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Chenille processionnaire du pin : les dangers d’une larve urticante
La processionnaire du pin est devenue un vrai sujet d’inquiétude sanitaire. D’une part, ses soies urticantes peuvent entraîner des problèmes cliniques chez les humains et affecter sérieusement les animaux domestiques et le bétail. D’autre part, en se nourrissant des aiguilles des résineux, elle réduit notablement la productivité des forêts et contribue à sa fragilisation
Quelques semaines après son éclosion, la chenille processionnaire se dote de soies urticantes qu’elle libère lorsqu’elle se sent en danger. Ces soies, en forme de harpon, peuvent se fixer sur l’épiderme, les yeux ou les voies respiratoires de quiconque s’approche de l’insecte. Il suffit alors de se gratter pour qu’elles se cassent et diffusent dans l’organisme une protéine toxique appelée thaumétopoéine.
Les animaux domestiques (chiens, chats) sont les premières victimes de cette contamination. Les jeunes chiots sont tout particulièrement exposés : curieux de tout, ils ne manqueront pas de coller la truffe ou la langue sur une belle procession de chenilles. Les conséquences peuvent être terribles. L’inflammation et l’œdème de la langue ou de la muqueuse buccale résultants peuvent les empêcher de se nourrir ou de s’abreuver. L’envenimation peut aller jusqu’à des nécroses sur toute la région buccale. Les ablations de la langue ne sont pas rares dans ce cas. Nombreux sont les vétérinaires ayant dû sacrifier des chiens ou des chats gravement blessés par la processionnaire.
Les animaux de ferme sont aussi touchés par cet insecte. En particulier les chevaux, les moutons, et les vaches. Leur faute : brouter l’herbe sur laquelle est passée la procession. Chez les ruminants, les premiers symptômes d’envenimation ressemblent à s’y méprendre à ceux causés par la fièvre aphteuse.
Les conséquences sur l’homme sont généralement moins graves. La plupart du temps, une exposition aux soies urticantes de la chenille se traduit par une simple démangeaison accompagnée de boutons qui disparaissent au bout de deux ou trois jours. Parfois, la réaction va jusqu’à l’œdème. Dans certains cas très rares, au maximum 2 à 3 % de la population, cette exposition peut conduire à un choc anaphylactique, une réaction allergique exacerbée nécessitant une hospitalisation. À noter que chez les personnes en contact régulier avec la processionnaire (travailleurs forestiers, chercheurs spécialistes de la chenille), la réaction peut aller crescendo au fur et à mesure des expositions.
Une forêt qui ne croît plus
Quoi de plus triste qu’un jardin où un parc dont les arbres ont perdu leurs aiguilles, dévorées par les chenilles processionnaires ? L’aspect inesthétique des pins et cèdres défoliés ou couverts de nids est effectivement un sujet de préoccupation pour les paysagistes ou les particuliers. Mais pour les exploitants des forêts, les dégâts sont surtout d’ordre économique. Un pin sans aiguilles est un pin qui ne pousse plus guère. Affaibli par cette défoliation, il devient une proie facile pour d’autres insectes qui peuvent le tuer.
Les chercheurs du laboratoire Biodiversité, gènes et communautés (Inra Bordeaux-Aquitaine) ont montré qu’un arbre ayant perdu la moitié de ses aiguilles à la suite d’une attaque de processionnaire verra sa croissance réduite de 50 %. Autant de mètres cubes de bois perdus pour l’exploitant. De plus, il faut trois ans à un arbre défolié par les chenilles pour revenir à une croissance normale. Les chercheurs réalisent actuellement un travail visant à modéliser l’impact de la chenille processionnaire sur l’économie forestière sur une durée de 40 ans, c’est-à-dire, tout au long d’un cycle forestier.