voire davantage.
Nous explorons ensuite la possibilitĂ© de couvrir lâensemble des besoins en carburants liquides par
une production dâagrocarburants de seconde gĂ©nĂ©ration. Les calculs et raisonnements sont disponibles
en annexe, leur objectif étant
de dĂ©crire les consĂ©quences dâun tel choix :
ï·
Afin dâobtenir les 11,4 Mtep de agrocarburants nĂ©cessaires, lâoccupation dâespace serait
dâenviron 14 millions dâhectare, soit environ 50 % des surfaces agricoles utiles françaises,
actuellement
17
et Ă lâĂ©tat final
18
. Ceci sans considérer les nécessaires rotations culturales qui
augmenteraient encore davantage les surfaces nécessaires.
ï·
Cela correspondrait Ă 26
% de lâespace mĂ©tropolitain quâil faudrait donc transformer en surfaces
agricoles supplémentaires, ce qui
permettrait de se nourrir et disposer dâassez de carburants
liquides.
ï·
à cela s'ajoute la production de biogaz, associée aux résidus de culture de colza et aux cultures
intermédiaires des 14 Mha de culture de colza supplémentaires : 5,7 Mtep de biogaz, ce qui ne
comblerait toujours pas totalement les besoins en combustibles gazeux (le reste Ă trouver serait
de 8Mtep).
Les consĂ©quences en termes dâemprise au sol seraient donc trĂšs fortes.
17
https://fr.wikipedia.org/wiki/Surface_agricole_utilis%C3%A9e#En_France
18
Le secte
ur agriculture a Ă©mis lâhypothĂšse dâune surface arable constante
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â Ătat dâavancement du PTEF
16
Enfin, si lâon importait tout ou partie du biogaz et des biocarburants, ce serait autant de terres arables
prises au dĂ©triment de lâalimentation ou des usages Ă©nergĂ©tiques dâautres populations, sans parler de
lâusage des ressources en eau.
ï·
Câest autant de terres qui ne seraient pas allouĂ©s Ă la production alimentaire, humaine ou
animale.
ï·
Dans un contexte de dérÚglement climatique et de potentielles diminutions des rendements de
lâagriculture, privilĂ©gier lâĂ©nergie Ă lâalimentation humaine est donc un choix tout Ă fait discutable.
ï·
Dâautant plus quâimporter de telles quantitĂ©s de biogaz et de biocarburants crĂ©erait une nouvelle
dĂ©pendance extĂ©rieure aux carburants liquides (cette fois dâorigine agricole).
Seule, la production Ă©nergĂ©tique des secteurs agriculture et forĂȘt ne saurait donc satisfaire les besoins
de carburants l
iquides et gazeux de la France mĂ©tropolitaine tels quâenvisagĂ©s dans le cadre actuel du
PTEF.
Passer massivement Ă lâhydrogĂšne par Ă©lectrolyse
Nous avons exploré une troisiÚme option : répondre aux besoins en carburants liquides et gazeux par
de lâhydrogĂšne par Ă©lectrolyse uniquement. Les consĂ©quences que nous avons Ă©tudiĂ©es sont la
consommation supplĂ©mentaire dâĂ©lectricitĂ©, infrastructures nĂ©cessaires, investissements Ă mobiliser.
Les calculs sont disponibles en annexe, en voici les résultats :
â Pour combler les besoins en gaz et carburants liquides, câest un total de 32 Mtep, ou 370 TWh
dâĂ©lectricitĂ©, quâil faudrait produire pour le convertir en hydrogĂšne.
â Câest plus de 65 % de consommation dâĂ©lectricitĂ© supplĂ©mentaires par rapport au total des 47,2
Mtep d
âĂ©lectricitĂ© prĂ©vues en fin de transition.
â Il faudrait plus de 40 000 unitĂ©s dâĂ©lectrolyse dâ1 MW PCS pour produire lâhydrogĂšne nĂ©cessaire.
â Un systĂšme hydrogĂšne qui servirait Ă complĂ©ter les besoins en carburants liquides et gazeux
dans le PTEF, mobiliserait plus de 60
G⏠dâinvestissement initial (hydrolyseurs et stations-
services, sans compter les unitĂ©s de production dâĂ©lectricitĂ© supplĂ©mentaires nĂ©cessaires pour
produire lâhydrogĂšne).
â LâhydrogĂšne se transporte mal, il convient que son lieu de production et son lieu consommation
soient proches.
â Par ailleurs, la demande constante en Ă©lectricitĂ© pour lâĂ©lectrolyse de lâeau pourrait faciliter dans
une certaine mesure lâĂ©quilibrage offre-demande du systĂšme Ă©lectrique
19
.
â Un systĂšme hydrogĂšne appliquĂ© aux mobilitĂ©s prĂ©sente lâavantage de pouvoir dĂ©velopper des
véhicules hybrides hydrogÚne/électricité, tels les camions équipés de pantographes, pouvant
circuler sur les autoroutes électrifiées par caténaires.
â Enfin, les piles Ă hydrogĂšne contiennent actuellement du platine, dont la ressource est rare et
limitĂ©e, mais qui peut, dans une certaine mesure, ĂȘtre recyclĂ©. La raretĂ© de ce mĂ©tal, les
concurrences internationales pour son obtention serait alors un nouveau paramÚtre à considérer.
Passer massivement à la méthanation (Power to gaz)
La quatriĂšme option explorĂ©e est celle dâune production de gaz par mĂ©thanation pour combler les
besoins en carburants liquides et gazeux. La chaĂźne de production pour passer de lâĂ©lectricitĂ© au mĂ©thane
(filiĂšre P2G) est composĂ©e dâun Ă©lectrolyseur (comme pour la filiĂšre hydrogĂšne), dâun rĂ©acteur de
mĂ©thanation connectĂ© Ă une source de CO2 (pour passer de lâhydrogĂšne au mĂ©thane).
Les consĂ©quences dâun tel choix sont les suivantes (calculs disponibles en annexe) :
ï·
Câest au total 49 Mtep, soit 575 TWh, dâĂ©lectricitĂ© qui seraient nĂ©cessaires pour rĂ©pondre aux
besoins de carburants liquides et gazeux par un systÚme P2G. Ainsi, développer un systÚme
19
En constituant une option dâeffacement, et en Ă©tant une forme de stockage de lâĂ©lectricitĂ©. Cependant, les coĂ»ts de production de
lâH2 sont trĂšs dĂ©pendants du taux de charge de lâinstallation (son nombre dâheures de fonctionnement par annĂ©e), et dâautant plus Ă©levĂ©s
que lâinstallation fonctionne peu.
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P2G de cette ampleur reprĂ©sente un doublement de la production dâĂ©lectricitĂ© finale aprĂšs
transformation.
ï·
Il serait intĂ©ressant dâestimer ici les investissements nĂ©cessaires au dĂ©ploiement national dâun
systĂšme P2G (nous ne lâavons pas encore fait).
ï·
Par ailleurs, la demande constante en Ă©lectricitĂ© pour lâĂ©lectrolyse de lâeau pourrait faciliter dans
une certaine mesure lâĂ©quilibrage offre-demande du systĂšme Ă©lectrique.
ï·
Lâun des avantages du recours Ă la mĂ©thanation pour les besoins de carburants gazeux est quâil
peut ĂȘtre transportĂ© par les rĂ©seaux de gaz existants.
Le secteur Ănergie aprĂšs transformation
Le paysage énergétique aprÚs transformation est encore largement incertain à ce stade du projet. Les
efforts de sobriĂ©tĂ© et dâefficacitĂ© Ă©nergĂ©tique des diffĂ©rents secteurs mĂšnent Ă des besoins encore Ă©levĂ©s
en carburants liquides et gazeux (bien que
les transformations du secteur de lâindustrie, qui pĂšse
beaucoup dans ces besoins, nâaient pas encore Ă©tĂ© prises en compte) : 27 Mtep sont encore requis
annuellement (contre 84 actuellement). Câest trĂšs significatif en regard de lâemprise au sol qui serait
nécessaire pour y répondre par la production agricole (agrocarburants, biogaz), ou de la quantité
dâĂ©lectricitĂ© qui serait nĂ©cessaire pour y rĂ©pondre par un systĂšme hydrogĂšne ou power-to-gaz.
Cela Ă©tant dit, les conclusions suivantes peuvent dĂ©jĂ ĂȘtre tirĂ©es quant au systĂšme Ă©nergĂ©tique aprĂšs
transformation :
ï·
AprĂšs transformation, le secteur de lâĂ©nergie nâest plus dĂ©pendant des Ă©nergies fossiles,
améliorant la souveraineté énergétique du pays, la résilience à la volatilité des cours des
hydrocarbures, tout en portant un effet positif sur la pollution atmosphérique.
ï·
La part de lâĂ©lectricitĂ© dans la consommation dâĂ©nergie finale passe Ă plus de 50%. Si les besoins
en carburants liquides et gazeux sont remplis par un systĂšme hydrogĂšne ou par un systĂšme
power-to-
gaz, la dĂ©pendance de lâĂ©conomie au vecteur Ă©lectrique sera trĂšs forte. En
consĂ©quence, notre sociĂ©tĂ© sera plus affectĂ©e dans lâĂ©ventualitĂ© dâune dĂ©faillance sur le rĂ©seau.
Cela nous fera donc poser par la suite des questions quant à sa résilience, face à cette grande
dĂ©pendance Ă lâĂ©lectricitĂ© ainsi envisagĂ©e.
ï·
Les biocarburants issus de lâagriculture reprĂ©sentent 2% des consommations totale dâĂ©nergie
tandis que le biogaz agricole atteint 7% des consommations. Si jamais le choix est fait de
mobiliser lâagriculture pour produire les carburants liquides ou gazeux, ces valeurs
augmenteraient significativement (respectivement 13 % et 17 %), pour atteindre une dépendance
de notre Ă©nergie Ă lâagriculture de 30 %.
ï·
Une Ă©nergie dâorigine agricole plutĂŽt que fossile soulĂšve des questions nouvelles de sĂ©curitĂ©
dâapprovisionnement. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, tout ce qui peut perturber la production de biomasse
peut en retour avoir des effets sur le secteur énergie selon le taux de pénétration de ce vecteur
dans le mix : sĂ©cheresse, inondation, incendie, tempĂȘte, vague de chaleur, invasion d'un
pathogĂšne ou ravageurâŠ
Des reconfigurations dans le paysage de lâemploi dans le secteur de lâĂ©nergie sont Ă prĂ©voir, mais
elles restent à définir.
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Potentiel de dĂ©carbonation dâici 2025
Un exercice auquel le PTEF souhaite se livrer par la suite, en plus dâapporter une vision long terme
de la transition, est dâĂ©valuer le potentiel de dĂ©carbonation "technologique" de certains secteurs dâici 5
ans. Cela sera Ă mettre en vis-Ă -
vis dâobjectifs de dĂ©carbonation Ă cette date, et permettra de chiffrer "ce
qui peut venir de la technologie à usage inchangé" (efficacité énergétique, changement de technologie
pour rĂ©pondre Ă un mĂȘme usageâŠ) et de mettre ainsi en exergue "ce quâil reste Ă faire pour atteindre
lâobjectif", qui devra donc ĂȘtre trouvĂ© dans des changements dâusages ou des changements
organisationnels.
Concernant le secteur de l'Ă©nergie, nous avons pour lâinstant Ă©valuĂ© le levier technologique "Potentiel
de dĂ©carbonation de lâĂ©lectricitĂ© dâici 2025". A terme, cela sera Ă mettre en commun et agrĂ©ger avec les
leviers dâautres secteurs, notamment de la mobilitĂ© dâune part, du bĂątiment dâautre part, pour effectuer
lâexercice en entier.
On propose donc ici une ébauche de ce que pourra devenir ce chiffrage : on calcule seulement les
gains dâĂ©missions dans le bĂątiment et dans la mobilitĂ© en considĂ©rant que leurs consommations
dâĂ©lectricitĂ© en 2025 sont Ă©gales aux consommations actuelles, et en Ă©valuant le gain obtenu avec les
nouveaux facteurs
dâĂ©mission de lâĂ©lectricitĂ© tels quâon les calcule pour 2025. Par la suite, il faudra aussi
prendre en compte les leviers des autres secteurs qui feront évoluer la demande en électricité en 2025,
au lieu de la maintenir constante : par exemple, dans le bĂątiment, le levier "Transfert de technologies de
chauffage vers les pompes à chaleur" peut faire évoluer la demande en électricité du secteur à la hausse,
tandis que le levier "Isolation des bùtiments" la fera évoluer à la baisse.
LâĂ©lectricitĂ© française mĂ©tropolitaine est dĂ©jĂ largement dĂ©carbonĂ©e du fait de la part de production
nucléaire, mais le mix comprend encore 4 centrales fonctionnant au charbon, dont la combustion est
fortement émettrice : une centrale à Cordemais (deux unités de 600 MW), une au Havre (600 MW), une
Ă Gardanne (600 MW) et une Ă Saint-Avold (600 MW)
20
.
Les fermetures de ces centrales sont prĂ©vues dâici 2022 dans la PPE, sauf cas de reconversion
21
.
Cependant, certains facteurs rendent incertain leur arrĂȘt complet avant cette date : le retard pris par la
mise en service de lâEPR de Flamanville
22
, lâincertitude sur la mise en service de la centrale Ă gaz de
Landivisiau
23
et lâopposition Ă la fermeture rencontrĂ©e sur le terrain Ă Gardanne
24
. Un projet de
reconversion de la centrale de Cordemais
est Ă lâĂ©tude : le charbon serait remplacĂ© par de la biomasse
et la production limitée par rapport à la situation actuelle, divisant par environ 25 les émissions de CO2
25
.
La date de fermeture de la centrale de Gardanne nâest pas fixĂ©e et celle de la centrale de Cordemais
devrait ĂȘtre repoussĂ©e Ă 2024 ou 2026
26
. LâarrĂȘt des deux autres centrales semble plus prĂ©cis : 2021
pour celle du Havre
27
et 2022 pour Saint-Avold
28
.
Face à ces incertitudes, nous avons dû faire des hypothÚses pour évaluer le potentiel de
dé
carbonation de lâĂ©lectricitĂ© pour 2025. Nous avons considĂ©rĂ© une disparition de la production
dâĂ©lectricitĂ© Ă partir de charbon dâici 2025, remplacĂ©e par une production 25 fois moins Ă©mettrice sur le
modÚle des données annoncées pour Cordemais, dans le cadre du projet de biomasse (cela est presque
analogue Ă remplacer par une production dĂ©carbonĂ©e produite Ă partir de nuclĂ©aire ou dâENR). Ceci ne
constitue quâun cadre dâhypothĂšses et ne prĂ©juge pas de lâissue des conflits liĂ©s aux projets de fermeture :
dan
s le cadre de cet exercice, lâhypothĂšse de disparition complĂšte du charbon dâici 2025 est conservatrice
par rapport au cas oĂč il en resterait. En effet, cela reviendrait Ă avoir surestimĂ© le potentiel dâaction des
leviers technologiques, dont on veut montr
er quâils ne suffisent pas Ă atteindre les objectifs de
20
https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/fermeture-des-centrales-charbon-aura-lieu-dici-2022
22
23
https://www.usinenouvelle.com/editorial/retraites-nucleaire-sante-plan-de-relance-les-dossiers-chauds-pour-le-prochain-premier-
ministre-jean-castex-suite-au-depart-d-edouard-philippe.N982331
24
https://www.usinenouvelle.com/article/a-la-centrale-charbon-de-gardanne-meyreuil-emmanuelle-wargon-va-trouver-une-situation-
bloquee.N924109
25
https://www.edf.fr/groupe-edf/nos-energies/carte-de-nos-implantations-industrielles-en-france/centrale-nucleaire-de-saint-laurent-
des-eaux/actualites/en-direct-du-groupe-edf-franchit-un-jalon-important-dans-la-mise-en-oeuvre-industrielle-d-ecocombust
26
https://www.usinenouvelle.com/article/l-estuaire-de-la-loire-sans-la-fumee-de-la-centrale-de-cordemais.N941841
27
https://www.usinenouvelle.com/article/clap-de-fin-pour-la-centrale-a-charbon-du-havre-le-1er-avril-2021.N918549
28
https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/01/18/la-france-engage-la-fermeture-de-ses-quatre-centrales-a-
charbon_6026413_3234.html
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19
décarbonation rapide. Les résultats sur la nécessité de leviers comportementaux pour compléter les
leviers technologiques seront donc renforcés si notre hypothÚse de sortie du charbon ne se réalise que
partiellement.
Pour Ă©valuer le potentiel de dĂ©carbonation de lâĂ©lectricitĂ©, nous avons adoptĂ© la mĂ©thode suivante.
Lâobjectif Ă©tait de calculer des facteurs dâĂ©mission (FE) de lâĂ©lectricitĂ© (en kgCO2e/kWh) pour 2025, Ă
comparer avec ceux dâaujourdâhui. Nous sommes partis de la base carbone de lâAdeme
29
, qui répertorie
des FE de lâĂ©lectricitĂ© liĂ©s Ă diffĂ©rents usages de celle-ci : lâAdeme fait en effet la distinction entre des
usages souvent liés à des pointes de demande et ceux liés à des moments de production de base,
lâĂ©lectricitĂ© Ă©tant plus carbonĂ©e dans le premier cas, car nĂ©cessitant des moyens de production plus
carbonés pour assurer la pointe
30
. Ainsi, lâusage « chauffage » est par exemple plus carbonĂ© que lâusage
« eau chaude sanitaire », car le chauffage a lieu en hiver lors de périodes de tension sur la demande,
tandis que lâeau chaude sanitaire est rĂ©chauffĂ©e pendant la nuit lorsque la demande est au plus bas.
Nous avons Ă©tudiĂ© quatre usages (nous reprenons ici les dĂ©nominations de lâAdeme, et faute de plus
de détails dans la documentation, nous avons préjugé sur la signification de chaque usage tel que
présenté ci-aprÚs) :
ï·
« Electricité - 201x - mix moyen
â consommation », pour les cas oĂč lâon ne peut pas attribuer la
consommation dâĂ©lectricitĂ© Ă©tudiĂ©e Ă un usage particulier ;
ï·
« Electricité - 201x - usage : chauffage - consommation
», pour lâusage de chauffage ;
ï·
« Electricité - 201x - usage : Eau Chaude Sanitaire
â consommation », qui correspond au
chauffage de l'ECS : nous comptons utiliser ce FE dans le cas de la recharge des véhicules
Ă©lectriques, en faisant lâhypothĂšse que celle-ci serait Ă©talĂ©e sur la nuit de maniĂšre similaire au
cas de lâECS (si ce nâest pas le cas, le FE serait plus carbonĂ©, donc lâhypothĂšse est conservatrice
dans le cadre de notre exercice) ;
ï·
« Electricité - 201x - usage : Transports
â consommation », pour lâusage des transports
fonctionnant actuellement Ă lâĂ©lectricitĂ© (trains, TC).
Les FE de lâAdeme sâexpriment en kgCO2e/kWh et prennent en compte les imports/exports
dâĂ©lectricitĂ©. Ils se dĂ©composent en trois parties : une partie « Amont (combustibles) » (amont des
combustibles, amortissement de la centrale, émissions annexes de fonctionnement), une partie
« Combustion à la centrale » (la plus conséquente) et une partie « Transport et distribution (Pertes) »
(plus anecdotique).
Comme nous raisonnons dâun point de vue territorial, nous avons fait le choix de ne considĂ©rer que
les parties Combustion et Transport (cela a ses limites, car la partie amont ne se déroule pas seulement
hors du territoire).
Nous avons ensuite évalué le potentiel de décarbonation de la partie Combustion. Pour ce faire, nous
avons relevé dans les Bilans électriques de RTE des cinq derniÚres années (2015 à 2019) les émissions
CO2 de consommation de combustible par filiÚre, et nous avons calculé pour chaque année la part que
représentent les émissions du charbon dans le total (qui tourne entre 25 et 35% sur les cinq ans, sauf
pour 2019 oĂč cela avoisine les 8%, car peu dâĂ©lectricitĂ© a Ă©tĂ© produite Ă partir de charbon relativement
aux années précédentes).
Nous avons alors retirĂ© Ă la partie combustion des FE cette proportion que lâon a remplacĂ©e par une
part 25 fois plus faible, conformĂ©ment Ă nos hypothĂšses prĂ©citĂ©es, en considĂ©rant les FE de lâAdeme de
2015 à 2019 et en en prenant la moyenne (afin de calculer un FE moyenné actuel, avec la partie charbon,
et un FE moyenné 2025, sans charbon).
29
www.bilans-ges.ademe.fr, mot-clé "Electricité"
30
https://www.bilans-ges.ademe.fr/fr/accueil/documentation-gene/index/page/Electricite_reglementaire
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â Ătat dâavancement du PTEF
20
Les résultats obtenus pour les FE sont les suivants :
Facteurs d'émission moyennés
(kgCO2e/kWh)
Actuel
2025
Mix moyen - consommation
0.0456
0.0356
Usage : chauffage - consommation
0.1309
0.0993
Usage : Eau Chaude Sanitaire - consommation
0.0416
0.0324
Usage : Transports - consommation
0.0268
0.0214
Ă
partir de ces FE, nous avons calculĂ© des baisses dâĂ©missions.
Dans le cas du bùtiment, nous sommes partis de chiffres SDES 2018 de consommations énergétiques
du résidentiel
31
et du tertiaire
32
, pour répartir les consommations en électricité de ces secteurs, en
Ă©lectricitĂ© "classique" dâune part et en Ă©lectricitĂ© "chauffage" dâautre part, que nous avons donc pour le
moment conservées constantes en 2025 :
Répartitions des consommations électriques par secteur et usage en 2018 et
2025 (TWh)
Résidentiel élec classique
105.4
Résidentiel élec chauffage
33.0
Tertiaire élec classique
105.5
Tertiaire élec chauffage
17.8
Total
261.6
Cela nous a permis, à partir des FE « Mix moyen
â consommation » et « Usage : chauffage â
consommation », « Actuel » et « 2025 », de calculer des émissions actuelles (16,3 MtCO2e) et projetées
en 2025 (12,5 MtCO2e). On aboutit ainsi Ă une diminution de 3,7 MtCO2e.
Dans le cas de la mobilité, nous sommes partis de données Eurostat
33
pour obtenir des
consommations Ă©lectriques du secteur. Ces consommations pourraient ĂȘtre rĂ©parties en consommations
« transports en commun électrifiés » et en consommations « véhicules électriques
», afin dâutiliser
pleinement les deux types de FE calculés pour la mobilité, mais nous avons pris le parti pour le moment
de considérer que toute la consommation électrique du transport fait partie de la premiÚre catégorie,
mĂȘme en 2025. Ce sera Ă Ă©toffer par la suite avec les autres leviers technologiques.
Nous avons donc cette répartition :
Répartitions des consommations électriques par usage en 2018 et 2025
(TWh)
Elec transports trains, TC
10.4
Elec VE
0
Total
10.4
à partir des FE « Usage : Transports
â consommation », « Actuel » et « 2025 », nous avons ainsi
calculĂ© des Ă©missions actuelles (0,28 MtCO2e) et projetĂ©es en 2025 (0,22 MtCO2e). On aboutit ainsi Ă
une diminution de 0,06 MtCO2e. Le chiffre est bien sûr bien inférieur au cas du bùtiment, car la
consommation dâĂ©lectricitĂ© dans la mobilitĂ© ne reprĂ©sente quâune trĂšs petite partie des consommations
totales, surtout alimentées par le pétrole.
Ces calculs isolés ne sont pour
le moment pas utilisables tels quels pour lâexercice, et doivent ĂȘtre
complétés par ceux des autres leviers pour pouvoir en tirer des conclusions.
Nous avons par ailleurs noté certaines limites à nos calculs :
ï·
Nous avons utilisé des sources de données dif
fĂ©rentes (lâAdeme et RTE) qui ne se correspondent
pas exactement pour les pĂ©rimĂštres choisis. Notamment lâAdeme mesure du CO2e tandis que
31
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/consommation-denergie-par-usage-du-residentiel
32
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/consommation-denergie-par-usage-du-tertiaire
33
Eurostat 2018, https://ec.europa.eu/eurostat/fr/web/energy/data/energy-balances
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21
RTE seulement du CO2, et par ailleurs lâAdeme prend en compte la partie import-export tandis
que RTE non : or, la ferm
eture des centrales Ă charbon françaises nâinflue pas en rĂ©alitĂ© sur les
émissions importées, contrairement à ce que notre méthode laisse supposer en agissant sur le
chiffre global. Cependant, cela aura tendance Ă surestimer la dĂ©carbonation (lâĂ©lectricitĂ© importĂ©e
étant plus carbonnée en moyenne que celle produite sur le territoire), on est donc ici encore
conservateur pour lâexercice donc cela convient.
ï·
De mĂȘme, nous avons surestimĂ© la partie charbon de certains FE dont lâusage se passe en
général pendant une production de base et donc peu carbonée, sans charbon dans le mix, alors
que nous lâavons retirĂ© Ă proportion des Bilans Ă©lectriques (limite conservatrice).
ï·
Il est discutable d'exclure la partie Amont pour n'avoir que les émissions territoriales, car la partie
Amont comprend par exemple les amortissements des installations, qui sont territoriales, ou
encore lâamont de la biomasse. Nous avons fait ce choix car tout Ă©tait mĂ©langĂ© dans un seul
chiffre que nous ne pouvions détailler rétrospectivement, et qui était moins conséquent que la
partie Combustion donc plus négligeable.
ï·
L'Ademe n'a pas encore de FE pour l'année 2019, nous avons donc pris les FE de 2018 par
défaut pour cette année, en leur retranchant les émissions issues du Bilan électrique de 2019.
ï·
En 2019, il y a eu peu de charbon consommé, donc on peut s'interroger sur la légitimité de
moyenner sur les cinq derniÚres années si cette baisse de consommation enclenchait déjà une
sortie du charbon ; cependant, il est conservateur de considérer que l'année 2019 était une
exception, non un enclenchement de sortie complĂšte du charbon.
ï·
Nous avons remplacé toute la production à partir de charbon par une production biomasse, ce
qui ne sera certainement pas le cas, mais est cependant proche dâune production dĂ©carbonĂ©e
nucléaire ou ENR, pour laquelle on aurait obtenu des résultats analogues en ordres de grandeur
(la baisse, aurait été moins conséquente en remplaçant par du gaz, si on considÚre par exemple
que la centrale de Landivisiau prendra en partie le relai, mais ici encore on est de cette maniĂšre
conservateur).
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22
ANNEXE
: Calculs relatifs Ă lâaugmentation de la
surface agricole pour combler les besoins en
carburants liquides et gazeux
Une seconde option est dâaugmenter la disponibilitĂ© en carburants liquides et/ou gazeux par une
exploitation plus grande des terres agricoles.
Concernant les carburants gazeux, le secteur de lâagriculture peut en effet augmenter la part de
ressources lignocellulosiques qui peut ĂȘtre mise dans les digesteurs, afin de passer dâune production de
3,3 Mtep, qui est une hypothĂšse prudente, Ă une production de 6 Mtep de biogaz voire davantage.
ï·
Les contreparties de ce dĂ©veloppement technologique impliquent de construire et dâalimenter une
grande quantité de méthaniseurs, ce qui peut pos
er des questions dâacceptabilitĂ© sociale,
dâorganisation, et dâarbitrage quant aux diffĂ©rents usages de la biomasse (matĂ©riaux, retour aux
sols, alimentation animale, Ă©nergieâŠ). Il faudrait entre 8 700 et 14 000 unitĂ©s
34
de méthanisation,
de capacité de production annuelle comprise entre 5 000 à 8 000 MWhe/an pour produire ces 6
Mtep de biogaz
35
.
ï·
Ces 6 Mtep de biogaz permettent de répondre à 30 % des besoins totaux de carburants gazeux.
unité = Mtep/an
Combustibles
liquides
Combustibles
gazeux
Total
Besoins totaux
d'énergie finale
11,7
15,2
26,9
Pour production
d'électricité
1,3
4,5
5,8
Ressources apportées
par les secteurs
agri/forĂȘt
1,6
6
7,6
Reste à décarboner
11,4
13,7
25,1
Concernant une production supplĂ©mentaire de carburants liquides par lâagriculture, la seule solution
qui serait envisageable, pour en estimer les contreparties, est dâallouer plus de terres Ă la production
dâĂ©nergie au dĂ©triment des cultures dĂ©diĂ©es Ă lâalimentation animale, aux exportations, au dĂ©triment des
forĂȘts, ou en dĂ©sarti
ficialisant des terres aujourdâhui artificialisĂ©es.
Nous nous basons sur les hypothĂšses suivantes pour estimer la surface nĂ©cessaire si lâon voulait que
lâagriculture produise 11,4 Mtep de biocarburants
36
(ces calculs ont été effectués en collaboration avec
le secteur de lâagriculture) :
ï·
La méthode bénéficiant de meilleurs rendements énergétiques en France est probablement la
culture du colza, accompagnée de cultures intermédiaires associées (couvert végétal avant
implantation de la prochaine culture).
ï·
Le
rendement dâun hectare de colza bio est entre 1,5 et 2,5 t de grains, qui contiennent 45%
dâhuile.
ï·
Les filiĂšres industrielles de biodiesel
37
permettent dâobtenir une production dâhuile raffinĂ©e de 0,8
tonnes à partir de ces grains, soit un contenu énergétique de 0,8 tep (densité énergétique proche
du gazole).
34
En ordre de grandeur, câest Ă©quivalent au nombre de stations-services en France.
35
https://www.cairn.info/revue-sciences-eaux-et-territoires-2013-3-page-72.htm?contenu=article
36
Une totale décarbonatio
n dâune telle quantitĂ© de produits pĂ©troliers et de gaz fossile par des biocarburants et du biogaz nâest pas
envisagĂ©e, ces hypothĂšses sont formulĂ©es Ă titre dâexemple pour se reprĂ©senter ce que cela signifierait concrĂštement.
37
Une méthode de trituration
Ă la ferme est Ă©galement possible, mais la production dâhuile serait alors de 0,6 t.
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â Juillet 2020
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â Ătat dâavancement du PTEF
23
ï·
Un hectare produit donc 0,8 tep de carburants liquide (biodiesel de raffinerie), en ordre de
grandeur.
ï·
Afin dâobtenir ces 11,4 Mtep de biocarburants, lâoccupation dâespace serait donc dâenviron 14
mil
lions dâhectares, soit environ 50 % des surfaces agricoles utiles françaises, actuellement
38
et
Ă lâĂ©tat final
39
. Ceci sans considérer les nécessaires rotations culturales qui augmenteraient
encore davantage les surfaces nécessaires.
ï·
Cela correspondrait Ă 26
% de lâespace mĂ©tropolitain quâil faudrait donc transformer en surfaces
agricoles supplémentaires
40
, ce qui permettrait de se nourrir et disposer dâassez de carburants
liquides.
à cela s'ajoute la production de biogaz, associée aux résidus de culture de colza et aux cultures
intermédiaires. Si on prend une hypothÚse prudente d'une récolte de 2 t de matiÚre sÚche par hectare
41
,
on peut espérer en tirer 0,4 tep
42
.
ï·
Soit, sur les 14 millions dâhectares de colza hypothĂ©tiquement cultivĂ©s, une production de 5,7
Mtep de biogaz (induisant encore quelques milliers de méthaniseurs supplémentaires)
ï·
Cette production supplémentaire de biogaz ne permettrait pas de combler le besoin de 13,7 Mtep
en combustibles gazeux.
Voici le bilan tel quâil serait avec ces 14 Mha de colza supplĂ©mentaires :
unité = Mtep/an
Combustibles
liquides
Combustible
s gazeux
Total
Besoins totaux d'énergie
finale
11,7
15,2
26,9
Pour production
d'électricité
1,3
4,5
5,8
Ressources apportées par
les secteurs agri/forĂȘt
13,0
11,7
24,7
Reste à décarboner
0,0
8,0
8,0
Enfin, si lâon importait tout ou partie du biogaz et des biocarburants, ce serait autant de terres arables
prises au dĂ©triment de lâalimentation ou des usages Ă©nergĂ©tiques dâautres populations, sans parler de
lâusage des ressources en eau.
ï·
Câest autant de terres qui ne seraient pas allouĂ©s Ă la production alimentaire, humaine ou
animale.
ï·
Dans un contexte de dérÚglement climatique et de potentielles diminutions des rendements de
lâagriculture, privilĂ©gier lâĂ©nergie Ă lâalimentation humaine est donc un choix tout Ă fait discutable.
ï·
Dâautant plus quâimporter de telles quantitĂ©s de biogaz et de biocarburants crĂ©erait une nouvelle
dĂ©pendance extĂ©rieure aux carburants liquides (cette fois dâorigine agricole).
Seule, la production Ă©nergĂ©tique des secteurs agriculture et forĂȘt ne saurait donc satisfaire les besoins
de carburants liquides et gazeux de la France mĂ©tropolitaine tels quâenvisagĂ©s dans le cadre actuel du
PTEF.
38
https://fr.wikipedia.org/wiki/Surface_agricole_utilis%C3%A9e#En_France
39
L
e secteur agriculture a Ă©mis lâhypothĂšse dâune surface arable constante
40
Ces surfaces seraient en effet "supplémentaires" et non "incluses" dans les surfaces actuellement prévues par le secteur de
lâagriculture, qui a affectĂ© les surfaces actuelles Ă des besoins plus prioritaires.
41
Afterres prévoit sur un ha de blé typique de son scénario, une production de 8,8 t de matiÚre sÚche. Cela serait moins pour du colza
- car moins de paille - et une partie de la matiÚre est laissée au champ pour la fertilité des sols.
42
Avec un rendement de méthanisation de 0,2 tep par tonne de matiÚre sÚche
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ANNEXE : Calculs relatifs Ă la production
dâhydrogĂšne par Ă©lectrolyse pour combler les besoins
en carburants liquides et gazeux
Nous explorons maintenant certaines conséquences de répondre aux besoins en carburants liquides
et gazeux par de lâhydrogĂšne par Ă©lectrolyse uniquement : consommation supplĂ©mentaire dâĂ©lectricitĂ©,
infrastructures nécessaires, investissements à mobiliser.
Le rendement de lâĂ©lectrolyse
Nous nous basons sur les Ă©lĂ©ments suivants concernant lâĂ©lectrolyse :
ï·
La consommation électrique des électrolyseurs industriels (auxiliaires compris) est en général de
4 Ă 5
kWh/Nm3 dâhydrogĂšne produit
43
.
ï·
LâhydrogĂšne contient 3kWh PCI/Nm3, donc le rendement de lâĂ©lectrolyse est de 60% Ă 75%.
Nous retenons une valeur de 70% pour la suite de nos raisonnements en ordre de grandeur
44
.
Nous considérons premiÚrement les secteurs consommateurs de carburants liquides et gazeux hors
transport, avant de traiter les transports.
Secteurs industriels et résidentiels
Pour établir les ordres de grandeurs, nous supposons que le reste à décarboner gazeux pour le
rĂ©sidentiel et lâindustrie sont Ă des fins de chaleur et, de maniĂšre trĂšs simplificatrice, que les rendements
des procĂ©dĂ©s sont les mĂȘmes au gaz ou Ă lâhydrogĂšne. Ce qui nous permet de poser quâun besoin dâ1
Mtep PCI gaz dans lâindustrie ou le bĂątiment peut ĂȘtre remplacĂ© par 1 Mtep PCI H2
45
.
Si lâon se base sur une production de biogaz par lâagriculture de 6 Mtep, il resterait 17,2 Mtep de
carburants liquides ou gazeux Ă produire pour les secteurs de lâindustrie, du rĂ©sidentiel et du tertiaire,
ainsi que pour produire lâĂ©lectricitĂ©
46
(transports exclus).
Il faudrait donc 24,5 Mtep, soit 285 TWh dâĂ©lectricitĂ© pour produire 17,2 Mtep dâhydrogĂšne.
Secteur des transports
Considérons maintenant les 7,9 Mtep de carburants liquides à produire pour les transports.
ï·
Un moteur diesel a un rendemen
t maximal dâenviron 42%, et un moteur essence dâenviron 36%
47
.
ï·
En conditions de conduite rĂ©elles (non optimales), ce rendement est dâenviron 17%
48
pour les
véhicules particuliers
49
(et nous gardons cette hypothĂšse pour les bus urbains), on considĂšre un
rendement de 35% pour les PL et autocars
50
, dont le point de fonctionnement est plus proche de
lâoptimal.
ï·
Donc 1kWh PCI de diesel fournit respectivement 0,17 kWh et 0,35 kWh dâĂ©nergie mĂ©canique aux
véhicules.
43
http://www.afhypac.org/documents/tout-savoir/Fiche%203.2.1%20-
%20Electrolyse%20de%20l%27eau%20revjanv2017%20ThA.pdf
44
http://www.afhypac.org/documents/tout-savoir/fiche_1.2_donnees_physicochimiques_rev.mars_2013.pdf
45
Cette hypothĂšse serait Ă vĂ©rifier en fonction de procĂ©dĂ©s. Elle fait dâautre part lâimpasse sur les difficultĂ©s Ă transporter lâhydrogĂšne,
qui doit ĂȘtre produit localement.
46
Ce chiffre comprend des pertes de lâordre de 0,2Mtep
47
48
49
Using Natural Gas for Vehicles: Comparing Three Technologies (https://www.nrel.gov/docs/fy16osti/64267.pdf)
50
En se basant sur des dires dâexpert, hypothĂšse Ă consolider.
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25
ï·
CÎté hydrogÚne, le rendement dans le véhicule (PAC +
moteur Ă©lectrique) est dâenviron
50%*90% = 45
%. Mais le rendement de lâĂ©lectrolyse, pour crĂ©er lâhydrogĂšne en amont Ă partir
dâĂ©lectricitĂ©, est de 70 % environ, comme dĂ©crit ci-dessus.
ï·
Donc la chaßne énergétique «
Ă©lectricitĂ© â hydrogĂšne â Ă©lectricitĂ© â Ă©nergie mĂ©canique » a un
rendement de 32 % environ, soit un rendement 1,85 fois plus élevé que le diesel pour les
véhicules particuliers, et sensiblement identique à celui du diesel pour les PL.
ï·
Il faut donc 7,3 Mtep, ou 85 TWh dâĂ©lectricitĂ© pour remplacer les 7,9 Mtep de carburants liquides
et gazeux pour les mobilités.
Bilan
ï·
Pour combler les besoins en gaz et carburants liquides, câest donc un total de 32 Mtep, ou 370
TWh dâĂ©lectricitĂ©, quâil faudrait produire pour le convertir en hydrogĂšne.
ï·
Câest plus de 65 % de consommation dâĂ©lectricitĂ© supplĂ©mentaires par rapport au total des 47,2
Mtep dâĂ©lectricitĂ© prĂ©vues en fin de transition.
On estime quâil faut environ 170 unitĂ©s pour produire 1 TWh PCI par annĂ©e
51
. Au total, il faudrait plus
de 40 000 unités po
ur produire les 260 TWh dâhydrogĂšne nĂ©cessaire, chaque annĂ©e.
ï·
Aujourdâhui, un Ă©lectrolyseur de 1 MW PCS revient Ă environ 1 million dâeuros lâunitĂ©. Pour son
utilisation dans la mobilitĂ©, le coĂ»t moyen dâune station-service hydrogĂšne, sans lâĂ©lectrolyseur,
est de lâordre de 1,5 million dâeuros
52
. A de tels coûts, un systÚme hydrogÚne complet qui servirait
à compléter les besoins en carburants liquides et gazeux dans le PTEF, mobiliserait plus de
60
G⏠dâinvestissement initial
53
.
ï·
LâhydrogĂšne se transporte mal, il convient que son lieu de production et son lieu consommation
soient proches.
ï·
Par ailleurs, la demande constante en Ă©lectricitĂ© pour lâĂ©lectrolyse de lâeau pourrait faciliter dans
une certaine mesure lâĂ©quilibrage offre-demande du systĂšme Ă©lectrique
54
.
ï·
Un systÚme hydrogÚne appliqué aux mobili
tĂ©s prĂ©sente lâavantage de pouvoir dĂ©velopper des
véhicules hybrides hydrogÚne/électricité, tels les camions équipés de pantographes, pouvant
circuler sur les autoroutes électrifiées par caténaires.
ï·
Enfin, les piles Ă hydrogĂšne contiennent actuellement du platine, dont la ressource est rare et
limitĂ©e, mais qui peut, dans une certaine mesure, ĂȘtre recyclĂ©. La raretĂ© de ce mĂ©tal, les
concurrences internationales pour son obtention serait alors un nouveau paramÚtre à considérer.
51
En imaginant des un
itĂ©s dâĂ©lectrolyse de 1MW PCS de H2 produit fonctionnant 7000h/an, MĂ©mento de l'HydrogĂšne FICHE 3.2.1
AFHYPAC
52
p.62 http://www.afhypac.org/documents/divers/GUIDE-STATION-HYDROGENE-WEB.pdf
53
Environ 44
000 unitĂ©s dâĂ©lectrolyse Ă 1 MâŹ, et environ 10 000 stations-services Ă 1,5MâŹ, sans compter la production dâĂ©lectricitĂ©
supplémentaire.
54
En constituant une option dâeffacement, et en Ă©tant une forme de stockage de lâĂ©lectricitĂ©. Cependant, les coĂ»ts de production de
lâH2 sont trĂšs dĂ©pendants du taux de charge de lâinstallation (son nombre dâheures de fonctionnement par annĂ©e), et dâautant plus Ă©levĂ©s
que lâinstallation fonctionne peu.
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ANNEXE : Calculs relatifs à la production de méthane
par P2G pour combler les besoins en carburants
liquides et gazeux
La pertinence dâun systĂšme Power-to-Gas (P2G) peut Ă©galement ĂȘtre Ă©tudiĂ©e.
Le rendement du P2G
La chaĂźne de production pour passer de lâĂ©lectricitĂ© au mĂ©thane (filiĂšre P2G) est composĂ©e dâun
Ă©lectrolyseur (comme pour la filiĂšre hydrogĂšne), dâun rĂ©acteur de mĂ©thanation connectĂ© Ă une source de
CO2 (pour passer de lâhydrogĂšne au mĂ©thane). Le rendement de conversion de lâĂ©lectricitĂ© vers le
méthane est de 53%
55
.
Secteurs industriels et résidentiels
Pour estimer les ordres de grandeur, on suppose pour lâinstant que le rendement (rapportĂ© au kWh
PCI) des procĂ©dĂ©s dans lâindustrie, des systĂšmes de chauffage et dans la production dâĂ©lectricitĂ© sont
les mĂȘmes avec des carburan
ts liquides quâavec du gaz.
ï·
Afin de produire 17,2 Mtep de méthane, il faut 32
Mtep dâĂ©lectricitĂ©.
Secteur des transports
Concernant les transports, les besoins de carburants liquides et gazeux sâĂ©lĂšvent Ă 7,9 Mtep. Le
rendement dâun moteur Ă gaz est de 16 % pour une voiture, pour les PL, le rendement du moteur est de
lâordre de 30%, ce qui donne un rendement relatif au moteur diesel de 50% et 45% respectivement.
ï·
Il faudrait 17 Mtep dâĂ©lectricitĂ© pour ĂȘtre Ă©quivalent Ă ces 7,9 Mtep de carburants liquides
Bilan
Câest au total 49 Mtep, soit 575 TWh, dâĂ©lectricitĂ© qui seraient nĂ©cessaires pour rĂ©pondre aux besoins
de carburants liquides et gazeux par un systÚme P2G. Ainsi, développer un systÚme P2G de cette
ampleur reprĂ©sente un doublement de la production dâĂ©lectricitĂ© finale aprĂšs transformation.
ï·
Lâun des avantages du recours Ă la mĂ©thanation pour les besoins de carburants gazeux est quâil
peut ĂȘtre transportĂ© par les rĂ©seaux de gaz existants.
ï·
Le mĂ©thane issu de la mĂ©thanation peut ĂȘtre utilisĂ© en mobilitĂ©, m
ais prĂ©sente lâinconvĂ©nient de
difficilement sâhybrider avec dâautres vecteurs Ă©nergĂ©tiques.
Il serait intĂ©ressant dâestimer ici les investissements nĂ©cessaires au dĂ©ploiement national dâun
systĂšme P2G.
55
Etude portant sur lâhydrogĂšne et la mĂ©thanation comme procĂ©dĂ© de valorisation de lâĂ©lectricitĂ© excĂ©dentaire