Philosophie politique
3862ALIÉNATION
Le mot « aliénation » est, aujourd'hui, en langue française, un mot malade. Il souffre de cette affection que certains lexicologues appellent « surcharge sémantique » : à force de signifier trop, il risque de ne plus rien signifier du tout. La question qui se pose à propos de ce malade est de savoir s'il faut le tuer ou le guérir.Dans l'usage actuel, le mot trouve une application majeure sur le pl […] Lire la suite
BASSE POLITIQUE, HAUTE POLICE (H. L'Heuillet) - Fiche de lecture
Si la police, à la fois honnie et désirée, omniprésente dans le quotidien des cités modernes, a si peu été interrogée quant à son statut historique et philosophique, cela tient aux difficultés d'en dégager l'essence. Identifiée aux formes de l'État, son essence se dissout dans les questions liées aux institutions du politi […] Lire la suite
BIOPOLITIQUE
C'est à Michel Foucault qu'on doit l'invention du concept de « biopolitique ». Ce terme, apparu en 1974 dans une conférence prononcée au Brésil sur « la médecine sociale », est largement repris et défini en 1976, simultanément dans l'œuvre publiée (La Volonté de savoir) et le cours public au Collège de France (leçon du 17 mars, « Il faut […] Lire la suite
BIOPOLITIQUE (anthropologie)
Dans son cours au Collège de France en 1976, intitulé « Il faut défendre la société », Michel Foucault a défini la biopolitique comme l’application des techniques de pouvoir aux phénomènes vivants. Depuis la fin des années 1990, date à laquelle ce cours a été publié, le terme « biopolit […] Lire la suite
CE QUI RESTE D'AUSCHWITZ (G. Agamben) - Fiche de lecture
Ce qui reste d'Auschwitz (trad. P. Alféri, Rivages, Paris, 1999) fait suite à deux analyses des formes contemporaines du pouvoir : Des moyens sans fins, notes sur la politique (1995) et Homo sacer, le pouvoir souverain et la vie nue (1997). Il s'agissait, dans les essais précédents, de réfléchir sur l'impensé des théor […] Lire la suite
CITÉ ANTIQUE CONCEPTIONS POLITIQUES DE LA
Philosophes, historiens, orateurs de la Grèce classique ont défini, analysé, discuté ce type d'organisation originale qu'est la cité, favorable à l'éclosion d'une réflexion politique qui fut plus idéaliste que positive et toujours dominée par des préoccupations morales. C'est à leurs yeux un don des dieux, la société politique par excellence. La Grèce paya de son indépendance de n'avoir pas dépass […] Lire la suite
CITÉ-ÉTAT
La cité-État désigne une forme politique spécifique qui a eu cours, d'abord dans l'Antiquité classique, puis en Italie et en Europe du Nord à la fin du Moyen Âge. D'une période à l'autre, les différences l'emportent sur les ressemblances. La cité antique était inséparable de son arrière-pays campagnard et comptait les paysans propriétaires au nombre de ces citoyens, alors que la cité médiévale ent […] Lire la suite
CIVISME
Le terme de civisme est un terme récent. On l'a lu chez Montesquieu, où il ne figure pas : « Cet amour [des lois], demandant une préférence continuelle de l'intérêt public au sien propre, donne toutes les vertus particulières... » (De l'esprit des lois, IV, 5, éd. cit., p. 542). Le […] Lire la suite
CORRESPONDANCE DE HANNAH ARENDT
Autant la réception de Hannah Arendt en France a été tardive, hésitante, voire rétive, autant la reconnaissance de sa stature de penseur du politique et de philosophe va bon train. La publication, en 1995 et 1996 respectivement, de sa correspondance avec deux de ses amis les plus proches – le philosophe Karl Jasp […] Lire la suite
DE LA TYRANNIE (L. Strauss) et CORRESPONDANCE (L. Strauss-A. Kojève)
C'est en 1939 que Leo Strauss (1899-1973) publie sa première étude sur Xénophon ; en 1948 (traduite en français par Hélène Kern et publiée en 1954) paraît son étude sur le Hiéron du même auteur sous le titre De la tyrannie augmentée d'un essai d'Alexandre Kojève ( […] Lire la suite
DOMINATION
En latin, dominare, c'est exercer la souveraineté, celle du maître, du dominus. Le droit romain connaît le dominium, propriété des choses, et la potestas dominica, pouvoir du maître sur l'esclave. Celui qui domine exerce une contrainte sur la conduite d'autres personnes. La […] Lire la suite
ÉTAT (notions de base)
L’État, tel que nous le connaissons, est d’apparition récente. Tous les penseurs qui se sont inscrits dans l’idéologie du progrès ont vu logiquement en lui le signe d’un bond en avant considérable. Au point, comme l’a fait G. W. F. Hegel (1770-1831), de le « diviniser ». Destructeur de la barbarie, l’État, « image et réalité de la raison » (Pr […] Lire la suite
IDÉOLOGIE
Le problème de la définition des concepts occupe une place importante en science politique ou politologie. F. Bertier constate que « dans les sciences, on s'attache de plus en plus à la précision, et qu'on en arrive même à remplacer, en logique formelle, les mots, trop vagues, par des symboles mieux définis ; dans le langage politique, au contraire, continue de régner la plus néfaste confusion ». […] Lire la suite
ISLAM (La civilisation islamique) - Islam et politique
L'islam, on l'a dit souvent, est tout ensemble religion et communauté. Tel il s'éprouve et se veut lui-même. Communauté de foi et de témoignage de foi, à coup sûr, centrée sur ces « piliers de l'islam » que sont les actes cultuels impérés au croyant, mais en même temps communauté de vie, et code de vie. Les prières pres […] Lire la suite
MULTITUDE, philosophie
Au-delà de la signification commune, la multitude est un concept de la philosophie, et en particulier de la philosophie politique. Ainsi parmi les catégories aristotéliciennes est-elle considérée comme une entité sans rapport avec la cause formelle, la cause efficiente ou la cause finale qui permettent la compréhension de ce qui est. Le débat sur sa sign […] Lire la suite
NATION - La construction nationale
Chercher à discerner, sur la base de l'observation des nations « en train de se faire » (selon l'expression des sociologues latino-américains), les caractéristiques, les éléments constituants – éventuellement les moments – de ces « constructions nationales », s'efforcer simultanément de remonter dans le temps, de vague en vague, jusqu'aux premières nations historiquement admises, afin de tenter d' […] Lire la suite
NATION - L'idée de nation
L'Académie française, en 1694, définit la nation comme l'ensemble des habitants d'un même État, d'un même pays, vivant sous les mêmes lois et utilisant le même langage.Au xixe siècle, on ne se contente plus d'une définition et on cherche à expliquer la formation des nations. En Angleterre, Disraeli écrit que les nations ont été « créées graduellement […] Lire la suite
NATION - Vue d'ensemble
Conformément à son étymologie (natio, en latin, a pour origine nascere, « naître »), le terme nation désigne initialement un groupe plus ou moins vaste d'individus ayant une origine commune. Ainsi, dans l'université de Paris, avant le xve siècle, les étudiants étaient classés en quatre nations (France, Picardie, […] Lire la suite
NIHILISME
Vers les années 1887-1888, alors que le développement de la société industrielle se poursuivait à un rythme accéléré sous l'impulsion d'une raison scientifique qui semblait garantir le progrès indéfini de la moralité et de la culture, le philosophe Nietzsche lançait ce cri d'alarme : « Ce que je raconte, c'est l'histoi […] Lire la suite
ORDRE & DÉSORDRE DANS LA SOCIÉTÉ
Dès lors qu'on la tient pour autre chose qu'un rassemblement accidentel d'individus, toute société suppose un ordre puisqu'il n'y a pas de société sans règles. Cet ordre se révéle au premier regard par un agencement de tabous ou de prescriptions auxquels, contraints ou spontanément, se soumettent les membres du groupe ; une hiérarchie détermine alors leurs « […] Lire la suite
OSTRACISME
À l'origine, le terme d'ostracisme n'avait pas la valeur péjorative qu'on lui donne aujourd'hui. Il sanctionnait un vote des Athéniens contre un citoyen suspect, qui était alors banni pour dix ans. Ce jugement devait atteindre les citoyens trop avides de popularité ou à qui leurs actes avaient valu une popularité jugée excessive. Il s'agissait donc en droit d'une réaction de défense d'une collecti […] Lire la suite
PARCOURS (J. Habermas) - Fiche de lecture
Les deux tomes de Parcours,édités par Christian Bouchindhomme et parus chez Gallimard (2018), réunissent une trentaine de textes du philosophe allemand Jürgen Habermas publiés entre 1971 et 2017, à ce jour inédits en langue française ou devenus inaccessibles. En annexe, une bibliographie complète des livres et […] Lire la suite
PEUPLE NOTION DE
Le peuple est sans doute l'une des notions politiques, avec celles de nation ou d'État, qui dispose de l'une des plus fortes charges symboliques. Cette importance relative, sensible dans la littérature, la philosophie ou le langage commun, se décline d'abord positivement, spécialement dans les démocraties, mais aussi […] Lire la suite
POLITIQUE - La philosophie politique
La philosophie politique se définit, depuis ses débuts en Grèce, comme la tentative de saisir par la pensée la nature (la structure fondamentale) de l'État. Elle n'est pas une science positive des phénomènes politiques, des facteurs observables, des faits statistiques, etc., données dont elle profitera pour pouvoir vé […] Lire la suite
POUVOIR
Catégorie centrale de la pensée politique moderne, la notion de pouvoir hérite d'une histoire complexe où la tradition de la philosophie antique (des sophistes à Aristote) se croise avec des représentations issues du christianisme. Les conflits d'attribution entre autorités temporelles (l'empereur et les princes) et spirituelles (le pape et l'Église) ont […] Lire la suite
POUVOIR (notions de base)
Par rapport au français, la langue anglaise présente la particularité de distinguer deux modalités de la notion de pouvoir, à travers deux verbes bien distincts : « I can » signifie « j’ai la capacité de… », alors que « I may » a le sens de « j’ai la permission de… », « les lois ou les usages me permettent de... ». « I can […] Lire la suite
RÉVOLTE
Il est bien clair que le problème théorique de la révolte – disons, plus simplement, celui de sa définition – ne peut être posé que différentiellement. Il s'agit ici de faire apparaître, systématiquement, les déplacements significatifs qui peuvent permettre de désigner, avec une certitude satisfaisante, certains types d'événements historiques : ceux qui ressortissent à la révolte, ceux qui sont no […] Lire la suite
SITUATIONNISTES
Revue qui a marqué profondément les années 1960, l'Internationale situationniste a eu douze numéros entre 1958 et 1969 (repris en volume, Champ libre, 1975) et a influé, par ses critiques idéologiques, sociales et politiques, sur le mouvement de mai 1968. Le principal animateur du groupe situationniste fut Guy Debord (1931-1994), qui découvrit dans les années 1950 la pensée du […] Lire la suite
SOCIÉTÉ CIVILE
Pour qui veut tenter une approche synthétique de la notion de « société civile », deux difficultés préalables et conjointes doivent être surmontées. En premier lieu, cette notion est d'un usage et d'un contenu particulièrement fluctuants : quoi de commun, en effet, entre la conceptualisation hautement technique qui en fut donnée par Hegel et ses usages soc […] Lire la suite
SOCIÉTÉ (notions de base)
Deux problématiques majeures ont été privilégiées par les philosophes qui ont abordé le thème de la « société » : celle de l’origine et celle de la liberté. En ce qui concerne l’énigme de l’origine, la thèse d’une nanature les engendre comme elle produit les essaims d’abeilles – a longtemps dominé avant que ne s’impose, dans la Modernité, l’idée de l’artific […] Lire la suite
SUJET, politique
Dans l'histoire politique de l'Europe occidentale, le temps des sujets coïncide à peu près avec celui de la monarchie absolue ; il marque une double étape : dans les rapports du peuple avec le souverain d'une part, dans la lutte pour le pouvoir entre le souverain et l'aristocratie d'autre part, et représente une conception horizontale de la société en oppo […] Lire la suite
TOLÉRANCE
Si l'on groupe sous le nom de tolérance un ensemble complexe de conduites qui comportent simultanément une appréciation négative d'une situation ou d'une démarche et la suspension de la répression de ce qui est jugé mal, on s'en forme une notion suffisante pour la vie de tous les jours. Dans les sociétés pluralistes du xxe siècle, […] Lire la suite
TYRANNICIDE
Désignant le meurtre d'un tyran accompli en dehors de toute procédure régulière par une personne privée, le terme « tyrannicide » s'applique aussi parfois au meurtrier du tyran.Dans l'Antiquité grecque, le tyrannicide apparaît comme l'aboutissement ultime de la forme politique que constitue la cité, cette dernière étant caractérisée par la participation de tous les citoyens au pouvoir (isonomie, i […] Lire la suite
UTOPIE
Le terme d'utopie, inconnu du grec, a été forgé par Thomas More pour figurer dans le titre donné par lui à ce qui, de son propre aveu, ne devait être qu'une « bagatelle littéraire échappée presque à son insu de sa plume », c'est-à-dire ce petit libelle sur la « meilleure des Républiques » sise en la nouvelle île d'Utopie. Le texte, publié à Louvain en novembre 1516, allait rencontrer aussitôt une […] Lire la suite