CANADAHistoire et politique
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Nom officiel | Canada (CA) |
Chef de l'État | la reine Élisabeth II (Royaume-Uni), représentée par la gouverneure générale Mary Simon (depuis le 26 juillet 2021) |
Chef du gouvernement | Justin Trudeau (depuis le 4 novembre 2015) |
Capitale | Ottawa |
Langues officielles | anglais, français |
Le pari de Pierre Elliott Trudeau
Au lendemain du premier centenaire de la fédération canadienne (1867-1967) et du grand succès de l'Exposition universelle de Montréal (28 avr.-27 oct. 1967), les citoyens canadiens voulurent se convaincre qu'un nouveau départ était possible. En septembre 1967, le Parti conservateur fédéral, qui avait perdu le pouvoir en 1963, se donna un nouveau chef. Robert Stanfield, ancien Premier ministre de la Nouvelle-Écosse, manifesta beaucoup de sympathie envers les revendications autonomistes du Québec. D'autre part, depuis le retour au pouvoir du Parti libéral fédéral, le gouvernement d'Ottawa, dirigé par Lester B. Pearson, avait conclu de nombreux compromis avec les autorités québécoises. C'était l'époque du fédéralisme coopératif.
L'entrée en scène de Pierre Elliott Trudeau modifia la situation. Aux élections fédérales de 1965, Lester B. Pearson voulut renouveler l'aile québécoise de son parti en y introduisant un sang nouveau. Il fit appel à trois hommes qui n'appartenaient pas au groupe des politiciens traditionnels. Jean Marchand, président de la Confédération des syndicaux nationaux (CSN), avait milité dans le mouvement syndical franco-catholique du Québec depuis qu'il avait quitté l'université comme diplômé en sciences sociales. Gérard Pelletier, journaliste de carrière, avait travaillé également dans les milieux de l'action catholique et du syndicalisme chrétien. Pierre Elliott Trudeau, avocat, commentateur politique et professeur de droit à l'université de Montréal, s'était fait connaître comme défenseur des droits et libertés de la personne. En particulier, il était opposé à tout nationalisme, surtout à celui des Franco-Québécois. L'orientation qu'avait prise le mouvement autonomiste québécois, qu'il jugeait ethnocentriste, lui répugnait. Il déclara s'être rallié au Parti libéral fédéral – une formation politique qu'il avait fréquemment dénoncée – afin de renverser une tendance qu'il estimait nocive pour le bien général du Québec et du Canada. Les observateurs politiques surnommèrent ce trio « les trois colombes ».
Le Québécois Pierre Elliott Trudeau (ici, en 1972 lors d'un voyage à Londres) devient Premier ministre du Canada en avril 1968. Il procédera à une réforme constitutionnelle pour détacher complètement son pays du Parlement britannique.
Crédits : Central Press/ Hulton Archive/ Getty Images
Il fallait prouver aux électeurs du Québec, en particulier aux Franco-Québécois, que leur patrie c'était le Canada. Comment y parvenir ? Pierre Elliott Trudeau et ses collaborateurs avaient établi les grandes lignes d'un programme qu'ils ont méthodiquement cherché à réaliser après leur accession au pouvoir. Rien n'a été négligé pour convaincre les Québécois que leurs représentants jouent un rôle de premier plan dans l'administration fédérale, tant au niveau du cabinet qu'à celui de la fonction publique. Le choix de Pierre Elliott Trudeau comme chef du Parti libéral du Canada (avr. 1968) faisait partie de cette stratégie. La télévision fut également mise à contribution pour donner une image francisée du gouvernement d'Ottawa. L'une des premières grandes initiatives de l'administration Trudeau fut la loi des langues officielles (1969). Le Premier ministre attachait une importance primordiale à cette mesure législative dont il entendait faire la pierre angulaire de son régime. Il s'efforça de ridiculiser, de marginaliser ou de terroriser les groupes québécois contestataires qui rejetaient son programme pancanadianiste et préconisaient un « Québec aux Québécois ».
Fondation et victoire du Parti québécois
Le mouvement nationaliste québécois continua, néanmoins, à progresser. En 1968, tous les mouvements sécessionnistes dits « souverainistes » ou « indépendantistes » se fusionnèrent pour former le Parti québécois. René Lévesque, membre de l'Assemblée nationale du Québec et ancien ministre dans le gouvernement libéral de Jean Lesage (1960-1966), en prit la direction. Aux élections provinciales québécoises de 1970, le nouveau parti obtint 23 % des suffrages et 7 sièges à l'Assemblée nationale. Aux élections provinciales de 1973, le Parti québécois, avec 30 % des suffrages mais seulement 6 sièges, devint l'opposition officielle.
Plus ils s'approchent du pouvoir, plus les dirigeants du parti sentent la nécessité de rassurer les électeurs. Leurs adversaires les accusent d'extrémisme et les associent calomnieusement aux cellules terroristes du Front de libération du Québec (FLQ). Aux élections de 1976, le Parti québécois informe l'électorat qu'il se présente pour former un bon gouvernement et non pas pour déclarer l'indépendance. Une fois au pouv [...]
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Écrit par :
- Michel BRUNET : professeur à la faculté des arts et des sciences, université de Montréal, membre à titre d'associé étranger de l'Académie des sciences d'outre-mer de France
- Alain NOËL : professeur titulaire, département de science politique, université de Montréal, Québec (Canada)
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Pour citer l’article
Michel BRUNET, Alain NOËL, « CANADA - Histoire et politique », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 22 juin 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/canada-histoire-et-politique/